Archive d’étiquettes pour : islam

Pourquoi je dépose plainte aujourd’hui contre Rima Hassan.

Profondément attaché à la liberté d’expression, au pluralisme démocratique, au débat d’idées, je n’ai jamais voulu céder à la judiciarisation de la vie publique. Je suis aujourd’hui pourtant contraint de déposer plainte.

Parce que j’assume d’avoir fait obstacle à son élection comme vice-présidente de la Commission des droits de l’homme du Parlement européen, Mme Rima Hassan, élue sur la liste de LFI, a publié hier, mercredi 24 juillet sur le réseau social X (ex-Twitter), un message qui me vise directement, en des termes qu’il est impossible de ne pas comprendre comme des menaces physiques directes. En réponse à une série de messages où elle mêlait injures et intimidations, je lui avais proposé publiquement un débat, dans le média et au moment qu’elle souhaiterait ; elle répond donc en me désignant nommément à la vindicte des milieux islamistes, dont elle a à plusieurs reprises légitimé les actions violentes.

La menace, envers tout citoyen comme envers un élu, ne peut être tolérée dans une société démocratique ; considérant l’écho qu’elle a reçu, le fait qu’elle semble prise au sérieux, et avec le soutien de nombreux collègues parlementaires, j’ai décidé de demander à mon avocat Maître Thibault de Montbrial de déposer plainte entre les mains de Madame la Procureure de la République de Paris.

Je saisis cette occasion pour dire combien j’espère que, au-delà de la diversité de nos engagements politiques, nous saurons tous partager, pour l’avenir de notre démocratie, la ferme volonté de défendre les principes qui la fondent : l’attachement à la liberté, l’exigence du respect, le goût de la discussion, et le refus absolu de la violence.

François-Xavier Bellamy

« Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements. » – Grand entretien dans le Figaro

Photo : François Bouchon / Le Figaro

Grand entretien publié dans Le Figaro, propos recueillis par Emmanuel Galiero et Claire Conruyt.


Télécharger l’entretien

LE FIGARO .- A cinq jours du scrutin, qu’avez-vous envie de dire aux électeurs ?

FRANCOIS-XAVIER BELLAMY — Je veux leur dire : malgré toutes les épreuves que traverse le pays, nous avons bien des raisons d’espérer. Les Français que j’ai rencontrés, pendant ces mois de campagne et ces années de ce mandat, ont un courage, une énergie, une volonté qui forcent l’admiration. Et il y a une relève à droite qui a la détermination nécessaire pour relever le pays. Pour le défendre en Europe d’abord : dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise. Le duel Macron / Le Pen a vécu sur la défiance suscitée par les vieux partis de gouvernement. Je comprends les déceptions passées ; mais l’élection du 9 juin est l’occasion de tourner une page. Je ne me suis pas engagé pour refaire l’histoire, mais pour écrire l’avenir d’une droite renouvelée, sérieuse, cohérente. Votre vote peut donner l’élan dont nous avons besoin pour reconstruire.

Dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise.

N’est-ce pas une mission impossible de faire campagne pour un parti LR fortement affaibli par la dernière présidentielle (4,78%) dans un contexte où beaucoup d’électeurs de droite semblent toujours méfiant à l’égard de votre famille politique ?

Aucune mission n’est impossible quand l’avenir en dépend. En m’engageant dans cette campagne, je savais parfaitement que je ne faisais pas le choix du confort, du calcul ou de l’opportunisme. Certains changent de camp pour l’intérêt de leur carrière. Pour ma part je n’ai sans doute pas fait le choix de la facilité, mais le choix dont le pays a besoin : celui de la clarté et de la cohérence. Bien sûr, je mesure la difficulté. Mais je mesure surtout l’attente. Le rôle que nous devons assumer, personne d’autre ne le remplira. Si l’on en croit les sondages, je vois qu’un électorat de gauche veut faire de cette élection l’occasion de reconstruire une proposition socialiste, alors qu’elle paraissait définitivement disqualifiée. Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison. C’est le moment de refonder cette famille politique qui peut seule répondre aux aspirations du pays.

Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison.

Quels événements les plus marquants de cette campagne retiendrez-vous ?

La campagne a commencé avec le mouvement de révolte des agriculteurs. Leur colère, je l’ai exprimée depuis cinq ans au parlement européen. Ils subissent comme tous les Français les conséquences des choix politiques aberrants qui minent notre pays. Cette révolte, je l’ai entendue si souvent : artisans, commerçants, chefs d’entreprises, professionnels de santé, enseignants, policiers et gendarmes… C’est partout le même sentiment d’asphyxie auquel semble condamné tout un peuple qui travaille dur et qui n’arrive plus à s’en sortir. Des Français qui vivent en permanence sous la pression des contraintes, des contrôles, des charges, des normes et qui disent simplement : laissez-nous travailler ! Laissez-nous faire, laissez-nous vivre. Céline Imart, deuxième de notre liste, a fait partie de ces agriculteurs qui ont crié qu’ »on marche sur la tête » ; les Français refusent de se résigner. Nous aurons été les seuls dans cette campagne à dire cette exigence de liberté, que je crois être la première condition pour sortir du déclin.

