Archive d’étiquettes pour : finances publiques

EPBD : un désastre social, économique et écologique

La directive sur la performance énergétique des bâtiments a été votée au Parlement européen en mars 2024

isolation

Entre 2015 et 2021, les prix de l’immobilier en Europe ont augmenté de 40% et selon Oxfam, cette accélération est 4 fois plus rapide que celle du revenu des ménages.

Cette situation terrible que traverse le logement en Europe, elle touche d’abord les plus vulnérables. La Fondation Abbé Pierre alerte sur le fait que la part des foyers modestes qui n’arrivent plus à payer leur loyer ou leur emprunt a augmenté de 20% dans les 3 dernières années. Maintenant, pour beaucoup de familles en Europe, il faut choisir entre son toit et son alimentation.

C’est dans ce contexte qu’arrive notre débat sur EPBD. Derrière cet acronyme, ces quatre mots, il y a une nouvelle norme, une idée simple : tout le bâti européen doit être neutre en carbone en 2050. Sur le papier : une belle intention. Mais l’enfer est pavé de belles intentions. Ce que veut dire cette nouvelle règle, c’est : 35 millions de bâtiments à rénover d’ici 2030 – dans les 6 prochaines années ; 275 milliards d’euros par an. Madame le Commissaire, c’est l’équipe d’impact de la Commission elle-même qui fait le chiffre du coût immense de ces travaux de rénovation, quand la Commission a réussi à trouver – dans les fonds déjà existants ! – 100 milliards à fournir sur dix ans.

De nouvelles normes ont déjà touché en France le parc locatif et l’effet a été immédiat.

Depuis leur introduction, l’offre de logements en location a été quasiment divisée par deux. Cette fois-ci, les normes vont toucher aussi les propriétaires occupants avec, au-delà des contraintes d’isolation, de changement de chauffage, des normes improbables sur les mètres carrés de parking de vélo, sur les câbles de rechargement de voitures électriques… Évidemment, nous avons réussi à gagner une bataille importante en déposant un amendement pour protéger le patrimoine. Mais cela ne suffira pas pour éviter un contresens environnemental majeur.

La vraie clé si nous voulons décarboner le logement c’est d’électrifier le chauffage et de produire massivement de l’électricité décarbonée

Toutes les études, en effet, montrent que les programmes massifs de rénovation énergétique n’ont jamais servi à rien. La vraie clé si nous voulons décarboner le logement c’est d’électrifier le chauffage et de produire massivement de l’électricité décarbonée. Mais les mêmes écologistes qui veulent imposer cet agenda sont ceux qui votent contre l’énergie nucléaire… et il faut chercher très loin la cohérence dans tout cela.

Le fait est qu’à la fin miser sur le « tout-isolation » est aberrant.

C’est un désastre économique et social qui se profile. Et c’est aussi un contresens politique majeur.

Rappelons-nous que l’Europe s’est construite sur l’Odyssée, sur l’aventure d’Ulysse racontée par Homère qui voulait retrouver son toit. Si nous n’offrons pas aux Européens demain la demeure à laquelle ils ont droit, c’est l’idée même de l’Europe qui s’en trouvera menacée.


 


 

Débat avec Olaf Scholz au Parlement européen

Monsieur le Chancelier, Parlons nous franchement. Les divergences entre nos pays deviennent souvent inquiétantes. Le mien, la France, a sa responsabilité. Mais derrière les mots, votre coalition finit par mettre l’Europe en danger. Vous parlez d’Europe unie. Mais après avoir imposé l’austérité partout, vous lancez le Doppelwumms, sans prévenir personne, un plan de soutien massif pour l’économie allemande – et tant pis pour les autres pays européens qui en sortiront durablement déstabilisés.

Vous dites que nous devons parler d’une seule voix, mais vous allez seul en Chine pour y maintenir vos positions, au prix de nos dépendances. Vous parlez de solidarité, mais quand vous fermez en pleine crise de l’énergie, vos dernières centrales nucléaires, c’est dans tous nos pays que les factures s’alourdissent. Vos élus font ici tout pour asphyxier cette filière au nom de l’écologie, paraît-il. Mais vos ministres agrandissent les mines de charbon en Allemagne, et c’est toute l’Europe qu’ils polluent. Vous dites que l’Europe doit maîtriser les flux migratoires, mais vous faites tout pour les augmenter en Allemagne.

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. 

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. Hannah Arendt schrieb : Eine Krise wird erst dann zu einem Unheil, wenn mit schon Geurteiltem, also mit Vorurteilen darauf geantwortet wird. Es ist höchste Zeit, uns selbst in Frage zu stellen*.

 

*Hannah Arendt a écrit : Une crise ne devient une catastrophe que si nous y répondons par des idées toutes faites. Il est grand temps de nous remettre en question.

 

 

 

Trois ans après la rupture démocratique du grand emprunt européen

Trois ans après le grand emprunt européen, toutes nos alertes se confirment. Le remboursement reste incertain. Il entraîne de nouveaux impôts. Et la Commission ne dit toujours pas le coût réel de cette dette, prévu à 15 milliards par an, mais aggravé par la hausse des taux…

En 2020, François-Xavier Bellamy est intervenu à de multiples reprises pour dénoncer le principe de cet endettement commun et l’absence de plan de remboursement clair : « comment a-t-on pu valider cet emprunt européen sans arbitrer sur les modalités de son remboursement, en se fondant simplement sur l’hypothétique création de ressources propres – sujet que chacun sait si controversé que le Conseil s’est bien gardé d’en débattre, même s’il était directement lié à l’emprunt qu’il confirmait ? Pourtant, il faudra bien rembourser ».

