« On sort enfin de cet agenda idéologique »
Publié initialement dans le JDD.
Le JDD. Suppression des ZFE, moratoire sur les éoliennes… Le vent tourne ?
François-Xavier Bellamy. Bien sûr. Nous sortons enfin de l’agenda idéologique qui avait pris en otage la cause de l’environnement pour imposer un projet de décroissance et de contrainte. Je suis soulagé que la suppression des ZFE ait été adoptée : les parlementaires ont évité une catastrophe sociale qui n’aurait eu, en réalité, aucun bénéfice environnemental ni sanitaire. On nous oppose toujours le chiffre de 40 000 morts par an dus à la pollution automobile, qui a pourtant été démenti à plusieurs reprises. Mais les élus socialistes, verts, macronistes qui défendent les ZFE, sont ceux qui n’ont cessé de militer contre l’énergie nucléaire.
En Allemagne, ce sont des écologistes qui ont étendu les gigantesques mines de charbon, dont la pollution fait des milliers de morts chaque année en France et dans toute l’Europe… Et les mêmes expliquent ensuite au conducteur français que sa Clio est responsable du dérèglement climatique ? Les Français voient bien qu’on marche sur la tête ! Aujourd’hui, nous commençons à remettre la politique à l’endroit.
La droitisation du Parlement européen sert-elle un réel changement de cap ?
Comme je l’avais prédit pendant l’élection européenne, notre famille, celle de la droite européenne, a gagné les élections, et le changement de cap est déjà là. Dans le précédent mandat, nous avions face à nous une majorité qui allait des macronistes à l’extrême gauche. Nous alertions sur l’asphyxie normative imposée à l’industrie, aux agriculteurs, aux pêcheurs, aux artisans ; on nous opposait des leçons de morale. Aujourd’hui, la gauche n’a plus de majorité : nous pouvons donc enfin mettre en oeuvre le changement que nous avons promis. Avec de premières victoires : deux des directives les plus nocives pour nos entreprises ont été suspendues. Nos constructeurs automobiles devaient payer 16 milliards d’amendes au motif que les consommateurs n’achètent pas assez de véhicules électriques : nous avons empêché cette folie. Nous travaillons à un grand train de simplification, à travers les « omnibus », ces textes qui reviennent sur la législation existante pour lasimplifier. C’est un grand mouvement de dérégulation – je n’ai pas peur du mot !
Avez-vous le sentiment d’avoir prêché longtemps dans le désert ?
Non, les Français étaient déjà avec nous ! Ce sont nos dirigeants qui refusaient d’écouter. J’avais par exemple réussi à gagner une majorité pour inclure le nucléaire dans les 250 milliards du plan européen REPowerEU ; mais c’est le gouvernement français qui a lâché cet atout. Je continue de me battre pour la neutralité technologique : la multiplication des éoliennes et des panneaux solaires est, en particulier en France, une aberration totale. Si on a déjà un mix décarboné grâce au nucléaire, il n’y a aucune raison que les renouvelables intermittents soient un objectif en soi. La panne géante qu’a subie l’Espagne montre à quel résultat conduit cette idéologie.
Qu’est-ce qui vous préoccupe dans les investissements massifs de la PPE 3 : l’impact social ? Budgétaire ?
Cette trajectoire est absurde d’un point de vue économique et social, mais aussi industriel, et même environnemental ! La PPE n’est pas un arbitrage technique, c’est un problème politique crucial. En France comme en Europe, l’objectif doit être de décarboner l’électricité, de garantir la sécurité d’approvisionnement à un coût maîtrisé pour les ménages, mais aussi pour les entreprises : le prix de l’électricité est un enjeu absolument majeur pour la relance industrielle de la France. Nous ne retrouverons ni prospérité, ni souveraineté, si nous n’investissons pas dans l’avenir d’un mix énergétique cohérent.