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Peut-on se passer du libre-échange ?

Tribune parue dans Les Echos le 22 mai 2024

L’Europe ne peut et ne doit pas se couper du commerce mondial. Mais il a connu un tournant critique, et nous paierons cher le fait d’être le dernier continent à l’avoir compris…

Avec les Etats-Unis, l’Europe a longtemps été à l’avant-garde du libre-échange, dans un contexte de supériorité économique, industrielle et technologique indiscutable. La chute du mur de Berlin a marqué le début d’une grande phase de mondialisation, perçue comme le triomphe de l’Occident, de ses valeurs et de son modèle économique.

La montée en puissance des pays émergents, mais aussi le décrochage depuis une quinzaine d’année de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, ont changé la donne. Dans le contexte du retour de rivalités géopolitiques affirmées, le commerce international est redevenu un outil stratégique. En accueillant la Chine, l’OMC n’a pas vécu son triomphe, mais sa fin : ses membres les plus importants ont fait voler en éclat ses principes. Subventions publiques massives à la production, barrières tarifaires et réglementaires de pure opportunité, exclusivité nationale sur les marchés publics… : les Etats-Unis comme la Chine se sont affranchis sans complexe des règles du jeu, tout en neutralisant l’arbitre.

Dans ce contexte, l’Europe doit éviter deux impasses.

Le premier danger serait de se replier dans un protectionnisme frileux, sans vision et sans ambition. C’est un risque majeur pour la France en particulier ; dans une zone euro excédentaire commercialement, notre pays paie cher son retard de compétitivité : 100 milliards de déficit commercial l’an dernier, record atteint par l’État champion du monde des impôts, des charges et de la complexité. Si nous voulons retrouver notre prospérité, la pire erreur serait de tenter de s’enfermer dans quatre murs pour se protéger de la compétition mondiale ; ce serait le plus sûr moyen de mourir à petit feu. Il n’y a pas d’autre option que la liberté : libérer nos entrepreneurs, nos industriels, nos agriculteurs, des sables mouvants administratifs, sociaux et fiscaux qui découragent tous les jours le travail et la production en France.

En allégeant drastiquement les codes et les charges, en sortant de la prime à l’inactivité, en recréant un principe de confiance envers le risque et l’investissement, en interdisant les surtranspositions – avec un objectif : remettre le pays à niveau au moins des concurrents européens.

Deuxième impasse tout aussi dangereuse : la naïveté.

Cet indispensable travail ne suffira pas en effet à nous rendre compétitifs face à n’importe quels modèles, sauf à entrer dans une course délétère aux subventions publiques ou au moins-disant systématique. C’est l’une des raisons pour laquelle nous n’avons pas soutenu le CETA : ce serait condamner politiquement le libre-échange que d’organiser en son nom une concurrence déloyale contre nos propres producteurs. La trajectoire de cet accord est d’ailleurs, à moyen terme, irrémédiablement déficitaire pour la France. Le débat qu’il a suscité est légitime ; mais il ne doit pas faire oublier que l’essentiel est de toute façon ailleurs.

Face à la stratégie agressive de surproduction chinoise, l’Europe ne doit pas laisser les États-Unis réagir seuls, sauf à se condamner à devenir l’unique marché de débouché pour le projet de Pékin. L’urgence est de compléter le MACF pour y inclure les produits manufacturés, en rétablissant les quotas gratuits pour nos industriels jusqu’à sa pleine effectivité.

L’Union devra également apprendre à appliquer des quotas, et mener plus rapidement ses enquêtes anti-dumping, en mobilisant tous les outils juridiques que nous avons créés au cours du dernier mandat. L’été dernier, le chef économiste de la Commission déclarait encore qu’il faudrait remercier la Chine de subventionner les voitures qu’elle nous vendra : c’est à cette naïveté dangereuse qu’il est urgent de mettre fin. Sinon, les prochaines crises nous réveilleront trop tard à une vulnérabilité devenue irréversible.

Il y a un an : débat face à Olaf Scholz

Le vrai danger pour le climat, c’est la décroissance de l’Europe.

« Aujourd’hui, dans ce débat aberrant, nous voilà attaqués parce que nous avons réussi à obtenir que l’Europe soutienne enfin nos agriculteurs. Nous voilà mis en accusation parce que nous attaquerions le climat.

Mais la vérité, chers collègues des Verts, chers collègues de la gauche, chers collègues macronistes, c’est que l’attaque, elle vient de vous :

  • Attaques contre nos emplois, qui ont été fragilisés directement par les choix industriels désastreux que vous aurez portés ;
  • Attaques contre notre souveraineté et notre indépendance, avec votre obsession contre le nucléaire ;
  • Attaques contre notre prospérité, avec l’agenda de décroissance économique et agricole que vous n’aurez cessé de mener malgré nos avertissements ;
  • Attaques, enfin, contre le climat lui-même.

