Abandonner aujourd’hui nos couleurs serait un choix inutile pour le pays


La crise politique que traverse le pays est le résultat direct de la confusion, des reniements et des inconséquences, de tous bords, qui ont écoeuré les Français.

Pour ma part, je n’ai jamais varié : je suis convaincu que notre vie publique ne retrouvera son sens que par la constance et la clarté. Et que la France ne se relèvera que par la reconstruction d’une famille politique de droite, assumée, exigeante, renouvelée, qui saura tirer toutes les leçons des déceptions du passé, pour proposer la seule ligne claire qui puisse sortir le pays de toutes les impasses qui le piègent.

C’est le sens de la campagne que j’ai menée lors de cette élection européenne, qui me conduit aujourd’hui à porter la voix du pays au sein de la droite européenne, qui devient la première force politique en Europe. Nous ne sommes pas condamnés à abdiquer. Je ne renierai pas aujourd’hui l’engagement que j’ai pris devant les Français. Je continuerai de travailler pour refonder la droite à laquelle je crois : déterminée sur la sécurité et la maîtrise des frontières, courageuse dans le combat pour la liberté et contre la folie budgétaire, claire dans sa défense de la souveraineté nationale et dans ses engagements internationaux.

Abandonner aujourd’hui nos couleurs serait un choix inutile pour le pays : tout prouve déjà que la majorité actuelle sera défaite, et que nos candidats reconstruiront un groupe de droite fort et cohérent à l’Assemblée nationale, qui votera ce qui ira dans le sens de nos convictions et de l’intérêt de la France, sans qu’aucun accord d’appareil ne soit nécessaire pour cela. Je comprends les incertitudes, les impatiences ; mais je sais qu’en réalité, un tel accord serait contre-productif : il accomplirait en effet ce dont rêve Emmanuel Macron depuis toujours, qui veut faire croire que rien n’existe entre lui et le RN. J’ai combattu ce faux duel pendant des années. Je crois à un débat clair. Je ne vais pas changer d’avis aujourd’hui, alors que le résultat des élections européennes montre justement que nous pouvons retrouver un élan.

Continuer à tracer cette voie n’implique pas pour autant de nier la première menace qui pèse aujourd’hui sur la France, celle d’une victoire de l’extrême-gauche. L’alliance innommable passée hier entre les partis de gauche et la France Insoumise peut conduire demain au pouvoir des élus qui pactisent avec l’islamisme, qui justifient l’antisémitisme, qui soutiennent explicitement toutes les forces du chaos. La droite n’a aucune leçon de morale à recevoir des antifascistes de comédie qui prétendent, comme ils l’ont fait hier à Paris, combattre le RN en arrachant des drapeaux français. Et je le dis avec détermination : partout où il faudra faire un choix, nous devrons toujours faire barrage à cette alliance d’extrême-gauche, et nous préoccuper d’abord de la survie de la France et des principes qui la fondent.

Comme je l’avais promis, je suis aujourd’hui au travail au Parlement européen pour y mener les combats, décisifs pour le pays et pour l’Europe, qui vont s’y jouer dès les jours qui viennent. Cela ne m’empêchera pas de prendre toute ma part à l’effort patient qui nous attend en France pour reconstruire la droite, et pour relever le pays, dans la clarté, la constance et la fidélité, qui sont plus que jamais la condition de la confiance retrouvée.

François-Xavier Bellamy

Lettre aux Français


Chers amis, chers Français,

La campagne s’achève. J’ai tout donné. Mais je ne pouvais pas finir sans évoquer ce qu’il me reste encore à vous dire.

Pendant ces derniers mois, ces dernières années, j’ai vécu de grandes joies, des succès partagés, et des rencontres qui m’ont marqué pour toujours ; comme bien des épreuves aussi, et des moments de doute où j’aurais pu tout arrêter.

Si j’ai continué, c’est simplement parce que j’ai fait comme vous. Parce qu’aujourd’hui chaque Français de bonne volonté, dans son quotidien, doit décider de continuer, quand il y aurait mille raisons d’être épuisé et d’arrêter. Continuer à y croire, à se lever, travailler, faire son devoir, continuer à défendre ses valeurs même à contre-courant, face à l’adversité.

Si je n’ai rien lâché, c’est parce que l’enjeu est essentiel. C’est le pouvoir d’agir demain, plutôt que de continuer à subir tout ce qui arrive au pays. C’est la volonté de transmettre ce que nous avons reçu, et que nous savons profondément fragilisé. C’est l’espérance de sortir du déclin, et de rendre à notre pays, à notre civilisation, l’élan qui les a fondés.

De ce combat, beaucoup se joue maintenant. Vous qui me lisez, vous avez le pouvoir de faire vivre cet effort commun, bien au-delà du 9 juin.

Pour qui allez-vous voter ?

Je pourrais vous dire que le 9 juin, vous allez voter pour que la droite soit le plus grand parti du parlement européen et serve de meilleur rempart aux dérives politiques qui fragilisent notre pays.

Je pourrais vous dire que le 9 juin, vous allez voter pour l’équipe de combattants que j’ai l’honneur d’emmener, et qui iront au front chaque jour pour défendre votre voix.

Mais ce que je veux vous dire surtout, c’est que le 9 juin au soir, ils compteront nos voix. Ce vote sera une épreuve de vérité. Les médias, le pouvoir, tous attendent de savoir : la droite a-t-elle renoncé à ses combats ?

Répondez-leur : il existe une droite forte, fière, prête à parler à tous les Français. Une droite qui vient de loin, qui a le visage de nos parents, de nos grands-parents, de toutes les forces du pays. Une droite qui sait mener des batailles, et qui refuse de s’enfermer, de se laisser exclure des choix qui décideront de l’avenir.

Une droite qui veut relever la France. Rendre à l’Europe son sens. Sortir de l’impuissance de l’État. Retrouver nos frontières, et notre sécurité. Sortir du déclin et de l’appauvrissement, qui n’ont rien d’une fatalité. Et pour cela, d’abord, libérer les Français qui travaillent, et leur rendre leur dignité.

Un ami me demandait hier : crois-tu encore qu’un discours de vérité a une chance de survivre dans la démagogie ambiante ? Oui, mille fois oui, parce que les Français sont revenus de tout, sauf de ce devoir de courage, de loyauté, et de vérité.

Alors je compte sur vous maintenant. Parce que chacun d’entre vous doit compter dans un tel moment. Pour convaincre, pour entraîner, pour rendre une raison d’espérer à ceux qui n’y croient plus. C’est sans doute à quelques voix que va se jouer le sens qui sera donné au vote du 9 juin. Et ces quelques voix, vous seul pouvez aller les chercher – en partageant ce message autour de vous, pour commencer, si comme moi vous refusez de renoncer.

Le 9 juin est aussi votre jour. Je m’en remets à vous.
Je crois en la France, et au sursaut qui nous attend.

À très bientôt,

Supprimer l’image mise en avantFrançois-Xavier Bellamy


Lire aussi : Grand entretien au Figaro – « Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements »



« Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements. » – Grand entretien dans le Figaro

Photo : François Bouchon / Le Figaro

Grand entretien publié dans Le Figaro, propos recueillis par Emmanuel Galiero et Claire Conruyt.