Historique et décryptage des rouages ayant mené à cette « rupture démocratique » du grand emprunt européen :

La Commission européenne a levé son premier emprunt, voulu par Emmanuel Macron, sans pouvoir le rembourser. Conséquence : elle prépare maintenant des « ressources propres », une nouvelle fiscalité pour affronter cette dette. Une rupture démocratique dénoncée depuis trois ans…


La conséquence destructrice du « En même temps »

François-Xavier Bellamy était l’invité de Public Sénat le mardi 21 mars.

 

Corridor de Latchine, Présidence suédoise du Conseil de l’UE : interventions en séance plénière en Janvier 2023

Blocage du corridor de Latchine par l’Azerbaïdjan : l’Europe n’a plus le droit de cet État terroriste.

 


Relance du nucléaire, protection des frontières, maîtrise des dépenses publiques : la Suède, qui ouvre sa présidence du Conseil de l’UE, fait aujourd’hui la démonstration qu’il est possible de réparer l’Europe.

 


 

Directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments : le risque majeur derrière le projet.


Une directive européenne (Directive sur la performance énergétique des bâtiments / DEPEB ou EPBD), poussée par les Verts et soutenue par la France, veut créer de nouvelles normes qui imposeraient de mettre en chantier, en quinze ans, la moitié des bâtiments en Europe. Un risque majeur pour le logement en général, et le patrimoine en particulier.

« L’idée, c’est qu’avant 2036, c’est-à-dire demain à l’échelle du temps immobilier, 45 % de tous les bâtiments existants en Europe devront avoir été restaurés pour être mis aux normes environnementales. Le problème évidemment a de très nombreuses facettes.

La première d’entre elles, c’est bien sûr la nécessité gigantesque en termes de financement qu’impliquerait une telle disposition. Cela voudrait dire que tous les citoyens dans nos pays vont devoir faire face à des dépenses extrêmement exigeantes pour mettre aux normes leur logement et ces dépenses, évidemment, nous le savons très bien, ne font que monter aujourd’hui. Les matériaux disponibles, les entreprises disponibles, sont de plus en plus rares et toutes les difficultés que nous voyons dans les circuits du commerce mondial ne feront qu’accentuer encore, avec la demande massive créée par ces besoins, le prix de tels travaux et de tels chantiers. Que dirons-nous demain à des gens qui ont travaillé toute leur vie, qui ont épargné toute leur vie pour investir dans un bien immobilier dans lequel ils habitent aujourd’hui, que leur dirons-nous, quand nous leur expliquerons qu’ils ne peuvent plus y rester parce qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens de faire face au coût que représentent ces travaux, sous peine desquels ils seront sanctionnés, et qui les contraindrait du coup à revendre ce qu’ils avaient réussi à acquérir ? On le voit déjà en France.

Le Premier ministre Édouard Philippe lui-même, l’ancien Premier ministre, s’est ému de la situation créée par la réglementation française. Que ne l’a-t-il dit quand il était au pouvoir ? Car déjà, ce travail était en cours… Le Premier ministre Édouard Philippe a donc alerté sur le fait que l’interdiction de louer des passoires thermiques, pour le dire autrement, des bâtiments classés F et G, allait diminuer la disponibilité des appartements disponibles, des biens immobiliers à louer, et, par conséquent, allait faire monter les prix de l’immobilier.

On voit bien que dans un moment où, déjà, nous subissons de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine, la situation de l’inflation, le manque de disponibilité, déjà, de l’énergie, qui fait que les prix de l’énergie ont explosé, dans ce moment-là, une telle directive a quelque chose d’insensé.

Le deuxième aspect du problème, c’est que 45 % des bâtiments européens signifie impliquer dans ce travail, bien sûr, beaucoup de bâtiments anciens, beaucoup de bâtiments historiques. Et vous le savez tous comme moi, tous les bâtiments historiques ne sont pas nécessairement classés. Alors évidemment, on nous explique que les bâtiments classés vont être exemptés de ces normes. Trop heureux ! Mais la vérité, c’est qu’en France, par exemple, seuls 0,12 % des bâtiments construits dans notre pays sont classés. Et pourtant, une très grande partie de tout le bâti français contribue bien sûr à la réalité de la transmission d’un héritage historique qui mérite d’être préservé. Lorsque nous nous promenons dans le centre de nos villes, tous les bâtiments sur lesquels notre regard se pose ne sont pas nécessairement classés. Alors, on nous dit qu’il suffira que les États classent ces bâtiments pour qu’ils soient protégés. Mais tous ceux qui possèdent des bâtiments qui ont une valeur historique et une valeur patrimoniale, de vieilles fermes, de vieilles maisons ou tout simplement même d’ailleurs, tous ceux qui sont propriétaires d’appartements dans des dans des immeubles anciens, savent très bien que la pire des malédictions qui peut leur arriver, c’est que leur bâtiment soit classé monument historique. Car c’est évidemment des normes extrêmement contraignantes qui s’appliquent désormais à leurs bâtiments. Bien sûr, il faut classer ce qui constitue les trésors de notre patrimoine commun, de notre patrimoine public ou privé. C’est l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui entretiennent ces bâtiments classés dans le domaine public ou bien des bâtiments privés classés. C’est un effort inouï de devoir entretenir et transmettre un bâtiment classé monument historique. Et je crois que nous ne pouvons pas exiger que demain, tout le bâti qui fait partie de notre patrimoine commun soit classé, pour le protéger de ces normes qui ne sauraient s’appliquer à des bâtiments historiques, sans, parfois, les dénaturer d’une manière absolument dramatique.