Quels adversaires jugez-vous les plus redoutables dans cette bataille ?

Mon adversaire le plus redoutable, c’est la mise en scène une nouvelle fois imposée aux Français pour leur voler cette élection, avec l’idée absurde que le débat opposerait populistes et progressistes. Ce théâtre d’ombres n’a pas d’autre but que de cacher le vrai enjeu de ce scrutin. Au parlement européen, le clivage oppose les deux forces politiques majeures que sont les socialistes et la droite, le PPE, auquel nous appartenons. Le vrai sujet est de savoir si nous parviendrons à sortir enfin de la majorité de gauche, à laquelle les élus macronistes et les écologistes ont participé pendant cinq ans. La France ne peut pas être condamnée à vivre ce perpétuel deuxième tour de l’élection présidentielle, dont la seule fonction est d’exonérer le macronisme de son bilan.

Que répondez-vous à Emmanuel Macron quand il soutient que ceux qui lui ont imposé le RN comme adversaire sont les Français ?

C’est faux. Les enquêtes d’opinion le montrent aujourd’hui : moins de la moitié des Français se reconnaît dans le débat entre le RN et lui. Nous ne sommes pas dupes de ce duo, dont les deux partenaires s’aident l’un l’autre à écraser le débat. Les Français ne sont pas dupes non plus. Je le vois au nombre de ceux, de tous bords, qui me remercient d’avoir exprimé ce qu’ils ressentaient après le débat entre M. Attal et M. Bardella. Si cette réaction a eu autant d’écho, c’est peut-être que j’ai été ce jour-là le porte-voix d’une France qui refuse de se laisser imposer cette fausse alternative.

Quelles sont les principales différences avec votre campagne de 2019 ?

La principale différence, c’est que maintenant tout le monde doit assumer son bilan. En 2019, beaucoup pouvaient croire encore qu’Emmanuel Macron allait réformer le pays, pour éviter le déclin. Mais force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays dans la spirale de la dette, de l’impôt, de l’appauvrissement économique et du dérapage budgétaire. Quant au RN, lui aussi a un bilan : on ne peut pas faire comme si le parti de Marine Le Pen était en apesanteur. Il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ? Avec trois fois plus d’élus que nous, il n’aura pas changé une virgule dans un seul texte européen. Les élus du RN n’ont ni gagné, ni même mené une seule bataille pour la France en Europe.

Dans ce cas, pourquoi le RN bat-il tous les records dans les sondages à la veille du scrutin ?

En mettant en scène ce duel, Emmanuel Macron a offert au RN les détresses du pays. C’est un mensonge : la France qui peine à joindre les deux bouts n’est pas représentée par un parti qui refuse de revaloriser le travail, de réformer le RSA, de rééquilibrer les retraites, et qui refuse lui-même de travailler ! Car en Europe, le RN est l’opposition fantôme qui arrange ce président. Il sait que nous sommes le vrai contre-pouvoir qui pèsera demain, au sein du PPE, pour empêcher de nouvelles étapes de sa fuite en avant – la création de dette et d’impôts européens, qu’il a proposés dans son dernier discours de la Sorbonne.

Force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays. Quant au RN, il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ?

Certaines de vos interventions, contre les blocages de Sciences Po ou contre le débat Attal/Bardella, ont été perçues comme des réussites. Pourquoi n’ont-elles pas eu d’impact sur les sondages qui n’ont cessé d’estimer votre score entre 7% et 8% ?

Seul le vote du 9 juin comptera. Ce que je sais, c’est que partout en France, le regard des Français a changé avec cette campagne. Beaucoup m’ont dit qu’elle leur avait redonné de l’intérêt, de l’envie, de la fierté. Face à l’extrême-gauche, à la montée de l’antisémitisme, au relativisme qui menace notre débat démocratique, nous avons montré qu’il ne fallait rien céder. Une campagne sert aussi à cela.

Votre parti oscille entre une coalition avec le macronisme et une droite plus radicale incarnée par le RN et Reconquête. L’identité de LR ne s’est-elle pas diluée depuis l’élection d’Emmanuel Macron ?