Télécharger l’entretien

LE FIGARO .- A cinq jours du scrutin, qu’avez-vous envie de dire aux électeurs ?

FRANCOIS-XAVIER BELLAMY — Je veux leur dire : malgré toutes les épreuves que traverse le pays, nous avons bien des raisons d’espérer. Les Français que j’ai rencontrés, pendant ces mois de campagne et ces années de ce mandat, ont un courage, une énergie, une volonté qui forcent l’admiration. Et il y a une relève à droite qui a la détermination nécessaire pour relever le pays. Pour le défendre en Europe d’abord : dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise. Le duel Macron / Le Pen a vécu sur la défiance suscitée par les vieux partis de gouvernement. Je comprends les déceptions passées ; mais l’élection du 9 juin est l’occasion de tourner une page. Je ne me suis pas engagé pour refaire l’histoire, mais pour écrire l’avenir d’une droite renouvelée, sérieuse, cohérente. Votre vote peut donner l’élan dont nous avons besoin pour reconstruire.

Dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise.

N’est-ce pas une mission impossible de faire campagne pour un parti LR fortement affaibli par la dernière présidentielle (4,78%) dans un contexte où beaucoup d’électeurs de droite semblent toujours méfiant à l’égard de votre famille politique ?

Aucune mission n’est impossible quand l’avenir en dépend. En m’engageant dans cette campagne, je savais parfaitement que je ne faisais pas le choix du confort, du calcul ou de l’opportunisme. Certains changent de camp pour l’intérêt de leur carrière. Pour ma part je n’ai sans doute pas fait le choix de la facilité, mais le choix dont le pays a besoin : celui de la clarté et de la cohérence. Bien sûr, je mesure la difficulté. Mais je mesure surtout l’attente. Le rôle que nous devons assumer, personne d’autre ne le remplira. Si l’on en croit les sondages, je vois qu’un électorat de gauche veut faire de cette élection l’occasion de reconstruire une proposition socialiste, alors qu’elle paraissait définitivement disqualifiée. Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison. C’est le moment de refonder cette famille politique qui peut seule répondre aux aspirations du pays.

Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison.

Quels événements les plus marquants de cette campagne retiendrez-vous ?

La campagne a commencé avec le mouvement de révolte des agriculteurs. Leur colère, je l’ai exprimée depuis cinq ans au parlement européen. Ils subissent comme tous les Français les conséquences des choix politiques aberrants qui minent notre pays. Cette révolte, je l’ai entendue si souvent : artisans, commerçants, chefs d’entreprises, professionnels de santé, enseignants, policiers et gendarmes… C’est partout le même sentiment d’asphyxie auquel semble condamné tout un peuple qui travaille dur et qui n’arrive plus à s’en sortir. Des Français qui vivent en permanence sous la pression des contraintes, des contrôles, des charges, des normes et qui disent simplement : laissez-nous travailler ! Laissez-nous faire, laissez-nous vivre. Céline Imart, deuxième de notre liste, a fait partie de ces agriculteurs qui ont crié qu’ »on marche sur la tête » ; les Français refusent de se résigner. Nous aurons été les seuls dans cette campagne à dire cette exigence de liberté, que je crois être la première condition pour sortir du déclin.

Quels adversaires jugez-vous les plus redoutables dans cette bataille ?

Mon adversaire le plus redoutable, c’est la mise en scène une nouvelle fois imposée aux Français pour leur voler cette élection, avec l’idée absurde que le débat opposerait populistes et progressistes. Ce théâtre d’ombres n’a pas d’autre but que de cacher le vrai enjeu de ce scrutin. Au parlement européen, le clivage oppose les deux forces politiques majeures que sont les socialistes et la droite, le PPE, auquel nous appartenons. Le vrai sujet est de savoir si nous parviendrons à sortir enfin de la majorité de gauche, à laquelle les élus macronistes et les écologistes ont participé pendant cinq ans. La France ne peut pas être condamnée à vivre ce perpétuel deuxième tour de l’élection présidentielle, dont la seule fonction est d’exonérer le macronisme de son bilan.

Que répondez-vous à Emmanuel Macron quand il soutient que ceux qui lui ont imposé le RN comme adversaire sont les Français ?

C’est faux. Les enquêtes d’opinion le montrent aujourd’hui : moins de la moitié des Français se reconnaît dans le débat entre le RN et lui. Nous ne sommes pas dupes de ce duo, dont les deux partenaires s’aident l’un l’autre à écraser le débat. Les Français ne sont pas dupes non plus. Je le vois au nombre de ceux, de tous bords, qui me remercient d’avoir exprimé ce qu’ils ressentaient après le débat entre M. Attal et M. Bardella. Si cette réaction a eu autant d’écho, c’est peut-être que j’ai été ce jour-là le porte-voix d’une France qui refuse de se laisser imposer cette fausse alternative.

Quelles sont les principales différences avec votre campagne de 2019 ?

La principale différence, c’est que maintenant tout le monde doit assumer son bilan. En 2019, beaucoup pouvaient croire encore qu’Emmanuel Macron allait réformer le pays, pour éviter le déclin. Mais force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays dans la spirale de la dette, de l’impôt, de l’appauvrissement économique et du dérapage budgétaire. Quant au RN, lui aussi a un bilan : on ne peut pas faire comme si le parti de Marine Le Pen était en apesanteur. Il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ? Avec trois fois plus d’élus que nous, il n’aura pas changé une virgule dans un seul texte européen. Les élus du RN n’ont ni gagné, ni même mené une seule bataille pour la France en Europe.

Dans ce cas, pourquoi le RN bat-il tous les records dans les sondages à la veille du scrutin ?

En mettant en scène ce duel, Emmanuel Macron a offert au RN les détresses du pays. C’est un mensonge : la France qui peine à joindre les deux bouts n’est pas représentée par un parti qui refuse de revaloriser le travail, de réformer le RSA, de rééquilibrer les retraites, et qui refuse lui-même de travailler ! Car en Europe, le RN est l’opposition fantôme qui arrange ce président. Il sait que nous sommes le vrai contre-pouvoir qui pèsera demain, au sein du PPE, pour empêcher de nouvelles étapes de sa fuite en avant – la création de dette et d’impôts européens, qu’il a proposés dans son dernier discours de la Sorbonne.

Force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays. Quant au RN, il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ?

Certaines de vos interventions, contre les blocages de Sciences Po ou contre le débat Attal/Bardella, ont été perçues comme des réussites. Pourquoi n’ont-elles pas eu d’impact sur les sondages qui n’ont cessé d’estimer votre score entre 7% et 8% ?

Seul le vote du 9 juin comptera. Ce que je sais, c’est que partout en France, le regard des Français a changé avec cette campagne. Beaucoup m’ont dit qu’elle leur avait redonné de l’intérêt, de l’envie, de la fierté. Face à l’extrême-gauche, à la montée de l’antisémitisme, au relativisme qui menace notre débat démocratique, nous avons montré qu’il ne fallait rien céder. Une campagne sert aussi à cela.

