Se tenir aux côtés des chrétiens d’Irak

« Merci Madame la Présidente,

Nous parlons des relations entre l’Europe et l’Irak, et il y aurait tant à dire, tant à dire sur les sécheresses qui se multiplient, sur ces difficultés majeures pour l’irrigation de l’agriculture irakienne qui menacent l’alimentation de tant de citoyens d’Irak. Pourquoi ? En particulier à cause, bien sûr, des retenues aux barrages qui s’opèrent au niveau de la Turquie, sur le Tigre et sur l’Euphrate. C’est la Turquie, elle aussi, qui est en jeu dans les incursions – tant de collègues l’ont rappelé – en territoire irakien, qui aujourd’hui tuent des civils irakiens. Et là encore, l’Europe pourrait agir.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans. Une terre que pourtant, aujourd’hui, ils sont contraints d’abandonner devant le spectre d’une violence qui ne cesse de menacer. Ces chrétiens, aujourd’hui – j’étais avec eux pour Noël à Qaraqosh – pourraient être le symbole d’une espérance : ils ont réussi à revenir, à reconstruire, sur ces terres que l’Etat islamique avait occupées. Et ils ont réussi à vaincre le mal qui les frappaient.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans.

Et pourtant, si nous ne sommes pas à leur côté, ils vont quitter ce pays, et avec eux, c’est ce pays tout entier qui sera défiguré. Avec leur départ, c’est le Moyen-Orient qui perdra une part de son âme. C’est sans aucun conteste la responsabilité de l’Europe de soutenir ces populations et de leur dire que, à travers elle, c’est aussi une part de nous, de notre héritage commun, qui se trouve représenté, dans ce Moyen-Orient lointain et pourtant si proche de nous par tant d’enjeux essentiels.

Merci beaucoup. »

Aides d’État, aides européennes : quel soutien pour nos pêcheurs d’outre-mer ?

Intervention de plénière à Strasbourg le 20 avril

Le sujet des aides d’État peut paraître très technique, mais je voudrais simplement vous raconter une petite histoire. Lorsque je suis allé voir les pêcheurs de Mayotte – qui sortent en mer sur des pirogues hors d’âge –, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas reçu un seul centime des financements qui leur ont été promis depuis des années maintenant pour renouveler leur flotte. Toutes les grandes puissances mondiales aident leurs pêcheurs à financer le renouvellement de leur flotte. Et pour nous, ce sont des enjeux stratégiques majeurs que ceux qui consistent à alimenter nos régions ultrapériphériques, nos pays européens… mais aussi à assurer une présence à la mer, dans ces régions du monde où l’Europe a la chance de pouvoir compter sur eux.

La Commission refuse d’engager les financements nécessaires

Eh bien, nous n’avons pas débloqué un euro. Pourquoi ? Parce que, même si notre Parlement a voté en faveur de ces aides d’État, même s’il a voté en faveur de fonds européens pour le renouvellement de la flotte dans le FEAMPA, même si la Commission européenne s’y est engagée, aujourd’hui, le sujet est compliqué et la Commission refuse d’engager les financements nécessaires. Et pourtant, simultanément, ces pêcheurs de Mayotte, mais aussi ceux de Guyane, ceux de La Réunion voient arriver des bateaux neufs – flambant neufs, financés par des fonds européens, au titre de l’aide au développement. Des bateaux du Suriname pour la Guyane, des bateaux de L’île Maurice pour Mayotte et La Réunion…

Nous voyons que l’Europe finance avec des fonds européens des bateaux créés dans des pays-tiers quand elle refuse à nos propres États de soutenir nos pêcheurs, dans nos propres pays.

Comment ce sujet ne pourrait-il pas révolter les pêcheurs de nos régions ultrapériphériques ? Les pêcheurs de nos outre-mer ? Il est urgent enfin que ce sujet soit débloqué, et que nous cessions les manœuvres dilatoires qui consistent à refuser sans cesse que ce soutien – pourtant voté par notre parlement – devienne une réalité.

Malgré les députés macronistes, protéger nos pays contre l’immigration illégale

Désavoués par le Parlement européen, les députés macronistes voulaient empêcher l’Europe d’agir face à l’immigration illégale.

