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La Commission croit-elle vraiment que nous sauverons l’environnement en important encore plus depuis la Chine ?

Débat avec le Commissaire européen en charge de la pêche le 26 avril 2023 au Parlement européen.

« Merci Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire,

Quel est exactement le but de ce plan d’action ? Quel est d’abord son statut ? Il y a une vraie question, sur le statut de ce plan d’action. Est-ce que ce sera la base d’une nouvelle réglementation contraignante ? Est-ce que c’est seulement une déclaration d’intention ? Est-ce qu’il est toujours sur la table, ou bien est-ce qu’il a été retiré, comme le ministre de la Mer l’a dit en rentrant à Paris, après vous avoir rencontré, aux pêcheurs français ? Ceci a besoin d’être clarifié. Nous ne pouvons pas laisser les pêcheurs dans la confusion alors que l’enjeu est si important.

Parce que le but, maintenant, et c’est ça qui est le plus difficile à comprendre… Quel est le point ? Vous dites qu’il faut protéger les fonds marins, et nous sommes tous d’accord pour protéger les fonds marins. Mais interdire le chalut dans les aires marines protégées, c’est sanctionner ceux qui ont fait le plus d’efforts, parce que c’est là où justement, on a cherché à protéger les aires marines qu’on va maintenant, en fait, détruire l’activité de pêche. Cela ne gêne pas les fonds marins quand il s’agit d’implanter, dans ces aires marines protégées, des éoliennes offshore. Là, on ne s’inquiète plus de la biodiversité, comme le disait Peter Van Dalen, quand il s’agit de faire en sorte que, même dans des zones Natura 2000. Notre Parlement – et je regrette l’hypocrisie de beaucoup sur ce sujet – a voté pour accélérer le développement des parcs éoliens offshore dans des zones Natura 2000. Pourquoi d’un seul coup la biodiversité n’est-elle plus un problème ? Pourquoi ?

Le résultat de tout cela, c’est que dans un pays comme le mien, la France, 30 % de l’activité de pêche pourrait disparaître. 30 %… Quel est le but ? Quel est le sens ? Aujourd’hui, nous sommes déjà en train d’importer 70 % de tous les produits de la mer que nous consommons. 70 %. Quel est le projet ? De devenir plus dépendants, encore, demain, de la pêche chinoise, dont nous savons les égards qu’elle a pour la protection de l’environnement ? Vous dites que vous voulez négocier avec la Chine pour faire en sorte qu’elle respecte mieux ses engagements. Mais la réalité, c’est que c’est d’un bras de fer qu’il s’agit. Ce bras de fer consiste à défendre d’abord nos propres pêcheurs, si nous voulons faire en sorte que le modèle qu’ils représentent – le plus vertueux au monde du point de vue environnemental – puisse continuer d’exister.

Quel est le projet ? C’est le poisson végétal, dont parlait mon collègue à l’instant ? Il faut dire aux pêcheurs ce que nous voulons pour leur avenir. Il faut dire aux Européens ce que nous voulons pour l’avenir de leur sécurité alimentaire. Et tout ceci intervient dans un contexte où nous subissons les conséquences du Brexit, où nous avons aujourd’hui la fermeture du golfe de Gascogne qui vient d’être annoncée aux pêcheurs français, où les prix de l’énergie sont en train d’exploser…

Objectivement, Monsieur le Commissaire, les débats que nous avons ici, ils se déroulent dans un cadre très policé, mais sur les quais, dans les criées, je comprends les pêcheurs d’être découragés, et même un peu désespérés devant ce continent qui ne veut plus qu’ils travaillent pour eux, pour nous nourrir, pour nous faire vivre. Ce découragement, j’espère qu’il finira par être entendu par la Commission et par le Parlement. Merci beaucoup. »

Aides d’État, aides européennes : quel soutien pour nos pêcheurs d’outre-mer ?