En fait, à la fin de tout cela, quel est le résultat du processus qui se dessine sous nos yeux, et qui est d’ailleurs soutenu par le lobbying déterminé d’une partie de l’industrie qui voit un marché gigantesque s’ouvrir devant ses yeux ? Ce qui se dessine, c’est la perspective que demain, de très nombreux bâtiments anciens qui font partie de l’âme de nos villages, de nos villes, de l’âme de nos pays, soient nécessairement abandonnés pour construire des bâtiments modernes, des bâtiments nouveaux qu’il sera facile de construire aux normes européennes, mais qui n’auront évidemment pas la même valeur affective, la même valeur incarnée que celle que nous donnons aux bâtiments que nous habitons aujourd’hui. Je crois qu’il y a là un choix de société majeur.

Depuis des semaines, ici, au Parlement européen, nous travaillons sur ce sujet en commission ITRE, et nous tentons de tirer la sonnette d’alarme. Et je crois qu’aujourd’hui est venu le temps d’agir, parce que si nous ne faisons rien, ce texte va continuer sur ses rails et risque de faire dérailler ce à quoi nous tenons le plus, ce qui fait le cœur de notre modèle de société. J’avais écrit, avant d’arriver ici au Parlement européen, un livre qui s’appelle Demeure. Vous savez à quel point je tiens – je sais que nous tenons tous ensemble – à ce sens de la demeure. La demeure, c’est aussi, justement, la nécessaire protection de ce par quoi nous habitons le monde, dont nous héritons. Et cette protection-là, elle est fondamentale, pour la vie quotidienne de chacun d’entre nous. Il est essentiel, de ce point de vue, que nous fassions en sorte que cette directive n’aille pas jusqu’au bout.

Le problème, c’est que le gouvernement français soutient massivement ce projet. Nos collègues de la République en Marche ont déjà annoncé qu’ils voteraient cette directive, quoi qu’il arrive. Il va falloir réussir à susciter une prise de conscience dans d’autres pays européens, dans d’autres forces politiques. J’espère que nous y parviendrons. J’ajoute, pour terminer, que ceci est nécessaire, bien sûr, pour la vie de nos concitoyens, mais c’est nécessaire aussi du point de vue environnemental lui-même, parce qu’un tel impératif de destruction créatrice, un tel impératif de chantier de rénovation, aurait un impact environnemental majeur en termes de matériaux, de consommation de matériaux, en termes de consommation d’énergie. Le sujet sur lequel nous devons nous concentrer aujourd’hui, ce n’est pas celui qui consiste à faire en sorte que toutes nos villes deviennent demain de gigantesques chantiers, mais celui qui consiste à nous redonner les moyens – je le redis ! – de produire nous-mêmes une énergie disponible à bon marché, une énergie décarbonée. Et c’est la raison pour laquelle il est plus que temps de continuer d’avancer sur le sujet de la production électrique, et notamment de la production d’électricité nucléaire.  C’est là que se trouve la vraie possibilité que nous avons de diminuer nos émissions de carbone. Et c’est là-dessus qu’il faut travailler. Bien sûr.

Voilà, chers amis, ce qui va faire, je crois, le cœur de l’actualité, dans les semaines qui viendront. Vous n’en avez sans doute pas entendu parler, mais retenez bien cet acronyme : EPBD. C’est le nom de cette directive, et vous allez revoir passer ce nom. EPBD, vous allez le voir surgir, je n’en doute pas dans le débat médiatique, au cours des semaines à venir. Sachez que nous sommes déjà au travail depuis longtemps sur ce sujet, et que nous rentrons dans la phase cruciale de ce travail, pour faire en sorte d’éviter cette erreur historique. Comptez sur nous pour y parvenir et bien sûr, nous resterons à votre disposition pour continuer de vous prévenir, et de vous informer de ce qui se dessine ici au Parlement européen. Merci beaucoup et à très bientôt. »

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir.

Chers amis,

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir, et de préparer l’avenir.

Depuis plusieurs semaines, je parcours la France pour venir vous rencontrer et parler avec vous de la campagne que nous menons, avec Bruno Retailleau et toute son équipe, pour la présidence des Républicains.

Vous êtes nombreux à me partager votre espoir, et à vous engager. Mais parmi vous, nombreux sont aussi ceux qui doutent, ceux qui n’y croient plus. C’est à vous que je voudrais parler une fois encore.

Vous avez voté pour la droite dans le passé ; mais ces derniers mois, ces dernières années, vous avez été de déception en déception. Et nous héritons ensemble, vous comme moi, de cette situation de défiance accumulée depuis des années. Les électeurs de droite se sont divisés, d’autres partis se sont crées, la confusion s’est installée ; et le bilan de tout cela, c’est que nous n’avons cessé de perdre des batailles pourtant essentielles.

