Archive d’étiquettes pour : éducation et transmission

L’enseignement de l’histoire, suite

A la suite de la publication du dernier numéro du Figaro Histoire que j’évoquais ici, Michel Field a consacré la dernière édition de son émission Historiquement Show à la question de l’enseignement si débattu de cette discipline. Le dossier auquel j’ai contribué a en effet contribué à remettre en scène cette question une nouvelle fois : la discussion s’est prolongée sur différents sites internet, et dans les colonnes de Libération.

Cette émission me permet donc de revenir sur le sujet, avec Stéphane Courtois, Dimitri Casali et Sylvain Boulouque. 

.

.

Pourquoi enseigner l’histoire ?

.

Dans le dernier dossier du Figaro Histoire, qui se penche sur « l’Histoire à l’école », je reviens dans un long article sur deux siècles de ruptures pédagogiques qui ont marqué cet enseignement essentiel.

Parmi plusieurs articles très fouillés, j’espère que ce modeste travail pourra contribuer à une nouvelle approche d’une question qui me paraît plus urgente que jamais. Alors que notre société est traversée de tensions de plus en plus vives, et sans cesse ramenée à la tentation du communautarisme, l’histoire est plus que jamais d’actualité : son enseignement dans le cadre scolaire devrait contribuer à la faire connaître et partager, et par là à recréer ce lien que l’école a su autrefois susciter entre des générations pourtant divisées comme jamais.

Il ne s’agit pas d’entretenir pour cela des légendes artificielles ou des nostalgies inutiles, mais d’offrir à tous une connaissance authentique de l’histoire, qui puisse rassembler comme seule le permet la recherche honnête de la vérité. C’est seulement en revenant à ce souci de vérité dans l’enseignement que nous pourrons, comme le souhaitait Vincent Peillon, « reconstruire du commun entre tous les enfants de France ».

Quand certains se plaisent à diviser inutilement par la provocation et la caricature, il devient d’autant plus nécessaire de réfléchir ensemble à la façon de mieux transmettre les moyens de la connaissance, et le sentiment de l’unité.

.

« Il n’y a pas d’autre pays au monde où l’enseignement de l’histoire soit une question d’Etat. » Antoine Prost décrivait ainsi, en 1984, la fièvre singulière des débats qui, depuis les premiers développements de l’institution scolaire, entourent la transmission de la mémoire. Pourquoi enseigner l’histoire ? En France, cette simple interrogation est une question d’Etat, parce que c’est l’unité de l’Etat qui s’y joue : « Depuis la Révolution, nous sommes un peuple divisé en une droite et une gauche, qui se sont affrontées de façon presque permanente. » Prise dans les clivages politiques qu’elle devrait surmonter, nécessairement captive des conflits idéologiques et mémoriels qui marquent la construction de la France, la pédagogie de l’histoire est à la fois champ de bataille par excellence et clé d’une unité rêvée. « Son importance pour la nation vient des divisions mêmes de celle-ci », conclut Prost.

.

On ne s’étonnera donc pas de trouver, dans plus d’un siècle de théories, de manuels, d’instructions et de réformes, la trace de ruptures nombreuses et profondes. Si l’enseignement de l’histoire n’est jamais neutre, faire l’histoire de cet enseignement est, à plus forte raison, une gageure. Cette histoire seconde est néanmoins une nécessité absolue : nécessité didactique, car la pédagogie ne saurait ignorer les projets implicites qui la fondent. Nécessité politique aussi, car c’est aux Français qu’il appartient de déterminer ce qu’ils attendent de l’enseignement de leur histoire à leurs enfants : le débat, dans cette discipline moins que dans toute autre, ne saurait être confisqué par des experts ou des techniciens. (…)

.

Le Figaro Histoire,  numéro d’octobre-novembre

Le fragile miracle des mots

..