Intervention de plénière à Strasbourg le 20 avril

Le sujet des aides d’État peut paraître très technique, mais je voudrais simplement vous raconter une petite histoire. Lorsque je suis allé voir les pêcheurs de Mayotte – qui sortent en mer sur des pirogues hors d’âge –, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas reçu un seul centime des financements qui leur ont été promis depuis des années maintenant pour renouveler leur flotte. Toutes les grandes puissances mondiales aident leurs pêcheurs à financer le renouvellement de leur flotte. Et pour nous, ce sont des enjeux stratégiques majeurs que ceux qui consistent à alimenter nos régions ultrapériphériques, nos pays européens… mais aussi à assurer une présence à la mer, dans ces régions du monde où l’Europe a la chance de pouvoir compter sur eux.

La Commission refuse d’engager les financements nécessaires

Eh bien, nous n’avons pas débloqué un euro. Pourquoi ? Parce que, même si notre Parlement a voté en faveur de ces aides d’État, même s’il a voté en faveur de fonds européens pour le renouvellement de la flotte dans le FEAMPA, même si la Commission européenne s’y est engagée, aujourd’hui, le sujet est compliqué et la Commission refuse d’engager les financements nécessaires. Et pourtant, simultanément, ces pêcheurs de Mayotte, mais aussi ceux de Guyane, ceux de La Réunion voient arriver des bateaux neufs – flambant neufs, financés par des fonds européens, au titre de l’aide au développement. Des bateaux du Suriname pour la Guyane, des bateaux de L’île Maurice pour Mayotte et La Réunion…

Nous voyons que l’Europe finance avec des fonds européens des bateaux créés dans des pays-tiers quand elle refuse à nos propres États de soutenir nos pêcheurs, dans nos propres pays.

Comment ce sujet ne pourrait-il pas révolter les pêcheurs de nos régions ultrapériphériques ? Les pêcheurs de nos outre-mer ? Il est urgent enfin que ce sujet soit débloqué, et que nous cessions les manœuvres dilatoires qui consistent à refuser sans cesse que ce soutien – pourtant voté par notre parlement – devienne une réalité.

Fin de vie, loi de programmation militaire, pêche : invité de France Info

Renouement avec le travail, protection du secteur de la pêche, augmentation du budget de l’industrie de défense, convention citoyenne sur la fin de vie… François-Xavier Bellamy était l’invité de France Info le 4 avril 2023.

 

Renouer avec le travail

 

Crise existentielle du secteur de la pêche

 

Augmentation du budget de l’industrie de défense

 

Convention citoyenne sur la fin de vie

Un arrêt de mort

La Commission européenne a présenté ce 1er mars 2023 en commission de la pêche du Parlement européen son plan d’action « pour la conservation des ressources halieutiques et la protection des écosystèmes marins ». Ce plan prévoit notamment l’interdiction progressive du chalutage de fond dans toutes les Aires marines protégées entre 2024 et 2030, une mesure qui condamnerait l’activité de 7000 navires européens, et près d’un tiers de la pêche française. En France, des milliers d’emplois, en mer et à terre, seraient détruits.


Un arrêt de mort pour une filière déjà fragilisée

Cette mesure serait un arrêt de mort pour une filière déjà durement fragilisée par une crise profonde, liée aux conséquences du Brexit et à l’explosion des prix de l’énergie. L’urgence pour les pêcheurs est de sauver leur activité : ils ont besoin pour cela de stabilité réglementaire, d’une vision stratégique de long terme, de confiance et de cohérence – pas d’idéologie hors-sol.

Détruire la filière pêche et desservir la cause environnementale en même temps

Les conséquences de ce plan auront pour double résultat de détruire la filière pêche européenne et de desservir la cause environnementale que la Commission prétend défendre. À l’inverse de l’effet escompté, cette interdiction ne fera en effet qu’accélérer la dépendance de nos pays aux importations de pays tiers dont les pratiques sont souvent désastreuses du point de vue environnemental. En fermant à cette pêche les aires marines protégées, la Commission punirait précisément ceux qui ont fait le plus d’efforts pour la préservation de leurs eaux ; et elle sacrifierait une fois encore la sécurité alimentaire européenne est pour une réforme contre-productive, en condamnant la flotte qui applique les normes environnementales les plus ambitieuses au monde au seul profit de concurrents moins regardants.

