Déplacement en Nouvelle-Calédonie


Retour sur cinq jours de déplacement de travail en Nouvelle-Calédonie

 

 

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Éolien en mer : vers une nouvelle faillite environnementale ?

colloque éolien en mer

Le mercredi 24 mai, François-Xavier Bellamy accueillait au Parlement européen, avec la député Ana Miranda du groupe des Verts, un colloque sur l’éolien en mer avec la présence d’experts de toute l’Europe – scientifiques, pêcheurs, élus locaux… pour alerter sur la nouvelle faillite environnementale que constitue le développement massif de l’éolien en mer.

Cet événement a permis d’échanger sur une conviction commune : un engagement sincère et sérieux pour l’écologie ne pourra jamais justifier cette destruction inédite de l’environnement marin. Changeons de cap avant qu’il ne soit trop tard.

 

 

François-Xavier Bellamy a déjà eu l’occasion de s’exprimer par le passé sur ce constat, que les pêcheurs sont les premiers à faire : les éoliennes en mer ont des conséquences irréversibles sur les fonds marins et la biodiversité. Alors que nous ne connaissons pas encore l’ampleur de l’impact, persévérer dans cette voie par pure idéologie serait une faute grave.

La France doit relever la tête en Europe !

Entretien initialement paru dans Le Figaro. Propos recueillis par Carl Meeus.

Votre débat, le 9 mai dernier face au chancelier allemand, Olaf Scholz, a marqué les esprits par la pugnacité de vos propos. Mais ne résume-t-il pas, finalement, l’impuissance d’un député européen, qui doit se contenter du ministère de la parole, et encore, pendant une minute vingt ?

C’est une erreur de penser qu’on va dénouer en une intervention des problèmes structurels qui durent depuis des années. Le format de ces interventions est très court et nous étions très peu nombreux à pouvoir débattre avec le chancelier. Il n’en reste pas moins que tant que les choses ne sont pas dites, rien ne peut avancer. Pour reprendre les mots de Charles Péguy, il faut dire ce que l’on voit et même commencer par voir ce que l’on voit dans des lieux comme celui-là, l’enceinte du Parlement européen. C’est la condition pour que la France relève la tête et que le continent européen se rééquilibre.

On entend rarement des propos de cette teneur dans la bouche d’un député européen français vis-à-vis de l’Allemagne.

Malheureusement, beaucoup préfèrent taire les divergences par facilité, par une idée mal comprise de l’amitié franco-allemande, par une naïveté permanente de la France à l’égard de son grand voisin. Mais l’amitié implique de se dire les choses en face ; et seule cette franchise suscite l’attention. Je ne m’attendais pas à l’impact que cette intervention a eu en France. Elle a été vue plusieurs millions de fois ; mais aussi en Allemagne, relayée par le grand journal télévisé du pays qui a douze millions de téléspectateurs. C’est par des moments comme ceux-là que l’on peut prendre l’opinion de nos voisins allemands à témoin, sur des questions cruciales comme l’avenir du nucléaire ou le problème de l’immigration. Notre rôle de parlementaire est bien sûr d’écrire la loi et de voter, mais aussi de parler, d’alerter quand il le faut.

Pendant trop longtemps la France est restée silencieuse, et n’a pas assez tenu sa place dans le débat européen ; et je mesure rétrospectivement combien, en partie à cause de cette faible influence, elle a perdu des batailles importantes.

J’ai dit au chancelier Scholz que sa coalition finit par mettre l’Europe en danger : il appelle à la solidarité, mais en fermant ses dernières centrales nucléaires il y a quelques semaines, en pleine crise de l’énergie, l’Allemagne aggrave le risque de pénuries et fait monter les prix de l’électricité partout en Europe. Même chose pour l’immigration : Olaf Scholz dit que l’Europe doit maîtriser les flux migratoires, mais son administration fait tout pour les augmenter en espérant compenser la crise démographique allemande. Pendant trop longtemps la France est restée silencieuse, et n’a pas assez tenu sa place dans le débat européen ; et je mesure rétrospectivement combien, en partie à cause de cette faible influence, elle a perdu des batailles importantes. Depuis quatre ans, avec notre délégation, nous travaillons sans relâche pour peser et pour obtenir des résultats.