Quelques mots sur la parole, à l’occasion de la remise du Grand Prix de la Fondation pour l’Ecole, le 20 juin, à Paris. Ce prix est remis chaque année à des élèves de primaire et de collège après un concours de rédaction sur des sujets d’invention.

.

(…) Si nous sommes là ce matin, c’est parce que vous avez écrit des histoires, et que nous les avons lues. En écrivant, vous avez ouvert les mêmes sentiers imaginaires à tous ceux qui ont lu et liront vos récits ; et vous avez ainsi ouvert la voie d’aventures sans cesse renouvelées.

Cette expérience partagée est à elle seule un miracle : le miracle de la langue, qui repose sur la force singulière des mots.

Chers élèves, voici l’expérience que vous avez faite – cette expérience qui nous réunit maintenant : vous avez éprouvé la puissance des mots.

Qu’est-ce qu’un mot ? C’est, comme un objet matériel, quelque chose que nous percevons, par le regard ou par l’écoute. Nous voyons les lettres danser sous nos yeux au milieu de la profusion des choses visibles ; nous entendons les syllabes, les consonnes, les voyelles, qui, parmi d’autres bruits, chantent à nos oreilles.

Mais le mot n’est pas n’importe quel son, et nous ne le voyons pas comme n’importe quel autre objet. S’il possède une puissance singulière, c’est parce que cette chose que nous pouvons voir ou entendre a un sens. Voilà la clef du miracle.

Ecoutez : si je vous dis le mot « école », chers amis, je suis certain qu’il suffit de ces deux syllabes, de ces cinq lettres, pour que bien des images vous viennent à l’esprit – des souvenirs, des attachements, et peut-être des préoccupations ou des projets. Je suis sûr qu’il suffit de ce mot pour que nos pensées se rejoignent.

Les mots ont un sens ; voilà tout le miracle de la langue. C’est grâce à lui que nous avons suivi, captivés, les aventures que vous nous avez racontées. Voilà ce qui vous a donné de communiquer le fruit de votre imagination, et ce qui nous a permis de la partager.

Parce qu’il a un sens, le mot est seul capable de nous relier les uns aux autres. Parce qu’elle a un sens, la parole permet d’échanger des idées, de les produire et de les approfondir ; elle peut réunir les hommes et additionner leurs énergies. Elle forge des amitiés, suscite des choix, sauve des vies – ou en détruit. Un mot, un simple oui, peut vous engager pour toute votre existence. Un mot suffit à déclarer la guerre, ou à faire la paix ; un mot peut bâtir des cités entières. Sans ce miracle des mots, il n’y aurait pas de communauté humaine, et nous serions condamnés au silence de la solitude.

Mais voilà, ce miracle est une merveille fragile. Chers élèves, vous qui avez la chance de passer vos journées à découvrir le sens des mots, il faut que vous sachiez cette chose terrible : les mots peuvent perdre leur sens.

Vous l’imaginez, c’est la plus grande catastrophe qui puisse se produire. Que se passerait-il si les mots n’avaient plus aucun sens ? Comment pourrions-nous nous comprendre, comment pourrions-nous nous parler ? Nous serions comme des étrangers les uns pour les autres, incapables de nous rejoindre dans un véritable dialogue. Les mots n’auraient plus aucun effet : il nous serait impossible de nous entendre, de nous exprimer – impossible de nous réunir, et de nous aimer !

Cette expérience, vous l’avez peut-être déjà vécue… Lorsque quelqu’un vous a menti, ou qu’un autre parle à tort ou à travers, la catastrophe ne manque pas de se produire en effet : les mots perdent leur sens. Nous n’arrivons pas à les croire ;  ils ne veulent plus rien dire pour nous. Même le meilleur ami, si sa parole ne signifie rien, ne peut plus nous parler. Même le plus proche nous devient étranger.

