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Entretien à Valeurs Actuelles

Entretien à Valeurs actuelles paru dans le numéro du 20 juin 2024. Propos recueillis par Edouard Roux.

Les derniers jours ont été on ne peut plus éprouvants pour votre parti. Qu’en avez-vous pensé ? Qu’est-ce qu’on ressent, lorsque, après avoir sauvé les meubles aux européennes, on se retrouve dans une telle situation ?

L’important n’est pas le parti, mais le pays. L’annonce de la dissolution a empêché de tirer les enseignements des européennes… Le président de la République a peut-être pris cette décision pour détourner l’attention de sa défaite. Pour nous, ce résultat n’est pas un point d’arrivée bien sûr, mais il peut servir de point de départ. Après 2022, cette campagne aura permis un nouvel élan. Reconstruire la droite sera long et difficile, mais je continue de croire que c’est le devoir qui nous attend si nous voulons vraiment relever la France pour de bon. Cette famille de pensée est la seule qui puisse offrir au pays l’action durable et persévérante qui le sortira de la crise existentielle qu’il traverse.

Vous qui avez parlé de l’importance du clivage gauche-droite au Parlement européen, le voyez-vous advenir au niveau national ? Ou existe-t-il trois blocs distincts ?

Je pense que ce serait une catastrophe, pour notre vie politique, de se laisser enfermer dans l’idée qu’il y aurait trois blocs qui se définissent par le rejet les uns des autres. Le retour du clivage gauche-droite se confirme partout en Europe, dans les grands pays qui nous entourent. Mais face à cette gauche qui affiche sa radicalité, nous ne voyons pas encore se dessiner en France le retour d’une droite capable d’assumer sa responsabilité… Il suffit de lire Marine Le Pen, il y a quelques jours encore, dans Le Figaro : sa première réponse est pour dire que l’alliance avec une partie de LR ne veut pas dire que le RN soit de droite. Après le « en même temps » macroniste, le RN se définit comme « ni de gauche, ni de droite ». C’est la même confusion ; et laisser la droite se fondre dans cette opération serait faire triompher le récit d’Emmanuel Macron, qui a toujours rêvé de faire croire aux Français qu’il n’y aurait plus de place que pour un « bloc central » opposé à tout le reste. J’ai combattu ce piège politique pendant sept ans, j’ai mené toute ma campagne européenne pour refuser ce faux débat et imposer la parole d’une droite qui reprend sa place ; la difficulté du moment ne me fera pas changer de cap.

On entend dire, y compris d’après quelques sondages, que de nombreux militants LR sont enclin à faire alliance avec le RN et cette fameuse « union des droites ». Qu’en pensez-vous?

Je comprends l’impatience de gagner, qui plus est devant l’urgence vitale dans laquelle se trouve le pays, menacé par l’immigration débridée, l’insécurité, l’effondrement de l’autorité. Et je comprends bien sûr la volonté d’union : si je me suis engagé pour renouveler cette famille politique, c’est pour qu’elle puisse réunir de nouveau tous les électeurs de droite. Mais je le redis, il suffit d’écouter Marine Le Pen pour comprendre que ce à quoi nous assistons n’a rien à voir avec une « union des droites », puisque le parti dans lequel il faudrait se dissoudre refuse de se définir comme tel…

La première priorité est d’empêcher que l’extrême-gauche ne l’emporte, et de sortir enfin le pays de la faillite du macronisme. Or pour cela, je reste convaincu que des candidats de droite feront de meilleurs remparts.

Avec une possible dilution de LR dans ce mouvement ?