Votre parti oscille entre une coalition avec le macronisme et une droite plus radicale incarnée par le RN et Reconquête. L’identité de LR ne s’est-elle pas diluée depuis l’élection d’Emmanuel Macron ?

Non, la droite n’oscille pas. Ces rumeurs ne se fondent sur rien et n’ont pour but que de nous déstabiliser dans ces derniers jours de campagne. Il y a sept ans qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée : tous ceux qui sont engagés chez LR auraient eu cinquante occasions de basculer du côté du pouvoir. Les opportunistes sont partis ; ceux qui restent ont tenu bon, parce qu’ils savent que notre devoir est d’incarner une alternative. Le débat a été tranché : nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes, premiers alliés de la gauche pour fragiliser nos frontières, saborder le nucléaire, organiser la décroissance agricole ou la dérive budgétaire, et même fermer les yeux sur l’entrisme islamiste qui menace nos institutions… Pendant ce temps, le RN était aux abonnés absents. Ceux qui veulent le statu quo peuvent voter pour ce duo. Moi, je veux le changement de cap.

Nicolas Sarkozy ne souhaite pas dévoiler quel sera son choix pour cette élection mais il a exprimé « beaucoup de sympathie » à votre égard. Recevez-vous ces mots comme un soutien ?

Je suis heureux si la campagne que je mène lui inspire de la sympathie. Je respecte le choix d’un ancien président qui ne souhaite pas rentrer sur le terrain électoral. Je comprends aussi nos différences de point de vue, puisque Nicolas Sarkozy continue de défendre la perspective d’une coalition avec le pouvoir, en laquelle je n’ai jamais cru.

Nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes

Que dites-vous aux LR qui considèrent que vous n’avez pas été suffisamment soutenu par votre famille politique dans ce combat ?

Au contraire, cette campagne a été un moment d’unité pour la droite. En 2019, mon arrivée avait suscité quelques expressions de dissension ou d’incertitude. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, après cinq années de travail partout en France. Dans ce combat, j’ai eu la chance de compter sur la confiance et le soutien d’Eric Ciotti, de nos parlementaires, mais aussi de milliers de maires, d’élus qui pour certains ont choisi de revenir à cette occasion vers notre famille politique.

Dans quelle mesure le niveau de votre résultat dimanche sera-t-il déterminant pour l’avenir de LR ? Que ferez-vous après, si le score est décevant ?

On ne mène pas la bataille en se demandant ce qui arrive si on la perd. Si nous parvenons à retrouver les voix qui nous manquent pour reprendre notre élan, nous changerons l’histoire des années qui viennent. Pas celle d’un parti, mais celle du pays.

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre.

Les Républicains devront-ils opérer un acte de rupture avec tout ce que la droite a été, une fois le 9 juin prochain passé ? Une sorte de « nouveau départ »…

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre. Après avoir changé de pied en trois jours sur la Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen m’a reproché la position de la droite sur les accords de Nouméa : quand ils ont été signés, j’avais douze ans… Je ne me sens ni juge, ni comptable du bilan. Le passé est fait de succès comme de déceptions. Avec quelques années d’engagement, je ne crois pas que mon devoir soit de distribuer les bons ou les mauvais points, mais de regarder lucidement cet héritage pour pouvoir reconstruire. Ce nouveau départ, je veux m’y consacrer. Il est la condition pour le relèvement du pays. Et pour le mener à bien, nous n’avons besoin que du soutien de tous les Français qui aspirent à voir se relever un mouvement politique clair sur ses valeurs et exigeant dans son action. Je veux leur dire : vous me connaissez, vous savez que je n’ai jamais varié. Si vous voulez reconstruire, c’est maintenant que cela se joue.

Lors de votre dernière scène à l’Olympia, vous citiez Platon : « les philosophes perdent toujours les élections… »

Platon croit qu’il faut mentir pour arriver au pouvoir car la foule est trop folle pour entendre la sagesse. Je pense le contraire. Aristote affirme que « tout homme, par nature, désire savoir ». Et puisque l’esprit humain est tourné vers la quête du vrai et du juste, que l’on peut parier qu’à la fin, la vérité finit par l’emporter. C’est le pari que je veux faire.

Et à ceux qui vous diront que c’est un pari fou ?

Je réponds qu’il n’y en a pas d’autre. La mission essentielle de l’Europe, c’est de montrer que la liberté est le seul choix qui soit à la fois fidèle à la dignité humaine et en même temps, efficace sur le long terme. Nous sommes face à des modèles autoritaires, voire totalitaires, comme la Chine, ou l’islamisme international. Comme dans les années 30, certains sont tentés de croire que l’efficacité est du côté de la centralisation autoritaire, de la suppression des droits de la personne, de la conscience. Notre défi est de montrer, une nouvelle fois dans notre histoire, que seule la liberté peut faire vivre une société.

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La France est paralysée par l’irresponsabilité du macronisme

Entretien publié dans le JJD en mai 2024

 

Le JDD. Quel regard portez-vous sur la flambée des violences en Nouvelle-Calédonie ?

François-Xavier Bellamy. La Nouvelle-Calédonie, c’est la France. Les Calédoniens ont dit à trois reprises qu’ils resteraient Français. Ce qui se passe sur le territoire calédonien, c’est aussi ce qui menace le territoire de la métropole : une violence débridée qui cherche à s’imposer par le pillage et la destruction, comme les émeutes de l’an dernier. Après des années de faillite régalienne, l’État est aujourd’hui face au spectre de la guerre civile. Nous sommes de tout cœur avec les familles des gendarmes tombés pour cette terre de France au milieu du Pacifique, et avec les Calédoniens.

Quels sont les facteurs qui ont provoqué ces émeutes ?

Il y a bien sûr une histoire du conflit indépendantiste en Calédonie. Mais la situation actuelle est nouvelle : ceux qui sèment la violence ne formulent pas de revendications politiques claires. Ils disent une haine explicite des Blancs, une volonté de destruction. Les agresseurs, souvent très jeunes, ne parlent même plus du dégel du corps électoral. C’est le point commun avec les émeutes de l’été dernier : ce n’est pas un projet politique, c’est l’effondrement de la politique.

Marine Le Pen est ouverte à un nouveau référendum d’autodétermination « dans quarante ans ». A-t-elle raison de jouer la « pacification » ?

Cette déclaration est réellement révoltante. Après trois référendums, les Calédoniens ont conclu le processus entamé par les accords de Nouméa : ils ont le droit d’écrire leur avenir sans rester encore suspendus à un nouveau scrutin. En reniant son propre vote, Marine Le Pen donne raison à la violence. Que fera-t-elle demain si les banlieues étaient en feu ? Sera-t-elle prête à tout lâcher ? C’est le contraire de la pacification, qui ne peut venir que de l’exemple de la fermeté enfin retrouvée. Le RN est ambigu même sur l’unité de la nation. Il n’a jamais condamné la déstabilisation en Calédonie par l’Azerbaïdjan, dont M. Mariani est proche. Et ses partenaires de l’AFD exigent que la France « donne » Mayotte aux Comores ! Je ne pourrais jamais avoir pour allié une force politique en Europe qui veut qu’un département français soit cédé à un pays hostile.