Vous saviez cependant que l’Allemagne ne changerait pas d’attitude…

Je n’imaginais pas changer la politique allemande en quelques mots. Après tant de silences et de démissions, une intervention pour tenter de parler clairement n’est certainement pas suffisante, mais elle était sans doute nécessaire.

Vous vouliez marquer les esprits ?

Je ne voulais pas faire un coup d’éclat ; en réalité, c’est un travail de long terme. Ce discours, je le tiens tous les jours depuis quatre ans. Et sur les sujets d’énergie, de politique économique ou commerciale, nous avons déjà gagné des batailles décisives. Si la France veut se faire entendre, elle le peut ! Malgré ses trois faiblesses principales : notre déficit budgétaire constant, et peut-être plus encore notre déficit commercial abyssal, nous discréditent beaucoup auprès de nos voisins, dont les excédents servent de caution à notre dette… Deuxième faiblesse, l’absence chronique de stratégie d’influence française dans les institutions européennes. Et enfin, sans doute est-ce la racine, une naïveté qui fait que notre pays est souvent le seul à croire que pour « être européen », il faut renoncer à défendre ses intérêts. D’une certaine manière, je comprends l’Allemagne de s’organiser pour faire avancer ses priorités. Mais plutôt que de nous plaindre, il faut nous donner les moyens de nous faire entendre nous aussi !

Un député européen français est-il condamné à se fondre dans le Parlement et à ne plus défendre les intérêts français face aux intérêts européens ?

Bien sûr que non. C’est d’abord une question de vision : Emmanuel Macron veut par exemple imposer des listes transnationales aux élections européennes. Je suis radicalement opposé à cette idée. Nous sommes élus au Parlement européen pour représenter notre pays, pas pour incarner une abstraction. Chaque semaine, je vais sur le terrain partout en France : je n’ai pas entendu un seul Français me dire qu’il voudrait que son député soit letton ou bulgare… Ils me disent au contraire que l’Europe est trop lointaine, ne les comprend pas, ne s’inquiète pas de ce qu’ils vivent. Cette idée de listes transnationales est révélatrice d’un désaccord de fond avec la vision d’Emmanuel Macron : l’Union européenne est une alliance de démocraties souveraines, pas une sorte de super-État qui devrait effacer les réalités nationales.

Concrètement, qu’avez-vous réussi à faire changer ?

Au début du mandat, le nucléaire était constamment exclu de tous les textes européens, comme la taxonomie sur les énergies vertes, qui va déterminer le mix énergétique de nos pays pour les décennies à venir. Nous avons renversé cette tendance. J’ai déposé par exemple un amendement pour inclure le nucléaire dans les financements du plan de relance énergétique européen, un fonds de 210 milliards d’euros. Tout le monde me prédisait un échec : nous avons travaillé pendant plusieurs mois pour renverser la tendance et réunir une majorité. Cet effort patient d’influence a fini par payer, et l’amendement a été adopté par le Parlement. Avec les voix de socialistes d’Europe centrale, de libéraux des pays nordiques… mais malgré l’incroyable opposition de la délégation macroniste, qui a massivement voté contre. C’était pourtant après la promesse présidentielle de relancer le nucléaire ! Ici comme au Conseil, la majorité macroniste n’assume pas de défendre l’intérêt pourtant évident de notre pays. Par idéologie écologiste, autant que par naïveté européenne, elle continue de fragiliser notre principal outil de compétitivité.

On imagine que votre combat contre le hijab a été aussi difficile !