Parce que oui, le climat n’est pas mis en danger aujourd’hui par ceux qui travaillent et qui produisent en Europe, et qui respectent les règles environnementales les plus exigeantes au monde. Les deux tiers des émissions mondiales sont faites par dix pays, dont un seul est européen.

Et la vérité, c’est que tout ce que nous avons fait, tout ce que vous avez porté pour empêcher les Européens de produire chez eux ce dont nous avons besoin, vous l’avez fait pour offrir des parts de marché sur notre continent à ces modèles de production qui détruisent le plus la planète.

Il faut revenir à la rationalité.

Votre responsabilité sera immense.

Le 9 juin, les électeurs voteront et nous remettrons l’Europe à l’endroit. »

Tout ce que vous avez porté pour empêcher les Européens de produire chez eux ce dont nous avons besoin, vous l’avez fait pour offrir des parts de marché sur notre continent à ces modèles de production qui détruisent le plus la planète. Il faut revenir à la rationalité.


Cette dernière session plénière a tout de même été l’occasion d’une vraie victoire pour les agriculteurs, grâce aux efforts du PPE :

Remettre l’Europe agricole à l’endroit

À l’issue du Salon International de l’Agriculture 2024, François-Xavier Bellamy et Céline Imart partagent leurs premières propositions pour l’avenir de notre agriculture, dans le JDD.

Inverser la logique de la pression : voilà ce qu’attendent les agriculteurs, qui font vivre nos filières d’excellence, créent notre alimentation, contribuent à notre énergie, captent le carbone, entretiennent la nature. Ils sont pourtant déconsidérés, écrasés de défiance, de contraintes et de soupçons ; tout ce que le travail de la terre devrait leur apporter – salaire, reconnaissance, dignité – leur est retiré.

L’enjeu des années qui viennent est vital :

La France doit échapper à la dépendance alimentaire et les agriculteurs retrouver le revenu qui leur permettra de vivre de leur travail. Pour y parvenir, il est impossible de produire moins. Certains en ont fait un tabou : en matière alimentaire, produire est pourtant un enjeu de sécurité, de santé, de souveraineté et la condition pour sortir de l’appauvrissement dans lequel s’enlise notre agriculture (16 % des foyers d’exploitants vivaient en 2020 sous le seuil de pauvreté).

Leurs problèmes, leur colère, sont les symptômes des détresses de la France qui travaille. De la France des entreprises, grandes ou petites, de ce tissu de courage et de responsabilité qui fait la richesse du pays.

Le Salon de l’agriculture ferme ses portes, mais nous n’avons pas le droit de tourner la page et de laisser l’actualité imposer d’autres sujets. Bien loin des petites phrases et des coups de com, nous avons pris ce temps pour écouter et échanger. Nous savons que la révolte du monde agricole ne finira pas tant qu’il n’aura pas obtenu les réponses auxquelles il a droit.

Notre première proposition est très concrète :

Ajouter au principe de non-régression du droit de l’environnement, un principe de non-régression économique.

Aucune règle ne doit être votée si elle implique une baisse de la production en Europe. Ces deux principes sont liés, puisque ce que nous cessons de produire dans nos pays, nous devons l’importer d’une production extra-européenne bien moins respectueuse de la nature. La responsabilité écologique n’implique pas que nos agriculteurs tombent en voie d’extinction.

Deuxième piste, mener enfin à bien ce qu’aucun gouvernement macroniste n’aura tenu :

Un grand plan de suppression des surtranspositions françaises pour nous aligner sur les standards européens.

Il y faudra de la détermination, mais la fin de la concurrence déloyale en Europe est à ce prix. Il n’y a aucune raison, concernant une politique partagée en Europe, d’appliquer des règles plus complexes en France que chez nos voisins.

Notre troisième proposition veut inverser la logique de la pression qui pèse aujourd’hui sur les agriculteurs, entrepreneurs du vivant.

La machine à produire de la norme qu’est devenue la Commission européenne s’est emballée. Pour imposer des règles au pouvoir réglementaire, il faut imposer que l’évaluation des politiques déjà appliquées soit obligatoire avant d’envisager tout renforcement des mesures les constituant. Par ailleurs, chaque nouveau texte doit obligatoirement prendre en compte la conclusion des études d’impact, avec l’évaluation d’un bilan complet du coût et des avantages, incluant les conséquences économiques et sociales des mesures envisagées.