De son côté, Mélenchon dénonce un retour du « néocolonialisme » en Nouvelle-Calédonie.

On peut ironiser sur le fait que Jean-Luc Mélenchon défend maintenant le droit du sang. Mais moi, ça ne m’amuse pas. La France insoumise ne combat plus des adversaires politiques : elle combat la France. Elle encourage sa fracturation. Elle justifie la violence. Elle transforme des pillards en héros. Elle banalise l’antisémitisme et fait de l’apologie du terrorisme islamiste un argument de campagne. La France insoumise a choisi la sédition.

Voyez-vous un point commun entre les événements récents en Nouvelle-Calédonie, l’Eurovision, l’attaque de la synagogue à Rouen ou Sciences Po ?

La haine de ce que nous sommes. C’est cette haine qui, aujourd’hui, est au cœur de la violence qui monte. La haine de ce que nous représentons, de ce que la France doit incarner, de ce que la civilisation européenne a encore à dire au monde. C’est de cette haine que la France insoumise cherche à faire un réservoir électoral. Cette trahison-là, rien ne pourra jamais l’excuser.

Sur des sujets comme l’insécurité, l’immigration, la Nouvelle-Calédonie, la justice et la dette, la question de la responsabilité politique est rarement abordée. Est-il vraiment si difficile d’admettre ses erreurs ?

Le plus marquant dans les crises actuelles, c’est que personne n’assume jamais rien au sommet de l’État. Tout le monde se défausse. Ce gouvernement ne gouverne pas, il commente. Le ministre de l’Intérieur n’est pas responsable de l’explosion de la violence. Le Stade de France, ce sont les supporters britanniques ; la crise migratoire, c’est le gouvernement italien. Le ministre de l’Économie découvre 16 milliards de dérapage du déficit en faisant mine d’être surpris. Quand a-t-on vu pour la dernière fois un ministre démissionner parce qu’un échec exigeait de prendre ses responsabilités ? Quand un proviseur est menacé de mort par les islamistes, c’est lui qui démissionne pour protéger son lycée : la ministre de l’Éducation se contente de s’indigner. Quand l’assassinat de deux agents de la pénitentiaire montre que le crime organisé a pris le contrôle en prison, le ministre de la Justice ne présente que ses condoléances.

Les ministres ne sont pas responsables de tout.

Non, la situation du pays vient de loin. Mais il y a longtemps maintenant que cette majorité l’aggrave. Emmanuel Macron est là depuis douze ans… Il est peut-être temps d’assumer son bilan. Rien n’arrive par le hasard des circonstances. Les Français savent qu’il faut répondre de ses actes. Si vous êtes chef d’entreprise et que vous faites de mauvais choix, vous assumez la faillite. Il n’y a aucune raison que les seuls qui n’aient jamais à rendre compte de ce qu’ils ont fait, ou de ce qu’ils n’ont pas fait, soient au sommet de l’État. La France est paralysée par l’irresponsabilité du macronisme.

Votre intervention à Sciences Po face aux étudiants propalestiniens a été remarquée. Les observateurs disent que le philosophe bien élevé s’est fâché. Qu’en pensez-vous ?

C’était spontané. Il ne faut jamais reculer. Certains ont dit que j’avais changé, mais c’est pourtant comme ça que j’ai agi tous les jours au Parlement européen : aller au combat, tenir sa ligne, dénoncer le mensonge. Assumer la contradiction en face, à chaque fois que c’est nécessaire. Je l’ai fait dans l’hémicycle face à Ursula von der Leyen, à Emmanuel Macron, à Olaf Scholz, et tous les jours dans les moments moins visibles du travail parlementaire. J’espère ne jamais avoir froid aux yeux quand il s’agit de défendre les Français.

Malgré vos efforts, votre campagne peine à décoller. À la même période il y a cinq ans, vous étiez à 13 % et avez terminé à 8 %. Aujourd’hui, vous êtes entre 7 et 8 %. Craignez-vous de ne pas dépasser les 5 % ?

Non. Ce que je retiens de 2019, c’est que tout s’est joué dans les derniers jours. La dernière ligne droite sera décisive. L’important pour moi n’est pas le score des partis, mais d’avoir le plus d’élus possible là où les combats se joueront pour l’avenir du pays. Le PPE sera la première force politique en Europe dans les cinq années à venir : c’est là qu’il faudra compter pour obtenir le changement de cap dont nous avons besoin. Le RN a gagné deux fois l’élection européenne, et il n’en a rien fait. Son succès serait la garantie du statu quo. Avec trois fois moins d’élus, c’est nous qui avons combattu la décroissance agricole, protégé le nucléaire, empêché la relocalisation des migrants, interdit à la Commission de promouvoir le hijab. Je me bats pour que nous ayons le plus de poids demain, là où il faudra être pour gagner les batailles nécessaires.

Vous êtes en concurrence avec Marion Maréchal. Pourquoi les électeurs de droite devraient-ils vous choisir vous ?

C’est Reconquête qui rêve de ce duel. Mon adversaire, c’est la gauche et le macronisme qui fragilisent le pays. Comment parler d’union des droites quand on cible d’abord la droite ? Comment parler de clarté quand on s’entoure de professionnels du reniement, comme M. Peltier, qu’Éric Zemmour appelait « le traître de comédie » ? L’électorat de droite doit se réunir dans le parti qui a pour mission historique de le représenter. S’il n’a pas toujours été à la hauteur de cette mission, c’est une raison de plus pour reconstruire avec nous. Déserter ce parti qui devient la première force politique d’Europe, ce serait renoncer à agir, trahir nos idées et abandonner les Français.

 

Propos recueillis par Jules Torres

Devant Sciences Po

 


 

 

 

 

Entretien paru dans le magazine Causeur

Entretien paru dans le magazine Causeur le 2 avril 2024

Ukraine européenne

La France doit-elle essayer d’empêcher la Russie de gagner la guerre contre l’Ukraine ?

Oui. Laisser la Russie agir serait courir le risque que demain, aux portes de l’Europe, la preuve soit faite de nouveau que la violence peut effacer des frontières, et renverser les principes du droit international. Il est de notre devoir de soutenir l’Ukraine pour mettre fin à cette guerre terrible, qui est une tragédie absolue.

Ce soutien doit passer par une triple action : stratégique – nous devons relancer notre industrie de défense, et fournir aux forces ukrainiennes le matériel et les munitions dont elles ont un besoin vital, en même temps que nous réarmer ; diplomatique – il nous faut contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler sur la scène internationale ; enfin, nous ne pourrons rien faire sans agir au niveau économique – nous devons mettre fin au contournement des sanctions, saisir les milliards de biens russes mal acquis en Europe, et encourager l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Le but est de mettre l’Ukraine autant que possible en position de force pour qu’elle puisse se déterminer face à l’attaque qu’elle subit.

L’éventualité d’une entrée en conflit de notre pays doit-elle être exclue ?