Et ce combat continue… Il prendra du temps, parce que l’entrisme islamiste dans les institutions européennes a bien pris. J’ai fait adopter un amendement pour interdire à la Commission européenne de continuer de financer des publicités célébrant le hijab, comme celle qui avait pour slogan : « La liberté est dans le hijab »… C’est quand même stupéfiant d’en arriver là. Pourtant, là encore, il aura fallu de la persévérance : lorsque j’ai déposé cet amendement pour la première fois, la gauche, les écologistes et une partie du groupe d’Emmanuel Macron ont empêché qu’il soit mis aux voix ! Il a fallu un long travail d’influence pour gagner cette première bataille. Cela me vaut aujourd’hui une plainte de l’ex-CCIF, mais rien ne m’empêchera de continuer ce travail. Au-delà des symboles, un combat essentiel est en jeu pour nos démocraties. Et je constate qu’avec les Républicains, nous sommes les seuls à le mener… Ce ne sont pas les élus du Rassemblement national qui ont gagné cette bataille.

Sur l’Arménie, vous vous êtes heurtés aux mêmes difficultés ?

Là aussi, la situation a changé. Quand le Haut-Karabakh arménien a été attaqué par l’Azerbaïdjan et la Turquie en septembre 2020, nous étions seulement quelques-uns à alerter sur ce qui se passait. Personne ne nous écoutait. Aujourd’hui, nous avons renversé la tendance. J’ai déposé il y a quelques semaines un amendement pour imposer des sanctions aux dirigeants azéris coupables du blocage du corridor de Latchine : c’est la première fois que le Parlement prend une telle position. Pour déposer un amendement, il faut le faire signer par 10 % des parlementaires : il a fallu aller chercher les signatures les unes après les autres, dans tous les pays où je pensais pouvoir trouver des alliés. Puis convaincre le reste des collègues de le voter… Malgré le lobbying massif de nos opposants, cet amendement a été adopté. C’est une victoire importante aussi pour les Français : ce qui est en jeu, c’est le rapport de l’Europe à la Turquie, à ses dépendances gazières et migratoires, et donc notre propre sécurité.

Vous étiez tête de liste des Républicains en 2019. La logique ne voudrait-elle pas que vous conduisiez à nouveau la future liste en 2024 ?

Pour moi, ce qui compte, c’est d’abord que la droite réussisse à relever la tête à l’occasion de cette élection. Ma conviction profonde, c’est que ce scrutin européen sera décisif. Pour l’Europe, ce sera un moment de bascule ; et aussi, tout le monde en a conscience, un moment essentiel pour la recomposition de la vie politique française.

Si quelqu’un est mieux à même que moi de créer un élan, je suis prêt à m’engager à fond derrière lui. Maintenant, je constate que les vocations sont peu nombreuses. Peut-être que l’aventure fait peur ; moi je n’ai pas froid aux yeux.

C’est un moment bien trop important pour être ramené à une question d’ego… Si quelqu’un est mieux à même que moi de créer un élan, je suis prêt à m’engager à fond derrière lui. Maintenant, je constate que les vocations sont peu nombreuses. Peut-être que l’aventure fait peur. Moi je n’ai pas froid aux yeux ; j’ai un bilan à défendre, une expérience acquise, qui peuvent être utiles.

Donc, quand on entend que vous pourriez aller sur une liste du RN ou de Reconquête!, c’est faux ?

Je crois à la constance et à la loyauté. Et ce qui me paraît essentiel, c’est que demain la France soit plus fortement représentée là où se joue le cœur de la décision politique en Europe. Ce n’est pas le RN qui fait l’influence française au Parlement. Ce ne sont pas non plus les macronistes, qui passent leur temps à voter contre ce que le président promet de faire à Paris. Emmanuel Macron dit qu’il veut renforcer l’Europe contre l’immigration illégale, mais ses députés font une croisade contre les infrastructures de protection aux frontières de l’Europe. Si demain la France n’était plus représentée au sein de la droite européenne, ce serait un problème majeur.