Non, la droite n’oscille pas. Ces rumeurs ne se fondent sur rien et n’ont pour but que de nous déstabiliser dans ces derniers jours de campagne. Il y a sept ans qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée : tous ceux qui sont engagés chez LR auraient eu cinquante occasions de basculer du côté du pouvoir. Les opportunistes sont partis ; ceux qui restent ont tenu bon, parce qu’ils savent que notre devoir est d’incarner une alternative. Le débat a été tranché : nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes, premiers alliés de la gauche pour fragiliser nos frontières, saborder le nucléaire, organiser la décroissance agricole ou la dérive budgétaire, et même fermer les yeux sur l’entrisme islamiste qui menace nos institutions… Pendant ce temps, le RN était aux abonnés absents. Ceux qui veulent le statu quo peuvent voter pour ce duo. Moi, je veux le changement de cap.

Nicolas Sarkozy ne souhaite pas dévoiler quel sera son choix pour cette élection mais il a exprimé « beaucoup de sympathie » à votre égard. Recevez-vous ces mots comme un soutien ?

Je suis heureux si la campagne que je mène lui inspire de la sympathie. Je respecte le choix d’un ancien président qui ne souhaite pas rentrer sur le terrain électoral. Je comprends aussi nos différences de point de vue, puisque Nicolas Sarkozy continue de défendre la perspective d’une coalition avec le pouvoir, en laquelle je n’ai jamais cru.

Nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes

Que dites-vous aux LR qui considèrent que vous n’avez pas été suffisamment soutenu par votre famille politique dans ce combat ?

Au contraire, cette campagne a été un moment d’unité pour la droite. En 2019, mon arrivée avait suscité quelques expressions de dissension ou d’incertitude. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, après cinq années de travail partout en France. Dans ce combat, j’ai eu la chance de compter sur la confiance et le soutien d’Eric Ciotti, de nos parlementaires, mais aussi de milliers de maires, d’élus qui pour certains ont choisi de revenir à cette occasion vers notre famille politique.

Dans quelle mesure le niveau de votre résultat dimanche sera-t-il déterminant pour l’avenir de LR ? Que ferez-vous après, si le score est décevant ?

On ne mène pas la bataille en se demandant ce qui arrive si on la perd. Si nous parvenons à retrouver les voix qui nous manquent pour reprendre notre élan, nous changerons l’histoire des années qui viennent. Pas celle d’un parti, mais celle du pays.

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre.

Les Républicains devront-ils opérer un acte de rupture avec tout ce que la droite a été, une fois le 9 juin prochain passé ? Une sorte de « nouveau départ »…

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre. Après avoir changé de pied en trois jours sur la Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen m’a reproché la position de la droite sur les accords de Nouméa : quand ils ont été signés, j’avais douze ans… Je ne me sens ni juge, ni comptable du bilan. Le passé est fait de succès comme de déceptions. Avec quelques années d’engagement, je ne crois pas que mon devoir soit de distribuer les bons ou les mauvais points, mais de regarder lucidement cet héritage pour pouvoir reconstruire. Ce nouveau départ, je veux m’y consacrer. Il est la condition pour le relèvement du pays. Et pour le mener à bien, nous n’avons besoin que du soutien de tous les Français qui aspirent à voir se relever un mouvement politique clair sur ses valeurs et exigeant dans son action. Je veux leur dire : vous me connaissez, vous savez que je n’ai jamais varié. Si vous voulez reconstruire, c’est maintenant que cela se joue.

Lors de votre dernière scène à l’Olympia, vous citiez Platon : « les philosophes perdent toujours les élections… »

Platon croit qu’il faut mentir pour arriver au pouvoir car la foule est trop folle pour entendre la sagesse. Je pense le contraire. Aristote affirme que « tout homme, par nature, désire savoir ». Et puisque l’esprit humain est tourné vers la quête du vrai et du juste, que l’on peut parier qu’à la fin, la vérité finit par l’emporter. C’est le pari que je veux faire.

Et à ceux qui vous diront que c’est un pari fou ?

Je réponds qu’il n’y en a pas d’autre. La mission essentielle de l’Europe, c’est de montrer que la liberté est le seul choix qui soit à la fois fidèle à la dignité humaine et en même temps, efficace sur le long terme. Nous sommes face à des modèles autoritaires, voire totalitaires, comme la Chine, ou l’islamisme international. Comme dans les années 30, certains sont tentés de croire que l’efficacité est du côté de la centralisation autoritaire, de la suppression des droits de la personne, de la conscience. Notre défi est de montrer, une nouvelle fois dans notre histoire, que seule la liberté peut faire vivre une société.

PARTAGER SUR WHATSAPP

Lire aussi : Élections européennes : réponses à sept questions si souvent posées

Financement des ONG : seuls contre la gauche et les macronistes, nous luttons pour la transparence

Beaucoup d’ONG exercent une influence majeure sur les institutions européennes. Pour empêcher le risque d’ingérences, montré clairement par le Qatargate, nous avons proposé de renforcer la transparence de leur financement. Pourquoi la gauche et les macronistes s’y opposent-ils ?