Moment politique décisif, et tellement révélateur, aujourd’hui à l’occasion de la plénière du Parlement : dans un vote sur le budget européen pour 2024, notre groupe PPE a fait adopter (321 +, 290 -, 20 abstentions) un amendement rendant possible des financements européens pour des moyens de protection physiques aux frontières extérieures, que la Commission refusait jusque là.

Depuis plusieurs mois, la délégation française Renaissance n’a eu de cesse d’attaquer avec virulence notre position, Valérie Hayer dénonçant même hier notre demande « ignoble » de soutenir les États-membres qui voudraient construire des murs à leurs frontières avec des pays tiers. Que dira la délégation macroniste aux 32 députés de son propre groupe qui ont soutenu notre position aujourd’hui ?

Que peut-elle dire aux douze gouvernements européens qui ont appelé à l’aide lorsqu’en 2021 le régime de Loukachenko organisait une crise migratoire pour déstabiliser nos pays ? Que répondra-t-elle à la Grèce, à l’Espagne, à l’Italie, à tous les pays de première entrée qui demandent que l’Union européenne les aide à protéger des frontières qui sont celles de notre continent tout entier ?

Que peut-elle expliquer aux Français surtout ? Avant-hier encore, le président de la République promettait de « renforcer le contrôle de l’immigration illégale ». Le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations martiales. Mais à Strasbourg, leurs élus s’organisent avec la gauche et l’extrême gauche pour faire tomber un texte budgétaire uniquement parce qu’il permet de financer les infrastructures nécessaires pour protéger nos frontières.

Se donner enfin les moyens d’empêcher l’immigration illégale

Le choix à faire est pourtant simple. Soit nous voulons d’une Europe qui se donne enfin les moyens d’empêcher les entrées illégales, pour que nos pays retrouvent la capacité de déterminer leur politique migratoire, et de sortir d’une vulnérabilité qui n’a cessé de nous exposer à toutes les menaces hybrides (celles de la Biélorussie hier, mais aussi de la Turquie d’Erdogan ou des organisations islamistes qui ont frappé nos pays au cours des dernières années).

Et et pour cela, il faut s’en donner les moyens. Cela ne se réduit pas au débat d’aujourd’hui, bien sûr : la stratégie globale que nous préparons aujourd’hui doit reposer sur la clarification du mandat de Frontex et son renforcement, sur un dialogue enfin franc avec les pays de départ, sur une coopération déterminée pour les retours et des aides au développement clairement conditionnées à la coopération en matière de réadmissions, sur une politique de l’asile refondée pour que ce principe essentiel ne soit plus détourné constamment comme il l’est aujourd’hui. Et parmi tous ces éléments, il faudra aussi poursuivre, là où c’est nécessaire, la construction de murs quand la configuration des frontières terrestres l’exige. C’est ce que met en œuvre aujourd’hui la Finlande, sous l’impulsion d’un ministre Vert au sein d’un gouvernement de gauche. Les élus macronistes l’accuseront-ils de « céder à l’extrémisme » ?

Puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable.

Refuser que l’Europe s’engage dans cette protection, c’est refuser toute stratégie pour protéger nos frontières.

S’il est illégitime d’utiliser une infrastructure physique pour empêcher le franchissement illégal d’une frontière, pourquoi financer une agence de gardes frontières dans le même but ? Le vote d’aujourd’hui permet de comprendre pourquoi la majorité présidentielle française n’a pas défendu l’agence Frontex, comme nous l’avons fait sans relâche, face aux attaques de la gauche… Derrière les proclamations de solidarité européenne, ses élus choisissent aujourd’hui de mépriser tous les pays de l’Union placés en première ligne, qui demandent notre soutien pour assumer ce défi commun.

Il est temps qu’ils assument enfin une position cohérente : puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable. Le Parlement européen, malgré ces manoeuvres, a désavoué majoritairement cette obsession idéologique : laissant la majorité présidentielle à ce combat minoritaire, nous poursuivrons notre travail pour protéger enfin l’Europe face à l’immigration illégale.