J’en suis profondément convaincu, et je crois que nous pouvons tous partager ce constat, quel que soit notre regard sur la situation actuelle : la France irait mieux si tous les électeurs de droite pouvaient enfin se sentir représentés par le parti politique qui devait les rassembler, et qui a manqué à sa responsabilité. Aujourd’hui, nous ne redonnerons pas une majorité à nos convictions si ce parti ne retrouve pas le sens de sa mission. Vous pouvez lui faire beaucoup de reproches, et vous aurez raison ; mais maintenant nous avons besoin de reconstruire ce parti politique, en nous appuyant sur les forces uniques qu’il garde – des milliers d’élus, le plus important ancrage local, la majorité au Sénat, des dizaines de parlementaires, un groupe central au Parlement européen… Quoiqu’il arrive, ce socle sera indispensable pour pouvoir, demain, construire la majorité qui relèvera notre pays.

C’est pour cela que je me suis engagé derrière Bruno Retailleau. Il appelle depuis toujours à cette nécessaire refondation. Il a gardé, dans bien des batailles difficiles, la fidélité à nos convictions. Et aujourd’hui, il veut vous rendre ce parti, qui n’a pas d’autre sens que de vous appartenir et de vous ressembler.

Il ne suffira pas pour cela de slogans et de belles promesses ; il faut s’en donner concrètement les moyens. Nous voulons réformer les statuts du parti pour que demain vous décidiez des grandes orientations politiques qu’il suivra – pour qu’il cesse de dériver parce que quelques dirigeants préfèrent suivre leurs propres calculs que de représenter leurs électeurs. Nous voulons que vous puissiez arbitrer sur les candidats que le parti désignera pour les prochaines élections, pour qu’obtenir votre confiance soit une condition absolue pour défendre nos couleurs. Nous voulons refaire un parti de droite qui respecte ses électeurs ; et nous avons présenté depuis plusieurs semaines les changements concrets que nous proposons pour le garantir.

Nous voulons vous redonner ce parti. Mais pour cela, il faut que vous veniez nous aider. Il vous reste quelques heures pour adhérer aux Républicains. Ne le faites pas parce que vous approuvez tout ce que ce parti a fait ; adhérez pour venir dire ce que vous attendez de lui, de nos institutions, pour l’avenir de notre pays.

Je sais : certains d’entre vous se sont promis de ne plus jamais prendre leur carte chez LR. D’autres parmi vous n’y ont jamais adhéré, et peut-être n’imaginaient pas le faire un jour. C’était mon cas aussi : en 2019, j’ai rejoint les Républicains, non parce que tout m’y convainquait, mais parce qu’il me semblait nécessaire de faire de mes déceptions une raison de s’engager plutôt que de commenter les reculs successifs de nos convictions, et de notre pays. Vous êtes nombreux à m’écrire, à me dire votre soutien, et je ne vous dirai jamais assez ma reconnaissance pour votre confiance, qui me touche profondément, dans ce temps de défiance généralisée. Si vous avez partagé parfois les batailles que j’ai pu mener, alors venez relever avec nous le grand défi qui nous attend, celui de la refondation qui, avec Bruno Retailleau, redonnera enfin à ce parti sa mission, et qui nous permettra d’y croire à nouveau.

N’hésitez pas à partager largement ce message à tous vos amis. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances de retrouver un cap clair. Nous avons une occasion unique, dans l’histoire de la droite française, de reprendre ensemble la main, pour préparer l’espérance dont la France a tant besoin. Aidez-nous. Adhérez.

Je compte vraiment sur vous.

Fx Bellamy

 

Pour pouvoir voter pour Bruno Retailleau en décembre, il vous faut adhérer aux Républicains d’ici jeudi 3 novembre.

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Un travail de vérité sur notre héritage, et de clarté sur notre ligne

Tribune co-signée avec Bruno Retailleau et Julien Aubert (texte initialement paru dans L’Express).

Si la droite est en passe de disparaître de l’échiquier politique, c’est parce qu’elle a perdu depuis longtemps la confiance des Français. Nous ne nous résignons pas à la fatalité ; mais un changement de nom ou de slogans ne suffira pas à enrayer notre déclin. Aux électeurs de droite, qui vont devoir désigner le prochain président des Républicains, nous disons ceci : il est temps de mener enfin, en vous rendant la parole, un travail de vérité sur notre héritage, et de clarté sur notre ligne.

Cela exige d’abord de considérer enfin lucidement le passé. Reconnaissons clairement l’évidence : la crise que traverse notre pays n’a pas commencé en 2017, ni en 2012. Ni même en 2007… Certes, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont chacun apporté à la France. Dans les crises, ils ont su maintenir son rang : le Président Chirac en refusant la guerre en Irak, le Président Sarkozy en agissant face à la crise financière de 2008. L’humanité du premier et l’énergie du second ont incontestablement marqué les Français. Et pourtant, comment ne pas le reconnaître : si la droite avait été, au pouvoir, vraiment à la hauteur de ses promesses, et de sa responsabilité, la France irait mieux aujourd’hui. Et la droite aussi…

Si la droite avait été, au pouvoir, vraiment à la hauteur de ses promesses, et de sa responsabilité, la France irait mieux aujourd’hui. Et la droite aussi…

Faire un travail d’inventaire sérieux et paisible, ce n’est ni sombrer dans une repentance stérile, ni manquer de respect à ceux qui nous ont précédés ; c’est garder toutes les leçons qui s’imposent, pour retrouver la confiance des Français.

