Esta es la juventud del Papa

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« Son élection avait suscité un concert d’inquiétudes médiatiques. Parmi elles, je me souviens avoir entendu bien des spécialistes affirmer que ce théologien austère, élu pape à 78 ans, serait parfaitement incapable de parler aux jeunes. Il allait certainement renoncer aux Journées Mondiales de la Jeunesse, pour éviter la comparaison avec un prédécesseur charismatique et familier de ces immenses rassemblements. La cause était entendue d’avance : après Jean-Paul II, ce n’est pas auprès des jeunes que Benoît XVI était attendu.

Et pourtant, il est venu. Trois mois après son élection, le Pape allemand est à Cologne pour accueillir les JMJ ; et les jeunes sont au rendez-vous. Malgré la pression des médias, qui attendent l’épreuve comme un test, Benoît XVI reste lui-même : discret, réservé, presque timide. Tellement simple et libre, au fond, que le contact passe tout de suite.

Cibles habituées d’un marketing stéréotypé, les jeunes se reconnaissent dans ce pape qui, avec eux, se risque à être authentique. Sans artifice, sans détour, il leur donne l’essentiel. Pendant les JMJ, Benoît XVI enseigne longuement, remet au centre les sacrements ; et pour la première fois dans l’histoire de ces immenses rassemblements, il pousse l’audace jusqu’à proposer à cette foule de prier dans le silence.

C’est l’image que je garderai de ce pontificat, celle d’un miracle répété dans ce monde saturé de vitesse et de bruit : l’image de ces millions de jeunes à Cologne, puis à Sydney et Madrid, rassemblés ensemble dans le silence. Un long silence, gratuit, intense, habité par la prière.

Pendant huit ans, Benoît XVI aura sans cesse rappelé les jeunes à l’urgence de la vie intérieure, qui seule ouvre à la liberté. Il leur aura proposé l’exigence que plus personne n’ose leur offrir : celle de relations vraies, d’un amour authentique, d’une soif sincère de vérité. A une génération fragilisée par la crise, il a rappelé la nécessité d’abandonner un rapport consumériste au monde et à la société. A contre-courant, il aura été pour notre génération, souvent privée de repères, ce père dont elle avait tant besoin.

Et la jeunesse du monde a su le remercier, en lui répondant avec une ferveur que nul autre ne pourrait susciter, et qui ne s’est jamais démentie. Esta es la juventud del Papa ! »

(Ce billet a été publié à la sollicitation du Figaro Magazine, dans un numéro spécial daté du 17/18 février. Sur cet acte si marquant du Pape, j’interviendrai également dans le prochain numéro de Valeurs Actuelles, ainsi que dans le prochain Figaro Hors série pour un article sur Benoît XVI et la question de l’enseignement.)

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