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Débat avec Olaf Scholz au Parlement européen

Monsieur le Chancelier, Parlons nous franchement. Les divergences entre nos pays deviennent souvent inquiétantes. Le mien, la France, a sa responsabilité. Mais derrière les mots, votre coalition finit par mettre l’Europe en danger. Vous parlez d’Europe unie. Mais après avoir imposé l’austérité partout, vous lancez le Doppelwumms, sans prévenir personne, un plan de soutien massif pour l’économie allemande – et tant pis pour les autres pays européens qui en sortiront durablement déstabilisés.

Vous dites que nous devons parler d’une seule voix, mais vous allez seul en Chine pour y maintenir vos positions, au prix de nos dépendances. Vous parlez de solidarité, mais quand vous fermez en pleine crise de l’énergie, vos dernières centrales nucléaires, c’est dans tous nos pays que les factures s’alourdissent. Vos élus font ici tout pour asphyxier cette filière au nom de l’écologie, paraît-il. Mais vos ministres agrandissent les mines de charbon en Allemagne, et c’est toute l’Europe qu’ils polluent. Vous dites que l’Europe doit maîtriser les flux migratoires, mais vous faites tout pour les augmenter en Allemagne.

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. 

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. Hannah Arendt schrieb : Eine Krise wird erst dann zu einem Unheil, wenn mit schon Geurteiltem, also mit Vorurteilen darauf geantwortet wird. Es ist höchste Zeit, uns selbst in Frage zu stellen*.

 

*Hannah Arendt a écrit : Une crise ne devient une catastrophe que si nous y répondons par des idées toutes faites. Il est grand temps de nous remettre en question.

 

 

 

Un moratoire législatif pour mettre fin à l’excès de normes

Tweets publiés suite à l’appel d’Emmanuel Macron à un moratoire législatif dans la réglementation environnementale européenne

 

Depuis des mois, nous exigeons avec le PPE un moratoire législatif pour mettre fin à l’excès des normes qui plombe tous ceux qui produisent et travaillent en Europe. Les élus macronistes, eux, poussent avec la gauche et les verts pour les réglementations les plus contraignantes.

Malgré leurs critiques, et contre cette dérive – qui inquiète même les élus de leur propre groupe issus d’autres pays, nous n’avons cessé de rappeler que fragiliser l’industrie et l’agriculture en Europe, c’est importer une production bien moins soucieuse de l’environnement…

Que feront-ils maintenant sur les nouvelles normes qui se préparent ? Le macronisme est une succession révoltante de contradictions, masquées par le « en même temps », sur les sujets les plus stratégiques pourtant. Logique que de tels reniements mènent à l’écœurement démocratique…

 

Trois ans après la rupture démocratique du grand emprunt européen

Trois ans après le grand emprunt européen, toutes nos alertes se confirment. Le remboursement reste incertain. Il entraîne de nouveaux impôts. Et la Commission ne dit toujours pas le coût réel de cette dette, prévu à 15 milliards par an, mais aggravé par la hausse des taux…

En 2020, François-Xavier Bellamy est intervenu à de multiples reprises pour dénoncer le principe de cet endettement commun et l’absence de plan de remboursement clair : « comment a-t-on pu valider cet emprunt européen sans arbitrer sur les modalités de son remboursement, en se fondant simplement sur l’hypothétique création de ressources propres – sujet que chacun sait si controversé que le Conseil s’est bien gardé d’en débattre, même s’il était directement lié à l’emprunt qu’il confirmait ? Pourtant, il faudra bien rembourser ».

Historique et décryptage des rouages ayant mené à cette « rupture démocratique » du grand emprunt européen :

La Commission européenne a levé son premier emprunt, voulu par Emmanuel Macron, sans pouvoir le rembourser. Conséquence : elle prépare maintenant des « ressources propres », une nouvelle fiscalité pour affronter cette dette. Une rupture démocratique dénoncée depuis trois ans…


La Commission croit-elle vraiment que nous sauverons l’environnement en important encore plus depuis la Chine ?

Débat avec le Commissaire européen en charge de la pêche le 26 avril 2023 au Parlement européen.