Pendant les douze années de Jacques Chirac à l’Elysée, la droite aura manqué du courage qu’il fallait pour affronter des risques devenus depuis, à force de lâchetés accumulées, des dangers existentiels – le défi migratoire, le déclin éducatif, la déconstruction culturelle… Trop de dénis, trop d’abandons l’ont éloignée des classes populaires, comme le redoutait déjà Philippe Seguin. La fracture de Maastricht n’a pas été refermée, ni même considérée, au point que la famille gaulliste a donné l’impression d’abandonner la cause de la souveraineté nationale. Pour répondre à la montée des inquiétudes, il ne pouvait suffire de théoriser le front républicain : la vraie réponse à la défiance ne consiste pas à construire des barrages, mais à se remettre en question.

L’espoir qui s’est levé après la campagne exaltante de Nicolas Sarkozy, en 2007, a été lui aussi déçu. Beaucoup a été fait durant ces cinq années, mais rien n’a vraiment été assumé jusqu’au bout : la droite a défiscalisé les heures supplémentaires, mais elle n’a pas mis fin aux 35 heures. Elle a instauré des peines planchers, mais supprimé la double peine. Elle a diminué le nombre de fonctionnaires, tout en augmentant la bureaucratie, en créant par exemple les ARS qui ont embolisé le système de soins. La droite avait promis la rupture, elle a fait la demi-mesure. Au renoncement s’est ajouté le reniement quand avec le Traité de Lisbonne, le « non » souverain de 2005 a été contourné. La crise démocratique qui, nous en sommes convaincus, s’est cristallisée à ce moment-là ne sera pas résolue par des « conventions citoyennes » ou des « conseils de la refondation« , mais en redonnant la parole au peuple par référendum, sur l’immigration notamment, et en retrouvant le respect absolu qui est dû à cette parole.

Ces faiblesses, l’UMP devenue LR les a masquées par une communication répétitive, par des éléments de langage épuisés d’avoir été répétés depuis quinze ans. Nous refusons ce marketing médiocre qui consiste à aligner de supposés « marqueurs« . Il ne suffit plus de se payer de mots. Inventons de vraies solutions, plutôt que de répéter de vieux slogans. Puisque nous parlons sans cesse de la valeur travail, remettons-nous à travailler, sur nos idées, notre vision du monde, nos ambitions pour la France de demain, mais aussi notre manière de les proposer aux Français, nos méthodes et nos modes d’action, notre place dans un débat public qui a tellement changé, la formation des jeunes qui nous rejoindront, et surtout la démocratie dans notre formation politique.

Pour point de départ de ce travail, nous proposons une ligne reposant sur trois piliers.

Pour point de départ de ce travail, nous proposons une ligne reposant sur trois piliers. La dignité humaine d’abord. Vivre dignement, c’est vivre de son travail, et non de l’assistanat. C’est vivre du mérite et de l’effort, qui doivent redevenir les valeurs cardinales de notre école. C’est vivre en sécurité, avec la certitude que l’ordre sera assuré, que les peines seront exécutées, qu’aucune impunité ne peut être tolérée. Vivre dignement, c’est enfin vivre librement, sans la tutelle infantilisante d’un Etat qui réglemente tout et surtranspose les normes européennes ; sans l’ingérence grandissante de l’idéologie dans la vie et la conscience de nos enfants. Que l’Etat s’occupe des affaires de la France, les Français s’occuperont très bien des leurs !

Deuxième pilier : la souveraineté de la Nation. Réindustrialiser, refaire une grande filière nucléaire, protéger notre agriculture contre les accords de libre-échange, réaffirmer notre souveraineté juridique face aux juges européens : c’est tout cela qu’exige le combat pour la souveraineté. Celle-ci ne sera pas complète sans la maîtrise de nos finances publiques, car une nation qui ne tient pas ses comptes ne tient pas son rang.

Enfin, les valeurs de notre civilisation judéo-chrétienne doivent redevenir l’âme de notre combat politique, pour faire échec à l’islamisme ou au wokisme, et leur opposer la générosité exigeante de l’assimilation et de la transmission. Seule une politique de civilisation peut refaire la France ; seule la reconnaissance de ses racines peut redonner sens à l’Europe : ses héritages ont fait sa grandeur, son amnésie ferait son malheur. C’est sur les singularités et les démocraties nationales que les Européens pourront trouver l’unité authentique dont nous avons besoin pour faire valoir, dans un monde instable, nos principes et nos intérêts.

Faire enfin l’inventaire, parler enfin clair : telle est notre ligne, la refondation que nous proposons. Non, rien n’est perdu pour la droite. Mais tout est à reconstruire. À nous de prouver aux Français que demain, nous pourrons être dignes de leur confiance.

Votre engagement peut tout changer.

Chers amis,

Dans quelques semaines aura lieu l’élection pour la présidence des Républicains. Allons à l’essentiel : je voudrais parler à tous ceux d’entre vous qui n’y croient plus.

Vous êtes de droite, c’est mon cas aussi. Vous croyez à la liberté et à la responsabilité, vous croyez à la nécessaire reconstruction de l’autorité de l’État et à la protection de nos frontières, vous voulez transmettre notre culture autant que transmettre la nature… Vous avez peut-être dans le passé voté pour le RPR, pour l’UMP, pour LR. Aujourd’hui, vous ne le faites plus. Vous avez été déçus, si souvent déçus.