« Ouvrez des livres d’histoire, et non Tik Tok. »


En Europe, les amis du Hamas arrachent les affiches qui portent leurs noms…

En Europe, les amis du Hamas arrachent les affiches qui portent leurs noms : Liran Berman est le grand frère des jumeaux Gali et Ziv Berman, Yonatan et Ido Lulu-Shamriz sont les frères d’Alon Lulu-Shamriz, Yamit Ashkenazi est la sœur de Doron Ashkenazi.

Gali et Ziv Berman, Alon Lulu-Shamriz et Doron Ashkenazi, parmi les 137 Israéliens otages de la terreur islamiste depuis le 7 octobre, ont été kidnappés le 7 octobre 2023 à Kfar Aza par le Hamas. Ils ont parcouru plusieurs pays début décembre 2023 pour maintenir le niveau d’alerte le plus haut afin que tout soit fait pour la libération de leurs frères et sœurs.

François-Xavier Bellamy les a reçus au Parlement européen, avec David Lega, député du PPE membre de la commission des affaires étrangères, afin de contribuer à cette sensibilisation. Écoutez leur récit.


(extrait-phare, en anglais avec sous-titres français)

(en anglais)


Combattre la racine idéologique du terrorisme islamiste

entrisme
Extrait de l’émission « La Faute à l’Europe ? » du 22 novembre 2023
« Je crois que le plus important aujourd’hui est de combattre la racine idéologique du terrorisme. De ce point de vue-là je partage votre analyse ; j’aurais juste un point de désaccord sur le fait que tout le monde s’est compromis avec ça. Ce n’est pas le cas : au Parlement européen, depuis le début du mandat, nous combattons, en particulier le PPE et ma délégation, sous le regard ironique de beaucoup de commentateurs, et devant l’opposition massive d’une grande partie de la gauche et des libéraux… Nous combattons cette collusion scandaleuse, qui fait qu’en plein milieu de la révolte iranienne, alors que des femmes étaient en train de mourir pour avoir décidé qu’elles ne voulaient plus porter le hijab, la Commission européenne finançait les campagnes du Conseil de l’Europe qui disaient : « la joie est dans le hijab, la liberté est dans le hijab ». Il ne faut pas l’oublier. »
La Commission européenne se trouve en réalité noyautée, comme le Parlement, par des associations qui, au nom de la diversité, de l’inclusion et de la promotion de la différence, sont en réalité les vecteurs du frérisme.
« C’est important, d’abord parce que le message est révoltant : dire que « la liberté dans le hijab » est absolument stupéfiant. Mais aussi parce que c’est le résultat de ce travail d’entrisme, extrêmement bien organisé, montré notamment par Florence Bergeaud-Blackler et d’autres chercheurs, qui comme elle ont travaillé d’un point de vue universitaire sur ces stratégies d’entrisme, qui a fait qu’aujourd’hui la Commission européenne se trouve en réalité noyautée, comme le Parlement, par des associations qui, au nom de la diversité, de l’inclusion et de la promotion de la différence, sont en réalité les vecteurs du frérisme. »
« Le combat est encore devant nous, il faut maintenant que l’on impose à tous nos collègues de faire preuve de clarté et de courage face à cette menace. »


Voir le replay complet : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/franceinfo/la-faute-a-l-europe/

Invité de « La Faute à l’Europe ? » – Politique migratoire, entrisme islamiste et attentats en Europe

L’intégrale


Extraits-phares

 

 

 

 

 

Refuser l’irresponsabilité générale : non, cet attentat n’avait rien d’inéluctable.

Fabien Clairefond - François-Xavier Bellamy au sujet de Pap Ndiaye et de sa demande de répartir les efforts de mixité socialeTexte initialement paru dans Le Figaro du 16 octobre 2023.

Il y a quelque chose de pire que l’horreur : c’est la répétition de l’horreur. Quelque chose de pire que la terreur : c’est l’habitude. Un professeur a été tué, dans son lycée, au cri de Allah Akbar. Et le rituel reprend, déjà familier : indignations politiques, condamnations de circonstance, « crime odieux », « valeurs de la République », micros tendus, la détresse des collègues, les yeux rougis des élèves, détails de l’enquête, déplacement des autorités, « dire le soutien de la Nation », « restons unis et debout », marches blanches, minutes de silence… Combien de fois faudra-t-il subir cette répétition ?

