Remettre l’Europe agricole à l’endroit
À l’issue du Salon International de l’Agriculture 2024, François-Xavier Bellamy et Céline Imart partagent leurs premières propositions pour l’avenir de notre agriculture, dans le JDD.
Inverser la logique de la pression : voilà ce qu’attendent les agriculteurs, qui font vivre nos filières d’excellence, créent notre alimentation, contribuent à notre énergie, captent le carbone, entretiennent la nature. Ils sont pourtant déconsidérés, écrasés de défiance, de contraintes et de soupçons ; tout ce que le travail de la terre devrait leur apporter – salaire, reconnaissance, dignité – leur est retiré.
L’enjeu des années qui viennent est vital :
La France doit échapper à la dépendance alimentaire et les agriculteurs retrouver le revenu qui leur permettra de vivre de leur travail. Pour y parvenir, il est impossible de produire moins. Certains en ont fait un tabou : en matière alimentaire, produire est pourtant un enjeu de sécurité, de santé, de souveraineté et la condition pour sortir de l’appauvrissement dans lequel s’enlise notre agriculture (16 % des foyers d’exploitants vivaient en 2020 sous le seuil de pauvreté).
Leurs problèmes, leur colère, sont les symptômes des détresses de la France qui travaille. De la France des entreprises, grandes ou petites, de ce tissu de courage et de responsabilité qui fait la richesse du pays.
Le Salon de l’agriculture ferme ses portes, mais nous n’avons pas le droit de tourner la page et de laisser l’actualité imposer d’autres sujets. Bien loin des petites phrases et des coups de com, nous avons pris ce temps pour écouter et échanger. Nous savons que la révolte du monde agricole ne finira pas tant qu’il n’aura pas obtenu les réponses auxquelles il a droit.
Notre première proposition est très concrète :
Ajouter au principe de non-régression du droit de l’environnement, un principe de non-régression économique.
Aucune règle ne doit être votée si elle implique une baisse de la production en Europe. Ces deux principes sont liés, puisque ce que nous cessons de produire dans nos pays, nous devons l’importer d’une production extra-européenne bien moins respectueuse de la nature. La responsabilité écologique n’implique pas que nos agriculteurs tombent en voie d’extinction.
Deuxième piste, mener enfin à bien ce qu’aucun gouvernement macroniste n’aura tenu :
Un grand plan de suppression des surtranspositions françaises pour nous aligner sur les standards européens.
Il y faudra de la détermination, mais la fin de la concurrence déloyale en Europe est à ce prix. Il n’y a aucune raison, concernant une politique partagée en Europe, d’appliquer des règles plus complexes en France que chez nos voisins.
Notre troisième proposition veut inverser la logique de la pression qui pèse aujourd’hui sur les agriculteurs, entrepreneurs du vivant.
La machine à produire de la norme qu’est devenue la Commission européenne s’est emballée. Pour imposer des règles au pouvoir réglementaire, il faut imposer que l’évaluation des politiques déjà appliquées soit obligatoire avant d’envisager tout renforcement des mesures les constituant. Par ailleurs, chaque nouveau texte doit obligatoirement prendre en compte la conclusion des études d’impact, avec l’évaluation d’un bilan complet du coût et des avantages, incluant les conséquences économiques et sociales des mesures envisagées.
Aujourd’hui, trop d’associations, dont la seule raison d’être est d’obtenir des subventions, sous couvert de défense de la planète, s’attaquent sans discontinuer à notre agriculture, pourtant la plus vertueuse et durable du monde. Elles s’opposent à tout projet, à toute avancée, à tout vote des élus locaux en matière de projet agricole. Contre les mouvements qui prétendent faire la loi y compris par la violence, il est temps que l’autorité publique sorte de la complaisance : nous demandons la suppression définitive de toute subvention pour chaque mouvement qui pénètre illégalement dans une exploitation ou entrave le travail des agriculteurs.
De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.
Durant le mandat qui s’achève, les députés européens LR ont lutté aux côtés des agriculteurs contre le projet de la décroissance agricole, porté par l’alliance de la gauche et des macronistes. Avec Anne Sander, nous avons écarté le pire du texte « Restauration de la nature », le gel de 10 % des surfaces agricoles, qui allait faire chuter la production alimentaire en Europe. Ces derniers jours encore, nous avons travaillé pour retirer l’élevage des normes appliquées aux industries polluantes ou empêcher la création d’un permis tracteur. Donnant la priorité à des filières fragilisées, nous avons voté contre les accords de libre-échange qui pouvaient les menacer.
Nous sommes maintenant à la croisée des chemins pour notre continent.
De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.
François-Xavier Bellamy, Céline Imart et Eric Ciotti à la rencontre des éleveurs de Seine-et-Marne. Plus que des effets d’annonces, nos agriculteurs ont besoin de mesures concrètes et d’une vision à long terme pour pouvoir vivre dignement de leur métier et protéger la souveraineté de notre pays.
Vive nos terroirs, vive l’agriculture et vive la France !