Le sujet là encore n’est pas l’avenir de LR. La première priorité est d’empêcher que l’extrême-gauche ne l’emporte, et de sortir enfin le pays de la faillite du macronisme. Or pour cela, je reste convaincu que des candidats de droite feront de meilleurs remparts. Je n’ai jamais confondu un premier tour et un deuxième tour… J’ai dit et écrit qu’au deuxième tour, je ferai tout pour faire barrage à cette alliance honteuse des gauches qui prend le risque de conduire au pouvoir l’islamisme, l’antisémitisme, la folie fiscale et la violence politique. Je le répéterai, même si cela me vaut bien des critiques. Après une telle abdication, la gauche morale est disqualifiée à jamais pour faire la leçon au nom d’un « front républicain » qu’elle pratique à géométrie variable. Mais, encore une fois, ne confondons pas le premier et le deuxième tour : dans les duels difficiles qui s’annoncent, un candidat LR qui s’est qualifié aura plus de chance que le RN de battre au deuxième tour le « Front populaire » ou la majorité sortante. De ce point de vue, renoncer à défendre nos couleurs est en réalité contre-productif pour le pays. L’idée qu’il faudrait que la droite vienne se ranger derrière l’étiquette RN au premier tour pour éviter la victoire de la gauche est absurde : c’est le contraire.

Ne confondons pas le premier et le deuxième tour : dans les duels difficiles qui s’annoncent, un candidat LR qui s’est qualifié aura plus de chance que le RN de battre au deuxième tour le « Front populaire » ou la majorité sortante. De ce point de vue, renoncer à défendre nos couleurs est en réalité contre-productif pour le pays.

Pour revenir à vos combats, le PPE (Parti Populaire Européen) est toujours la première force politique en Europe. La dissolution semble avoir complètement vidé de sa substance cette information…

En effet, comme je n’avais cessé de le dire, c’est la droite européenne qui devient la première force politique du continent. Cela nous donne une grande responsabilité. Ce qui m’inquiète, c’est que dans cette agitation générale, personne ne prête attention aux combats cruciaux pour l’avenir du pays qui se jouent dès maintenant à Bruxelles. Le choix du président de la Commission est en ce moment en discussion. Les turbulences que nous vivons en France ne me feront pas oublier mes engagements : je suis déjà au travail, depuis le lendemain de l’élection, pour faire valoir les priorités que nous avons défendues pendant toute la campagne.

Est-ce que Marion Maréchal ou Jordan Bardella vous ont proposé un deal pour les législatives ?

Non.

Avez-vous pu parler à Éric Ciotti ?

Pas depuis le lendemain de l’élection. Il a annoncé cette décision sans l’avoir évoquée d’abord même avec des élus proches de lui. Cela explique aussi que la confiance ait pu être blessée. J’ai fait campagne avec Éric pendant de longs mois, j’ai du respect pour son engagement, et le chemin parcouru ensemble ; il était bien sûr légitime pour proposer la ligne qu’il souhaitait. Mais on ne peut engager une famille politique entière sans avoir discuté en amont des choix stratégiques.

L’alliance LR-RN est-elle contre-nature ? Si l’on prend, à l’époque, l’UDF et le RPR qui se sont attelés, ces deux partis peuvent-ils recréer cette alliance ?

Il ne s’agit pas ici d’une alliance, mais d’une absorption. S’engager à voter tous les budgets d’un gouvernement encore inconnu, c’est abandonner la possibilité de défendre une ligne propre. Or nous avons des divergences, et ce n’est pas artificiel. Quand il s’agit d’économie par exemple, ce n’est pas d’une question purement technique qu’il s’agit. C’est d’une vision de la société, du travail, de la personne ; et c’est aussi d’immigration qu’il s’agit… Vouloir maintenir un modèle social défaillant, soutenir les combats de la gauche sur le RSA ou les retraites, c’est continuer de faire reculer le travail dans ce pays, et alimenter mécaniquement la fuite en avant migratoire qui en découle. Ce ne sont pas de petits sujets…

S’engager à voter tous les budgets d’un gouvernement encore inconnu, c’est abandonner la possibilité de défendre une ligne propre. Or nous avons des divergences, et ce n’est pas artificiel.

Qu’avez-vous pensé de l’entretien de Nicolas Sarkozy dans Le Journal du Dimanche ?