La liste est trop longue déjà. Au point qu’elle risque de susciter, après la révolte, une forme de résignation. Nous étions quatre millions à descendre dans la rue pour les morts de Charlie. Avons-nous fini par admettre une nouvelle normalité ? Vendredi, quelques heures après l’attentat, un expert expliquait sur une radio du service public que même si la prévention du terrorisme est « relativement bien » assurée en France, il est fatalement « impossible de surveiller tout le territoire », et que par conséquent « il y a des moments où il faut se dire que la violence fait partie de la société ». Puisqu’il existe toujours un « risque du passage à l’acte violent », le spécialiste en tirait cette conclusion : « C’est dur à entendre, mais ça fait partie de la vie ». Des professeurs tués dans leur lycée par des islamistes : trois ans après la mort de Samuel Paty, c’est donc cela, la « vie » à laquelle il va falloir s’habituer ?

Il y a quelque chose de pire que l’horreur : c’est la répétition de l’horreur. Quelque chose de pire que la terreur : c’est l’habitude.

C’est finalement, à sa manière, le message qu’envoyait au même moment le président de la République, en consacrant ses cinq minutes d’intervention au lycée Gambetta à remercier tout le monde : les professeurs et les élèves, les policiers félicités pour leur rapidité, tout comme les magistrats, les élus qui font bloc, et les soignants si réactifs. On ne peut que s’associer à la reconnaissance du pays pour ceux qui aujourd’hui se retrouvent en première ligne… Mais en s’arrêtant à ces mots, le président donnait l’étrange impression que tout s’était finalement aussi bien passé que possible, et que rien n’avait failli. Une autre manière de signifier qu’on ne pourrait faire mieux pour empêcher l’inéluctable violence de frapper à nouveau, et que l’essentiel serait, la prochaine fois comme aujourd’hui, de rester « unis, groupés et debout ».

Mais nous ne voulons plus de ces mots. Nous n’en pouvons plus. Il faut enfin sortir du déni de réalité. L’unité nationale, oui ; mais pas au prix du regard pudiquement détourné sur les années de faillite qui ont laissé l’horreur s’imposer. Car cet attentat, comme ceux qui l’ont précédé, n’avait rien d’inéluctable : nommer lucidement les fautes multiples qui ont rendu possible le pire, c’est la condition pour s’en sortir enfin.

Cette tragédie frappe l’institution scolaire, première victime de ce long échec collectif, fragilisée par des décennies de « réformes » toujours inspirées par la même idéologie : toujours moins transmettre, moins enseigner, moins assumer l’héritage – quitte à laisser toujours plus de déshérités. Le criminel d’Arras, comme ceux qui en juillet ont brûlé des dizaines d’écoles, avait passé des années sur les bancs de nos salles de classe : comment avons-nous pu laisser des esprits à ce points vides, décérébrés et incultes, qu’ils soient si facilement séduits par l’islamisme stupide des réseaux et des quartiers ? Comment notre école a-t-elle pu taire ou dénoncer la culture qu’elle devait enseigner, au point que ses propres élèves se sentent le droit de la mépriser jusqu’à vouloir la détruire ? Alors que nous consacrons à l’Education nationale le premier budget de l’État, un jeune sur cinq arrive à ses dix-huit ans sans savoir lire correctement le français. Beaucoup de mes collègues professeurs l’ont dit comme moi depuis longtemps : là où la culture n’est plus apprise, il ne faut pas s’étonner de voir surgir la barbarie. Cet effondrement silencieux de l’école, à coups de lâcheté politique, de réformes absurdes, de « pas de vagues » imposé, aura volé aux professeurs leur métier, et aux élèves leur chance de recevoir ce que nous avions à leur enseigner : le résultat est sous nos yeux. Mais il n’y a aucune fatalité à ce naufrage éducatif, si nous sortons enfin du déni de réalité pour concentrer l’effort de tout le pays au relèvement de notre école, avec pour seule mission de transmettre.

La seconde tâche essentielle, c’est celle de reconstruire nos frontières. Là encore, la faillite est évidente. Dominique Bernard est mort parce que l’État s’est désarmé face à l’immigration illégale. Le criminel est un tchétchène – comme le meurtrier de Samuel Paty, qui avait lui aussi été d’abord débouté du droit d’asile ; sa dérive islamiste avait été signalée par l’Éducation nationale ; son frère est en prison pour avoir soutenu un projet d’attentat et relayé la propagande de Daech, et lui-même était fiché S. Cette famille aurait dû être expulsée depuis longtemps, avant qu’un collectif d’associations et de militants de gauche ne s’y opposent en invoquant une circulaire : comme dans tant d’autres cas, l’illégalité avait trouvé secours dans la toile de conventions, de jurisprudence et de bureaucratie qui paralyse l’État. Ceux qui s’enlisent dans le déni – les mêmes qui dénoncent le couteau pour ne pas nommer le djihad, et qui prefèrent fuir les micros que d’avoir à reconnaître le terrorisme du Hamas – ceux-là refuseront encore de voir le lien entre ce crime et la faillite migratoire. Mais l’évidence est là : si nous avions fait respecter nos lois, nos principes et nos frontières, Dominique Bernard, comme Samuel Paty et tant d’autres, serait en vie aujourd’hui. Prétendre que nous vivons les drames inévitables d’une société normale, c’est s’exonérer trop vite de toute responsabilité. À nous de remettre le droit à l’endroit pour sortir de cette folie – et c’est possible, pourvu que l’on aille, comme nous l’avons proposé, jusqu’à utiliser le levier de la Constitution pour rendre sa force à la loi.

