À propos d’un débat annulé

En juillet dernier, M. Thierry Mariani, député européen du Rassemblement national, a vivement attaqué notre délégation à propos d’une résolution du Parlement européen sur le Liban. Il accusait Les Républicains d’avoir voté en faveur d’un texte qui imposait au peuple libanais de subir encore longtemps la crise causée par la présence sur son sol de millions de réfugiés syriens. J’ai répondu à cette accusation en montrant qu’elle était fausse, et plus grave encore, que nous avions travaillé pendant plusieurs semaines pour éviter précisément ce que M. Mariani avait laissé faire en brillant, comme de coutume, par son absence dans les batailles parlementaires concrètes où se décide l’orientation des textes.

Suite à cette polémique, le média Livre Noir nous a proposé de débattre ensemble en public au cours d’un événement organisé ce soir, 30 septembre, au Cirque d’hiver. J’ai immédiatement accepté, et M. Mariani en a fait de même. J’attendais ce débat avec beaucoup d’intérêt ; mais à ma grande surprise, il y a quelques jours, les organisateurs de l’événement m’ont contacté pour m’informer d’un changement : M. Mariani était toujours d’accord pour débattre, mais à condition qu’il ne soit pas question du Liban, ni par ailleurs de l’Arménie ou de l’Azerbaïdjan… Pour ma part, j’ai répondu que la seule condition de mon côté était qu’il n’y ait pas de condition ; que je voulais bien que toutes les questions soient abordées, même celles qui pourraient sembler difficiles ou dérangeantes ; mais qu’il était absolument impossible d’accepter par principe que le crime terrible que subit le peuple arménien soit ignoré une fois de plus, ou qu’on évite de parler de la crise du Liban, au motif que M. Mariani serait trop lâche pour assumer ses mensonges, ses silences, ou ses amitiés.

Incroyable mais vrai : M. Mariani a préféré se défiler quand il a su qu’il ne lui serait pas possible de fuir ces questions. Malgré cela, j’ai indiqué que je maintiendrais ma participation si un membre du RN assumait de le remplacer : apparemment il ne s’en est trouvé aucun qui ait assez de courage pour cela. Ce débat n’aura donc pas lieu.
Je prends le temps de vous raconter cette histoire, pour deux raisons : d’abord pour dire à ceux qui participeront à cet événement que je suis désolé de cette annulation bien involontaire ; il est important de tenir ses engagements, et il me semblait donc nécessaire de vous rendre compte, comme les organisateurs le feront j’espère, de la cause pour laquelle ce rendez-vous ne sera pas honoré.

Chers amis qui cherchez une droite enfin claire, intègre et loyale, exigez toujours d’aller au-delà des apparences.

La seconde raison est plus importante : cet épisode qui pourrait paraître anecdotique est en réalité tellement révélateur… Je sais bien que le parti auquel j’appartiens traîne avec lui la défiance accumulée par les déceptions qui ont marqué sa longue histoire ; et je vois combien certains jouent de cette colère accumulée depuis longtemps. Mais chez bien des élus qui se battent aujourd’hui à nos côtés, je vois plus de droiture, de courage, de volonté de servir, que dans la médiocrité si symptomatique que cette histoire manifeste, parmi tant d’autres épisodes. Chers amis qui cherchez une droite enfin claire, intègre et loyale, exigez toujours d’aller au-delà des apparences. Soyez conscients que les vitrines les plus attirantes peuvent cacher les cuisines les plus inavouables ; que ceux qui, par exemple, revendiquent bruyamment de sauver les chrétiens d’orient, sont capables de demander en ce moment qu’on passe sous silence l’Arménie et le Liban… Et si le RN vous séduit avec la promesse du renouveau, rappelez-vous qu’il donne vos voix à des élus qui n’assument rien, ni leurs choix, ni leur bilan, ni leurs soutiens, ni leurs mensonges.