Je comprends votre défiance. Quand j’ai rejoint LR en 2019 pour prendre la tête de liste de l’élection européenne, ce n’était pas parce que j’approuvais tout ce que ce parti avait fait dans le passé. Mais je pensais devoir faire de mes propres déceptions l’occasion d’agir, plutôt que de me lamenter. Et c’est ce qui se joue aujourd’hui encore.

Dans quelques semaines, nous aurons une occasion unique de reprendre la main. Avec Bruno Retailleau, notre projet est très simple : refonder ce parti, tout changer de fond en comble pour qu’il puisse de nouveau respecter ses électeurs, et nous représenter vraiment. Bruno Retailleau n’a jamais cessé d’appeler à cette rupture, et je l’ai vu la défendre, même à contre-courant, dans bien des débats au sein du parti. Aujourd’hui, nous voulons enfin vous redonner le pouvoir ; mais pour cela, il faut que vous veniez nous aider. Nous avons besoin de vous : ce défi qui nous concerne tous est essentiel, parce que si ce parti ne se reconstruit pas, s’il ne redevient pas fidèle à ce qu’il aurait toujours dû être, nous n’arriverons jamais à reconstruire notre pays, qui en a tellement besoin. J’en suis convaincu, et les élections de l’année passée n’ont fait que conforter cette conviction.

Avec Bruno Retailleau, nous voulons rétablir une droite qui soit fidèle à sa mission, fidèle à ce que vous attendez d’elle. C’est le moment d’agir : vous êtes nombreux à m’écrire, depuis longtemps, pour me partager votre désarroi, votre colère, et le fait que vous ne voyez pas d’où viendra la refondation que nous espérons tant.

Si vous m’avez fait confiance dans les batailles menées ces dernières années, alors j’ai besoin de vous aujourd’hui : adhérez aux Républicains – non pas pour dire que vous êtes d’accord avec tout ce que ce que ce parti a fait, mais pour que nous puissions enfin compter sur lui pour défendre ce en quoi nous croyons. Nous avons besoin de vous pour soutenir notre équipe et la refondation que nous mènerons ensemble ; je compte sur vous !

Fx Bellamy

Pour adhérer, parrainer, soutenir
→ rendez-vous sur www.avecretailleau.fr

 

Repartir du fond. Entretien au Point pour la rentrée 2022

François-Xavier Bellamy

Propos recueillis par Nathalie Schuck. Entretien initialement paru dans Le Point le 1er septembre 2022.

Les Républicains doivent désigner leur patron en décembre, après une déroute électorale. Ne faudrait-il pas saborder ce parti pour en recréer un nouveau ?

On aurait tort d’enterrer la droite. Cela peut sembler paradoxal, mais la mission de cette famille politique n’a jamais été autant d’actualité, à condition qu’elle soit entièrement refondée pour répondre aux messages que nous ont envoyés nos électeurs. Les Français n’ont jamais été si nombreux – 57,7 % au premier tour de la présidentielle selon la Fondapol pour Le Figaro – à attendre une politique de droite, que ni Emmanuel Macron ni le Rassemblement national ne sont capables de leur donner. Si nous reconstruisons un parti qui écoute enfin les attentes de ses électeurs, nous aurons toutes les chances de jouer de nouveau un rôle, pour servir notre pays qui en a tant besoin. Le paysage politique peut changer très rapidement : rappelez-vous, il y a moins d’un an, tout le monde pensait que Marine Le Pen avait déjà disparu ; elle finit l’année avec un succès inédit aux législatives… Dans les mois à venir, la situation va de nouveau beaucoup évoluer.

Quelle doit être la ligne de LR : parler aux électeurs de Macron en partant du principe qu’il ne se représentera pas, ou s’adresser aux 10,5 millions de Français qui ont voté pour Le Pen et Zemmour ?

Il faut sortir de cette fascination pour l’arithmétique électorale. Ce serait une grande erreur de choisir entre des électorats, comme on choisirait des clientèles sur un marché. Nous devons parler à tous ceux qui nous ont quittés, quels qu’aient été leurs choix, comme à ceux qui n’ont jamais voté pour nous. Il serait scandaleux d’ostraciser des électeurs. Ce qui compte, c’est de repartir du fond, de sortir enfin des calculs sondagiers, qui ne produisent que des défaites. Si nous sommes capables de proposer les idées neuves qui structureront le débat demain et de rendre une espérance à notre pays, je ne doute pas que les électeurs reviendront vers nous, d’où qu’ils viennent.

Si nous reconstruisons un parti qui écoute enfin les attentes de ses électeurs, nous aurons toutes les chances de jouer de nouveau un rôle, pour servir notre pays qui en a tant besoin.[…] Nous devons parler à tous ceux qui nous ont quittés, quels qu’aient été leurs choix, comme à ceux qui n’ont jamais voté pour nous. Il serait scandaleux d’ostraciser des électeurs.

On ne sait plus où LR habite, justement ! Êtes-vous dans l’opposition au gouvernement ou sa béquille au Parlement ? Nicolas Sarkozy avait proposé un accord avec Emmanuel Macron pour le forcer à une cohabitation, n’avait-il pas raison ?

Le scénario dont il s’agissait n’était pas celui d’une cohabitation, bien sûr, mais d’une coalition, qui n’aurait consisté qu’à trahir nos combats passés et nos électeurs, en devenant les supplétifs d’une majorité dont la politique conduit la France dans l’impasse… Contrairement à ceux qui ont préféré se renier en espérant être payés d’une apparence de pouvoir, nous avons choisi de rester fidèles à ce que nous sommes, et de défendre les Français par une opposition claire et sérieuse. C’est un choix plus exigeant, mais c’est le seul qui permette de garder la tête haute et de préparer l’avenir.