Aujourd’hui, trop d’associations, dont la seule raison d’être est d’obtenir des subventions, sous couvert de défense de la planète, s’attaquent sans discontinuer à notre agriculture, pourtant la plus vertueuse et durable du monde. Elles s’opposent à tout projet, à toute avancée, à tout vote des élus locaux en matière de projet agricole. Contre les mouvements qui prétendent faire la loi y compris par la violence, il est temps que l’autorité publique sorte de la complaisance : nous demandons la suppression définitive de toute subvention pour chaque mouvement qui pénètre illégalement dans une exploitation ou entrave le travail des agriculteurs.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

Durant le mandat qui s’achève, les députés européens LR ont lutté aux côtés des agriculteurs contre le projet de la décroissance agricole, porté par l’alliance de la gauche et des macronistes. Avec Anne Sander, nous avons écarté le pire du texte « Restauration de la nature », le gel de 10 % des surfaces agricoles, qui allait faire chuter la production alimentaire en Europe. Ces derniers jours encore, nous avons travaillé pour retirer l’élevage des normes appliquées aux industries polluantes ou empêcher la création d’un permis tracteur. Donnant la priorité à des filières fragilisées, nous avons voté contre les accords de libre-échange qui pouvaient les menacer.

Nous sommes maintenant à la croisée des chemins pour notre continent.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

 


François-Xavier Bellamy, Céline Imart et Eric Ciotti à la rencontre des éleveurs de Seine-et-Marne. Plus que des effets d’annonces, nos agriculteurs ont besoin de mesures concrètes et d’une vision à long terme pour pouvoir vivre dignement de leur métier et protéger la souveraineté de notre pays. 

 

Vive nos terroirs, vive l’agriculture et vive la France ! 

À nous de rendre la liberté à ceux qui travaillent, créent et produisent

Réflexion sur les enjeux de la politique commerciale européenne, et sur les accords de libre-échange.

libre-échange

100 milliards d’euros : notre déficit commercial touche son deuxième record historique en 2023.

La France ne retrouvera pas sa prospérité en rêvant d’exporter ses contraintes et ses charges ailleurs : à nous de rendre la liberté à ceux qui travaillent, créent, produisent. La position que les députés LR défendent au Parlement européen est claire : c’est le pragmatisme.


Agriculture : que chacun assume son bilan et sa responsabilité

Réponse à Jérémy Decerle en hémicycle au cours d’un débat sur l’agriculture européenne

Cher collègue, vous dites opportunément maintenant qu’il ne faut pas polariser le sujet de l’agriculture, mais vous souvenez-vous du moment où vous votiez pour la loi sur la restauration de la nature ? Et nous étions critiqués au PPE par vous ou par vos collègues parce que nous alertions sur le fait que ce texte allait faire baisser de 10 % la surface agricole utile en Europe ? Vous rappelez-vous le moment où notre délégation avait alerté sur la stratégie « De la ferme à la fourchette », que vous avez votée ?

Vous dites qu’il ne faut pas importer l’agriculture que nous ne voulons pas produire. Mais vous rappelez-vous avoir voté pour l’accord avec la Nouvelle-Zélande, que nous n’avons pas voté, parce qu’il va contribuer à faire venir sur notre sol des tonnes de produits que nous ne produisons pas chez nous : 30 000 tonnes d’agneaux, 20 000 tonnes de lait en poudre, développé avec des techniques que nous refusons à nos propres agriculteurs ?

Il est temps aussi de faire le bilan de ce que chacun assume et de regarder en face les responsabilités de nos groupes respectifs. Si nous voulons vraiment défendre l’agriculture, nous lui devons la vérité.


Revoir l’intervention : 

De quoi meurt notre agriculture ?

De quoi meurt notre agriculture ? François-Xavier Bellamy et Anne Sander Illustration de Fabien Clairfond / Le Figaro

Tribune parue dans la Figaro le 22 janvier 2024

La crise actuelle est la conséquence directe de la politique menée par la Commission européenne qui, en prônant la décroissance et en multipliant les normes qui pèsent sur les exploitations, a asphyxié le monde agricole, déplorent les deux députés européens*.

De quoi meurt notre agriculture ? Il est des conversions subites à la cause rurale qui ne sauraient faire oublier que la crise que nous traversons a été voulue, choisie, planifiée, en dépit du bon sens et contre nos intérêts essentiels, au cours des dernières années – et particulièrement pendant le mandat européen qui s’achève.

Tout était écrit. Lorsque la Commission européenne a publié en mai 2020 sa stratégie dite « Farm to Fork » (« De la ferme à la fourchette »), le principe était clair : la « transition verte » de l’agriculture européenne imposait sa décroissance. Et ses conséquences prévisibles… Les agriculteurs avaient alerté immédiatement. Confirmant leurs inquiétudes, deux études d’impact avaient été publiées, la première par des universités allemandes, la seconde par le Département de l’agriculture des États-Unis. Toutes deux convergeaient sur ce point : la multiplication des normes qui se dessinait pour l’agriculture européenne, l’augmentation des jachères, la diminution drastique des protections phytosanitaires allaient produire une chute sans précédent de notre production agricole, qui inquiétait jusqu’à nos concurrents américains.