Je partage son constat que l’union de la droite se fera non par des négociations d’appareils, mais par les électeurs. Pour cela, il faut leur offrir la famille politique claire et renouvelée qui saura les réunir. C’est la condition pour que le pays trouve enfin la majorité cohérente qui rendra à la France les moyens de se relever. Ce défi reste le chantier prioritaire pour moi. Bien sûr, ce ne sera pas l’affaire de quelques jours ; il y faudra de la persévérance. Mais cela seul compte. Ne confondons pas une période hystérique avec une période historique. Pour pouvoir agir au-delà de la confusion du moment, il faudra s’appuyer sur ceux qui auront su garder la tête froide, les idées claires et le sens des priorités de long terme pour l’avenir du pays.

Face au SMIC à 1600 euros de la gauche et la suppression du droit du sol de la droite radicale, que proposez-vous concrètement ? Est-ce audible ?

Nous avons publié un programme en dix points clés pour l’avenir du pays. Notre ligne, tout le monde la connaît ; c’est aussi celle que j’ai défendue pour l’élection européenne. Bien sûr, nous sommes lucides : nous ne pouvons pas faire comme si nous aurons une majorité pour gouverner dans trois semaines. Notre but essentiel, c’est de garantir que des élus de droite, libres et solides, soient le plus nombreux demain à l’Assemblée pour être la corde de rappel, la voix de nos convictions, le socle de la reconstruction.

Et vous, les législatives ? Vous n’avez jamais été tenté ?

Je viens de me présenter à une élection européenne. Il y a une semaine, un peu moins de deux millions de personnes ont choisi de voter pour la liste que je conduisais. C’est leur confiance qui a fait la décision, beaucoup plus que des logiques d’étiquettes ou d’appareils. Je ne vais pas aujourd’hui leur dire que j’abandonne mes engagements parce qu’il y a une nouvelle élection… Je serai simplement engagé chez moi comme suppléant, pour soutenir Arnaud Poulain, qui est élu dans notre ville et me soutient depuis longtemps : en se présentant sous les couleurs de la droite dans cette circonscription très contrastée, il est le seul à pouvoir gagner, face au député macroniste sortant ou à l’alliance de la gauche. Une situation parmi bien d’autres qui explique pourquoi je crois à la nécessité, pour la France, que la droite assume ses couleurs !

Notre but essentiel, c’est de garantir que des élus de droite, libres et solides, soient le plus nombreux demain à l’Assemblée pour être la corde de rappel, la voix de nos convictions, le socle de la reconstruction.

Que va devenir LR, concrètement, au Parlement ? Une sorte de Modem 2.0 ? Une force d’appoint ?

Chaque député que nous ferons élire permettra d’ancrer l’Assemblée de demain à droite. Je suis très inquiet de voir se dessiner la résurrection d’une forme de gauche plurielle, qui allierait les restes du groupe macroniste aux socialistes et aux écologistes. Derrière l’unité de façade du « Front populaire », c’est sans doute ce dont rêvent beaucoup, y compris dans la majorité sortante. Il faudra des élus de droite pour résister à ce projet.

Il y a pourtant, à gauche, des personnalités comme Bernard Cazeneuve, qui refusent cette union…

J’ai de l’estime pour Bernard Cazeneuve, qui refuse le délire qui s’est emparé des socialistes. Voir un ancien président de la République se présenter sous la même bannière qu’un antifa fiché S donne une idée du reniement général à gauche.

La plupart des caciques LR emploient une argumentation de type moral, évoquent une incompatibilité de valeurs : avez-vous conscience que, pour la plupart des électeurs de droite, ces arguments sont incompréhensibles ? Quelles seraient ces fameuses valeurs du RN qui seraient incompatibles avec les vôtres ?

Je l’ai toujours dit : nous ne retrouverons pas la confiance des Français en faisant des leçons de morale. Si la droite a perdu ses électeurs, c’est parce qu’elle a déçu leur confiance ; c’est à elle de se remettre en question. Une fois assumé cela, je n’ai ni l’envie ni la légitimité de mener un inventaire interminable ; seul m’intéresse l’avenir, et le travail pour reconstruire. Si je me suis engagé dans cette formation politique, ce n’est pas parce que j’approuvais tout ce qu’elle avait pu faire : personne ne trouvera jamais un parti parfait pour représenter ses idées, et le RN, qui ne cesse de changer de ligne sur les sujets les plus importants, serait mal placé pour donner des leçons de cohérence. Non ; si je me suis engagé là, malgré toutes les difficultés, c’est parce que je reste certain que c’est en reconstruisant une force politique de droite assumée, crédible, exigeante, fidèle, que nous relèverons la France. Même mes opposants m’accorderont que je n’ai jamais changé de ligne, ni de méthode. Dans le chaos actuel, chacun doit discerner en conscience ; mais demain il faudra que tous les Français de bonne volonté se retrouvent pour refonder cette proposition politique qui sera à la hauteur des défis que le pays doit affronter.