Confiscation du débat parlementaire

Enfin, alors qu’aucun débat au Parlement n’a précédé l’annonce de ce plan et qu’aucune étude d’impact n’a été préparée, la Commission annonce une mise en œuvre de son plan par des actes délégués, qu’elle peut décréter sans vote. Cette confiscation du débat parlementaire est anti-démocratique.

Déplacement prochain auprès des pêcheurs

Je reste en lien permanent avec les pêcheurs, les scientifiques, les élus locaux, qui travaillent chaque jour sur ces sujets, et je ferai tout pour que ce projet soit abandonné. Après une nouvelle rencontre avec la filière au Salon de l’agriculture, je me rendrai prochainement auprès de pêcheurs français pour poursuivre notre travail avec eux, et pour les assurer de mon soutien et de la constance de notre groupe politique à leurs côtés.

François-Xavier Bellamy
Président de la délégation française du PPE au Parlement européen
Membre de la commission de la pêche

Intervention de François-Xavier Bellamy le 1er mars 2023 en commission de la pêche :

 

Questions à la Commission déposées en décembre 2022

Suspension des médias qatariens dans l’Union européenne à la suite du Qatargate

28.12.2022

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les autorités européennes ont décidé d’interdire la diffusion dans l’Union européenne des médias d’État russes Sputnik et RT (Russia Today). La raison principale de cette interdiction était que ces chaînes d’information, financées par l’État russe, constituaient un relais en Europe pour la propagande de ce pays et pouvaient interférer ainsi avec nos propres démocraties.

Dans le contexte de l’enquête en cours portant sur des faits de corruption par le Qatar au sein du Parlement européen et des soupçons d’ingérence de ce pays dans nos démocraties européennes, il est légitime de s’interroger sur les moyens mis en œuvre par ce régime pour faire valoir ses intérêts et son idéologie, notamment au travers des médias qu’il finance, comme le groupe Al Jazeera Media Network et sa filiale active dans l’Union européenne, AJ+.

Le Parlement européen a déjà demandé la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qatariens, au moins durant le temps de l’enquête.

  1. La Commission européenne envisage-t-elle de prendre, par cohérence, des mesures conservatoires de suspension des médias d’État du Qatar, comme AJ+, dans le but de protéger les démocraties européennes contre un acteur tiers manifestement déterminé à les placer sous son influence?

Dépôt: 28.12.2022


Production d’hydrogène bas carbone dans la directive sur les énergies renouvelables

9.12.2022

Question prioritaire avec demande de réponse écrite  P-004036/2022 à la Commission

Dans le projet d’acte délégué de la directive sur les énergies renouvelables, la Commission pénalise la production d’hydrogène à partir d’électricité bas carbone issue du réseau.

Le texte attribue au bouquet énergétique français des émissions supérieures à la réalité (70 au lieu de 60 gCO2/kWh), car elle tient compte des régions ultrapériphériques et des territoires d’outre-mer, pourtant non connectés au réseau.

En outre, la Commission calcule les émissions de l’hydrogène électrolytique selon les émissions de la dernière centrale appelée sur le réseau, qui est presque toujours une centrale fossile. En France, ces centrales représentent 6 % de la production d’électricité, mais n’interviennent quasiment que lors de pics de consommation. L’approche alternative, qui permet de produire de l’hydrogène zéro carbone lorsque des centrales fossiles ne sont pas appelées, est positive, mais limite fortement les périodes de production.

Une telle méthodologie limiterait de façon injustifiée le potentiel de production d’hydrogène par électricité décarbonée en France et en Europe.

  1. La Commission confirme-t-elle que l’intensité carbone du bouquet électrique français pourra être calculée sur le périmètre du réseau métropolitain?
  2. Les États membres déjà très décarbonés peuvent-ils utiliser une méthode fondée sur les émissions moyennes du bouquet électrique au pas horaire, plutôt que des méthodes marginales plus pénalisantes?