Oui, et elle l’est déjà en réalité. Nous n’avons pas la possibilité de mener un conflit de haute intensité face à la Russie. L’hypothèse d’un envoi de troupes de combat est exclue par l’OTAN même, et par la quasi-totalité des pays membres de l’Alliance atlantique. Pendant toute la guerre froide, avec une tension autrement plus directe et explicite, il n’y a jamais eu d’affrontements directs entre des forces soviétiques et occidentales ; ce n’était pas par « lâcheté », mais parce que la grammaire de la dissuasion nucléaire en particulier rend un tel scénario infiniment dangereux.

En faisant croire l’inverse, à des fins de pure communication, le président de la République a fragilisé l’unité du camp occidental en offrant le spectacle de la division à Vladimir Poutine. “L’ambiguïté stratégique” consiste à faire, pas à parler ; l’hyper-communication adoptée par Emmanuel Macron n’a conduit qu’à faire douter son propre camp de la crédibilité du chef des Armées françaises, prompt à faire des promesses intenables. 

Vladimir Poutine représente-t-il une menace existentielle pour notre nation ?

Non, nous ne pouvons parler à l’heure actuelle d’une menace existentielle sur la France. Mais il est clair que la Russie est hostile à nos intérêts et à nos principes. Elle nous attaque régulièrement dans la sphère informationnelle et dans le cyberespace. À travers Wagner, elle s’en est déjà pris à l’armée française via diverses manœuvres de désinformation, combattant notre influence en Afrique subsaharienne.

Quant à nos principes démocratiques, ils sont gravement bafoués par un régime qui montre combien il n’est pas sorti des vieux démons soviétiques : les opposants tel Alexeï Navalny sont assassinés en prison, et la fraude électorale est telle qu’on ne peut parler encore d’”élections”. Il est de façon certaine une menace pour la sécurité et la stabilité de l’Europe

L’Ukraine doit-elle rentrer dans l’Union européenne ? 

L’Ukraine veut être européenne. Ne pas répondre à cette aspiration, qui lui vaut aujourd’hui d’être attaquée, serait une faute morale et un suicide géopolitique. Il est cependant certain qu’un nouvel élargissement contribuerait à déstabiliser une Union européenne qui a plus que jamais besoin de se renforcer. L’Union doit se réformer, plutôt que s’élargir. Il nous faut être lucides : accorder le statut d’Etat membre à l’Ukraine signifierait créer une concurrence intenable pour nos agriculteurs, et retirer la PAC ou les fonds structurels à plusieurs Etats membres.

Nous ne pouvons pas dire non à l’Ukraine, mais nous ne pouvons pas lui faire la fausse promesse d’une adhésion. Il nous faut inventer avec elle une manière d’être européen qui n’implique pas d’être un État membre de l’UE : cela peut passer par exemple par une plus grande structuration du statut d’Etat associé, un statut qui existe aujourd’hui mais est presque vide de sens. Ce serait alors à nous d’écrire avec les Ukrainiens les politiques que nous pourrions mettre en commun, afin de développer une action concertée ensemble.

La France doit-elle rester dans le commandement intégré de l’Otan ?

Oui, mais elle doit surtout y peser davantage. Le problème de la France dans l’OTAN – comme dans l’Union européenne – est qu’elle ne se donne pas les moyens politiques de faire valoir ses priorités stratégiques, d’imposer son agenda. Le sujet n’est pas que la Russie : nous devons attirer l’attention des pays de l’OTAN sur le danger que représente pour l’Alliance Atlantique la trajectoire de la Turquie par exemple, qui représente à l’heure actuelle une véritable menace pour les pays européens. 

 

 

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Dix mesures prioritaires pour relancer le logement

Nous proposons dix mesures prioritaires pour relancer le logement en France et en Europe. Sans un vrai changement de cap sur ce sujet dès maintenant, nous allons au-devant d’une crise sociale inédite.


Propositions logement

 


Proposition 1 : Supprimer l’interdiction des mises en location de logements classés F et G d’ici à 2028 qui aggrave la crise en retirant des logements du marché locatif

Proposition 2 : Revenir sur la révision de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) et mettre en place une pause réglementaire de 5 ans dans le domaine du logement et de la construction au niveau européen et national.

Proposition 3 : Mettre en place un crédit d’impôt carbone pour aider à la rénovation thermique des logements.

Proposition 4 : Créer un statut de bailleur privé pour donner la possibilité aux investisseurs dans le logement locatif d’amortir leurs acquisitions et leurs travaux.

Proposition 5 : Simplifier les baux de location et protéger les propriétaires face aux locataires malhonnêtes et mauvais payeurs.

Proposition 6 : Adapter l’objectif du Zéro artificialisation nette (ZAN) à l’objectif de construction de logements neufs qui doit être une priorité nationale.

Proposition 7 : Instaurer un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt pour l’achat de la résidence principale afin d’aider les Français à devenir propriétaires.

Proposition 8 : Mettre fin au bail à vie dans le logement social.

Proposition 9 : Autoriser 100 000 euros supplémentaires de donation par enfant ou petit-enfant exonérés de droits pour financer un projet immobilier.

Proposition 10 : Attribuer aux communes une part des recettes de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) collectées sur la construction de logements.


 

Le peuple ukrainien a besoin de tout, sauf de fausses promesses

ukraine

Tribune de François-Xavier Bellamy et Céline Imart parue dans le Monde le 14 mars 2024

 

Depuis deux ans, le peuple ukrainien résiste à l’attaque de la Russie. Dans ce combat où se joue son avenir et celui de notre continent, il a besoin de tout, sauf de fausses promesses. Les récentes déclarations du président de la République sur l’éventualité d’un envoi de troupes au sol ne sont d’aucune aide aux forces ukrainiennes ; en divisant les occidentaux, elles fragilisent l’Ukraine, et l’Europe, et la France.

Face à un agresseur déterminé, rien n’est plus dangereux que de brandir une menace manifestement inutilisable.

Mieux vaut encore jouer sur l’incertitude ; en faisant en fait le choix de sortir de l’ambiguïté – à nos dépens, Emmanuel Macron a contraint beaucoup d’alliés, l’OTAN même, et son propre gouvernement pour finir, à contredire ses annonces : les soutiens de l’Ukraine ne peuvent envisager d’envoyer leurs forces combattre la Russie. Si aucune puissance occidentale n’est entrée en guerre ouverte avec Moscou même aux heures les plus dures de la guerre froide, ce n’est pas par “esprit de défaite”, mais parce que cela ne pouvait qu’ajouter au danger. Et ce n’est pas une France en plein déclassement stratégique et diplomatique qui renversera cette équation.

Emmanuel Macron a en effet dégainé une arme qu’il aura lui-même largement contribué à décharger sous les yeux du monde entier : le repli de la présence française en Afrique, les revers qu’y ont connu nos armées faute de lucidité politique, les incohérences bruyantes sur l’Ukraine ou sur Israël, mais aussi la trajectoire budgétaire intenable du pays, l’effondrement record de sa balance commerciale, la cession de nombreux actifs essentiels… Tout cela contribue à disqualifier le scénario d’une puissance française déployant des forces conventionnelles importantes en Ukraine. 