« Merci Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire,

Quel est exactement le but de ce plan d’action ? Quel est d’abord son statut ? Il y a une vraie question, sur le statut de ce plan d’action. Est-ce que ce sera la base d’une nouvelle réglementation contraignante ? Est-ce que c’est seulement une déclaration d’intention ? Est-ce qu’il est toujours sur la table, ou bien est-ce qu’il a été retiré, comme le ministre de la Mer l’a dit en rentrant à Paris, après vous avoir rencontré, aux pêcheurs français ? Ceci a besoin d’être clarifié. Nous ne pouvons pas laisser les pêcheurs dans la confusion alors que l’enjeu est si important.

Parce que le but, maintenant, et c’est ça qui est le plus difficile à comprendre… Quel est le point ? Vous dites qu’il faut protéger les fonds marins, et nous sommes tous d’accord pour protéger les fonds marins. Mais interdire le chalut dans les aires marines protégées, c’est sanctionner ceux qui ont fait le plus d’efforts, parce que c’est là où justement, on a cherché à protéger les aires marines qu’on va maintenant, en fait, détruire l’activité de pêche. Cela ne gêne pas les fonds marins quand il s’agit d’implanter, dans ces aires marines protégées, des éoliennes offshore. Là, on ne s’inquiète plus de la biodiversité, comme le disait Peter Van Dalen, quand il s’agit de faire en sorte que, même dans des zones Natura 2000. Notre Parlement – et je regrette l’hypocrisie de beaucoup sur ce sujet – a voté pour accélérer le développement des parcs éoliens offshore dans des zones Natura 2000. Pourquoi d’un seul coup la biodiversité n’est-elle plus un problème ? Pourquoi ?

Le résultat de tout cela, c’est que dans un pays comme le mien, la France, 30 % de l’activité de pêche pourrait disparaître. 30 %… Quel est le but ? Quel est le sens ? Aujourd’hui, nous sommes déjà en train d’importer 70 % de tous les produits de la mer que nous consommons. 70 %. Quel est le projet ? De devenir plus dépendants, encore, demain, de la pêche chinoise, dont nous savons les égards qu’elle a pour la protection de l’environnement ? Vous dites que vous voulez négocier avec la Chine pour faire en sorte qu’elle respecte mieux ses engagements. Mais la réalité, c’est que c’est d’un bras de fer qu’il s’agit. Ce bras de fer consiste à défendre d’abord nos propres pêcheurs, si nous voulons faire en sorte que le modèle qu’ils représentent – le plus vertueux au monde du point de vue environnemental – puisse continuer d’exister.

Quel est le projet ? C’est le poisson végétal, dont parlait mon collègue à l’instant ? Il faut dire aux pêcheurs ce que nous voulons pour leur avenir. Il faut dire aux Européens ce que nous voulons pour l’avenir de leur sécurité alimentaire. Et tout ceci intervient dans un contexte où nous subissons les conséquences du Brexit, où nous avons aujourd’hui la fermeture du golfe de Gascogne qui vient d’être annoncée aux pêcheurs français, où les prix de l’énergie sont en train d’exploser…

Objectivement, Monsieur le Commissaire, les débats que nous avons ici, ils se déroulent dans un cadre très policé, mais sur les quais, dans les criées, je comprends les pêcheurs d’être découragés, et même un peu désespérés devant ce continent qui ne veut plus qu’ils travaillent pour eux, pour nous nourrir, pour nous faire vivre. Ce découragement, j’espère qu’il finira par être entendu par la Commission et par le Parlement. Merci beaucoup. »