Dépôt: 9.12.2022


Réduction du personnel de l’Union dans les négociations des organisations régionales de gestion des pêches

7.12.2022

Question avec demande de réponse écrite  E-003977/2022 à la Commission

L’Union européenne est un acteur mondial en matière de gestion des pêches. Dans sa communication sur la gouvernance internationale des océans de l’union[1], la Commission reconnaît l’Union comme l’acteur le plus important au sein des organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) et des organismes de pêche dans le monde. D’autre part, les fonctionnaires de la Commission doivent participer à plusieurs ORGP.

Toutefois, la Commission a approuvé une réduction budgétaire substantielle[2], y compris pour la DG MARE. En outre, la communication «verdir la Commission»[3] introduit des mesures visant à limiter le nombre de membres du personnel de l’Union qui se déplacent pour assister à des événements.

  1. Le poste de directeur de la gouvernance des océans (MARE B.3) est vacant depuis près d’un an. La Commission peut-elle indiquer quand un nouveau directeur devrait prendre ses fonctions et peut-elle préciser le nombre de fonctionnaires affectés à la gouvernance des océans et aux négociations des ORGP, et comment ce nombre a évolué au cours des dix dernières années?
  2. Compte tenu des ambitions élevées de la Commission en matière de gouvernance internationale des océans, a-t-elle l’intention d’augmenter le nombre d’agents dédiés à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, aux accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable et aux négociations des ORGP?
  3. Compte tenu de l’importance d’être physiquement présent lors des négociations multilatérales, la Commission appliquera-t-elle la communication sur l’écologie aux négociations des ORGP?

Dépôt: 7.12.2022

  • [1] JOIN(2022)0028
  • [2] https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/about_the_european_commission/eu_budget/db2022_wd_2_human_resources_web_0.pdf
  • [3] https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/c_2022_2230_2_en_act_part1_v11.pdf

Provenance réelle des hydrocarbures importés d’Azerbaïdjan

2.12.2022

Question avec demande de réponse écrite  E-003913/2022/rev.1 à la Commission

Sur la période avril-juillet 2022, les données disponibles relatives aux flux du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) indiquent une différence surprenante, de l’ordre de 242 000 barils par jour, entre les capacités de production d’hydrocarbures de l’Azerbaïdjan et ses exportations.

Atout économique majeur pour l’Azerbaïdjan en ce temps de crise, cet excédent n’est pas explicable par la fermeture du pipeline Bakou-Soupsa en mai 2022, dont les flux n’ont été redirigés vers le BTC qu’en août 2022, soit après la période de cette incohérence apparente.

Selon les chiffres disponibles relatifs aux capacités des pipelines, des points d’amarrage de navires pétroliers et des navires eux-mêmes, cette anomalie ne semble pas non plus s’expliquer par un excédent d’hydrocarbures kazakhstanais passant hypothétiquement par la mer Caspienne vers Bakou puis Ceyhan.

Il paraît en revanche plausible que le pipeline Tikhoretsk-Grozny-Makhatchkala-Bakou soit de nouveau exploité pour faire transiter des hydrocarbures russes par l’Azerbaïdjan et le pipeline BTC. Cela signifierait que les États membres de l’Union importent en réalité des hydrocarbures russes.

  1. La Commission a-t-elle demandé des explications sur ces incohérences, qui révéleraient vraisemblablement un détournement des sanctions édictées par l’Union?
  2. S’il est avéré que ces importations bénéficient à la Russie, la Commission suspendra-t-elle son accord avec l’Azerbaïdjan et proposera-t-elle des sanctions?

Dépôt: 2.12.2022


Question avec demande de réponse écrite  E-004101/2022 à la Commission

La compagnie aérienne Blue Air, établie à Bucarest, reliait la Roumanie à Paris-CDG jusqu’en septembre dernier. Depuis, confrontée à des difficultés financières, elle a suspendu ses opérations avant d’annoncer une future nationalisation en novembre.

L’entreprise s’était alors engagée par écrit auprès de ses clients à rembourser les billets des vols annulés, ou bien à leur permettre de réserver gratuitement un nouveau vol correspondant à leurs besoins.

