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Maîtrise de la dépense publique : comment économiser 8 milliards d’euros d’ici 2027 tout en renforçant nos services publics

Tribune initialement parue dans Le Figaro.

François-Xavier Bellamy, chef de file des députés LR au Parlement européen
Pierre Danon, entrepreneur

« La situation budgétaire du pays, que je découvre, est très grave ». Dès sa prise de fonctions, Michel Barnier assumait un constat lucide. Avec seulement quinze jours pour préparer un budget, le défi reste immense et la tâche urgente pour redresser la situation. L’essentiel du chemin ne peut passer par la hausse de la fiscalité : les 20 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires sur les entreprises et les ménages prévus pour 2025 risquent déjà de freiner la croissance économique, dans un pays où l’imposition est depuis longtemps l’une des plus lourdes de l’OCDE. La gauche semble toujours aussi incapable de le comprendre, si l’on en croit la surenchère fiscale délirante à laquelle elle se livre à l’Assemblée nationale.

Le vrai levier pour retrouver des finances publiques saines, c’est l’engagement déterminé pour la baisse de la dépense publique. Le gouvernement vient d’annoncer 1,2 milliard d’euros d’économie grâce à des mesures de réduction de l’absentéisme des agents publics. À cela s’ajoute l’annonce de revues de dépenses destinées à identifier des pistes d’économies à l’horizon 2027.
Mais pour affronter l’essentiel, il va falloir faire des choix fondamentaux ; et il y a urgence. Notamment en ce qui concerne la masse salariale de nos administrations, un poste qui représente près de 350 milliards d’euros, soit environ 22% de la dépense publique totale en 2023.

Bien des emplois publics sont indispensables. Il n’est pas question de réduire, au contraire, les effectifs de nos soignants, policiers, gendarmes, personnels de secours, enseignants, magistrats, gardiens de prisons… Ils seront indispensables à la reconstruction de l’État dans ses missions fondamentales, aujourd’hui si fragilisées.

L’État ne retrouvera pas son efficacité, et simultanément la maîtrise de sa dépense, sans restreindre le poids qu’a pris l’« administration administrante ».

Mais cette reconstruction même suppose une réforme profonde de l’action publique. L’État ne retrouvera pas son efficacité, et simultanément la maîtrise de sa dépense, sans restreindre le poids qu’a pris l’« administration administrante ». Les fonctions qui peuvent y être rattachées occupent au moins 1,1 million sur les 5,6 millions d’agents publics que compte notre pays, selon les chiffres de l’édition 2023 du rapport sur l’état de la fonction publique, qui devront naturellement être précisés par des travaux de terrain, administration par administration. Ces fonctions d’administration au sein de l’État, des hôpitaux, des collectivités territoriales et des établissements publics ont pris une place prépondérante, au détriment de l’action des fonctionnaires de terrain, des moyens qui leur sont alloués et de leur responsabilité propre.

Poser ce problème fondamental, ce n’est pas remettre en cause l’engagement des agents qui ont été recrutés dans ces postes, mais les décisions politiques qui ont abouti à un échec collectif si coûteux pour les Français, et qui cause un mal-être profond dans bien des administrations.

Il est pourtant possible de changer de cap ; et l’opportunité est devant nous. Des changements majeurs peuvent intervenir par l’obsolescence progressive des postes dédiés au contrôle de dossiers ou de pièces justificatives au format papier, du fait de la numérisation de nombreuses démarches administratives. Les nécessaires suppressions et fusions d’agences, d’opérateurs et de comités, si souvent promises mais jamais entreprises, rendront nombre de postes administratifs redondants. L’essentiel est enfin de simplifier les chaînes hiérarchiques dans de nombreux services publics, comme l’hôpital, pour s’assurer que les fonctions support soient au service des opérationnels et non l’inverse. Autant de raisons pour pleinement engager une véritable transformation de nos administrations afin qu’elles retrouvent toute leur efficacité au service des priorités politiques qu’attendent les Français.

La pyramide des âges offre une opportunité unique pour prendre ce chemin

La pyramide des âges offre une opportunité unique pour prendre ce chemin : dans les dix prochaines années, plus de 400 000 agents, dans cette “administration administrante”, partiront à la retraite. En choisissant de ne pas remplacer les 122 000 départs qui interviendront au cours des trois prochaines années, la France pourrait économiser au minimum 8 milliards d’euros d’ici 2027. Cette mesure structurelle serait bénéfique dans la durée, et assurerait une économie annuelle d’au moins 4 milliards d’euros dès 2028.

Il se trouvera bien des spécialistes de l’impuissance pour déclarer qu’une telle réduction d’effectifs serait impossible ; elle ne représente pourtant que 70% des 178 000 postes créés sous le premier mandat d’Emmanuel Macron. La France serait-elle en danger si l’État retrouvait le nombre des agents qu’il avait en 2017 ?

Le but de cette mesure ne serait pas seulement de contribuer substantiellement au redressement de nos comptes, mais aussi de reconstruire nos services publics. Les gains d’efficacité viendront d’abord de la débureaucratisation, de la simplification, de la réduction des contrôles et des procédures injustifiés, mais aussi de la réutilisation de 10 % des économies générées pour investir et moderniser nos administrations, en repenser l’organisation, redonner du temps et des moyens d’action aux agents opérationnels, sur le terrain, tout en renforçant l’attractivité des carrières publiques par des gains de pouvoir d’achat. La réduction de la dette par l’augmentation des impôts, c’est la solution de facilité qui détruira notre économie ; par la baisse de la dépense publique, c’est le chemin courageux qui refondera nos services publics et rendra son élan au pays. Ne nous trompons pas de chemin.