Se tenir aux côtés des chrétiens d’Irak

« Merci Madame la Présidente,

Nous parlons des relations entre l’Europe et l’Irak, et il y aurait tant à dire, tant à dire sur les sécheresses qui se multiplient, sur ces difficultés majeures pour l’irrigation de l’agriculture irakienne qui menacent l’alimentation de tant de citoyens d’Irak. Pourquoi ? En particulier à cause, bien sûr, des retenues aux barrages qui s’opèrent au niveau de la Turquie, sur le Tigre et sur l’Euphrate. C’est la Turquie, elle aussi, qui est en jeu dans les incursions – tant de collègues l’ont rappelé – en territoire irakien, qui aujourd’hui tuent des civils irakiens. Et là encore, l’Europe pourrait agir.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans. Une terre que pourtant, aujourd’hui, ils sont contraints d’abandonner devant le spectre d’une violence qui ne cesse de menacer. Ces chrétiens, aujourd’hui – j’étais avec eux pour Noël à Qaraqosh – pourraient être le symbole d’une espérance : ils ont réussi à revenir, à reconstruire, sur ces terres que l’Etat islamique avait occupées. Et ils ont réussi à vaincre le mal qui les frappaient.

L’actualité nous rappelle aussi à notre responsabilité envers toutes ces familles chrétiennes d’Irak qui sont aujourd’hui encore en train de quitter une terre qui a été la leur depuis plus de 1500 ans.

Et pourtant, si nous ne sommes pas à leur côté, ils vont quitter ce pays, et avec eux, c’est ce pays tout entier qui sera défiguré. Avec leur départ, c’est le Moyen-Orient qui perdra une part de son âme. C’est sans aucun conteste la responsabilité de l’Europe de soutenir ces populations et de leur dire que, à travers elle, c’est aussi une part de nous, de notre héritage commun, qui se trouve représenté, dans ce Moyen-Orient lointain et pourtant si proche de nous par tant d’enjeux essentiels.

Merci beaucoup. »

Aides d’État, aides européennes : quel soutien pour nos pêcheurs d’outre-mer ?

Intervention de plénière à Strasbourg le 20 avril

Le sujet des aides d’État peut paraître très technique, mais je voudrais simplement vous raconter une petite histoire. Lorsque je suis allé voir les pêcheurs de Mayotte – qui sortent en mer sur des pirogues hors d’âge –, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas reçu un seul centime des financements qui leur ont été promis depuis des années maintenant pour renouveler leur flotte. Toutes les grandes puissances mondiales aident leurs pêcheurs à financer le renouvellement de leur flotte. Et pour nous, ce sont des enjeux stratégiques majeurs que ceux qui consistent à alimenter nos régions ultrapériphériques, nos pays européens… mais aussi à assurer une présence à la mer, dans ces régions du monde où l’Europe a la chance de pouvoir compter sur eux.

La Commission refuse d’engager les financements nécessaires

Eh bien, nous n’avons pas débloqué un euro. Pourquoi ? Parce que, même si notre Parlement a voté en faveur de ces aides d’État, même s’il a voté en faveur de fonds européens pour le renouvellement de la flotte dans le FEAMPA, même si la Commission européenne s’y est engagée, aujourd’hui, le sujet est compliqué et la Commission refuse d’engager les financements nécessaires. Et pourtant, simultanément, ces pêcheurs de Mayotte, mais aussi ceux de Guyane, ceux de La Réunion voient arriver des bateaux neufs – flambant neufs, financés par des fonds européens, au titre de l’aide au développement. Des bateaux du Suriname pour la Guyane, des bateaux de L’île Maurice pour Mayotte et La Réunion…

Nous voyons que l’Europe finance avec des fonds européens des bateaux créés dans des pays-tiers quand elle refuse à nos propres États de soutenir nos pêcheurs, dans nos propres pays.

Comment ce sujet ne pourrait-il pas révolter les pêcheurs de nos régions ultrapériphériques ? Les pêcheurs de nos outre-mer ? Il est urgent enfin que ce sujet soit débloqué, et que nous cessions les manœuvres dilatoires qui consistent à refuser sans cesse que ce soutien – pourtant voté par notre parlement – devienne une réalité.

Malgré les députés macronistes, protéger nos pays contre l’immigration illégale

Désavoués par le Parlement européen, les députés macronistes voulaient empêcher l’Europe d’agir face à l’immigration illégale.