En réalité, ce coup de communication ne visait à couvrir qu’Emmanuel Macron

En matière d’aide militaire, la France arriverait au 15ème rang des pays européens, très loin des 17,1 milliards d’euros de matériels donnés par l’Allemagne. Le gouvernement conteste ce chiffrage, mais contrairement à l’Institut Kiel qui l’a publié, il se refuse à indiquer sa méthodologie. Et le principal problème tient surtout au fait qu’il ne s’est pas préparé à agir dans la durée : après avoir cédé des matériels existants, la France ne peut bien sûr désarmer ses propres forces pour soutenir l’Ukraine.

Il fallait donc mobiliser massivement notre industrie de défense pour prendre le relais. Sur ce plan, elle est encore plus loin du compte… Lassé d’apparaître comme l’un des soutiens les plus inefficaces, notre président a donc riposté avec ce qu’il sait faire de mieux : une nouvelle polémique. De ce point de vue, l’opération est réussie ; mais on peut comprendre l’irritation de nos alliés européens à qui Paris fait soudain des procès en “lâcheté”, quand ils alertent depuis plus longtemps, et agissent avec plus d’efforts.

Il est temps de revenir au sérieux : la situation en Ukraine n’est pas le prétexte d’un clivage politicien utile pour les élections, c’est la tragédie d’un peuple dont l’issue engage l’avenir de l’Europe

Il est temps de revenir au sérieux : la situation en Ukraine n’est pas le prétexte d’un clivage politicien utile pour les élections, c’est la tragédie d’un peuple dont l’issue engage l’avenir de l’Europe. L’accord bilatéral signé par Paris ne suffira pas à assumer le défi : il faut relancer massivement notre industrie de défense et l’orienter vers la production des matériels et surtout des munitions dont les forces ukrainiennes ont un besoin vital. Reconstruire un travail diplomatique patient et déterminé pour contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler des pays qu’il a ciblés. Soutenir l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Mettre fin au contournement des sanctions, et saisir enfin, pour financer cet effort, les milliards de biens mal acquis russes en Europe. 

Ce sont des actions concrètes qui renforceront l’Ukraine. Les promesses sans lendemain ne peuvent que la fragiliser.

C’est aussi pour cette raison qu’il faut regarder lucidement le processus d’adhésion de Kiev à l’Union européenne. Nous ne pouvons fermer la porte à ce peuple voisin, attaqué précisément parce qu’il veut être européen ; ce serait une faute morale, et un suicide géopolitique. Mais la différence entre nos économies, nos modèles sociaux, nos standards de production, est si massive, qu’une entrée de l’Ukraine dans l’UE déstabiliserait toute les politiques européennes. Nous ne renforcerons pas l’Europe en retirant la PAC ou les fonds structurels à l’essentiel des États-membres, en créant une nouvelle concurrence intenable pour tous ceux qui produisent dans nos pays, et en ajoutant encore à la complexité de la décision collective. Les mêmes raisons ont conduit au gel des élargissements qui depuis des années contribue à discréditer l’Europe partout à ses frontières.

puisqu’il ne serait pas raisonnable d’élargir une Union fragilisée par ses propres crises intérieures, choisissons l’exigence de la vérité et de l’inventivité, et construisons ensemble cette nouvelle étape de l’histoire européenne au lieu de vendre des chimères

La situation que traverse l’Ukraine nous oblige à sortir de cette impasse en retrouvant l’imagination : inventons avec le peuple ukrainien une manière d’être européen qui ne passe pas nécessairement par le fait d’être un État-membre de l’Union européenne. Structurons le statut d’État-associé, qui permettrait une action partagée dans de nombreux domaines d’intérêts communs, sans déstabiliser tout le projet européen. Nous pouvons organiser bien des outils de convergence sur le plan agricole, industriel, commercial, dans l’intérêt même de nos producteurs, qui n’impliquent pas pour autant un accès au marché intérieur ou au budget de la PAC ; nous pouvons développer des moyens de solidarité qui n’exigeront pas de retirer les fonds structurels à nos régions.

Le modèle que nous inventerons ainsi doit pouvoir servir à arrimer à l’Europe bien d’autres pays qui l’attendent. 

Leur opposer un refus, ou pire encore, comme aujourd’hui, une candidature sans fin, ce serait laisser les marches du continent devenir une zone d’influence russe, chinoise, ou turque… Mais puisqu’il ne serait pas raisonnable d’élargir une Union fragilisée par ses propres crises intérieures, choisissons l’exigence de la vérité et de l’inventivité, et construisons ensemble cette nouvelle étape de l’histoire européenne au lieu de vendre des chimères.

Le moment que nous vivons est en effet historique : il impose le sens des responsabilités, la lucidité dans la réflexion, le courage dans l’effort, l’imagination pour échapper aux faux dilemmes que voudraient imposer de vieilles habitudes. À cette condition seulement seront possibles le relèvement de l’Ukraine, de l’Europe, et de la France.


Remettre l’Europe agricole à l’endroit

À l’issue du Salon International de l’Agriculture 2024, François-Xavier Bellamy et Céline Imart partagent leurs premières propositions pour l’avenir de notre agriculture, dans le JDD.

Inverser la logique de la pression : voilà ce qu’attendent les agriculteurs, qui font vivre nos filières d’excellence, créent notre alimentation, contribuent à notre énergie, captent le carbone, entretiennent la nature. Ils sont pourtant déconsidérés, écrasés de défiance, de contraintes et de soupçons ; tout ce que le travail de la terre devrait leur apporter – salaire, reconnaissance, dignité – leur est retiré.

L’enjeu des années qui viennent est vital :

La France doit échapper à la dépendance alimentaire et les agriculteurs retrouver le revenu qui leur permettra de vivre de leur travail. Pour y parvenir, il est impossible de produire moins. Certains en ont fait un tabou : en matière alimentaire, produire est pourtant un enjeu de sécurité, de santé, de souveraineté et la condition pour sortir de l’appauvrissement dans lequel s’enlise notre agriculture (16 % des foyers d’exploitants vivaient en 2020 sous le seuil de pauvreté).

Leurs problèmes, leur colère, sont les symptômes des détresses de la France qui travaille. De la France des entreprises, grandes ou petites, de ce tissu de courage et de responsabilité qui fait la richesse du pays.

Le Salon de l’agriculture ferme ses portes, mais nous n’avons pas le droit de tourner la page et de laisser l’actualité imposer d’autres sujets. Bien loin des petites phrases et des coups de com, nous avons pris ce temps pour écouter et échanger. Nous savons que la révolte du monde agricole ne finira pas tant qu’il n’aura pas obtenu les réponses auxquelles il a droit.

Notre première proposition est très concrète :

Ajouter au principe de non-régression du droit de l’environnement, un principe de non-régression économique.

Aucune règle ne doit être votée si elle implique une baisse de la production en Europe. Ces deux principes sont liés, puisque ce que nous cessons de produire dans nos pays, nous devons l’importer d’une production extra-européenne bien moins respectueuse de la nature. La responsabilité écologique n’implique pas que nos agriculteurs tombent en voie d’extinction.

Deuxième piste, mener enfin à bien ce qu’aucun gouvernement macroniste n’aura tenu :

Un grand plan de suppression des surtranspositions françaises pour nous aligner sur les standards européens.