La création d’une dette commune européenne était une fuite en avant inutile et dangereuse

Entretien initialement paru dans Valeurs actuelles, propos recueillis par Marie de Greef. Crédit photo : Groupe PPE

Le déficit français va atteindre 6,1% fin 2024 (contre 4,5% anticipé par le précédent gouvernement). La Commission européenne a-t-elle trop longtemps fermé les yeux sur ce mal français ?

Le vrai électrochoc, c’est d’abord le dérapage, le décalage répété entre les prévisions budgétaires du gouvernement et la réalité. Deux fois de suite, la France a annoncé que son déficit serait bien supérieur à la prévision initiale. L’histoire nous apprendra un jour pourquoi. Il serait parfaitement malhonnête d’accuser la Commission européenne sur ce point : ce sont les dirigeants français qui sont responsables de cette faillite budgétaire.

Pendant la crise du Covid, tous les États se sont endettés. Il avait été convenu en urgence que les règles ordinaires de maîtrise des déficits seraient temporairement suspendues pour permettre aux États membres de réagir à l’immense crise économique provoquée par les mesures sanitaires. Mais une fois la pandémie derrière nous, nos voisins ont baissé leur dépense publique, pendant que la France continuait de s’endetter, complètement à contre-cycle. Le rétablissement des règles budgétaires normales devait conduire mécaniquement à placer le pays en procédure de déficit excessif.

Diriez-vous que la France a perdu tout ou partie de sa crédibilité à Bruxelles ?

Elle a perdu beaucoup de sa crédibilité, depuis des années. Non seulement à cause de son déficit budgétaire mais aussi, et ce n’est pas assez évoqué, à cause de son déficit commercial, qui me paraît être le symptôme le plus préoccupant de notre fragilité économique. N’oublions pas que les pays européens affichent en moyenne un excédent commercial : ils exportent plus qu’ils n’importent. Pendant ce temps, la France accumule les déficits budgétaires et des déficits commerciaux records : concrètement, cela veut dire que nous ne produisons plus, et que nous finançons notre consommation de produits importés avec de la dette publique. Comment notre État peut-il prétendre ensuite être crédible auprès de ses partenaires européens ?

Si elle veut retrouver sa compétitivité, la France doit baisser le coût du travail, simplifier le code du travail, abroger les 35 heures, diminuer massivement les contraintes sur les activités de production, de l’industrie à l’agriculture… Elle doit redevenir un pays qui valorise le travail au lieu d’entretenir un modèle social fondé sur le déni de réalité.

Selon l’iFrap, la dette européenne va atteindre 1 300 milliards d’euros. Ursula von der Leyen n’est-elle pas en train de faire à Bruxelles ce qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire ont fait à la France ?

C’est une réalité : l’Union européenne s’est lancée dans une fuite en avant, avec une dette qui ne cesse d’augmenter. La première étape a été le grand emprunt souscrit au moment du plan de relance post-covid. J’ai voté contre ce projet, comme toute ma délégation. Je n’ai cessé d’affirmer que cette dette commune était inutile : puisqu’aucun État membre de l’Union européenne n’a eu de difficultés d’accès au crédit pendant cette période, il n’y avait aucune raison de créer une dette à l’échelle européenne pour les soutenir. Et elle était surtout dangereuse : personne ne sait aujourd’hui comment s’effectuera le remboursement.

La Cour des comptes européenne a confirmé notre analyse, en montrant que beaucoup de ces fonds n’avaient en réalité jamais été engagés.

La Cour des comptes européenne a confirmé notre analyse, en montrant que beaucoup de ces fonds n’avaient en réalité jamais été engagés. Mais même s’il était superflu, cet emprunt va désormais coûter très cher. Il y a eu une forme de lâcheté collective de la part des États-membres ; ils se sont mis d’accord sur un plan de 750 milliards d’euros tombé du ciel, sans décider dès le départ des modalités de son remboursement. Il va maintenant falloir trancher la question pour le prochain budget. Il y a trois mauvaises solutions : demander aux États-membres d’augmenter leur contribution au budget de l’Union – et on imagine ce que cela veut dire pour un pays comme la France qui est en train de se battre avec sa propre dette ; ou bien sabrer de manière très violente dans les politiques structurelles – par exemple diminuer massivement le budget de la politique agricole, en pleine crise majeure pour nos paysans… La dernière option serait d’emprunter à nouveau, ce qui signifierait de poursuivre cette fuite en avant.

Maintenant, ce devrait être le moment de sortir notre pays de ce cercle infernal, pas d’y plonger l’Europe tout entière.

Que pensez-vous du rapport de Mario Draghi, ancien président de la BCE, qui propose d’émettre des Eurobonds pour financer les investissement futurs de l’Union par des capitaux privés ?

Les 400 pages de ce rapport ne se limitent pas à cette proposition, loin de là. Mario Draghi veut favoriser l’union des marchés de capitaux. Je pense aussi que le déclin de la finance européenne par rapport à la finance américaine est un sujet très préoccupant pour le financement de notre économie. Mais je ne crois pas du tout que ce soit en créant de la dette que l’on parviendra à affronter ce problème. S’il suffisait de créer de la dette publique pour permettre la puissance et la prospérité, la France serait le pays le plus riche et puissant d’Europe ; elle est en réalité le plus vulnérable, et ses citoyens paient le record d’impôts et de taxes de l’OCDE. Maintenant, ce devrait être le moment de sortir notre pays de ce cercle infernal, pas d’y plonger l’Europe tout entière.

Entretien à Valeurs Actuelles

Entretien à Valeurs actuelles paru dans le numéro du 20 juin 2024. Propos recueillis par Edouard Roux.

Les derniers jours ont été on ne peut plus éprouvants pour votre parti. Qu’en avez-vous pensé ? Qu’est-ce qu’on ressent, lorsque, après avoir sauvé les meubles aux européennes, on se retrouve dans une telle situation ?