Trois mois plus tard, en contradiction avec le règlement (CE) nº 261/2004, aucun de ces deux engagements n’a été respecté.

Cette année, Blue Air avait déjà reçu une sanction record de deux millions d’euros pour avoir, en l’espace d’un an, annulé plus de 11 000 vols sans dédommager ses clients.

  1. La Commission compte-t-elle intervenir afin de garantir un niveau élevé et uniforme de protection des passagers au sein de l’Union, comme elle s’y est engagée?
  2. Dans ce dossier récent, que compte-t-elle faire pour assurer dans les plus brefs délais l’indemnisation effective des passagers lésés?

Dépôt: 17.12.2022

Vote du rapport sur la Réserve d’ajustement Brexit en commission de la pêche

« La Commission PECH du Parlement européen a adopté hier le rapport que je présentais sur la Réserve d’ajustement Brexit. Il s’agit d’un financement de 5 milliards d’euros destiné à soutenir les secteurs économiques les plus touchés par l’impact du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.

 Ce vote est le résultat d’un travail de fond par lequel je propose de changer en profondeur la proposition de la Commission européenne concernant la répartition et la mise en œuvre de ce financement. En soutenant mon rapport, sur un sujet très sensible et controversé, des élus issus de tous les groupes parlementaires ont confirmé les critiques que je formulais sur cette première proposition, et les améliorations substantielles que je souhaitais y apporter.

La première d’entre elles concerne la répartition de ce financement entre Etats-membres : en changeant substantiellement le principe de cette affectation, nous garantissons que les pertes causées par le Brexit dans nos pays seront indemnisées de la même manière, et ne varieront pas d’un pays à l’autre au nom des critères très opaques jusque là imposés. La répartition de ces fonds publics sera ainsi équitable, transparente, et efficace, pour soutenir en priorité les acteurs les plus violemment touchés.

Nous avons également apporté des améliorations substantielles pour les pêcheurs, en garantissant que les fonds prévus pour les soutenir leur seront réellement affectés, en imposant des processus administratifs simplifiés, en leur apportant une plus grande sécurité juridique, et en permettant qu’ils soient soutenus jusqu’en 2026, date à laquelle l’accord passé avec les Britanniques pour la diminution de l’activité de pêche de nos pays dans leurs eaux aura atteint son effet maximal.

Ce débat a été bien sûr très difficile, étant donné l’ampleur des financements en jeu ; et je suis particulièrement heureux du résultat très positif auquel nous sommes arrivés par le long travail mené ces dernières semaines avec tous nos collègues. C’est la première fois qu’une commission parlementaire aboutit à une évolution aussi forte d’une répartition budgétaire proposée par la Commission européenne. Nous le devions à tous ceux dont les activités, les emplois, les entreprises, sont aujourd’hui menacés par l’impact du Brexit dans nos pays, et tout particulièrement aux pêcheurs, qui font face à une situation particulièrement éprouvante, après de longues années d’incertitude. J’espère que les étapes suivantes de la procédure parlementaire et des négociations à venir permettront de mettre en oeuvre ces premiers résultats le plus rapidement possible, et je resterai totalement mobilisé pour y parvenir. »

François-Xavier Bellamy, rapporteur pour la commission de la pêche sur le projet de Réserve d’ajustement Brexit

Déplacement à La Réunion

Compte-rendu du déplacement de travail à La Réunion en novembre 2020.

PAC, pêche et Brexit au Salon de l’Agriculture

Retour sur la session plénière dédiée au Brexit au Parlement européen

Intervention de François-Xavier Bellamy en hémicycle :

 

Retour en détails sur les enjeux et les futures négociations dans le cadre du Brexit :

Actualité européenne : entretien au Point pour la rentrée 2020

Entretien avec Emmanuel Berretta pour Le Point paru le 16 janvier 2020.
Consultez aussi le texte à ce lien.


Le Point : Le Brexit va poser des problèmes aux pêcheurs européens. En tant que membre de la commission Pêche du Parlement européen, comment envisagez-vous de traiter ce dossier ?