Lettre ouverte à l’ENAR

Madame Ojeaku Nwabuzo
European Network Against Racism (ENAR)
Rue Ducale 67
1000 Bruxelles

 

Paris, le 27 mars 2023

 

Madame la Directrice, Madame Ojeaku Nwabuzo,

 

Le 16 mars 2023, vous avez adressé, avec 53 associations liées au réseau ENAR, que vous dirigez, une lettre ouverte à la Présidente du Parlement européen et à la Présidente de la Commission européenne. L’objet de ce courrier était de vous plaindre des « attaques diffamatoires » contre les « organisations de la société civile » dont je me serais rendu coupable à travers une déclaration diffusée le 23 février dernier, depuis le Parlement européen.

J’avais en effet rappelé, en découvrant que l’ENAR était associé à la « Semaine de l’Antiracisme » au sein du Parlement, que votre plateforme avait un agenda politique bien étranger à la cause de la lutte contre le racisme, et je maintiens bien sûr les faits que j’avançais pour le démontrer : le soutien que vous avez apporté, trois jours après la décapitation de Samuel Paty, à l’organisation islamiste CCIF, qui venait d’être dissoute par le gouvernement français suite à son lien avec le meurtre de ce professeur. Votre lien avec les associations FEMYSO, LALLAB ou Alliance Citoyenne, qui se sont donné pour but de banaliser le voile en Europe, quand les Iraniennes meurent pour s’en libérer – sans que ces associations qui se disent « féministes » aient un seul mot pour s’en émouvoir. Ou encore le fait que votre propre prédécesseur à la direction de l’ENAR a admis avoir été membre des Frères musulmans…

Pas le début de commencement d’une seule réponse

Mon intervention rappelait ces faits, et d’autres encore ; mais à mon grand étonnement, le courrier que vous écrivez pour vous en plaindre ne contient pas le début de commencement d’une seule réponse, sur aucun de ces points. Comment pourrait-il y avoir « diffamation », Madame la Directrice, là où il n’y a qu’un rappel de faits parfaitement avérés, et confirmés par tous les médias qui s’y sont intéressés ? Pour lancer une telle accusation, mieux vaut être capable d’expliquer en quoi ces affirmations sont fausses… Mais à mes observations simples et précises, vous répondez seulement par le registre habituel des variations indignées, déjà usées jusqu’à l’absurde : « tentatives de fragiliser le travail de la société civile », « nécessité d’une protection des espaces européens dans leur diversité », « réduction de l’espace de la société civile », « manque d’attention au racisme structurel et institutionnel », « besoin de promotion d’une meilleure culture de l’inclusivité »… Tout cela ne fait pas une seule explication pour justifier les faits que je partageais à la connaissance du public. Il faudra plus que le lexique dérisoire de vos protestations coutumières pour vous exonérer de votre responsabilité. Et vous ne vous en sortirez pas en tentant d’imposer au Parlement européen la censure dont vous semblez rêver – il faut dire que bien des pays qui financent vos associations-membres constituent des exemples plutôt performants en matière de « réduction de l’espace de la société civile ». Je suis désolé de vous l’annoncer, nous ne sommes pas prêts à suivre leur modèle…

Chercher à faire taire : une facilité, ou le symptôme d’une désolante fragilité

Car en fait de « réduction de l’espace », c’est celui de vos contradicteurs que vous cherchez à détruire : n’est-ce pas une bien étrange démarche, que celle qui consiste à écrire aux Présidentes de ces deux institutions pour dénoncer mon intervention, quand il aurait été si simple de m’écrire pour me partager les raisons de votre désaccord ? Vous vous plaignez de ce que j’ai exprimé ces inquiétudes au sein du Parlement européen ; mais, le saviez-vous, il se trouve que j’y ai été élu pour cela : deux millions de citoyens ont confié leur voix, avec la liste que je menais, pour que je fasse précisément, en leur nom, le travail d’agir sans relâche, et d’alerter sans concessions. Ce sera à eux, et à eux seuls, de juger ce mandat que je remettrai dans leurs mains. À eux seuls – ni à vous, ni à une « société civile » autoproclamée, ni même aux Présidentes de nos institutions auxquelles vous jugez utile d’adresser votre délation. Quant au réseau ENAR que vous dites terriblement « menacé » par mon intervention, il a le privilège d’intervenir au sein du Parlement, de la Commission, d’avoir manifestement porte ouverte partout à Bruxelles, et d’avoir reçu depuis près de vingt ans des millions d’euros de subventions publiques… Jouer le rôle de victimes est peut-être un registre habituel pour vous, mais je connais des militants des droits fondamentaux autrement persécutés.