L’important n’est pas le parti, mais le pays. L’annonce de la dissolution a empêché de tirer les enseignements des européennes… Le président de la République a peut-être pris cette décision pour détourner l’attention de sa défaite. Pour nous, ce résultat n’est pas un point d’arrivée bien sûr, mais il peut servir de point de départ. Après 2022, cette campagne aura permis un nouvel élan. Reconstruire la droite sera long et difficile, mais je continue de croire que c’est le devoir qui nous attend si nous voulons vraiment relever la France pour de bon. Cette famille de pensée est la seule qui puisse offrir au pays l’action durable et persévérante qui le sortira de la crise existentielle qu’il traverse.

Vous qui avez parlé de l’importance du clivage gauche-droite au Parlement européen, le voyez-vous advenir au niveau national ? Ou existe-t-il trois blocs distincts ?

Je pense que ce serait une catastrophe, pour notre vie politique, de se laisser enfermer dans l’idée qu’il y aurait trois blocs qui se définissent par le rejet les uns des autres. Le retour du clivage gauche-droite se confirme partout en Europe, dans les grands pays qui nous entourent. Mais face à cette gauche qui affiche sa radicalité, nous ne voyons pas encore se dessiner en France le retour d’une droite capable d’assumer sa responsabilité… Il suffit de lire Marine Le Pen, il y a quelques jours encore, dans Le Figaro : sa première réponse est pour dire que l’alliance avec une partie de LR ne veut pas dire que le RN soit de droite. Après le « en même temps » macroniste, le RN se définit comme « ni de gauche, ni de droite ». C’est la même confusion ; et laisser la droite se fondre dans cette opération serait faire triompher le récit d’Emmanuel Macron, qui a toujours rêvé de faire croire aux Français qu’il n’y aurait plus de place que pour un « bloc central » opposé à tout le reste. J’ai combattu ce piège politique pendant sept ans, j’ai mené toute ma campagne européenne pour refuser ce faux débat et imposer la parole d’une droite qui reprend sa place ; la difficulté du moment ne me fera pas changer de cap.

On entend dire, y compris d’après quelques sondages, que de nombreux militants LR sont enclin à faire alliance avec le RN et cette fameuse « union des droites ». Qu’en pensez-vous?

Je comprends l’impatience de gagner, qui plus est devant l’urgence vitale dans laquelle se trouve le pays, menacé par l’immigration débridée, l’insécurité, l’effondrement de l’autorité. Et je comprends bien sûr la volonté d’union : si je me suis engagé pour renouveler cette famille politique, c’est pour qu’elle puisse réunir de nouveau tous les électeurs de droite. Mais je le redis, il suffit d’écouter Marine Le Pen pour comprendre que ce à quoi nous assistons n’a rien à voir avec une « union des droites », puisque le parti dans lequel il faudrait se dissoudre refuse de se définir comme tel…

La première priorité est d’empêcher que l’extrême-gauche ne l’emporte, et de sortir enfin le pays de la faillite du macronisme. Or pour cela, je reste convaincu que des candidats de droite feront de meilleurs remparts.

Avec une possible dilution de LR dans ce mouvement ?

Le sujet là encore n’est pas l’avenir de LR. La première priorité est d’empêcher que l’extrême-gauche ne l’emporte, et de sortir enfin le pays de la faillite du macronisme. Or pour cela, je reste convaincu que des candidats de droite feront de meilleurs remparts. Je n’ai jamais confondu un premier tour et un deuxième tour… J’ai dit et écrit qu’au deuxième tour, je ferai tout pour faire barrage à cette alliance honteuse des gauches qui prend le risque de conduire au pouvoir l’islamisme, l’antisémitisme, la folie fiscale et la violence politique. Je le répéterai, même si cela me vaut bien des critiques. Après une telle abdication, la gauche morale est disqualifiée à jamais pour faire la leçon au nom d’un « front républicain » qu’elle pratique à géométrie variable. Mais, encore une fois, ne confondons pas le premier et le deuxième tour : dans les duels difficiles qui s’annoncent, un candidat LR qui s’est qualifié aura plus de chance que le RN de battre au deuxième tour le « Front populaire » ou la majorité sortante. De ce point de vue, renoncer à défendre nos couleurs est en réalité contre-productif pour le pays. L’idée qu’il faudrait que la droite vienne se ranger derrière l’étiquette RN au premier tour pour éviter la victoire de la gauche est absurde : c’est le contraire.

Ne confondons pas le premier et le deuxième tour : dans les duels difficiles qui s’annoncent, un candidat LR qui s’est qualifié aura plus de chance que le RN de battre au deuxième tour le « Front populaire » ou la majorité sortante. De ce point de vue, renoncer à défendre nos couleurs est en réalité contre-productif pour le pays.

Pour revenir à vos combats, le PPE (Parti Populaire Européen) est toujours la première force politique en Europe. La dissolution semble avoir complètement vidé de sa substance cette information…

En effet, comme je n’avais cessé de le dire, c’est la droite européenne qui devient la première force politique du continent. Cela nous donne une grande responsabilité. Ce qui m’inquiète, c’est que dans cette agitation générale, personne ne prête attention aux combats cruciaux pour l’avenir du pays qui se jouent dès maintenant à Bruxelles. Le choix du président de la Commission est en ce moment en discussion. Les turbulences que nous vivons en France ne me feront pas oublier mes engagements : je suis déjà au travail, depuis le lendemain de l’élection, pour faire valoir les priorités que nous avons défendues pendant toute la campagne.

Est-ce que Marion Maréchal ou Jordan Bardella vous ont proposé un deal pour les législatives ?

Non.

Avez-vous pu parler à Éric Ciotti ?