François-Xavier Bellamy : Nous allons au-devant d’un problème critique. Au total, plus de 30 % de la pêche française s’effectue dans les eaux britanniques – et jusqu’à 80 % pour certains ports des Hauts-de-France. Si ces eaux sont fermées aux pêcheurs européens, nous verrons aussi des bateaux d’autres pays (les pêcheurs des Pays-Bas en particulier, NDLR) se reporter sur les eaux françaises, accroissant encore la tension. Des milliers d’emplois, en mer et à terre, sont potentiellement menacés. Pour faire face à cette situation, il faudra d’abord une réponse d’urgence : les fonds européens dédiés à la pêche doivent pouvoir être mobilisés pour remédier à l’impact immédiat de la crise. Mais cette réponse provisoire ne doit surtout pas durer : les pêcheurs veulent vivre de leur travail, pas de subventions. Pour cela, il faudra obtenir des Britanniques qu’ils rouvrent leur zone de pêche, en faisant de ce principe une condition préalable à toute autre négociation, avant un accord commercial, par exemple. Si nous ne tenons pas fermement sur cette ligne, toute une filière déjà en tension risque d’être durement touchée. J’ajoute qu’il y a un enjeu écologique majeur sur ce sujet : la politique européenne, en lien avec les pêcheurs qui sont bien sûr les premiers concernés, a mis en œuvre des quotas qui permettent d’éviter la surpêche et de préserver les espèces. En échappant à ces contraintes, les Britanniques pourraient être tentés de relancer une pêche intensive qui serait catastrophique à terme pour la biodiversité dans les fonds marins.

Mais cette réponse provisoire ne doit surtout pas durer : les pêcheurs veulent vivre de leur travail, pas de subventions. Pour cela, il faudra obtenir des Britanniques qu’ils rouvrent leur zone de pêche, en faisant de ce principe une condition préalable à toute autre négociation

L’Union européenne peut-elle imposer des taxes sur le poisson britannique en cas de position très hostile des Britanniques sur leur zone de pêche ?

C’est une chimère de croire, comme semble le penser le ministre de l’Agriculture (Didier Guillaume, NDLR), que les taxes à l’entrée du marché européen suffiront à dissuader les Britanniques. Nous ne pourrons faire peser sur le poisson britannique une taxation dissuasive ; il ne s’agit pas en effet ici d’une position hostile des Britanniques susceptible de déclencher une mesure de rétorsion, mais simplement de la situation normale d’un pays tiers contrôlant sa zone économique exclusive. On ne mesure pas assez, en France, l’importance de ce sujet pour nos voisins de Grande-Bretagne, qui ont une très longue histoire maritime : retrouver la maîtrise de leurs eaux territoriales a été un argument important en faveur du Brexit. Boris Johnson avait brandi un hareng en meeting ! Si on traite la question de la pêche parmi les autres sujets de notre relation future avec la Grande-Bretagne, nous ne les ferons pas changer d’avis. Le seul moyen d’obtenir que leurs eaux restent ouvertes, c’est de faire de ce principe, comme je le disais, la condition de tout accord ultérieur. C’est un point dont nous parlons avec Michel Barnier, qui mènera ces négociations, et qui est très attentif à cet enjeu essentiel.

Au sein du PPE, les positions allemandes ont toujours été très orientées en faveur des accords de libre-échange. Les LR sont devenus plus hostiles à ce type d’accords. Quels arguments avancez-vous à l’encontre du Ceta ?

Le déficit commercial de la France, dû en particulier aux contraintes dont nous ne cessons de surcharger tous ceux qui produisent dans notre pays, nous rend plus frileux que les Allemands, qui exportent au contraire massivement. Mais au-delà de cette divergence économique, il me semble que nous sommes face à un tournant politique : il est urgent de rééquilibrer la mondialisation. J’avais déjà écrit sur ce sujet dans Demeure : nous ne pouvons pas à la fois déclarer l’urgence écologique et continuer à favoriser l’emballement des flux qui a contribué au déséquilibre climatique. Il est absurde de punir fiscalement le salarié français qui a besoin de sa voiture pour faire quelques kilomètres jusqu’à son lieu de travail, tout en facilitant l’importation depuis le bout du monde de biens que nous pourrions parfaitement produire ici.