Chers amis, nous en avons fait une fois de plus la douloureuse expérience dans les derniers mois : la parole la plus nécessaire à notre société, qui est la parole politique, a été vidée de son sens par ceux à qui elle avait été confiée. Et lorsque nous avons eu besoin d’elle, au moment de faire les choix qui engagent notre pays, nous avons eu le sentiment de ne plus pouvoir nous parler, parce que les mots de la parole publique ne signifient plus rien pour bon nombre d’entre nous. Or, notre cité est construite sur la langue ; vivre en cité, nous dit Aristote, c’est d’abord partager un même logos, un discours raisonné, par lequel une communauté de destin s’accomplit dans l’exercice du discernement partagé. Parler ensemble du bien et du mal, des buts que nous voulons poursuivre, c’est là l’essence même de l’expérience politique. Et lorsque cesse ce dialogue de raison, la politique cède la place à la violence. Lorsque les mots n’ont plus de sens, ils ne servent plus qu’à l’insulte, à l’invective, à la caricature, à tout ce qui clôt la communication qu’un langage commun devrait ouvrir. Lorsque les mots n’ont plus de sens, la cité se dissout, et s’annonce la barbarie. Vous savez sans doute, chers élèves, d’où vient le mot de barbare : les Grecs l’ont forgé en imitant les sons inarticulés qui sortent de la bouche d’un peuple qui ne partage pas le sens des mots, qui ne possède pas le logos. Lorsque nous ne pouvons plus parler, il ne nous reste que l’expression brutale de la force.

Vous l’avez compris, chers élèves : les mots sont notre trésor, et c’est un trésor fragile. Vous avez reçu, dans vos familles, dans vos écoles, le sens de ces mots que vous employez chaque jour, et de ceux que vous découvrez encore. Vous avez fait la belle expérience du miracle de la langue, en écrivant ces récits que nous partageons ; et c’est ce miracle qui nous rassemble encore ce matin. Vous voilà donc responsables du miracle de la langue : c’est à vous de le sauver. C’est à vous de le continuer.

Si vous voulez que les mots gardent leur sens, si vous refusez d’être condamnés à vous exprimer par la force – ce qui revient à ne plus s’exprimer du tout, alors cela suppose de faire des choix.

Cela suppose de respecter les mots, de ne jamais les travestir ou les galvauder, de ne pas employer légèrement les mots les plus forts et les plus importants.

Cela suppose d’aimer les mots : ne cédons jamais à la tentation de la laideur dans l’expression, de la banalité du « gros mot » ! Le défi enthousiasmant que nous avons à relever doit nous entraîner à travailler pour mieux connaître et faire connaître l’infinie beauté de notre langue. Aimer les mots, c’est lire, dire, écrire, écouter la littérature. C’est apprendre par coeur la poésie, qui fait entrer par le coeur la matière même, la musique, la chair des mots – qui nous fait comprendre la rencontre de nos sens et de leur sens.

Cela suppose, enfin, de protéger le sens des mots, lorsque nous les employons : de ne pas parler pour ne rien dire, et de ne rien dire que nous ne pensions vraiment, ou que nous ne voulions vivre.

Chers amis, nous sommes les dépositaires émerveillés d’un grand miracle : le sens des mots est un trésor fragile, ténu, que la longue histoire de notre langue a mis des siècles à sécréter. En suivant l’exemple que vous nous avez donné aujourd’hui, par la vivacité et la jeunesse de vos belles plumes, nous voulons continuer à faire rayonner ensemble ce trésor : explorer la beauté de la langue, et permettre à nos contemporains d’en être touchés, voilà le seul moyen de sauver les mots.

.

L’enjeu social de la culture

Enjeu social de la culture

A la suite de la note publiée sur ce blog la semaine dernière, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles m’a proposé d’écrire une tribune sur cette question de la place de la culture générale, et la publie dans son édition d’aujourd’hui, sous le même titre. Vous en retrouverez le texte intégral sur le site de la revue.