Vous citiez la Fondapol. Son directeur Dominique Reynié considère que vous n’avez qu’une alternative : vous allier à LREM, ou au RN dans une Nupes de droite…

Mais Dominique Reynié ajoute aussi que cette équation est impossible puisque la moitié des électeurs de LR, de LREM comme du RN n’en veulent pas. Cela créerait plus de fractures que d’alliances… De toute façon, ce sont la constance, la clarté et la rigueur qui permettront à la droite de se reconstruire, pas l’opportunisme de courte vue qui l’inciterait à secourir une majorité présidentielle au moment même où elle va devoir affronter les conséquences de son propre bilan. Quand les Français verront leur facture d’énergie flamber, ils demanderont des comptes à Emmanuel Macron sur la fermeture de Fessenheim ! En réalité, l’étude de la Fondapol montre la discordance massive entre les attentes de l’électorat d’Emmanuel Macron, qui penche majoritairement à droite, et sa politique : 57 % pensent qu’il y a un immense problème sur l’intégration des migrants, et sa majorité veut donner le droit de vote aux étrangers. De même, 69 % de ses électeurs pensent que les chômeurs pourraient se remettre au travail s’ils le voulaient, et il accorde des indemnités chômage aux démissionnaires, désincitant ainsi au travail.

Quel est votre modèle à l’étranger en terme de refondation ?

L’ancien chancelier autrichien Sebastian Kurz est parvenu à reconstruire un parti conservateur, qui était en pleine crise, en étant extrêmement fort sur deux piliers, l’écologie et l’immigration. Il est parvenu à susciter une rupture qui fait que son parti est encore au pouvoir, même si lui a connu des difficultés personnelles.

Pour la direction de LR, vous êtes plutôt Éric Ciotti ou Bruno Retailleau ?

[NB : entretien paru avant la déclaration de candidature de Bruno Retailleau] J’espère que Bruno Retailleau sera candidat, car il peut apporter beaucoup. La refondation qui nous attend est d’abord un travail de reconstruction intellectuelle, sur les idées et les solutions que nous voulons pour l’avenir. Nos propositions en restent bien souvent à la répétition de ce qui a fait la recette du succès en 2007. J’ai beaucoup d’estime pour Éric Ciotti et le courage avec lequel il porte depuis toujours les questions régaliennes, qui sont si nécessaires ; je suis sûr que cette élection sera l’occasion d’une discussion utile, non d’une bataille d’ego.

Et vous, avez-vous songé à postuler ?

Oui, je me suis posé la question ; mais si Bruno Retailleau confirme sa candidature [NB: c’est désormais le cas], il a toutes les qualités nécessaires, et plus que cela, pour permettre à notre famille politique d’écrire à nouveau de belles pages de l’histoire de notre pays. Il peut susciter une dynamique collective, il le montre chaque jour au Sénat. Et c’est un bosseur, quand le défi qui attend notre parti n’est pas seulement de renouveler sa ligne et ses visages, mais de se remettre au travail. La droite passe son temps à parler de la valeur travail, il serait bon qu’elle s’y mette ! Nous devons retrouver le professionnalisme indispensable pour gagner.

La droite passe son temps à parler de la valeur travail, il serait bon qu’elle s’y mette ! Nous devons retrouver le professionnalisme indispensable pour gagner.

Vous avez porté les couleurs de LR aux européennes de 2019. Retenter l’aventure en 2024, ça vous tente ?

Ce qui compte pour moi, c’est d’être au service des idées autour desquelles il faudra réunir les Français. Je suis convaincu que la droite n’a aucune chance de remporter la présidentielle en 2027 si on ne commence pas par faire un vrai score aux européennes de 2024. L’alternance commence dans deux ans. Ce sera la grande élection de la recomposition, et un scrutin fondamental pour l’Europe ; et j’y engagerai toute mon énergie. Est-ce que ce sera comme tête de liste ? Je me sens beaucoup mieux préparé qu’en 2019, bien sûr. Je travaille d’arrache-pied au Parlement européen depuis plus de trois ans maintenant, et cela m’a permis de vérifier et d’approfondir beaucoup des intuitions que nous avions défendues dans notre campagne.

Certains mettent en avant votre score de 8,5 % pour contester cette hypothèse.

Je rappelle que LR était crédité de 6 % des intentions de vote au moment où j’ai été investi. La déception du résultat final est à la mesure de l’espoir que la campagne avait suscité. J’ai toujours assumé ma responsabilité comme tête de liste dans cette élection ; mais si je l’ai fait, c’est sans doute précisément parce que cette responsabilité était difficile à prendre…

Laurent Wauquiez a renoncé à briguer le parti pour se concentrer sur 2027. Faut-il désigner sans attendre votre champion pour l’Élysée pour l’installer dans l’opinion ?

Il y a une obsession française pour la présidentielle. L’année qui vient sera très difficile et éprouvante pour les Français : ce n’est pas le moment de donner le sentiment qu’on se préoccupe déjà de répartir les postes pour la prochaine présidentielle… Laurent Wauquiez a choisi un autre chemin pour la période qui s’ouvre, et je respecte profondément ce choix ; personne, parmi les postulants à la présidence du parti, n’imagine qu’il ne soit pas un candidat potentiel très important pour 2027.