Pas depuis le lendemain de l’élection. Il a annoncé cette décision sans l’avoir évoquée d’abord même avec des élus proches de lui. Cela explique aussi que la confiance ait pu être blessée. J’ai fait campagne avec Éric pendant de longs mois, j’ai du respect pour son engagement, et le chemin parcouru ensemble ; il était bien sûr légitime pour proposer la ligne qu’il souhaitait. Mais on ne peut engager une famille politique entière sans avoir discuté en amont des choix stratégiques.

L’alliance LR-RN est-elle contre-nature ? Si l’on prend, à l’époque, l’UDF et le RPR qui se sont attelés, ces deux partis peuvent-ils recréer cette alliance ?

Il ne s’agit pas ici d’une alliance, mais d’une absorption. S’engager à voter tous les budgets d’un gouvernement encore inconnu, c’est abandonner la possibilité de défendre une ligne propre. Or nous avons des divergences, et ce n’est pas artificiel. Quand il s’agit d’économie par exemple, ce n’est pas d’une question purement technique qu’il s’agit. C’est d’une vision de la société, du travail, de la personne ; et c’est aussi d’immigration qu’il s’agit… Vouloir maintenir un modèle social défaillant, soutenir les combats de la gauche sur le RSA ou les retraites, c’est continuer de faire reculer le travail dans ce pays, et alimenter mécaniquement la fuite en avant migratoire qui en découle. Ce ne sont pas de petits sujets…

S’engager à voter tous les budgets d’un gouvernement encore inconnu, c’est abandonner la possibilité de défendre une ligne propre. Or nous avons des divergences, et ce n’est pas artificiel.

Qu’avez-vous pensé de l’entretien de Nicolas Sarkozy dans Le Journal du Dimanche ?

Je partage son constat que l’union de la droite se fera non par des négociations d’appareils, mais par les électeurs. Pour cela, il faut leur offrir la famille politique claire et renouvelée qui saura les réunir. C’est la condition pour que le pays trouve enfin la majorité cohérente qui rendra à la France les moyens de se relever. Ce défi reste le chantier prioritaire pour moi. Bien sûr, ce ne sera pas l’affaire de quelques jours ; il y faudra de la persévérance. Mais cela seul compte. Ne confondons pas une période hystérique avec une période historique. Pour pouvoir agir au-delà de la confusion du moment, il faudra s’appuyer sur ceux qui auront su garder la tête froide, les idées claires et le sens des priorités de long terme pour l’avenir du pays.

Face au SMIC à 1600 euros de la gauche et la suppression du droit du sol de la droite radicale, que proposez-vous concrètement ? Est-ce audible ?

Nous avons publié un programme en dix points clés pour l’avenir du pays. Notre ligne, tout le monde la connaît ; c’est aussi celle que j’ai défendue pour l’élection européenne. Bien sûr, nous sommes lucides : nous ne pouvons pas faire comme si nous aurons une majorité pour gouverner dans trois semaines. Notre but essentiel, c’est de garantir que des élus de droite, libres et solides, soient le plus nombreux demain à l’Assemblée pour être la corde de rappel, la voix de nos convictions, le socle de la reconstruction.

Et vous, les législatives ? Vous n’avez jamais été tenté ?

Je viens de me présenter à une élection européenne. Il y a une semaine, un peu moins de deux millions de personnes ont choisi de voter pour la liste que je conduisais. C’est leur confiance qui a fait la décision, beaucoup plus que des logiques d’étiquettes ou d’appareils. Je ne vais pas aujourd’hui leur dire que j’abandonne mes engagements parce qu’il y a une nouvelle élection… Je serai simplement engagé chez moi comme suppléant, pour soutenir Arnaud Poulain, qui est élu dans notre ville et me soutient depuis longtemps : en se présentant sous les couleurs de la droite dans cette circonscription très contrastée, il est le seul à pouvoir gagner, face au député macroniste sortant ou à l’alliance de la gauche. Une situation parmi bien d’autres qui explique pourquoi je crois à la nécessité, pour la France, que la droite assume ses couleurs !

Notre but essentiel, c’est de garantir que des élus de droite, libres et solides, soient le plus nombreux demain à l’Assemblée pour être la corde de rappel, la voix de nos convictions, le socle de la reconstruction.

Que va devenir LR, concrètement, au Parlement ? Une sorte de Modem 2.0 ? Une force d’appoint ?

Chaque député que nous ferons élire permettra d’ancrer l’Assemblée de demain à droite. Je suis très inquiet de voir se dessiner la résurrection d’une forme de gauche plurielle, qui allierait les restes du groupe macroniste aux socialistes et aux écologistes. Derrière l’unité de façade du « Front populaire », c’est sans doute ce dont rêvent beaucoup, y compris dans la majorité sortante. Il faudra des élus de droite pour résister à ce projet.

Il y a pourtant, à gauche, des personnalités comme Bernard Cazeneuve, qui refusent cette union…

J’ai de l’estime pour Bernard Cazeneuve, qui refuse le délire qui s’est emparé des socialistes. Voir un ancien président de la République se présenter sous la même bannière qu’un antifa fiché S donne une idée du reniement général à gauche.

La plupart des caciques LR emploient une argumentation de type moral, évoquent une incompatibilité de valeurs : avez-vous conscience que, pour la plupart des électeurs de droite, ces arguments sont incompréhensibles ? Quelles seraient ces fameuses valeurs du RN qui seraient incompatibles avec les vôtres ?