Notre système d’enseignement est de plus en plus inégalitaire :

Toutes les études internationales le confirment. Symboles de cette injustice, les grandes écoles ne reçoivent plus qu’une infime minorité d’élèves issus de milieux défavorisés. Alors Ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse avait demandé à ces institutions de supprimer de leurs concours d’entrée l’épreuve « la plus discriminatoire« , la culture générale, présentée comme l’obstacle majeur pour ces jeunes. « Ne plus évaluer un élève sur son savoir, mais sur son intelligence et sur son parcours » : tel était le leitmotiv, que Sciences Po reprend aujourd’hui à son compte. […]

L’objectif est évidemment louable : il est absolument révoltant que, dans notre pays, un jeune n’ait pas les mêmes chances de succès selon l’endroit où il est né. Mais le remède envisagé ne pourra qu’aggraver le mal. La décision de Sciences Po est le symptôme d’une conception du savoir qui est, en fait, l’origine même du problème. […]

La culture n’est en fait qu’un accessoire mondain ; elle est le coupable privilège des « héritiers« , ceux que leur environnement familial a préparés à devenir la prochaine génération de l’élite au pouvoir. C’est la deuxième étape de la dénonciation, celle du sociologue français Pierre Bourdieu, qui aura tant marqué la vision contemporaine de l’éducation – au point que Valérie Pécresse, jetant l’anathème sur la culture, reprenait ce propos marxiste.

L’intelligence sans culture n’est rien :

Quand la ministre a pris cette position, je faisais mes premiers pas d’enseignant dans une zone urbaine sensible. Comme beaucoup de professeurs, je partais chaque jour vers ces jeunes porté par la certitude que j’avais quelque chose de précieux à leur transmettre, qui pouvait les aider à construire leur existence. Nous avons tous fait l’expérience que notre intelligence s’agrandit, que notre personnalité s’épanouit au contact de la culture. Dès lors, que peut bien signifier cette idée absurde, « mesurer l’intelligence et non le savoir » ? L’intelligence sans culture n’est rien. […]

L’enjeu social de la culture :

C’est en cela que l’on se trompe d’objectif : lutter pour l’égalité réelle ne peut passer que par la transmission de cette culture à tous les élèves, quels que soient leur milieu d’origine. Notre école est devenue l’une des plus inefficaces et des plus inégalitaires d’Europe depuis que ses responsables la considèrent comme un outil de discrimination. […] Faire reculer cette injustice, et préparer un avenir meilleur, suppose de transmettre aux jeunes la culture dont ils sont tous les légitimes héritiers, sans laquelle il n’est pas de regard libre ni authentiquement humain sur le monde.

.

Le droit de savoir

A l’heure où la France se distingue en ouvrant, sous la conduite d’Etalab, son premier portail d’accès aux données publiques, la transparence recule dans l’Education nationale. L’Association des Journalistes éducation (Ajé) a diffusé lundi un communiqué pour dénoncer la diminution des statistiques communiquées par le ministère. A titre d’exemple, les rapports de l’Inspection générale, qui portent sur la situation de l’enseignement en France, sont de moins en moins publiés. Pour 22 rapports diffusés en 2001, on n’en compte plus que deux en 2010 !

Les données ministérielles ne sont plus transmises qu’à des fins de communication. Depuis plusieurs années déjà, les rectorats imposent aux enseignants de ne plus rendre publics les résultats des évaluations annuelles, qui doivent vérifier l’acquis des connaissances de base. D’ailleurs, ce n’est plus la Direction de l’Evaluation (DEPP) qui conçoit les évaluations nationales de CE1 et de CM2 et interprète leurs résultats, mais la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), qui se trouve ainsi en position de s’auto-évaluer. Pédagogiquement très en vogue dans les classes, cette méthode n’est sans doute pas la plus rigoureuse pour une administration…