Nous parler, en public ?

Vous savez, Madame la Directrice, nous avons tous deux la chance de vivre en démocratie. S’engager dans le débat public suppose généralement d’accepter la possibilité d’une contradiction ; si j’avais écrit un courrier de dénonciation aux autorités pour chaque critique que j’ai reçue, j’aurais perdu bien du temps pour des travaux plus utiles. Quand quelqu’un vous pose des questions, chercher une administration qui puisse le faire taire est au mieux une facilité – et au pire, le symptôme d’une désolante fragilité. Pour affronter un désaccord politique, pardonnez ce réflexe peut-être un peu désuet, le mieux est encore de parler. Vous m’avez dénoncé, et gravement accusé ; c’est la raison pour laquelle je vous propose de nous parler, et de le faire en public : je serais très heureux d’une discussion avec vous, que nous pourrions partager, sans filtre ni montage, soit sur le média de votre choix, soit sur les réseaux sociaux. Je ne doute pas que dans nos pays, la société civile à laquelle vous êtes si attachée serait curieuse d’entendre vos réponses aux questions que je posais, et très intéressée de mieux comprendre les enjeux d’une conversation, qui, au-delà de nos personnes, engage réellement notre avenir commun.

En restant à votre disposition pour trouver une date pour cet échange, je vous prie de croire en mon engagement déterminé, franc, et libre.

François-Xavier Bellamy

Député au Parlement européen
Président de la délégation française du PPE


Une bataille d’un autre âge

Intervention de François-Xavier Bellamy au Parlement européen le 15 mars 2023.

Merci Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président du Conseil,

C’est avec beaucoup de soulagement que nous avons découvert hier le projet de réforme du marché européen de l’électricité. Enfin, le long terme retrouve sa place dans les stratégies énergétiques dont nous avons besoin pour pouvoir investir dans notre avenir.

La crise que nous traversons sur l’énergie n’est pas seulement une question commerciale, c’est d’abord une question industrielle.

Et maintenant, ce n’est pas seulement une question de marché. La crise que nous traversons sur l’énergie n’est pas seulement une question commerciale, c’est d’abord une question industrielle. Si nous voulons la surmonter, il faut produire. Produire plus, produire mieux, produire une électricité décarbonée. Et pour cela, utiliser toutes les sources d’énergie décarbonées, et en particulier, bien sûr, le nucléaire. Et quel malheur de voir qu’au sein de la Commission européenne, une bataille d’un autre âge continue pour disqualifier le nucléaire. Nous espérons que dans le Net Zero Industry Act, qui sera publié bientôt, le nucléaire aura sa place, pas seulement sous la forme, Monsieur le Commissaire, des SMR, mais aussi à travers une production de grande échelle. Car c’est de cela que nous avons besoin.

Ceux qui, aujourd’hui, luttent contre cette énergie, que ce soit au sein de la Commission, ou au sein du Parlement – comme les collègues qui, hier, ont voté contre l’inclusion du nucléaire dans la transition énergétique des bâtiments – luttent aussi contre l’environnement, contre notre souveraineté, contre notre indépendance, contre nos démocraties

Ceux qui, aujourd’hui, luttent contre cette énergie, que ce soit au sein de la Commission, ou au sein du Parlement – comme les collègues qui, hier, ont voté contre l’inclusion du nucléaire dans la transition énergétique des bâtiments – luttent aussi contre l’environnement, contre notre souveraineté, contre notre indépendance, contre nos démocraties. Et je crois qu’aujourd’hui, nous avons besoin d’être sérieux et cohérents dans ces combats essentiels.

Merci beaucoup.

Corridor de Latchine : le respect du droit, ou des sanctions contre l’Azerbaïdjan

Le Parlement européen « invite le Conseil à imposer des sanctions ciblées aux responsables du gouvernement azerbaïdjanais si l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 22 février 2023 n’est pas immédiatement mise en œuvre ».

Le vote du rapport sur les relations entre l’UE et l’Azerbaïdjan a eu lieu ce mercredi 15 mars au Parlement européen et les deux amendements que François-Xavier Bellamy a déposés ont été adoptés par le Parlement européen !