Je l’ai toujours dit : nous ne retrouverons pas la confiance des Français en faisant des leçons de morale. Si la droite a perdu ses électeurs, c’est parce qu’elle a déçu leur confiance ; c’est à elle de se remettre en question. Une fois assumé cela, je n’ai ni l’envie ni la légitimité de mener un inventaire interminable ; seul m’intéresse l’avenir, et le travail pour reconstruire. Si je me suis engagé dans cette formation politique, ce n’est pas parce que j’approuvais tout ce qu’elle avait pu faire : personne ne trouvera jamais un parti parfait pour représenter ses idées, et le RN, qui ne cesse de changer de ligne sur les sujets les plus importants, serait mal placé pour donner des leçons de cohérence. Non ; si je me suis engagé là, malgré toutes les difficultés, c’est parce que je reste certain que c’est en reconstruisant une force politique de droite assumée, crédible, exigeante, fidèle, que nous relèverons la France. Même mes opposants m’accorderont que je n’ai jamais changé de ligne, ni de méthode. Dans le chaos actuel, chacun doit discerner en conscience ; mais demain il faudra que tous les Français de bonne volonté se retrouvent pour refonder cette proposition politique qui sera à la hauteur des défis que le pays doit affronter.

Dans le chaos actuel, chacun doit discerner en conscience ; mais demain il faudra que tous les Français de bonne volonté se retrouvent pour refonder cette proposition politique qui sera à la hauteur des défis que le pays doit affronter.

Lettre aux Français


Chers amis, chers Français,

La campagne s’achève. J’ai tout donné. Mais je ne pouvais pas finir sans évoquer ce qu’il me reste encore à vous dire.

Pendant ces derniers mois, ces dernières années, j’ai vécu de grandes joies, des succès partagés, et des rencontres qui m’ont marqué pour toujours ; comme bien des épreuves aussi, et des moments de doute où j’aurais pu tout arrêter.

Si j’ai continué, c’est simplement parce que j’ai fait comme vous. Parce qu’aujourd’hui chaque Français de bonne volonté, dans son quotidien, doit décider de continuer, quand il y aurait mille raisons d’être épuisé et d’arrêter. Continuer à y croire, à se lever, travailler, faire son devoir, continuer à défendre ses valeurs même à contre-courant, face à l’adversité.

Si je n’ai rien lâché, c’est parce que l’enjeu est essentiel. C’est le pouvoir d’agir demain, plutôt que de continuer à subir tout ce qui arrive au pays. C’est la volonté de transmettre ce que nous avons reçu, et que nous savons profondément fragilisé. C’est l’espérance de sortir du déclin, et de rendre à notre pays, à notre civilisation, l’élan qui les a fondés.

De ce combat, beaucoup se joue maintenant. Vous qui me lisez, vous avez le pouvoir de faire vivre cet effort commun, bien au-delà du 9 juin.

Pour qui allez-vous voter ?

Je pourrais vous dire que le 9 juin, vous allez voter pour que la droite soit le plus grand parti du parlement européen et serve de meilleur rempart aux dérives politiques qui fragilisent notre pays.

Je pourrais vous dire que le 9 juin, vous allez voter pour l’équipe de combattants que j’ai l’honneur d’emmener, et qui iront au front chaque jour pour défendre votre voix.

Mais ce que je veux vous dire surtout, c’est que le 9 juin au soir, ils compteront nos voix. Ce vote sera une épreuve de vérité. Les médias, le pouvoir, tous attendent de savoir : la droite a-t-elle renoncé à ses combats ?

Répondez-leur : il existe une droite forte, fière, prête à parler à tous les Français. Une droite qui vient de loin, qui a le visage de nos parents, de nos grands-parents, de toutes les forces du pays. Une droite qui sait mener des batailles, et qui refuse de s’enfermer, de se laisser exclure des choix qui décideront de l’avenir.

Une droite qui veut relever la France. Rendre à l’Europe son sens. Sortir de l’impuissance de l’État. Retrouver nos frontières, et notre sécurité. Sortir du déclin et de l’appauvrissement, qui n’ont rien d’une fatalité. Et pour cela, d’abord, libérer les Français qui travaillent, et leur rendre leur dignité.

Un ami me demandait hier : crois-tu encore qu’un discours de vérité a une chance de survivre dans la démagogie ambiante ? Oui, mille fois oui, parce que les Français sont revenus de tout, sauf de ce devoir de courage, de loyauté, et de vérité.

Alors je compte sur vous maintenant. Parce que chacun d’entre vous doit compter dans un tel moment. Pour convaincre, pour entraîner, pour rendre une raison d’espérer à ceux qui n’y croient plus. C’est sans doute à quelques voix que va se jouer le sens qui sera donné au vote du 9 juin. Et ces quelques voix, vous seul pouvez aller les chercher – en partageant ce message autour de vous, pour commencer, si comme moi vous refusez de renoncer.

Le 9 juin est aussi votre jour. Je m’en remets à vous.
Je crois en la France, et au sursaut qui nous attend.

À très bientôt,

Supprimer l’image mise en avantFrançois-Xavier Bellamy


Lire aussi : Grand entretien au Figaro – « Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements »



« Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements. » – Grand entretien dans le Figaro

Photo : François Bouchon / Le Figaro

Grand entretien publié dans Le Figaro, propos recueillis par Emmanuel Galiero et Claire Conruyt.


Télécharger l’entretien

LE FIGARO .- A cinq jours du scrutin, qu’avez-vous envie de dire aux électeurs ?

FRANCOIS-XAVIER BELLAMY — Je veux leur dire : malgré toutes les épreuves que traverse le pays, nous avons bien des raisons d’espérer. Les Français que j’ai rencontrés, pendant ces mois de campagne et ces années de ce mandat, ont un courage, une énergie, une volonté qui forcent l’admiration. Et il y a une relève à droite qui a la détermination nécessaire pour relever le pays. Pour le défendre en Europe d’abord : dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise. Le duel Macron / Le Pen a vécu sur la défiance suscitée par les vieux partis de gouvernement. Je comprends les déceptions passées ; mais l’élection du 9 juin est l’occasion de tourner une page. Je ne me suis pas engagé pour refaire l’histoire, mais pour écrire l’avenir d’une droite renouvelée, sérieuse, cohérente. Votre vote peut donner l’élan dont nous avons besoin pour reconstruire.

Dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise.

N’est-ce pas une mission impossible de faire campagne pour un parti LR fortement affaibli par la dernière présidentielle (4,78%) dans un contexte où beaucoup d’électeurs de droite semblent toujours méfiant à l’égard de votre famille politique ?

Aucune mission n’est impossible quand l’avenir en dépend. En m’engageant dans cette campagne, je savais parfaitement que je ne faisais pas le choix du confort, du calcul ou de l’opportunisme. Certains changent de camp pour l’intérêt de leur carrière. Pour ma part je n’ai sans doute pas fait le choix de la facilité, mais le choix dont le pays a besoin : celui de la clarté et de la cohérence. Bien sûr, je mesure la difficulté. Mais je mesure surtout l’attente. Le rôle que nous devons assumer, personne d’autre ne le remplira. Si l’on en croit les sondages, je vois qu’un électorat de gauche veut faire de cette élection l’occasion de reconstruire une proposition socialiste, alors qu’elle paraissait définitivement disqualifiée. Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison. C’est le moment de refonder cette famille politique qui peut seule répondre aux aspirations du pays.

Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison.

Quels événements les plus marquants de cette campagne retiendrez-vous ?

La campagne a commencé avec le mouvement de révolte des agriculteurs. Leur colère, je l’ai exprimée depuis cinq ans au parlement européen. Ils subissent comme tous les Français les conséquences des choix politiques aberrants qui minent notre pays. Cette révolte, je l’ai entendue si souvent : artisans, commerçants, chefs d’entreprises, professionnels de santé, enseignants, policiers et gendarmes… C’est partout le même sentiment d’asphyxie auquel semble condamné tout un peuple qui travaille dur et qui n’arrive plus à s’en sortir. Des Français qui vivent en permanence sous la pression des contraintes, des contrôles, des charges, des normes et qui disent simplement : laissez-nous travailler ! Laissez-nous faire, laissez-nous vivre. Céline Imart, deuxième de notre liste, a fait partie de ces agriculteurs qui ont crié qu’ »on marche sur la tête » ; les Français refusent de se résigner. Nous aurons été les seuls dans cette campagne à dire cette exigence de liberté, que je crois être la première condition pour sortir du déclin.

Quels adversaires jugez-vous les plus redoutables dans cette bataille ?

Mon adversaire le plus redoutable, c’est la mise en scène une nouvelle fois imposée aux Français pour leur voler cette élection, avec l’idée absurde que le débat opposerait populistes et progressistes. Ce théâtre d’ombres n’a pas d’autre but que de cacher le vrai enjeu de ce scrutin. Au parlement européen, le clivage oppose les deux forces politiques majeures que sont les socialistes et la droite, le PPE, auquel nous appartenons. Le vrai sujet est de savoir si nous parviendrons à sortir enfin de la majorité de gauche, à laquelle les élus macronistes et les écologistes ont participé pendant cinq ans. La France ne peut pas être condamnée à vivre ce perpétuel deuxième tour de l’élection présidentielle, dont la seule fonction est d’exonérer le macronisme de son bilan.

Que répondez-vous à Emmanuel Macron quand il soutient que ceux qui lui ont imposé le RN comme adversaire sont les Français ?

C’est faux. Les enquêtes d’opinion le montrent aujourd’hui : moins de la moitié des Français se reconnaît dans le débat entre le RN et lui. Nous ne sommes pas dupes de ce duo, dont les deux partenaires s’aident l’un l’autre à écraser le débat. Les Français ne sont pas dupes non plus. Je le vois au nombre de ceux, de tous bords, qui me remercient d’avoir exprimé ce qu’ils ressentaient après le débat entre M. Attal et M. Bardella. Si cette réaction a eu autant d’écho, c’est peut-être que j’ai été ce jour-là le porte-voix d’une France qui refuse de se laisser imposer cette fausse alternative.

Quelles sont les principales différences avec votre campagne de 2019 ?

La principale différence, c’est que maintenant tout le monde doit assumer son bilan. En 2019, beaucoup pouvaient croire encore qu’Emmanuel Macron allait réformer le pays, pour éviter le déclin. Mais force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays dans la spirale de la dette, de l’impôt, de l’appauvrissement économique et du dérapage budgétaire. Quant au RN, lui aussi a un bilan : on ne peut pas faire comme si le parti de Marine Le Pen était en apesanteur. Il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ? Avec trois fois plus d’élus que nous, il n’aura pas changé une virgule dans un seul texte européen. Les élus du RN n’ont ni gagné, ni même mené une seule bataille pour la France en Europe.

Dans ce cas, pourquoi le RN bat-il tous les records dans les sondages à la veille du scrutin ?

En mettant en scène ce duel, Emmanuel Macron a offert au RN les détresses du pays. C’est un mensonge : la France qui peine à joindre les deux bouts n’est pas représentée par un parti qui refuse de revaloriser le travail, de réformer le RSA, de rééquilibrer les retraites, et qui refuse lui-même de travailler ! Car en Europe, le RN est l’opposition fantôme qui arrange ce président. Il sait que nous sommes le vrai contre-pouvoir qui pèsera demain, au sein du PPE, pour empêcher de nouvelles étapes de sa fuite en avant – la création de dette et d’impôts européens, qu’il a proposés dans son dernier discours de la Sorbonne.

Force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays. Quant au RN, il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ?

Certaines de vos interventions, contre les blocages de Sciences Po ou contre le débat Attal/Bardella, ont été perçues comme des réussites. Pourquoi n’ont-elles pas eu d’impact sur les sondages qui n’ont cessé d’estimer votre score entre 7% et 8% ?