Il n’y a aucune fatalité à ce naufrage éducatif, si nous sortons enfin du déni de réalité pour concentrer l’effort de tout le pays au relèvement de notre école, avec pour seule mission de transmettre. La seconde tâche essentielle, c’est celle de reconstruire nos frontières.

Un professeur a été tué dans son lycée au cri de Allah Akbar. Devant la somme des aberrations, des échecs, des dénis qui ont rendu possible une telle folie, tout dirigeant digne de ce nom devrait dire : j’ai échoué. Tout un pays bouleversé devrait dire : nous avons échoué. Au lendemain de la grande défaite de 40, Saint-Exupéry écrivait que la France se relèverait en retrouvant le sens de la responsabilité. « Il importe d’abord de prendre en charge. Chacun est responsable de tous. » Nous devons à Dominique Bernard, et à tous ses collègues qui reprendront les cours lundi, de ne pas faire comme si personne n’y pouvait rien, comme si tout était normal – de ne jamais nous habituer. C’est la condition nécessaire pour un renouveau politique qui nous permette enfin de sortir de l’impuissance. « Nous entrerons demain dans la nuit. Que mon pays soit encore quand reviendra le jour ! »

Arras : cet attentat n’était pas une fatalité.

François-Xavier Bellamy était à l’antenne de France Inter le vendredi 13 octobre à 18h40 (replay à ce lien à 1h39’22 »).

Vous qui êtes professeur de philosophie – vous êtes aussi eurodéputé, mais c’était votre premier métier. Quelle est votre réaction ?

Je pense à tous les professeurs de France qui sont aujourd’hui en première ligne. Ce métier est devenu dangereux, et je pense à ceux qui demain iront la peur au ventre au travail, en se demandant d’où peut venir la menace. Mais si ce métier est dangereux, ce n’est pas une fatalité. Et moi je suis assez révolté d’entendre ce que disait monsieur Crettiez à l’instant, qui nous expliquait que la violence, finalement, existait toujours…

C’est vrai, mais ce n’est pas une fatalité ! Si nos écoles sont devenues aujourd’hui des lieux dangereux, ça n’a pas toujours été le cas. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? C’est très simple : parce que quelqu’un qui a été débouté de sa demande d’asile, qui est rentré illégalement sur le territoire français, qui est suivi depuis des années à cause de la radicalisation de lui-même et de son entourage, est encore dans notre pays, et encore susceptible de nuire. Voilà la réalité : c’est l’impuissance de l’État, organisée depuis des années avec les meilleures intentions du monde, qui a fait que nos écoles sont devenues des lieux où les professeurs peuvent mourir parce qu’ils incarnent la République. Ce criminel, ce terroriste islamiste est entré et il voulait tuer un professeur d’histoire. C’est l’un de ses collègues qui a raconté cet épisode glaçant : il voulait tuer un professeur, parce que les professeurs sont là pour transmettre le savoir, et que cette transmission du savoir est combattue aujourd’hui par le fanatisme islamiste. Mais ce n’est pas une fatalité : on n’a pas le droit de faire croire aux gens que c’est normal, et que ce sera toujours comme ça.

C’est l’impuissance de l’État, organisée depuis des années avec les meilleures intentions du monde, qui a fait que nos écoles sont devenues des lieux où les professeurs peuvent mourir.

Que faut-il faire lundi, pour le troisième anniversaire de la mort de Samuel Paty ? On a demandé aux enseignants de préparer un hommage. Vous, vous seriez devant des élèves en tant que professeur de philosophie, qu’est-ce que vous leur diriez ?

Je crois qu’il faut effectivement rendre hommage à Samuel Paty, et rendre hommage à Dominique Bernard qui est mort aujourd’hui. Mais je pense à tous les professeurs de France qui aujourd’hui sont confrontés à des situations dans lesquelles leur sécurité est en danger s’ils osent parler de ces questions.

On a fait comme si de rien n’était quand pendant la minute de silence après l’attentat de Charlie Hebdo, des dizaines d’établissements n’ont pas pu commémorer ce qui venait de se passer.