Moment politique décisif, et tellement révélateur, aujourd’hui à l’occasion de la plénière du Parlement : dans un vote sur le budget européen pour 2024, notre groupe PPE a fait adopter (321 +, 290 -, 20 abstentions) un amendement rendant possible des financements européens pour des moyens de protection physiques aux frontières extérieures, que la Commission refusait jusque là.

Depuis plusieurs mois, la délégation française Renaissance n’a eu de cesse d’attaquer avec virulence notre position, Valérie Hayer dénonçant même hier notre demande « ignoble » de soutenir les États-membres qui voudraient construire des murs à leurs frontières avec des pays tiers. Que dira la délégation macroniste aux 32 députés de son propre groupe qui ont soutenu notre position aujourd’hui ?

Que peut-elle dire aux douze gouvernements européens qui ont appelé à l’aide lorsqu’en 2021 le régime de Loukachenko organisait une crise migratoire pour déstabiliser nos pays ? Que répondra-t-elle à la Grèce, à l’Espagne, à l’Italie, à tous les pays de première entrée qui demandent que l’Union européenne les aide à protéger des frontières qui sont celles de notre continent tout entier ?

Que peut-elle expliquer aux Français surtout ? Avant-hier encore, le président de la République promettait de « renforcer le contrôle de l’immigration illégale ». Le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations martiales. Mais à Strasbourg, leurs élus s’organisent avec la gauche et l’extrême gauche pour faire tomber un texte budgétaire uniquement parce qu’il permet de financer les infrastructures nécessaires pour protéger nos frontières.

Se donner enfin les moyens d’empêcher l’immigration illégale

Le choix à faire est pourtant simple. Soit nous voulons d’une Europe qui se donne enfin les moyens d’empêcher les entrées illégales, pour que nos pays retrouvent la capacité de déterminer leur politique migratoire, et de sortir d’une vulnérabilité qui n’a cessé de nous exposer à toutes les menaces hybrides (celles de la Biélorussie hier, mais aussi de la Turquie d’Erdogan ou des organisations islamistes qui ont frappé nos pays au cours des dernières années).

Et et pour cela, il faut s’en donner les moyens. Cela ne se réduit pas au débat d’aujourd’hui, bien sûr : la stratégie globale que nous préparons aujourd’hui doit reposer sur la clarification du mandat de Frontex et son renforcement, sur un dialogue enfin franc avec les pays de départ, sur une coopération déterminée pour les retours et des aides au développement clairement conditionnées à la coopération en matière de réadmissions, sur une politique de l’asile refondée pour que ce principe essentiel ne soit plus détourné constamment comme il l’est aujourd’hui. Et parmi tous ces éléments, il faudra aussi poursuivre, là où c’est nécessaire, la construction de murs quand la configuration des frontières terrestres l’exige. C’est ce que met en œuvre aujourd’hui la Finlande, sous l’impulsion d’un ministre Vert au sein d’un gouvernement de gauche. Les élus macronistes l’accuseront-ils de « céder à l’extrémisme » ?

Puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable.

Refuser que l’Europe s’engage dans cette protection, c’est refuser toute stratégie pour protéger nos frontières.

S’il est illégitime d’utiliser une infrastructure physique pour empêcher le franchissement illégal d’une frontière, pourquoi financer une agence de gardes frontières dans le même but ? Le vote d’aujourd’hui permet de comprendre pourquoi la majorité présidentielle française n’a pas défendu l’agence Frontex, comme nous l’avons fait sans relâche, face aux attaques de la gauche… Derrière les proclamations de solidarité européenne, ses élus choisissent aujourd’hui de mépriser tous les pays de l’Union placés en première ligne, qui demandent notre soutien pour assumer ce défi commun.

Il est temps qu’ils assument enfin une position cohérente : puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable. Le Parlement européen, malgré ces manoeuvres, a désavoué majoritairement cette obsession idéologique : laissant la majorité présidentielle à ce combat minoritaire, nous poursuivrons notre travail pour protéger enfin l’Europe face à l’immigration illégale.