Dans le chaos actuel, chacun doit discerner en conscience ; mais demain il faudra que tous les Français de bonne volonté se retrouvent pour refonder cette proposition politique qui sera à la hauteur des défis que le pays doit affronter.

Discours sur l’état de l’Union : réponse à Ursula von der Leyen

Oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.

Madame la Présidente,

En évoquant le bilan de la Commission, vous parlez de la force de l’Europe, de son efficacité… Mais où est passée la réalité ?

Au moment où nous nous parlons, le Secours populaire annonce que 20% des Français vit à découvert. Dans toute l’Europe, une personne sur trois se prive d’un repas pour tenir. Des millions de foyers, d’artisans, d’entreprises, n’arrivent plus à payer leur énergie.

Vous parlez de prospérité, mais malgré ce retour de la pauvreté, la Commission n’aura cessé de multiplier les contraintes sur ceux qui travaillent et produisent en Europe. La directive énergétique sur les bâtiments aggravera la crise du logement. La stratégie Farm to Fork fait baisser la production alimentaire. La taxonomie accélère le décrochage industriel. Vous avez longuement parlé d’électricité pour accélérer encore l’implantation d’éoliennes, mais toujours pas un mot sur le nucléaire, première source d’énergie décarbonée et accessible en Europe.

Vous promettez de réduire les normes : elles n’auront pourtant cessé de s’empiler ces dernières années, jusqu’à ce projet dit “Restauration de la nature” que nous avons combattu. La multiplication des contraintes ne protège pas l’environnement, elle nous rend seulement dépendants des autres pays du monde qui n’assument pas les mêmes coûts. Nous ne sauverons pas la planète en achetant des voitures électriques en Chine ; de même que nous ne sauverons pas la démocratie avec les Ukrainiens en achetant du gaz à la dictature azérie qui veut écraser les Arméniens.

De même, nous ne relancerons pas notre économie en augmentant une “immigration qualifiée”, comme vous le dites, mais en qualifiant ces millions de jeunes qui sont encore aujourd’hui loin de l’emploi. La seule réponse à l’hiver démographique en Europe, c’est de soutenir les familles, non de déstabiliser plus encore nos pays.

En nous appuyant sur elles, sur les talents de nos pays, sur le savoir, la culture des citoyens en Europe : oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.

La direction la plus puissante de la Commission européenne n’a donc rien appris

Logo DG COMP

« Si l’industrie lourde européenne disparaît, qu’il en soit ainsi, parce qu’il le faut. Pourquoi produire de l’acier ici si nous pouvons l’acheter moins cher en Indonésie ? »

La direction la plus puissante de la Commission européenne n’a donc rien appris… Dans un entretien très rare, le chef économiste de la DG COMP, auquel devait succéder Fiona Scott Morton, nie l’impact de l’IRA américain, ignore la concurrence déloyale de la Chine, compare la disparition de nos industries de pointe à la fin des mines de charbon, dénonce le projet de champions européens – mais refuse de combattre le monopole des GAFA.

Si d’autres pays produisent pour beaucoup moins cher, dit-il, « l’Europe devrait les remercier pour ce cadeau ». Comment ceux qui imposent à nos entreprises les normes les plus contraignantes peuvent-ils dire ensuite que le dumping étranger qui les détruit est un « cadeau » ? Révoltant… Oui, nous devons être plus solides face à la concurrence mondiale, et cela exige d’abord de retrouver l’excellence en matière d’éducation et de recherche. Mais même nos fleurons tomberont si nos institutions oublient que toutes les puissances défendent d’abord leurs intérêts.