Virginie Calmels estime qu’on veut l’empêcher de postuler car la Haute autorité du parti lui reproche d’avoir réadhéré trop tardivement. Vous coupez les cheveux en quatre, non ?

Je comprends bien sûr sa déception, mais le calendrier était clair. C’est difficile de commencer une compétition en expliquant que les règles du jeu sont un complot contre ceux qui veulent y participer.

Macron a-t-il encore les moyens de réformer le pays ?

Il dispose d’une majorité relative qui lui permet malgré tout d’avancer, charge à lui d’organiser la discussion. Si ce quinquennat est un quinquennat pour rien, ce sera sa responsabilité… Prenez la loi sur l’immigration : si elle a été reportée aux calendes grecques, ce n’est pas du fait de l’opposition, mais parce qu’il l’a lui-même décidé, à cause des contradictions de sa propre majorité…

Votre parti doit-il voter le budget pour éviter un blocage des institutions ?

Le vote du budget, dans un conseil municipal comme au sommet de l’État, signifie la participation à une majorité. Voter le budget, c’est assumer les orientations politiques qu’il implique. Nous avons suffisamment dénoncé les choix budgétaires incohérents et irresponsables de ce gouvernement pour nous retrouver à le soutenir aujourd’hui – au moment où nous allons en subir le plus durement les conséquences.

Que vous inspire la sortie du président sur « la fin de l’abondance » ?

Cette formule est très frappante, mais elle en dit plus sur Emmanuel Macron que sur la réalité… Qui a cru à l’abondance, sinon lui ? Dans mon livre Demeure (NDLR : 2018, Grasset), j’expliquais que le principe politique premier n’est pas, comme le dit Adam Smith, leur richesse des nations, mais leur pauvreté. Le fait majeur qui structure la géopolitique et les débats internationaux, c’est la rareté, le fait que les ressources ne sont pas infinies. Quand Emmanuel Macron nous dit qu’on ne pourra plus trouver d’argent gratuit sur les marchés, qui d’autre que lui avait imaginé que cela durerait éternellement ? Sa formule sur l’abondance explique beaucoup des erreurs du quinquennat passé. Le problème est qu’entre temps, cette naïveté nous a placés dans une situation de grande vulnérabilité.

La majorité débat de la régulation des jets privés, c’est à la hauteur de l’enjeu ?

Sur le sujet environnemental, nos débats sont tellement éloignés de l’ordre de grandeur du problème… Passer du temps sur ce sujet, c’est une façon de parler au ressentiment des Français, comme dirait Nietzsche. Que LFI joue à ce jeu, c’est normal, c’est son fonds de commerce ; mais que le ministre des Transports s’y mette est plus préoccupant. Les enjeux environnementaux sont des enjeux globaux. La totalité du secteur aérien français pollue autant qu’une centrale à charbon en Allemagne. Le sujet n’est pas d’interdire les jets privés dans notre petit hexagone, mais d’arriver à ce que la France retrouve sa place en Europe et l’Europe dans le monde pour imposer une décarbonation mondiale. Ma plus grande fierté, c’est qu’on ait abouti au Parlement européen sur la taxe carbone à l’entrée du marché unique : ce sera un levier majeur pour rompre avec la mondialisation dérégulée qui nous a conduits à la crise environnementale.

Le ministère de l’Education est passé de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye, dont les lignes politiques sont radicalement différentes. Ça vous heurte ?

Voilà l’essence du macronisme : dans le monde d’avant, on appelait cela des contradictions ; maintenant on parle de « en même temps ». De telles incohérences témoignent pourtant d’une inquiétante absence de cap. Pap Ndiaye a parfaitement le droit de défendre ses convictions, mais il est stupéfiant qu’Emmanuel Macron en fasse un ministre de l’Éducation nationale : il défend une ligne obsédée par les quotas, au motif que la France serait « structurellement raciste », alors que le seul chemin pour intégrer et faire grandir tous les élèves, c’est de transmettre de nouveau la culture française à chacun, quelle que soit son milieu social. Là encore, Emmanuel Macron impose à ses électeurs le contraire de ce qu’ils attendent…

En tant qu’enseignant, que pensez-vous de la possibilité annoncée de former des professeurs en mode express ?

Je ne sais pas si les Français se rendent compte de l’ampleur de l’effondrement de notre système éducatif. Mon premier engagement public a été d’écrire Les déshérités (NDLR : Plon, 2014) pour alerter sur cette faillite collective, et ses conséquences. La crise était là, mais le système parvenait encore à sauver les apparences. Même les fictions s’écroulent désormais. La crise des vocations enseignantes est le symptôme le plus clair de cet effondrement. Le recrutement des contractuels était une solution d’appoint, c’est devenu un processus de recrutement à part entière. La communication ministérielle revient à expliquer aux Français qu’on va confier leurs enfants à des gens recrutés avec une demi-heure de « job-dating » – comme dans mon académie de Versailles – et quelques heures de formation. Pour les professeurs qui ont étudié cinq ou six ans avant de passer des concours et de suivre un an de formation, le signal est vertigineux ! Quand Pap Ndiaye assure qu’il y aura un professeur devant chaque élève à la rentrée, c’est un mensonge. Dans le meilleur des cas, il y aura un adulte…