On a fait comme si de rien n’était quand on a vu dans nos salles de classe des professeurs obligés de s’autocensurer. Un professeur sur deux en France déclare qu’il s’est déjà imposé le silence par peur pour sa propre sécurité devant des élèves qui refusent d’entendre ce qu’ils ont à leur transmettre. Eh bien je veux vous dire : je suis pour l’unité nationale, bien sûr. Je suis pour le recueillement, bien sûr. Je suis pour l’hommage, bien sûr.

Mais ça suffit. On ne se laissera pas imposer le silence au motif de l’unité. Aujourd’hui, oui, c’est vrai, la France est désarmée, et malgré le travail extraordinaire des forces de police et de sécurité, malgré le courage incroyable des professeurs, on ne peut pas se contenter de leur rendre hommage.

On doit enfin redonner aux professeurs les moyens de leur mission, comme à ceux qui assurent la sécurité du pays. Il faut – et il est sûr que ce ne sera pas facile, que ça prendra du temps – : il faut reconstruire l’école à partir du point de départ, il faut redonner à l’école sa mission.

Et ensuite il faut reconstruire nos frontières. Parce que si on n’a pas la capacité de dire qui a le droit de rester sur notre sol et qui n’a pas le droit d’y rester, si on continue de devoir garder en France des milliers de fichés S qui ne sont pas français et qui pourtant, par leur radicalisation islamiste, constituent des menaces pour les Français, si on est obligé de les garder chez nous alors qu’ils ont été déboutés du droit d’asile à plusieurs reprises, alors il n’y aura pas de sécurité pour les Français. Je veux bien l’union, mais désormais on ne nous imposera pas le silence au motif de cette unité qui, si elle est effectivement un devoir, doit se faire dans la vérité, et dans une réponse efficace et lucide au défi qui est devant nous.


Se tenir aux côtés des chrétiens d’Irak

« Merci Madame la Présidente,

Nous parlons des relations entre l’Europe et l’Irak, et il y aurait tant à dire, tant à dire sur les sécheresses qui se multiplient, sur ces difficultés majeures pour l’irrigation de l’agriculture irakienne qui menacent l’alimentation de tant de citoyens d’Irak. Pourquoi ? En particulier à cause, bien sûr, des retenues aux barrages qui s’opèrent au niveau de la Turquie, sur le Tigre et sur l’Euphrate. C’est la Turquie, elle aussi, qui est en jeu dans les incursions – tant de collègues l’ont rappelé – en territoire irakien, qui aujourd’hui tuent des civils irakiens. Et là encore, l’Europe pourrait agir.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans. Une terre que pourtant, aujourd’hui, ils sont contraints d’abandonner devant le spectre d’une violence qui ne cesse de menacer. Ces chrétiens, aujourd’hui – j’étais avec eux pour Noël à Qaraqosh – pourraient être le symbole d’une espérance : ils ont réussi à revenir, à reconstruire, sur ces terres que l’Etat islamique avait occupées. Et ils ont réussi à vaincre le mal qui les frappaient.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans.

Et pourtant, si nous ne sommes pas à leur côté, ils vont quitter ce pays, et avec eux, c’est ce pays tout entier qui sera défiguré. Avec leur départ, c’est le Moyen-Orient qui perdra une part de son âme. C’est sans aucun conteste la responsabilité de l’Europe de soutenir ces populations et de leur dire que, à travers elle, c’est aussi une part de nous, de notre héritage commun, qui se trouve représenté, dans ce Moyen-Orient lointain et pourtant si proche de nous par tant d’enjeux essentiels.

Merci beaucoup. »

Lettre ouverte à l’ENAR

Madame Ojeaku Nwabuzo
European Network Against Racism (ENAR)
Rue Ducale 67
1000 Bruxelles

 

Paris, le 27 mars 2023

 

Madame la Directrice, Madame Ojeaku Nwabuzo,

 

Le 16 mars 2023, vous avez adressé, avec 53 associations liées au réseau ENAR, que vous dirigez, une lettre ouverte à la Présidente du Parlement européen et à la Présidente de la Commission européenne. L’objet de ce courrier était de vous plaindre des « attaques diffamatoires » contre les « organisations de la société civile » dont je me serais rendu coupable à travers une déclaration diffusée le 23 février dernier, depuis le Parlement européen.