  • Son amendement n°7 (au paragraphe 2) vise à rééquilibrer dans le rapport la présentation des attitudes diplomatiques déployées respectivement par l’Arménie et l’Azerbaïdjan en ce moment.
  • Son amendement n°8, le plus important au regard de l’urgence actuelle ajoute la mention suivante (au paragraphe 3) : [le Parlement européen] « invite le Conseil à imposer des sanctions ciblées aux responsables du gouvernement azerbaïdjanais si l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 22 février 2023 [demandant le déblocage du corridor de Latchine] n’est pas immédiatement mise en œuvre ».

« Ce n’est pas nous qui défendons l’Arménie, c’est l’Arménie qui défend tout à quoi nous tenons »

François-Xavier Bellamy est intervenu en hémicycle à ce sujet, durant le débat précédant les votes :

L’aberration d’une politique de rénovation indifférenciée des bâtiments

Explications à l’issue du vote sur le rapport EPBD : un amendement sur deux adopté


Intervention à la veille du vote sur le rapport EPBD

 

« Chers Collègues,

Demain, nous allons voter une directive sur l’efficacité énergétique des bâtiments. C’est très simple de voter, et ce qui compte, c’est de réfléchir aux conséquences. Ce texte impose des travaux majeurs de rénovation thermique sur 40 millions de bâtiments en Europe d’ici 2033 – 40% de tout le parc immobilier en Europe, en moins de 10 ans. Pour cela, la Commission promet 150 milliards de budget européen. Mais d’après ses propres calculs, le coût sera de 275 milliards par an. Par an, chers collègues. Et ce coût, que ce soit avec l’argent public ou privé, à la fin, nous avons bien qui le paiera : les gens ordinaires, ceux qui travaillent, qui contribuent, qui épargnent toute une vie pour acheter le lieu où ils vivent et qui vont se voir imposer les travaux dont les prix exploseront du fait de la demande brutale que ces nouvelles normes vont provoquer.

Et tout cela pour quoi ? Oui, Chers Collègues, nous voulons tous baisser les émissions de carbone. Mais toutes les données disponibles montrent l’aberration d’une politique de rénovation indifférenciée des bâtiments. Aux États-Unis, le retour d’expérience de campagnes massives montre que les économies d’énergie sont trois fois moindres qu’espérées, pour des coûts deux fois plus importants que prévus. L’Université de Cambridge a montré il y a quelques semaines que la consommation d’énergie, cinq ans après les travaux, ne baissait même pas. En Allemagne, après 340 milliards d’euros d’investissement dans la rénovation thermique, une étude montre que l’impact n’est même pas mesurable…

La seule conséquence incontestable pour l’environnement, c’est l’explosion de l’usage des matériaux nécessaires. Quel paradoxe absolu que des politiques qui se veulent écologistes veuillent mettre la moitié de tous les bâtiments européens en chantier dans les dix ans ! Derrière cela, il y a la persistance d’une obsession dépassée : tout changer, tout refaire, disqualifier l’ancien, le patrimoine, l’héritage, pour tout recommencer à neuf. C’est cette logique qui a généré la crise écologique, et nous comprenons malheureusement pourquoi de grands intérêts industriels soutiennent ce projet. Mais derrière cette situation, il y a en réalité une crise majeure, une crise sociale et politique aussi, que ce texte pourrait entraîner.

La seule vraie solution pour décarboner, c’est de passer du fioul et du gaz qui chauffent nos logements à l’électricité, et d’utiliser toutes les sources décarbonées pour en produire beaucoup plus. Mais comme par hasard, ceux qui veulent réglementer la vie des Européens dans leur espace privé sont aussi, généralement, ceux qui combattent l’énergie nucléaire. Nous avons déposé un amendement pour faire en sorte qu’un bâtiment « zéro émission » soit aussi un bâtiment qui profite de cette source d’énergie, parmi d’autres.

Demain en votant, Chers Collègues, réfléchissons aux conséquences. »

Un arrêt de mort

La Commission européenne a présenté ce 1er mars 2023 en commission de la pêche du Parlement européen son plan d’action « pour la conservation des ressources halieutiques et la protection des écosystèmes marins ». Ce plan prévoit notamment l’interdiction progressive du chalutage de fond dans toutes les Aires marines protégées entre 2024 et 2030, une mesure qui condamnerait l’activité de 7000 navires européens, et près d’un tiers de la pêche française. En France, des milliers d’emplois, en mer et à terre, seraient détruits.


