François-Xavier Bellamy lance une pétition pour alerter contre les dérives du programme européen Erasmus+

Article publié initialement dans Valeurs Actuelles

L’Europe s’apprête-t-elle à accueillir par cohortes des étudiants algériens, tunisiens, syriens ou palestiniens dans ses amphithéâtres ? Tel est, en tout cas, le dessein porté par Bruxelles. Le 16 octobre, par la voix de la Haute Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, l’Union européenne a détaillé, dans le cadre de son « Pacte pour la Méditerranée », sa proposition d’ouvrir Erasmus+ à plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient.

Sont concernés : l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, la Lybie, le Maroc, la Palestine, la Syrie et la Tunisie. Depuis 1987, plus de seize millions d’étudiants – majoritairement européens – ont profité de ce dispositif d’échange et de partenariat universitaire.

Selon nos informations, le vice-président exécutif des Républicains et sa collègue Céline Imart s’apprêtent ainsi à lancer une pétition pour dénoncer ce nouveau tour de force bruxellois et alerter face à la nocivité d’un élargissement du programme : « L’enjeu est tellement important qu’on souhaite mettre tout le poids de la voix de tous les Français dans la balance pour, demain, retourner devant la Commission européenne avec le plus de signatures possibles et leur faire comprendre que le maintien de cette proposition serait totalement inacceptable. »

François-Xavier Bellamy poursuit : « L’immigration étudiante est devenue le premier vecteur de délivrance de titres de séjour pour un pays comme la France. Le risque majeur, c’est que des étudiants qui ont reçu un visa étudiant ne repartent pas à l’issue de leur visaSi on a des pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière sur notre sol, la réponse de la Commission européenne ne peut pas être d’accorder davantage de visas. »

Le scandale algérien

L’intégration de l’Algérie concentre notamment les crispations. « Quand on a un pays comme l’Algérie qui retient encore en prison deux de nos compatriotes français, Boualem Sansal et Christophe Gleizes, parce qu’ils ont eu le tort de penser librement et de faire leur métier d’écrivain et de journaliste, on ne peut pas considérer avoir une communauté de valeurs sur le plan universitaire et académique avec un pays comme celui-là », explique l’eurodéputé siégeant au sein du groupe du PPE.

D’autant plus que le gouvernement français n’a pas attendu une éventuelle intégration algérienne au programme Erasmus+ pour accorder des faveurs à Alger. En 2025, la France a accordé plus de8 000 visas aux étudiants algériens, soit plus de 1000 par rapport à l’année précédente.

Les inquiétudes s’appuient aussi sur des précédents peu rassurants. En Turquie, l’université islamique de Gaziantep, intégrée à Erasmus+ depuis 2022, est dirigée par un recteur théologien relayant la propagande du Hamas, et pratique le boycott des entreprises et produits israéliens au nom du supposé « génocide » en cours à Gaza. Cela n’a pas empêché les instances européennes de la subventionner à plus de 250 000 euros.

Dès lors, peut-on confier à la Commission le soin de filtrer avec rigueur les établissements qui, en Égypte ou en Libye, pourraient bénéficier d’un élargissement d’Erasmus+ ? « Nous avons déjà aujourd’hui, à Bruxelles, des associations qui, au motif de défendre les valeurs de l’éducation, de l’inclusion, de l’antiracisme, sont en réalité les vecteurs de l’islamisme et de l’islam politique, met en garde François-Xavier Bellamy. Ces structures ont pignon sur rue au sein des instances, et rien n’est fait pour limiter leurs influences. »

Une politique migratoire à revoir ?

Au-delà de la polémique immédiate, c’est la doctrine même de l’immigration étudiante que plusieurs voix, à Paris comme à Bruxelles, invitent à revisiter. La France accueille plus de 400 000 étrangers dans ses universités et grandes écoles.

Une politique intenable ? « Je le dis comme professeur moi-même : je pense que le fait d’accueillir des étudiants étrangers peut être une très grande chance et un élément très important du rayonnement culturel d’un pays comme la France, conclut François-Xavier Bellamy. Mais nous n’avons plus les moyens d’accueillir autant d’étudiants au vu du délabrement de notre filière universitaire. La sélection doit se faire dans l’optique d’une stratégie d’excellence académique. Et ce n’est pas en étant contraints par la Commission européenne de recruter massivement des étudiants libyens ou syriens qu’on va servir cet objectif… »