Déplacement en Nouvelle-Calédonie


Retour sur cinq jours de déplacement de travail en Nouvelle-Calédonie

 

 

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Un moratoire législatif pour mettre fin à l’excès de normes

Tweets publiés suite à l’appel d’Emmanuel Macron à un moratoire législatif dans la réglementation environnementale européenne

 

Depuis des mois, nous exigeons avec le PPE un moratoire législatif pour mettre fin à l’excès des normes qui plombe tous ceux qui produisent et travaillent en Europe. Les élus macronistes, eux, poussent avec la gauche et les verts pour les réglementations les plus contraignantes.

Malgré leurs critiques, et contre cette dérive – qui inquiète même les élus de leur propre groupe issus d’autres pays, nous n’avons cessé de rappeler que fragiliser l’industrie et l’agriculture en Europe, c’est importer une production bien moins soucieuse de l’environnement…

Que feront-ils maintenant sur les nouvelles normes qui se préparent ? Le macronisme est une succession révoltante de contradictions, masquées par le « en même temps », sur les sujets les plus stratégiques pourtant. Logique que de tels reniements mènent à l’écœurement démocratique…

 

Contre l’interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035

Interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035

Interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035 : une fuite en avant contre-productive

Notre groupe PPE a voté contre la décision d’interdire la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035, qui revient à interdire de facto toute vente de véhicule neuf à essence, diesel ou hybride : une fuite en avant contre-productive pour l’environnement, désastreuse pour l’industrie européenne, et que les citoyens paieront au prix fort…

La grande gagnante de ce vote est la Chine, dont l’Europe reste structurellement dépendante en la matière.

Une fuite en avant contre-productive pour l’environnement, désastreuse pour l’industrie européenne, et que les citoyens paieront au prix fort

Une erreur historique passée par l’alliance de Renew avec la gauche et les verts

Une erreur historique, qui n’est passée que par l’alliance de Renew (LREM) avec la gauche et les verts – tous ces groupes qui, d’ailleurs, se réunissent régulièrement pour voter également contre l’énergie nucléaire, empêchant sans scrupules la décarbonation de notre électricité. Nul doute que l’Europe sera contrainte de revenir à la réalité d’ici 2035 – mais après avoir interdit à notre industrie d’investir dans son avenir, dans cette filière comme tant d’autres, il sera peut-être trop tard…

Nomination au poste de vice-président exécutif des Républicains

François-Xavier Bellamy

Cette semaine, Eric Ciotti a annoncé sa volonté de me nommer vice-président exécutif des Républicains, ainsi qu’Aurélien Pradié. Je le remercie de sa confiance, et de la responsabilité importante qu’il me donne ; il sait pouvoir compter sur mon engagement total pour l’épauler dans sa mission à la tête de notre parti. Ma volonté est toujours la même, celle de tout donner pour que la droite offre à la France l’espérance dont elle a tant besoin ; et je serai heureux d’y travailler à ses côtés.

Je voudrais bien sûr redire ma reconnaissance fidèle à Bruno Retailleau : après sa très belle campagne, il n’a rien voulu obtenir pour lui-même, cherchant seulement à assurer que son équipe, et les adhérents qui l’ont soutenu, soient pleinement représentés dans la direction du parti. Demain, avec tant d’amis qui l’ont suivi, nous travaillerons pour faire vivre au sein de notre famille politique la volonté de renouvellement profond qu’il a incarnée dans cette campagne, au service de la refondation dont la droite française a tant besoin.

Il ne s’agit pas de faire vivre des divisions, dont notre camp a déjà tellement souffert, mais au contraire d’agir tous ensemble pour reconstruire une alternative sérieuse et crédible, dans un moment critique pour la vie démocratique de notre pays. La France a besoin d’une droite claire, solide, intelligente, enracinée et inventive, qui puisse lui redonner confiance en l’avenir. Le défi est immense – non pas pour notre parti, mais pour notre pays. C’est avec chacun d’entre vous, chers amis, que nous le relèverons.

Déplacement dans le Rhône

Déplacement de François-Xavier Bellamy dans le Rhône en novembre 2021.