Il y faudra de la détermination, mais la fin de la concurrence déloyale en Europe est à ce prix. Il n’y a aucune raison, concernant une politique partagée en Europe, d’appliquer des règles plus complexes en France que chez nos voisins.

Notre troisième proposition veut inverser la logique de la pression qui pèse aujourd’hui sur les agriculteurs, entrepreneurs du vivant.

La machine à produire de la norme qu’est devenue la Commission européenne s’est emballée. Pour imposer des règles au pouvoir réglementaire, il faut imposer que l’évaluation des politiques déjà appliquées soit obligatoire avant d’envisager tout renforcement des mesures les constituant. Par ailleurs, chaque nouveau texte doit obligatoirement prendre en compte la conclusion des études d’impact, avec l’évaluation d’un bilan complet du coût et des avantages, incluant les conséquences économiques et sociales des mesures envisagées.

Aujourd’hui, trop d’associations, dont la seule raison d’être est d’obtenir des subventions, sous couvert de défense de la planète, s’attaquent sans discontinuer à notre agriculture, pourtant la plus vertueuse et durable du monde. Elles s’opposent à tout projet, à toute avancée, à tout vote des élus locaux en matière de projet agricole. Contre les mouvements qui prétendent faire la loi y compris par la violence, il est temps que l’autorité publique sorte de la complaisance : nous demandons la suppression définitive de toute subvention pour chaque mouvement qui pénètre illégalement dans une exploitation ou entrave le travail des agriculteurs.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

Durant le mandat qui s’achève, les députés européens LR ont lutté aux côtés des agriculteurs contre le projet de la décroissance agricole, porté par l’alliance de la gauche et des macronistes. Avec Anne Sander, nous avons écarté le pire du texte « Restauration de la nature », le gel de 10 % des surfaces agricoles, qui allait faire chuter la production alimentaire en Europe. Ces derniers jours encore, nous avons travaillé pour retirer l’élevage des normes appliquées aux industries polluantes ou empêcher la création d’un permis tracteur. Donnant la priorité à des filières fragilisées, nous avons voté contre les accords de libre-échange qui pouvaient les menacer.

Nous sommes maintenant à la croisée des chemins pour notre continent.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

 


François-Xavier Bellamy, Céline Imart et Eric Ciotti à la rencontre des éleveurs de Seine-et-Marne. Plus que des effets d’annonces, nos agriculteurs ont besoin de mesures concrètes et d’une vision à long terme pour pouvoir vivre dignement de leur métier et protéger la souveraineté de notre pays. 

 

Vive nos terroirs, vive l’agriculture et vive la France ! 

Je suis le candidat de la clarté et de la constance

élection

Entretien exclusif avec le Figaro, paru le 15 janvier 2023

 

LE FIGARO. – Le président des Républicains vous a désigné tête de liste aux européennes. Quelle est votre première réaction ?

François-Xavier BELLAMY. – Je mesure l’importance de cette responsabilité. Je suis très reconnaissant à Éric Ciotti de sa confiance ainsi qu’à tous ceux, si nombreux, qui me témoignent leur soutien. Cette campagne engage beaucoup de l’avenir de notre famille politique mais aussi de la vie démocratique en France. Nous avons le devoir de réussir et je donnerai tout pour cela. Je suis le candidat de la clarté et de la constance.

Avec quelle équipe souhaitez-vous partir au combat ?

Cette question sera discutée dans les semaines qui viennent. Une chose est sûre : je me lancerai dans cette élection avec l’équipe qui sera la plus susceptible de convaincre les Français et de leur être utile en gagnant les batailles décisives qui nous attendront demain au Parlement européen. Pour cela, nous pouvons compter sur un vivier extraordinaire de talents, d’engagement, d’expérience. C’est un vrai atout, parce qu’on n’improvise pas la réussite d’un mandat. Je construirai cette liste avec Éric Ciotti et la commission d’investiture avec ce seul objectif. Il faudra une part de continuité, mais aussi, bien sûr, de renouvellement.

À quelle figure féminine pensez-vous pour la deuxième place ?

Les Républicains ne sont pas dans une politique superficielle de casting ; c’est aussi ce qui nous distingue d’Emmanuel Macron. La priorité, pour nous, c’est le fond.

Quelles sont vos principales motivations ?

Je suis engagé sans relâche depuis cinq ans pour faire entendre la voix des Français au Parlement européen et je vois à quel point notre continent est à la croisée des chemins. Les crises multiples que nous avons traversées ces dernières années ont confirmé les intuitions que nous défendions en 2019 : il faut reconstruire une Europe qui donne à nos démocraties les moyens de maîtriser leur destin. Cela suppose de ne plus passer par des normes asphyxiantes mais par des stratégies réalistes.

Au cours de ce mandat, nous avons rectifié ce qui devait l’être dans l’urgence ; maintenant, il reste à reconstruire en profondeur l’action européenne

Au cours de ce mandat, nous avons rectifié ce qui devait l’être dans l’urgence ; maintenant, il reste à reconstruire en profondeur l’action européenne. Mais cette élection a aussi pour enjeu la reconstruction de notre vie démocratique en France.

Parce que vous la jugez abîmée ?

Même s’il ne doit pas devenir un référendum national comme Emmanuel Macron et Marine Le Pen en rêvent, ce scrutin fera évoluer le centre de gravité de la vie politique française. Pour tous les électeurs de droite, c’est le moment de se retrouver pour affirmer leurs convictions. Nous traversons une crise très profonde et la réponse politique n’est pas à la hauteur des enjeux existentiels auxquels nous sommes confrontés ; preuve en est avec ce nouveau gouvernement, dont on voit bien qu’il n’incarne pas la promesse d’un cap enfin clair. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se font la courte échelle et veulent réduire la vie démocratique à un choix qui n’en est pas un. 

Je le dis aux électeurs de droite : c’est le moment de prouver qu’il y a encore une place pour les priorités auxquelles vous tenez, pour la clarté des idées et le sérieux dans l’action. Ces élections européennes sont notre chance d’échapper au désespoir d’un second tour perpétuel, dont nous savons déjà qu’il n’apporte aucune solution aux grands problèmes du pays.

Quelles différences voyez-vous avec les élections de 2019, soldées par un score décevant malgré une campagne saluée ?

En 2019, les candidats étaient presque tous nouveaux. La République en marche n’avait tout simplement pas d’élus au Parlement européen. Quant à moi, c’était ma première candidature. La grande différence, c’est qu’après cinq ans, nous assumons désormais un bilan. Derrière l’ambiguïté du «en même temps», le macronisme aura été le fidèle supplétif de la gauche dans son projet de décroissance européenne : dirigés par des élus venus des Verts ou du Parti socialiste, les députés macronistes ont voté contre le nucléaire, soutenu l’inflation normative qui fragilise notre agriculture et notre industrie, poussé pour le renforcement de la pression fiscale.

