« Jamais les Français n’ont été aussi proches des idées que nous défendons »
Interview publié par Centre France.
Alors que se tient samedi et dimanche l’élection du président des Républicains, le député européen François-Xavier Bellamy croit en la capacité de son parti de se relever et d’apporter une proposition d’ici 2027. Sa conviction : « Jamais les Français n’ont été aussi proches des idées que nous défendons ».
Deux ans. C’est le temps qu’il reste d’ici la prochaine présidentielle, la plus obsédante des élections françaises. Un temps dont les Républicains, qui élisent leur président ce jour, souhaitent profiter pour rebâtir leur parti et « offrir à la France l’alternance dont elle a besoin », espère le vice-président exécutif de LR et député européen PPE François-Xavier Bellamy.
LR peut-il gagner seul en 2027 ou lui faut-il regarder du côté du centre ?
Je crois que notre devoir est de reconstruire une proposition politique de droite qui soit claire, assumée, raisonnable mais courageuse.
Je n’ai jamais cru au macronisme parce que je n’ai jamais cru au “en même temps”.
Les Français ont tous le sentiment d’une déception, d’une désillusion. Quand on promet en même temps tout à tout le monde, ça ne peut pas conduire au succès pour le pays. Il faut assumer des choix clairs, sortir de l’ambiguïté pour protéger nos frontières, ramener la sécurité, reconstruire notre école, assainir nos finances, libérer notre économie… Et ma conviction profonde est que jamais les Français n’ont été aussi proches des idées que la droite a pour mission de défendre dans le débat public aujourd’hui. Je crois que c’est par la force de cette conviction que nous parviendrons à nouveau à susciter la confiance de gens qui, ces dernières années, avaient pu être déçus par notre famille politique et qui ont parfois voté pour Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou d’autres formations politiques. Réunir une majorité de Français autour d’un projet clair, c’est le travail qui nous attend pour les deux ans qui viennent.
Un candidat sous la bannière LR donc en 2027.
Le sujet n’est pas les étiquettes partisanes. On ne moque bien des partis. Ce qui compte pour nous, c’est le pays. Et ce pays a besoin de clarté. Ce n’est pas par des accords d’appareils, des “en même temps” ambigus que nous parviendrons à sortir la France de la crise qu’elle traverse aujourd’hui.
Quelle doit être pour vous l’attitude de LR par rapport au RN ?
Si le RN a tant grandi, c’est parce que beaucoup de Français se sont sentis déçus, parfois même trahis, par les dirigeants de ce pays, notamment – et il faut bien le reconnaître – par la famille politique de la droite. Aujourd’hui, notre devoir est d’abord de nous reconstruire avec une proposition solide et cohérente, non pas de donner des leçons de morale. Je le vois au Parlement européen, le RN n’a pas cette cohérence, notamment sur la question du travail. Si on veut que la France se relève, si on veut qu’elle sorte de l’appauvrissement que nous connaissons aujourd’hui, si on veut aussi lutter contre l’immigration irrégulière, je crois que nous avons besoin de commencer par redonner toute sa place au travail, de faire en sorte qu’il paie mieux, que le travail soit soutenu et épaulé plutôt qu’être en permanence sous la pression des impôts et des charges les plus élevés du monde. La prime au non travail ne doit pas être la règle. Sur cet enjeu, nous avons là une divergence manifeste avec le RN.
Qu’avez-vous pensé de l’idée du Président d’un référendum sur la fin de vie en cas de blocage ?
LR en a proposé un sur l’immigration. Est-ce le bon outil ? Cela fait maintenant longtemps que le président de la République nous parle de référendum mais, en réalité, on ne sait toujours pas exactement s’il a vraiment un projet. Je crois que le référendum est un outil déterminant dans notre Ve République et que ça fait trop longtemps que le peuple français en est privé. C’est pourtant une manière indispensable de dénouer des blocages dans la vie démocratique. Sur la fin de vie, le Parlement va se prononcer mais je ne vois pas très bien la valeur ajoutée. En revanche, cela fait des années que des parlementaires LR ont déposé une proposition de loi pour un référendum sur l’immigration. Là, typiquement, nous voyons bien à quel point l’État est aujourd’hui paralysé par des années d’accumulation d’une jurisprudence et de complexité réglementaire qui ont fini par rendre impossible la protection de nos frontières. Sur ce sujet, il y a évidemment une valeur ajoutée très importante à ce que les Français puissent reprendre la parole et avoir le dernier mot. Je constate que ceux qui parlent le plus de référendum aujourd’hui sont ceux qui nous ont toujours refusé d’offrir aux Français de s’exprimer sur ce sujet.
Hormis l’immigration, quels seraient les sujets sur lesquels il serait opportun, selon vous, de consulter les Français ?
Commençons par là, c’est le premier des sujets sur lequel le référendum serait pertinent.
L’Europe vit la guerre à ses portes depuis plus de trois ans. Estimez-vous que Poutine cherche véritablement la paix ?
J’espère la paix d’abord pour le peuple ukrainien, agressé par la Russie, et une paix durable, juste, garantissant sa souveraineté et sa liberté. Vladimir Poutine refuse la trêve proposée par l’Europe, il refuse de s’impliquer dans les négociations au niveau où il le faudrait. Cela constitue une réponse pour tous ceux qui voudraient laisser croire que c’est l’Ukraine qui est responsable de la guerre qu’elle subit. Non c’est le dirigeant qu’il l’a voulue et continue de l’alimenter.
Giuliano da Empoli, un écrivain très prisé des politiques, a écrit sur l’heure des prédateurs. Et on a l’impression qu’aujourd’hui c’est l’autoritarisme qui compte, la force… Est-on dans un revirement idéologique ?
Nous sommes devant une question existentielle pour nous parce que l’Europe a hérité de son histoire ce modèle de démocratie, de liberté, qui nous a été transmis par nos aînés au prix de tant de sacrifices. Et aujourd’hui, nous voyons ce modèle remis en question.
Notre devoir est de faire en sorte que les Français, que les citoyens dans les pays européens puissent garder la certitude que la démocratie est un moyen efficace d’agir, qu’elle n’est pas impuissante, que la capacité de décider, d’agir et de maîtriser son destin n’est pas du côté des régimes autoritaires.
Nous saurons relever efficacement les défis qui nous attendent dans le cadre de nos pratiques. Nous serons d’autant plus efficaces que nous serons plus libres. Il ne faut pas laisser le sentiment que la démocratie est impuissante. C’est une immense responsabilité collective. Il faut que ceux qui tiennent à la démocratie, quelles que soient leurs vision politique et sensibilités puissent s’accorder sur le fait que notre devoir est de répondre aux aspirations majoritaires des Français, faute de quoi l’idée même de démocratie risque d’être condamnée dans les esprits et dans les cœurs.