J’avais en effet rappelé, en découvrant que l’ENAR était associé à la « Semaine de l’Antiracisme » au sein du Parlement, que votre plateforme avait un agenda politique bien étranger à la cause de la lutte contre le racisme, et je maintiens bien sûr les faits que j’avançais pour le démontrer : le soutien que vous avez apporté, trois jours après la décapitation de Samuel Paty, à l’organisation islamiste CCIF, qui venait d’être dissoute par le gouvernement français suite à son lien avec le meurtre de ce professeur. Votre lien avec les associations FEMYSO, LALLAB ou Alliance Citoyenne, qui se sont donné pour but de banaliser le voile en Europe, quand les Iraniennes meurent pour s’en libérer – sans que ces associations qui se disent « féministes » aient un seul mot pour s’en émouvoir. Ou encore le fait que votre propre prédécesseur à la direction de l’ENAR a admis avoir été membre des Frères musulmans…

Pas le début de commencement d’une seule réponse

Mon intervention rappelait ces faits, et d’autres encore ; mais à mon grand étonnement, le courrier que vous écrivez pour vous en plaindre ne contient pas le début de commencement d’une seule réponse, sur aucun de ces points. Comment pourrait-il y avoir « diffamation », Madame la Directrice, là où il n’y a qu’un rappel de faits parfaitement avérés, et confirmés par tous les médias qui s’y sont intéressés ? Pour lancer une telle accusation, mieux vaut être capable d’expliquer en quoi ces affirmations sont fausses… Mais à mes observations simples et précises, vous répondez seulement par le registre habituel des variations indignées, déjà usées jusqu’à l’absurde : « tentatives de fragiliser le travail de la société civile », « nécessité d’une protection des espaces européens dans leur diversité », « réduction de l’espace de la société civile », « manque d’attention au racisme structurel et institutionnel », « besoin de promotion d’une meilleure culture de l’inclusivité »… Tout cela ne fait pas une seule explication pour justifier les faits que je partageais à la connaissance du public. Il faudra plus que le lexique dérisoire de vos protestations coutumières pour vous exonérer de votre responsabilité. Et vous ne vous en sortirez pas en tentant d’imposer au Parlement européen la censure dont vous semblez rêver – il faut dire que bien des pays qui financent vos associations-membres constituent des exemples plutôt performants en matière de « réduction de l’espace de la société civile ». Je suis désolé de vous l’annoncer, nous ne sommes pas prêts à suivre leur modèle…

Chercher à faire taire : une facilité, ou le symptôme d’une désolante fragilité

Car en fait de « réduction de l’espace », c’est celui de vos contradicteurs que vous cherchez à détruire : n’est-ce pas une bien étrange démarche, que celle qui consiste à écrire aux Présidentes de ces deux institutions pour dénoncer mon intervention, quand il aurait été si simple de m’écrire pour me partager les raisons de votre désaccord ? Vous vous plaignez de ce que j’ai exprimé ces inquiétudes au sein du Parlement européen ; mais, le saviez-vous, il se trouve que j’y ai été élu pour cela : deux millions de citoyens ont confié leur voix, avec la liste que je menais, pour que je fasse précisément, en leur nom, le travail d’agir sans relâche, et d’alerter sans concessions. Ce sera à eux, et à eux seuls, de juger ce mandat que je remettrai dans leurs mains. À eux seuls – ni à vous, ni à une « société civile » autoproclamée, ni même aux Présidentes de nos institutions auxquelles vous jugez utile d’adresser votre délation. Quant au réseau ENAR que vous dites terriblement « menacé » par mon intervention, il a le privilège d’intervenir au sein du Parlement, de la Commission, d’avoir manifestement porte ouverte partout à Bruxelles, et d’avoir reçu depuis près de vingt ans des millions d’euros de subventions publiques… Jouer le rôle de victimes est peut-être un registre habituel pour vous, mais je connais des militants des droits fondamentaux autrement persécutés.

Nous parler, en public ?

Vous savez, Madame la Directrice, nous avons tous deux la chance de vivre en démocratie. S’engager dans le débat public suppose généralement d’accepter la possibilité d’une contradiction ; si j’avais écrit un courrier de dénonciation aux autorités pour chaque critique que j’ai reçue, j’aurais perdu bien du temps pour des travaux plus utiles. Quand quelqu’un vous pose des questions, chercher une administration qui puisse le faire taire est au mieux une facilité – et au pire, le symptôme d’une désolante fragilité. Pour affronter un désaccord politique, pardonnez ce réflexe peut-être un peu désuet, le mieux est encore de parler. Vous m’avez dénoncé, et gravement accusé ; c’est la raison pour laquelle je vous propose de nous parler, et de le faire en public : je serais très heureux d’une discussion avec vous, que nous pourrions partager, sans filtre ni montage, soit sur le média de votre choix, soit sur les réseaux sociaux. Je ne doute pas que dans nos pays, la société civile à laquelle vous êtes si attachée serait curieuse d’entendre vos réponses aux questions que je posais, et très intéressée de mieux comprendre les enjeux d’une conversation, qui, au-delà de nos personnes, engage réellement notre avenir commun.

En restant à votre disposition pour trouver une date pour cet échange, je vous prie de croire en mon engagement déterminé, franc, et libre.

François-Xavier Bellamy

Député au Parlement européen
Président de la délégation française du PPE