Seul le vote du 9 juin comptera. Ce que je sais, c’est que partout en France, le regard des Français a changé avec cette campagne. Beaucoup m’ont dit qu’elle leur avait redonné de l’intérêt, de l’envie, de la fierté. Face à l’extrême-gauche, à la montée de l’antisémitisme, au relativisme qui menace notre débat démocratique, nous avons montré qu’il ne fallait rien céder. Une campagne sert aussi à cela.

Votre parti oscille entre une coalition avec le macronisme et une droite plus radicale incarnée par le RN et Reconquête. L’identité de LR ne s’est-elle pas diluée depuis l’élection d’Emmanuel Macron ?

Non, la droite n’oscille pas. Ces rumeurs ne se fondent sur rien et n’ont pour but que de nous déstabiliser dans ces derniers jours de campagne. Il y a sept ans qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée : tous ceux qui sont engagés chez LR auraient eu cinquante occasions de basculer du côté du pouvoir. Les opportunistes sont partis ; ceux qui restent ont tenu bon, parce qu’ils savent que notre devoir est d’incarner une alternative. Le débat a été tranché : nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes, premiers alliés de la gauche pour fragiliser nos frontières, saborder le nucléaire, organiser la décroissance agricole ou la dérive budgétaire, et même fermer les yeux sur l’entrisme islamiste qui menace nos institutions… Pendant ce temps, le RN était aux abonnés absents. Ceux qui veulent le statu quo peuvent voter pour ce duo. Moi, je veux le changement de cap.

Nicolas Sarkozy ne souhaite pas dévoiler quel sera son choix pour cette élection mais il a exprimé « beaucoup de sympathie » à votre égard. Recevez-vous ces mots comme un soutien ?

Je suis heureux si la campagne que je mène lui inspire de la sympathie. Je respecte le choix d’un ancien président qui ne souhaite pas rentrer sur le terrain électoral. Je comprends aussi nos différences de point de vue, puisque Nicolas Sarkozy continue de défendre la perspective d’une coalition avec le pouvoir, en laquelle je n’ai jamais cru.

Nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes

Que dites-vous aux LR qui considèrent que vous n’avez pas été suffisamment soutenu par votre famille politique dans ce combat ?

Au contraire, cette campagne a été un moment d’unité pour la droite. En 2019, mon arrivée avait suscité quelques expressions de dissension ou d’incertitude. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, après cinq années de travail partout en France. Dans ce combat, j’ai eu la chance de compter sur la confiance et le soutien d’Eric Ciotti, de nos parlementaires, mais aussi de milliers de maires, d’élus qui pour certains ont choisi de revenir à cette occasion vers notre famille politique.

Dans quelle mesure le niveau de votre résultat dimanche sera-t-il déterminant pour l’avenir de LR ? Que ferez-vous après, si le score est décevant ?

On ne mène pas la bataille en se demandant ce qui arrive si on la perd. Si nous parvenons à retrouver les voix qui nous manquent pour reprendre notre élan, nous changerons l’histoire des années qui viennent. Pas celle d’un parti, mais celle du pays.

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre.

Les Républicains devront-ils opérer un acte de rupture avec tout ce que la droite a été, une fois le 9 juin prochain passé ? Une sorte de « nouveau départ »…

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre. Après avoir changé de pied en trois jours sur la Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen m’a reproché la position de la droite sur les accords de Nouméa : quand ils ont été signés, j’avais douze ans… Je ne me sens ni juge, ni comptable du bilan. Le passé est fait de succès comme de déceptions. Avec quelques années d’engagement, je ne crois pas que mon devoir soit de distribuer les bons ou les mauvais points, mais de regarder lucidement cet héritage pour pouvoir reconstruire. Ce nouveau départ, je veux m’y consacrer. Il est la condition pour le relèvement du pays. Et pour le mener à bien, nous n’avons besoin que du soutien de tous les Français qui aspirent à voir se relever un mouvement politique clair sur ses valeurs et exigeant dans son action. Je veux leur dire : vous me connaissez, vous savez que je n’ai jamais varié. Si vous voulez reconstruire, c’est maintenant que cela se joue.

Lors de votre dernière scène à l’Olympia, vous citiez Platon : « les philosophes perdent toujours les élections… »

Platon croit qu’il faut mentir pour arriver au pouvoir car la foule est trop folle pour entendre la sagesse. Je pense le contraire. Aristote affirme que « tout homme, par nature, désire savoir ». Et puisque l’esprit humain est tourné vers la quête du vrai et du juste, que l’on peut parier qu’à la fin, la vérité finit par l’emporter. C’est le pari que je veux faire.

Et à ceux qui vous diront que c’est un pari fou ?

Je réponds qu’il n’y en a pas d’autre. La mission essentielle de l’Europe, c’est de montrer que la liberté est le seul choix qui soit à la fois fidèle à la dignité humaine et en même temps, efficace sur le long terme. Nous sommes face à des modèles autoritaires, voire totalitaires, comme la Chine, ou l’islamisme international. Comme dans les années 30, certains sont tentés de croire que l’efficacité est du côté de la centralisation autoritaire, de la suppression des droits de la personne, de la conscience. Notre défi est de montrer, une nouvelle fois dans notre histoire, que seule la liberté peut faire vivre une société.

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EPBD : un désastre social, économique et écologique

La directive sur la performance énergétique des bâtiments a été votée au Parlement européen en mars 2024

isolation

Entre 2015 et 2021, les prix de l’immobilier en Europe ont augmenté de 40% et selon Oxfam, cette accélération est 4 fois plus rapide que celle du revenu des ménages.

Cette situation terrible que traverse le logement en Europe, elle touche d’abord les plus vulnérables. La Fondation Abbé Pierre alerte sur le fait que la part des foyers modestes qui n’arrivent plus à payer leur loyer ou leur emprunt a augmenté de 20% dans les 3 dernières années. Maintenant, pour beaucoup de familles en Europe, il faut choisir entre son toit et son alimentation.