Nous ne pouvons pas à la fois déclarer l’urgence écologique et continuer à favoriser l’emballement des flux qui a contribué au déséquilibre climatique.

Si l’on veut prendre la mesure du défi écologique, il faut commencer par ne pas rendre la viande canadienne plus compétitive sur nos marchés que la viande française – alors même que nous imposons des normes environnementales bien plus exigeantes à nos producteurs. Certains accords peuvent être utiles quand ils tirent tous les partenaires vers le haut. Mais tout accord n’est pas bon ; nous restons, par exemple, fermement opposés à l’accord UE-Mercosur. D’une manière générale, il nous faut réapprendre à produire ce que nous consommons. L’Europe peut jouer un rôle décisif dans ce rééquilibrage de la mondialisation, qui est attendu partout ; c’est une nécessité écologique, mais aussi bien sûr économique et sociale. C’est l’un des grands défis politiques de notre avenir.

De tous les thèmes que votre liste a défendus durant la campagne européenne, lesquels avez-vous pu inscrire dans les lignes directrices adoptées par le PPE ?

Dans ces premiers mois du mandat, notre groupe parlementaire a écrit, de façon concertée, plusieurs documents de programmation, qui définissent les lignes directrices du PPE pour les années à venir. Ces textes sont importants, car ils orienteront désormais la position de notre groupe, majoritaire au Parlement, dans les négociations et les votes. Nous avons travaillé dur pour transcrire nos engagements de campagne dans ces documents, et nous y sommes parvenus : la barrière écologique que nous avions proposée, par exemple, a été adoptée par le groupe, ce qui est inédit au PPE.

La négociation sur le budget européen pour la période 2021-2027 débute. Pensez-vous qu’il faille absolument augmenter ce budget pour se donner les moyens de nos ambitions ?

La vraie question n’est pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux. Nous avons de nouvelles priorités, qu’il faut financer ; je pense, par exemple, au Fonds européen de défense, ou à la protection des frontières extérieures de l’Europe pour ne plus subir des flux migratoires incontrôlés. Il faut également faire face au départ de la Grande-Bretagne, qui retire un contributeur important au budget européen. Mais nous avons aussi beaucoup d’économies à faire, en rationalisant les programmes, en contrôlant mieux les engagements et les agences européennes, en conditionnant les aides aux pays que nous soutenons au respect de leurs engagements, par exemple sur le plan migratoire… D’une manière générale, il faut retrouver le principe de subsidiarité : les budgets européens doivent être engagés là où ils ont une efficacité supérieure à celle que chaque État obtiendrait isolément.

D’une manière générale, il faut retrouver le principe de subsidiarité.

Le Pacte vert sera la grande affaire de ce quinquennat. L’Europe se donne pour objectif d’être le premier continent neutre en émission de carbone d’ici à 2050. Cet objectif vous semble-t-il réaliste compte tenu des annonces d’Ursula von der Leyen lors de la session spéciale du Parlement à Bruxelles ?

Il faut bien sûr se donner des objectifs exigeants pour répondre au défi écologique. Avec le regard d’un nouvel élu, je suis frappé cependant que nous ayons des discussions interminables sur les objectifs, plutôt que sur les moyens. La question n’est pas : voulons-nous réduire nos émissions de carbone ? Mais : comment y parvenir ? Et c’est là que les débats sérieux devraient commencer. Certains élus par exemple, LREM ou écologistes, votent au Parlement européen pour appeler à la fermeture rapide des centrales nucléaires, alors que nous n’avons pas de solution alternative pour une énergie décarbonée. Voulons-nous vraiment imiter nos voisins allemands, qui ont dépensé des dizaines de milliards d’euros pour finir par rouvrir des centrales à charbon ? Certains élus sont prêts par idéologie à sacrifier les objectifs écologiques qu’ils disent défendre. Avec mes collègues en commission de l’environnement, Agnès Evren et Nathalie Colin-Oesterlé, nous voulons fixer, non seulement des buts exigeants, mais les moyens rationnels pour les atteindre.