L’école n’est plus le lieu de la transmission du savoir

Les données qui nous sont proposées sont donc beaucoup moins complètes, et moins fiables. La raison en est simple. Par exemple, un rapport retraçant l’évolution de la lecture sur dix ans, retenu par le ministère, a été finalement diffusé par l’INSEE dans son « portrait social ». On y apprend que le niveau des élèves les plus faibles s’est encore nettement fragilisé : « Le pourcentage d’élèves en difficulté face à l’écrit a augmenté de manière significative, et près d’un élève sur cinq est aujourd’hui concerné en début de 6ème. » Cette réalité, qu’il s’agit de dissimuler, est confirmée par les études internationales de haut niveau autant que par l’expérience de beaucoup d’enseignants. Les citoyens, et les parents d’élèves en particulier, ont le droit de le savoir !

Pour ma part, je suis convaincu que ce phénomène est le résultat, non pas d’abord d’un problème de moyens (si ce n’est de moyens mal utilisés), mais d’un problème de méthodes liées à une vision générale de la mission de l’école. Aujourd’hui, il n’est plus du tout évident que l’école soit le lieu de la transmission d’un savoir. La culture, bagage encombrant, est perçue comme un poids inutile dont l’accès numérique au savoir universel pourrait finir par nous dispenser ; pire encore, elle est d’abord un moyen de sélection.

« La culture est discriminatoire. »

Un autre fait récent l’illustre bien : Richard Descoings, emblématique directeur de Sciences-Po Paris, a décidé de supprimer l’épreuve de culture générale du concours d’admission à l’IEP. La culture, explique-t-il, c’est ce qui permet aux élèves les plus favorisés de se distinguer aux concours. Et d’ailleurs, « qui peut prétendre en avoir une à l’âge de 17 ans ? » C’est vrai, ça, vos quinze années à l’école n’avaient quand même pas pour but de vous cultiver !

L’argument est fondé sur une idée simple : il s’agit de recruter des candidats pour ce qu’ils sont, par pour ce qu’ils savent. Inutile alors, le savoir et les efforts qu’il implique. Inutiles, l’histoire, la littérature, l’apprentissage des sciences, la mémoire, la lecture… Toutes ces connaissances superflues pourraient vous faire perdre de vue ce que vous êtes vraiment. On valorisera donc plutôt les expériences associatives ou militantes. Pour entrer à Sciences Po, lycéens, vous êtes prévenus : mieux vaut maintenant être engagé, impliqué, ou syndiqué, que cultivé.

La valeur de la culture

L’intention n’est pas mauvaise. Mais la culture est-elle seulement quelque chose qu’on « a » ou pas, que l’on possède ? Serions-nous ce que nous sommes sans la fréquentation du savoir ? Ce que nous avons appris nous a appris à être nous-mêmes – à être libres. Apprendre une langue, mémoriser des raisonnements scientifiques, connaître son histoire, c’est se découvrir soi-même, et construire son propre regard sur le monde (je reviendrai bientôt sur cette question décisive). Et c’est la raison pour laquelle l’école devrait se recentrer sur la transmission du savoir, que les élèves attendent tant en réalité.

C’est cette expérience qui donne sens à la vocation d’un professeur. J’ai voulu enseigner la philosophie parce que, à travers elle, des enseignants m’ont appris à devenir ce que je suis. Il n’y a rien de plus beau que de conduire ses élèves, par le chemin du savoir, à un regard plus libre sur leur propre vie. Dans une vie humaine, il n’y a pas de réussite, au sens large – celui de l’épanouissement personnel autant que de l’insertion sociale – sans ce chemin de la culture. C’est en cela que M. Descoings se trompe radicalement d’objectif dans sa lutte contre les injustices : l’école qui disqualifie la culture comme une discrimination est en fait la plus injuste de toutes. Et la nôtre est d’ailleurs de plus en plus inégalitaire, à mesure qu’elle renonce à transmettre. Le désir de justice sociale, autant que la préparation de notre avenir, nous imposent collectivement cette exigence : parce que la culture est du côté de l’être et non de l’avoir, tout enfant a le droit de savoir.