 

Si la France et l’Europe veulent pouvoir compter dans le monde de demain…

Nouvelle terrible pour notre industrie, pour Naval Group et ses sous-traitants, pour notre balance commerciale dont le déficit s’aggrave encore, pour les emplois et le savoir-faire français. Mais s’indigner ne suffit pas… Il faut en tirer les leçons.

  1. Ceux qui, en Europe, croyaient au retour d’un multilatéralisme rassurant, doivent ouvrir enfin les yeux : les États-Unis défendent leurs intérêts, comme toute puissance. Être leurs alliés ne nous dispense pas de l’effort nécessaire pour nous donner les moyens de nos objectifs. Si nous ne sommes pas capables d’assumer des rapports de force, même la signature d’un État, même l’engagement d’un pays ami, ne constituent pas une garantie. On peut le déplorer, bien sûr ; mais c’est un fait : à nous d’en tirer les conséquences. Dans ce cas, comme pour le Rafale écarté par la Suisse, l’excellence industrielle n’est pas en cause ; l’échec est donc politique. Il faudra analyser ce qui a manqué dans le suivi des contrats. Comme le dit le président, dans le haut niveau, on n’excuse pas un résultat décevant…
  2. Ce choix montre combien l’évolution de la Chine devient le paramètre majeur pour bien des États. Que valent nos garanties face à une puissance qui construit tous les quatre ans l’équivalent de notre marine ? Les pays européens n’ont pas encore conscience de l’ampleur du défi. Dans un moment crucial pour nos pays et le modèle démocratique, cette accélération montre combien les débats européens sont décalés, lents, indécis. Le fonds défense est un pas en avant ; mais il a fallu des années pour investir 8 milliards d’euros, rabotés en dernière minute… Au lieu d’entretenir le vieux rêve fédéraliste d’une « armée européenne », il faut maintenant se donner les moyens sérieux qui seront nécessaires pour que notre industrie de défense garantisse à nos démocraties leur autonomie stratégique. Personne ne nous y aidera ; à nous d’agir…
Aucune alliance ne nous exonère du travail indispensable pour retrouver les moyens de ne pas subir.
Si la France et l’Europe veulent pouvoir compter dans le monde de demain, nous allons devoir faire beaucoup plus, sur le plan militaire, industriel, diplomatique, intellectuel. Aucune alliance ne nous exonère du travail indispensable pour retrouver les moyens de ne pas subir.

Industrie de défense : ces dépendances qui minent la souveraineté de nos États.

Entretien à Ouest France réalisé à l’occasion de la visite du SOFINS, le salon de l’innovation pour les forces spéciales.

Pourquoi venez-vous au Sofins, le salon des Forces spéciales ?

Parce que je veux être en contact direct avec ceux qui innovent au service de nos armées, et avec les militaires eux-mêmes, engagés aujourd’hui sur des théâtres d’opérations décisifs. Je siège au sein de la commission du Parlement européen qui suit les enjeux d’industrie et de recherche, et j’étais rapporteur sur le Fonds européen de défense : ce travail parlementaire pour soutenir nos soldats ne peut être utile que s’il s’appuie sur leur expérience et leurs besoins.

Sous l’impulsion de la France, la force Takuba actuellement en constitution est l’embryon d’une « association » de forces spéciales de plusieurs pays européens. Quels sons de cloches entendez-vous au Parlement européen sur ce projet ?

Sur ces sujets, nos partenaires européens ont des approches souvent différentes ; c’est l’une des raisons pour lesquelles je ne crois absolument pas à une “armée européenne”. En revanche, de plus en plus de pays réalisent qu’une montée en puissance d’une force conjointe comme Takuba est pertinente, parce que c’est la sécurité de l’Europe qui se joue au Sahel. Si les pays européens ne s’engagent pas sur ces terrains, ils laisseront la place à d’autres acteurs très présents sur le continent africain, comme la Chine ou la Turquie… Avec Arnaud Danjean, nous travaillons aussi à faire comprendre que la France ne pourra éternellement assumer, seule ou presque, la protection indirecte de l’Europe dans cette région.