Certains élus sont prêts par idéologie à sacrifier les objectifs écologiques qu’ils disent défendre. Certains élus par exemple, LREM ou écologistes, votent au Parlement européen pour appeler à la fermeture rapide des centrales nucléaires, alors que nous n’avons pas de solution alternative pour une énergie décarbonée.

Les tensions au Moyen-Orient peuvent déboucher sur une nouvelle crise migratoire. Où en est le PPE sur la réforme de l’asile et des migrations ? Entre la position de Merkel et celle d’Orban, la clarification est-elle en cours ?

C’est un sujet clé. L’Europe doit absolument se donner les moyens de maîtriser ses frontières extérieures. Le PPE a clarifié sa ligne, en adoptant la position que nous avions défendue pendant toute notre campagne : il faut mettre fin à l’impuissance européenne en matière migratoire. Un vote important a eu lieu sur ce sujet en octobre : les groupes de gauche, dont LREM, défendaient dans un texte sur la Méditerranée des positions totalement irréalistes, comme l’ouverture imposée des ports européens à tous les bateaux. Le PPE a voté contre ce texte, qui a été rejeté à quelques voix près. La solidarité et le droit d’asile sont massivement détournés aujourd’hui au profit de filières d’immigration illégales entretenues par des passeurs. Nous devons mettre fin à cette impuissance, et le PPE est uni sur ce sujet.

La solidarité et le droit d’asile sont massivement détournés aujourd’hui au profit de filières d’immigration illégales entretenues par des passeurs. Nous devons mettre fin à cette impuissance, et le PPE est uni sur ce sujet.

Les déclarations d’Emmanuel Macron sur « l’état de mort cérébrale de l’Otan » ont-elles laissé des traces au sein du PPE ?

Cette expression a fait beaucoup de tort. Il faut bien sûr s’inquiéter des errements stratégiques de l’Otan ; les récents événements, avec la Turquie ou l’Iran, le montrent assez. Mais avec une expression aussi virulente, le chef de l’État ne lance pas le débat, il l’empêche. Dans cette déclaration, comme l’a dit Arnaud Danjean (eurodéputé LR-PPE, NDLR), la forme a tué le fond. Il y a en Europe beaucoup de pays qui, pour des raisons historiques évidentes, sont aujourd’hui entièrement dépendants de l’Otan pour leur sécurité ; ils ne peuvent que très mal réagir si nous leur donnons le sentiment que nous voulons en finir avec ce qui constitue aujourd’hui leur principale protection. Quand on veut défendre un point de vue, mieux vaut l’exprimer avec sérieux, sans arrogance, en cherchant à rejoindre ses interlocuteurs. Il ne suffit pas de déclarer, il faut convaincre.

Justement, vous êtes le corapporteur du Fonds européen de défense. Avez-vous le sentiment que les Américains sont décidés à laisser l’Europe s’émanciper pour assurer sa propre défense ?

Les États-Unis sont nos amis et nos alliés ; mais ils ne sont pas nos suzerains, et nous ne sommes pas leurs vassaux. L’Otan restera, bien sûr, un partenaire essentiel ; mais en complément de son action, les pays d’Europe doit impérativement se donner les moyens d’une vraie autonomie stratégique : le Fonds européen de défense est une initiative essentielle pour y parvenir. Il s’agit d’investir dans l’industrie de défense en Europe pour développer des moyens qui nous permettent de nous engager sans dépendre d’autres grandes puissances.

Les États-Unis sont nos amis et nos alliés ; mais ils ne sont pas nos suzerains

C’est une nécessité pour notre liberté et notre souveraineté, mais aussi pour préserver la paix : nous le voyons mieux que jamais, le monde qui se dessine a besoin d’un pôle indépendant pour permettre un équilibre dans les tensions entre les blocs qui se font face aujourd’hui.

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