C’est dans ce contexte qu’arrive notre débat sur EPBD. Derrière cet acronyme, ces quatre mots, il y a une nouvelle norme, une idée simple : tout le bâti européen doit être neutre en carbone en 2050. Sur le papier : une belle intention. Mais l’enfer est pavé de belles intentions. Ce que veut dire cette nouvelle règle, c’est : 35 millions de bâtiments à rénover d’ici 2030 – dans les 6 prochaines années ; 275 milliards d’euros par an. Madame le Commissaire, c’est l’équipe d’impact de la Commission elle-même qui fait le chiffre du coût immense de ces travaux de rénovation, quand la Commission a réussi à trouver – dans les fonds déjà existants ! – 100 milliards à fournir sur dix ans.

De nouvelles normes ont déjà touché en France le parc locatif et l’effet a été immédiat.

Depuis leur introduction, l’offre de logements en location a été quasiment divisée par deux. Cette fois-ci, les normes vont toucher aussi les propriétaires occupants avec, au-delà des contraintes d’isolation, de changement de chauffage, des normes improbables sur les mètres carrés de parking de vélo, sur les câbles de rechargement de voitures électriques… Évidemment, nous avons réussi à gagner une bataille importante en déposant un amendement pour protéger le patrimoine. Mais cela ne suffira pas pour éviter un contresens environnemental majeur.

La vraie clé si nous voulons décarboner le logement c’est d’électrifier le chauffage et de produire massivement de l’électricité décarbonée

Toutes les études, en effet, montrent que les programmes massifs de rénovation énergétique n’ont jamais servi à rien. La vraie clé si nous voulons décarboner le logement c’est d’électrifier le chauffage et de produire massivement de l’électricité décarbonée. Mais les mêmes écologistes qui veulent imposer cet agenda sont ceux qui votent contre l’énergie nucléaire… et il faut chercher très loin la cohérence dans tout cela.

Le fait est qu’à la fin miser sur le « tout-isolation » est aberrant.

C’est un désastre économique et social qui se profile. Et c’est aussi un contresens politique majeur.

Rappelons-nous que l’Europe s’est construite sur l’Odyssée, sur l’aventure d’Ulysse racontée par Homère qui voulait retrouver son toit. Si nous n’offrons pas aux Européens demain la demeure à laquelle ils ont droit, c’est l’idée même de l’Europe qui s’en trouvera menacée.


 


 

Débat avec Olaf Scholz au Parlement européen

Monsieur le Chancelier, Parlons nous franchement. Les divergences entre nos pays deviennent souvent inquiétantes. Le mien, la France, a sa responsabilité. Mais derrière les mots, votre coalition finit par mettre l’Europe en danger. Vous parlez d’Europe unie. Mais après avoir imposé l’austérité partout, vous lancez le Doppelwumms, sans prévenir personne, un plan de soutien massif pour l’économie allemande – et tant pis pour les autres pays européens qui en sortiront durablement déstabilisés.

Vous dites que nous devons parler d’une seule voix, mais vous allez seul en Chine pour y maintenir vos positions, au prix de nos dépendances. Vous parlez de solidarité, mais quand vous fermez en pleine crise de l’énergie, vos dernières centrales nucléaires, c’est dans tous nos pays que les factures s’alourdissent. Vos élus font ici tout pour asphyxier cette filière au nom de l’écologie, paraît-il. Mais vos ministres agrandissent les mines de charbon en Allemagne, et c’est toute l’Europe qu’ils polluent. Vous dites que l’Europe doit maîtriser les flux migratoires, mais vous faites tout pour les augmenter en Allemagne.

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. 

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. Hannah Arendt schrieb : Eine Krise wird erst dann zu einem Unheil, wenn mit schon Geurteiltem, also mit Vorurteilen darauf geantwortet wird. Es ist höchste Zeit, uns selbst in Frage zu stellen*.

 

*Hannah Arendt a écrit : Une crise ne devient une catastrophe que si nous y répondons par des idées toutes faites. Il est grand temps de nous remettre en question.

 

 

 

Trois ans après la rupture démocratique du grand emprunt européen

Trois ans après le grand emprunt européen, toutes nos alertes se confirment. Le remboursement reste incertain. Il entraîne de nouveaux impôts. Et la Commission ne dit toujours pas le coût réel de cette dette, prévu à 15 milliards par an, mais aggravé par la hausse des taux…

En 2020, François-Xavier Bellamy est intervenu à de multiples reprises pour dénoncer le principe de cet endettement commun et l’absence de plan de remboursement clair : « comment a-t-on pu valider cet emprunt européen sans arbitrer sur les modalités de son remboursement, en se fondant simplement sur l’hypothétique création de ressources propres – sujet que chacun sait si controversé que le Conseil s’est bien gardé d’en débattre, même s’il était directement lié à l’emprunt qu’il confirmait ? Pourtant, il faudra bien rembourser ».

Historique et décryptage des rouages ayant mené à cette « rupture démocratique » du grand emprunt européen :

La Commission européenne a levé son premier emprunt, voulu par Emmanuel Macron, sans pouvoir le rembourser. Conséquence : elle prépare maintenant des « ressources propres », une nouvelle fiscalité pour affronter cette dette. Une rupture démocratique dénoncée depuis trois ans…


La conséquence destructrice du « En même temps »

François-Xavier Bellamy était l’invité de Public Sénat le mardi 21 mars.

 

Corridor de Latchine, Présidence suédoise du Conseil de l’UE : interventions en séance plénière en Janvier 2023

Blocage du corridor de Latchine par l’Azerbaïdjan : l’Europe n’a plus le droit de cet État terroriste.

 


Relance du nucléaire, protection des frontières, maîtrise des dépenses publiques : la Suède, qui ouvre sa présidence du Conseil de l’UE, fait aujourd’hui la démonstration qu’il est possible de réparer l’Europe.