En cinq ans, les élus du RN n’auront pas fait évoluer une seule virgule d’un seul texte européen

Quant au RN, son bilan est assez simple : il n’a littéralement rien fait. En cinq ans, les élus du RN n’auront pas fait évoluer une seule virgule d’un seul texte européen. C’est une question de travail, de courage et de détermination : avec notre délégation, même moins nombreuse, nous avons mené et gagné de nombreuses batailles.

Vos adversaires pourraient vous attaquer sur le terrain des convictions, notamment conservatrices. Comment déjouer ces pièges ?

Certains ont intérêt à multiplier les caricatures pour éloigner l’attention des vrais sujets. Pendant ce mandat, c’est nous qui, au nom des principes que nous ne devrions jamais abandonner, avons combattu les régressions qui menacent l’Europe. Après une longue bataille, j’ai fait voter un amendement pour interdire à la Commission européenne de financer des publicités proclamant que «la liberté est dans le hidjab». Comment les élus de gauche qui ont tout fait pour s’y opposer osent-ils encore faire des procès en féminisme?

Avec le recul, quelles erreurs ne souhaitez-vous plus commettre ?

Nous devons repenser la manière dont nous parlons aux Français. Par habitude, nous avons peut-être mené trop souvent campagne en parlant d’abord à nos soutiens, plutôt qu’à tous les Français, et en particulier à tous ceux qui ne se sentent plus concernés par la politique. Beaucoup ont le sentiment d’être orphelins, privés d’une parole qui les représente. C’est à eux que je veux parler dans cette campagne. Pour cela, nous voulons nous déployer partout en renouvelant nos méthodes, pour aller  où la parole publique ne porte plus, retrouver ceux qui ne croient plus en la politique, ou en la droite. Nous avons besoin que les Français se réapproprient ces élections européennes.

Sur quoi ferez-vous campagne ?

Les défis ne manquent pas. Sur la question migratoire, l’essentiel reste à faire pour permettre aux pays européens de maîtriser leurs frontières. C’est l’un des plus grands défis du siècle pour notre avenir et pour l’équilibre du monde de demain. Avec le sujet de notre sécurité, alors que la guerre est de retour aux portes de l’Europe, il est impératif de reconstruire notre sécurité économique : le continent européen doit retrouver la capacité de produire ce dont il a besoin. Au nom de l’écologie, la gauche et le macronisme n’ont cessé de défendre un projet de décroissance qui nous appauvrit, nous fragilise et nous rend dépendants d’une production importée désastreuse pour l’environnement… C’est la triple peine.

Il est temps de libérer ceux qui travaillent de cet amas de contraintes qui décourage toute responsabilité. Les agriculteurs sont en première ligne, ils alertent à juste titre, mais leur détresse nous concerne tous. Derrière ce combat contre ce qui empêche l’Europe de se projeter dans l’avenir, se joue aussi le déni de ses racines et de son identité.

Au nom de l’écologie, la gauche et le macronisme n’ont cessé de défendre un projet de décroissance qui nous appauvrit, nous fragilise et nous rend dépendants d’une production importée désastreuse pour l’environnement

Craignez-vous d’être pris en étau entre Jordan Bardella (RN) et Marion Maréchal (Reconquête!) ?

Non, pour une raison simple : personne d’autre que nous ne mène le travail que nous faisons. Prenez le sujet migratoire : à Paris, c’est le travail déterminé des élus LR qui a permis de faire voter une loi immigration qui renforce nos frontières ; c’est la même chose à Strasbourg. Le RN a voté contre l’augmentation du budget de Frontex par réflexe anti-européen. Les macronistes ont combattu notre proposition de financer les infrastructures physiques, les murs nécessaires dans certaines zones frontalières de l’UE. À chaque fois, nous avons gagné ces batailles. Quant à Marion Maréchal, je ne comprends pas le projet de sa campagne. Reconquête ! nous parle de l’union des droites, en ayant simplement créé une division supplémentaire. Dans un moment aussi décisif, se disperser serait irresponsable. Notre devoir est de rassembler les électeurs de droite dans cette élection, pour donner le plus de force possible à leurs idées en Europe.

Reconquête ! nous parle de l’union des droites, en ayant simplement créé une division supplémentaire. Dans un moment aussi décisif, se disperser serait irresponsable

Bardella appelle l’ensemble des militants des Républicains à rejoindre le RN…

Le RN se projette dans ses rêves de victoire nationale : Jordan Bardella se croit nommé premier ministre… Ce serait déjà bien d’exercer réellement son mandat de député européen. Le RN a gagné l’élection européenne il y a cinq ans ; mais il n’a rien fait de la confiance des Français, rien. Il aura seulement varié du tout au tout sur les sujets européens : il a vanté le Frexit et fait de la sortie de l’euro sa première priorité en 2017, avant de changer ensuite de discours. Pour ma part, je n’ai jamais varié, ni dans ma parole, ni dans mon action. À tous les Français qui espèrent la reconstruction d’une droite sérieuse, sincère et constante, je veux dire simplement : j’ai besoin de vous!

Le ralliement de Rachida Dati à la macronie risque-t-il de troubler le message de la droite ?

C’est le seul but d’Emmanuel Macron : créer de la confusion, au risque de désespérer les électeurs. Nous résisterons à cette entreprise de démolition. Dès que Rachida Dati est entrée au gouvernement, Éric Ciotti a clairement indiqué qu’elle ne faisait plus partie de notre famille politique.

Fin novembre, vous avez rencontré Nicolas Sarkozy. Vous a-t-il manifesté son soutien ?

Non, et je ne le rencontrais pas pour cela d’ailleurs. Nicolas Sarkozy est, bien sûr, libre de sa parole. Son choix lui appartient.

Quel sera le rôle de Laurent Wauquiez dans cette campagne ?

Laurent Wauquiez est une figure majeure de notre famille politique et je n’oublie pas que c’est lui qui m’a fait confiance en 2019 pour porter nos couleurs. Je suis heureux de compter sur son appui pour cette nouvelle campagne.

Quelle sera la conséquence sur votre campagne des travaux réguliers que vous menez avec David Lisnard (Nouvelle Énergie) et Hervé Morin (Les Centristes) ?

Nous avons partagé ensemble un travail de fond important sur les sujets essentiels pour la vie du pays. Désormais, je vais m’engager totalement dans cette nouvelle bataille des européennes ; c’est un autre moment qui s’ouvre pour moi. J’ai beaucoup d’amitié et d’estime pour David et pour Hervé ; avec eux, je veux fonder cette campagne sur l’expérience de ceux qui font que le pays tient debout dans les crises qu’il traverse, les maires et les élus locaux.

On dit que la survie de LR repose sur le résultat de ce scrutin. Une lourde responsabilité repose sur vos épaules…

J’en mesure l’ampleur : l’enjeu n’est pas la survie d’un parti, mais l’avenir du pays, et de l’Europe. Ma conviction profonde et sincère est que cette élection est d’abord et surtout, pour la droite, le moment de se relever. Si nous partons en campagne avec pour objectif d’éviter la catastrophe, nous ferons une grande erreur : les Français n’ont jamais été aussi nombreux à attendre ce que nous avons à leur proposer. Je suis prêt.

 

Propos recueillis par Emmanuel Galiero et Claire Conruyt