Un arrêt de mort pour une filière déjà fragilisée

Cette mesure serait un arrêt de mort pour une filière déjà durement fragilisée par une crise profonde, liée aux conséquences du Brexit et à l’explosion des prix de l’énergie. L’urgence pour les pêcheurs est de sauver leur activité : ils ont besoin pour cela de stabilité réglementaire, d’une vision stratégique de long terme, de confiance et de cohérence – pas d’idéologie hors-sol.

Détruire la filière pêche et desservir la cause environnementale en même temps

Les conséquences de ce plan auront pour double résultat de détruire la filière pêche européenne et de desservir la cause environnementale que la Commission prétend défendre. À l’inverse de l’effet escompté, cette interdiction ne fera en effet qu’accélérer la dépendance de nos pays aux importations de pays tiers dont les pratiques sont souvent désastreuses du point de vue environnemental. En fermant à cette pêche les aires marines protégées, la Commission punirait précisément ceux qui ont fait le plus d’efforts pour la préservation de leurs eaux ; et elle sacrifierait une fois encore la sécurité alimentaire européenne est pour une réforme contre-productive, en condamnant la flotte qui applique les normes environnementales les plus ambitieuses au monde au seul profit de concurrents moins regardants.

Confiscation du débat parlementaire

Enfin, alors qu’aucun débat au Parlement n’a précédé l’annonce de ce plan et qu’aucune étude d’impact n’a été préparée, la Commission annonce une mise en œuvre de son plan par des actes délégués, qu’elle peut décréter sans vote. Cette confiscation du débat parlementaire est anti-démocratique.

Déplacement prochain auprès des pêcheurs

Je reste en lien permanent avec les pêcheurs, les scientifiques, les élus locaux, qui travaillent chaque jour sur ces sujets, et je ferai tout pour que ce projet soit abandonné. Après une nouvelle rencontre avec la filière au Salon de l’agriculture, je me rendrai prochainement auprès de pêcheurs français pour poursuivre notre travail avec eux, et pour les assurer de mon soutien et de la constance de notre groupe politique à leurs côtés.

François-Xavier Bellamy
Président de la délégation française du PPE au Parlement européen
Membre de la commission de la pêche

Intervention de François-Xavier Bellamy le 1er mars 2023 en commission de la pêche :

 

Ne pas sauver notre agriculture, c’est détruire la planète.

Agriculture, réforme des retraites, politique française et européenne, avenir de la droite… François-Xavier Bellamy était l’invité de l’émission « Questions politiques » dimanche 26 février 2023 sur France Inter, pour une heure d’entretien mené par Thomas Snégaroff, avec Nathalie Saint-Cricq, Françoise Fressoz et Carine Bécard.


Replay de Questions politiques avec François-Xavier Bellamy

Pour accéder directement au thème qui vous intéresse, ouvrez la vidéo sur YouTube et consulter le sommaire cliquable dans la légende.

Contre l’interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035

Interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035

Interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035 : une fuite en avant contre-productive

Notre groupe PPE a voté contre la décision d’interdire la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035, qui revient à interdire de facto toute vente de véhicule neuf à essence, diesel ou hybride : une fuite en avant contre-productive pour l’environnement, désastreuse pour l’industrie européenne, et que les citoyens paieront au prix fort…

La grande gagnante de ce vote est la Chine, dont l’Europe reste structurellement dépendante en la matière.

Une fuite en avant contre-productive pour l’environnement, désastreuse pour l’industrie européenne, et que les citoyens paieront au prix fort

Une erreur historique passée par l’alliance de Renew avec la gauche et les verts

Une erreur historique, qui n’est passée que par l’alliance de Renew (LREM) avec la gauche et les verts – tous ces groupes qui, d’ailleurs, se réunissent régulièrement pour voter également contre l’énergie nucléaire, empêchant sans scrupules la décarbonation de notre électricité. Nul doute que l’Europe sera contrainte de revenir à la réalité d’ici 2035 – mais après avoir interdit à notre industrie d’investir dans son avenir, dans cette filière comme tant d’autres, il sera peut-être trop tard…