L’innovation est dans l’ADN des forces spéciales. Comment l’Europe accompagne-t-elle cette recherche d’innovations ? Le FED pourrait-il y contribuer ?

Le Fonds européen de défense a justement été constitué pour soutenir l’innovation dans ce secteur : il financera des projets de recherche associant des entreprises de nos pays, pour nous permettre un jour de ne plus dépendre de matériels ou de technologies de pays non européens.

Le FED avait été initialement proposé à 13 milliards d’euros en 2018. Il vient d’être adopté à 7,9 milliards sur sept ans, mais ne devrait pas servir  à acheter du matériel militaire, ni à la constitution d’une « armée européenne », mais plutôt à la mutualisation de projets de recherche. Quelle est donc la finalité de ce FED ?

Il doit préparer l’autonomie stratégique des pays européens en matière d’industrie de défense. Lorsque l’opération Serval a été lancée en urgence au Mali, la France a dû demander aux Etats-Unis l’autorisation d’utiliser certains matériels contenant des composants américains… La réponse pouvait attendre jusqu’à deux mois, ce qui est bien sûr incompatible avec l’exigence opérationnelle en pareille circonstance. Cette dépendance mine la souveraineté de nos Etats. Il ne s’agit pas de créer une armée commune, mais de donner aux armées de nos pays les moyens d’intervenir avec des matériels européens.

Face aux Etats-Unis, la Russie et plus encore la Chine, l’Union européenne donne souvent  le sentiment de jouer « petit bras ». Pourquoi l’enveloppe du FED a-t-elle fondu de 13 à moins de 8 milliards d’euros alors que les budgets militaires sont partout en croissance ?

Je déplore vivement cette baisse de budget. Certains élus de gauche, les écologistes par exemple, s’opposaient à l’idée même de financer la recherche en matière de défense, comme si préserver notre sécurité et notre souveraineté était honteux. Bien des responsables politiques font comme si la paix était acquise pour toujours ; ils oublient qu’elle repose sur l’engagement de nos armées, et que nous devons leur donner les moyens de leur mission. Je regrette vivement que cette coupe budgétaire, décidée par les chefs d’Etat, ait été acceptée par Emmanuel Macron : cette enveloppe est réduite, comparée aux 750 milliards d’euros du plan de relance, et elle représente par ailleurs un investissement essentiel pour la relocalisation industrielle et pour l’emploi.

Le système de combat aérien du futur (SCAF), le futur char de combat lourd, le futur drone de reconnaissance et/ou de combat, etc… La plupart des programmes des équipements militaires qui seront opérationnels dans les 20 prochaines années ont une genèse très compliquée. Pendant ce temps, et malgré les récents succès à l’exportation du Rafale, les Etats-Unis avancent et placent leurs produits (Drone Reaper, F35, futur F15 modernisé, etc…). Dans le domaine du matériel militaire, faut-il renoncer à l’Europe pour avancer ?

Il est clair que sur certains sujets précis, les divergences industrielles ou stratégiques sont trop fortes ; dans ces cas-là, la défense reste une compétence nationale et c’est à cette échelle qu’il faut définir les priorités. Le gouvernement a tort de chercher à imposer dans tous les domaines une logique de coopération parfois contre-productive. Pour autant, des partenariats européens restent possibles, pertinents et souhaitables. Il faut simplement qu’ils soient intelligemment construits – le contre-exemple le plus connu en la matière étant le fiasco de l’A400M, où les responsabilités étaient trop diluées.

La France présidera le Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, en pleine campagne de l’élection présidentielle et des législatives. Dans le domaine militaire et en termes de vision géostratégique, quelles initiatives espérez-vous de la France ?  

Qu’elle contribue précisément à ce que l’Europe se dote d’une vision stratégique pour l’avenir ! Je ne partage pas le logiciel fédéraliste d’Emmanuel Macron, et pour être franc je crains qu’il n’utilise la présidence française du Conseil d’abord comme un outil de communication avant les élections. Mais si l’Europe est bien un échelon pertinent pour peser au niveau mondial, il faut vraiment que la France partage avec ses partenaires européens un regard plus lucide sur les enjeux géopolitiques actuels, et je ferai tout pour y contribuer.