Avec notre groupe PPE, nous avons immédiatement dénoncé la gravité du danger. Mais nos alertes ont été balayées d’un revers de main par les promoteurs de cet agenda, directement écrit par l’écologie politique, et porté dans les institutions par la gauche, les verts et les élus macronistes.

Avec notre groupe PPE, nous avons immédiatement dénoncé la gravité du danger. Mais nos alertes ont été balayées d’un revers de main par les promoteurs de cet agenda, directement écrit par l’écologie politique, et porté dans les institutions par la gauche, les verts et les élus macronistes. Parmi eux, le président de la commission de l’Environnement, Pascal Canfin, lui-même issu des rangs écologistes, aura systématiquement choisi la ligne la plus radicale en matière de contraintes imposées au monde agricole, malgré les signaux d’alarme. Ces estimations étaient fausses, nous répondait-on ; les chercheurs universitaires avaient bien dû être compromis par quelque lobby agricole, et les Américains jouaient la désinformation.

Las, la troisième étude d’impact, publiée cette fois par les experts de la Commission européenne elle-même, confirmait les pires hypothèses : la stratégie « Farm to Fork » devait entraîner une baisse de production de 13 % d’ici à 2030.

Concrètement, cela devait impliquer une augmentation forte des prix de l’alimentation pour les consommateurs, une coupe estimée à 16 % du salaire des agriculteurs – qui comptent déjà parmi les plus bas revenus dans la plupart de nos pays…

La souveraineté alimentaire de nos États ne pouvait qu’en être encore fragilisée : alors que la France est devenue déficitaire dans sa balance commerciale agricole en 2019, les experts de la Commission prévoyaient que ces nouvelles normes européennes accroîtraient encore fortement notre dépendance aux importations pour le colza, le soja, le tournesol, le boeuf, et la doubleraient même pour les fruits et légumes !

Plus tragique encore, cette situation aurait aussi un impact sur bien des pays extra-européens qui dépendent de nos exportations pour se nourrir : en Afrique en particulier, anticipait l’étude d’impact, 22 millions de personnes basculeraient dans « l’insécurité alimentaire », un mot pudique pour dire la famine, faute de pouvoir compter sur la production de nos agriculteurs.

Malgré cette perspective désastreuse, la Commission, imperturbable, a mis en oeuvre son projet, et les nouvelles réglementations se sont succédé.

La loi dite « restauration de la nature » aura constitué un moment emblématique. Nous nous y sommes opposés dès le départ, négociant pied à pied pour éviter le pire, tout en continuant de combattre le principe même d’un texte dont le but reste toujours d’organiser la décroissance. Mentionnons, parmi d’autres points, le danger majeur que représentait le gel supplémentaire de 10 % des surfaces agricoles que cette loi voulait imposer à nos paysans. Alors que le RN était absent des négociations, nos nombreux amendements ont heureusement permis d’écarter cette règle folle, et d’autres encore ; mais le texte final a été adopté à 12 voix près, avec le soutien unanime des élus macronistes.

La vérité, c’est que les agriculteurs européens ont déjà fait d’immenses efforts, et ont aujourd’hui les standards environnementaux les plus élevés au monde. Leur imposer des normes intenables, faire baisser leur production, c’est offrir des parts de nos marchés à une alimentation produite dans des pays tiers qui ne s’embarrassent pas d’exigence écologique. C’est donc renforcer les modèles de production qui sont les plus destructeurs du climat et de la biodiversité…

Notre opposition déterminée à cette fuite en avant normative nous aura valu d’être accusés sans relâche par ses promoteurs, et par Pascal Canfin le premier, qui nous décrivait dans Le Monde comme les représentants d’un « trumpisme européen » parce que nous avons l’audace de défendre les agriculteurs… Nous demandons depuis un an un moratoire législatif pour leur permettre de reprendre leur souffle et de travailler, simplement. Après les attaques si virulentes de son camp, quelle stupéfaction d’entendre Emmanuel Macron reprendre finalement nos mots, en parlant à son tour de « pause environnementale ».

Mais le double jeu continue : seul le vocabulaire a changé.

De nouvelles normes à Bruxelles en surtranspositions à Paris, le macronisme continue de rendre la vie impossible à tous ceux qui nous font vivre. Pascal Canfin propose maintenant d’assumer clairement la décroissance de l’élevage, partant du principe que des « technologies capables de fabriquer du lait en laboratoire » permettront bientôt de « se passer totalement de vaches », quand Bruno Le Maire fait la promotion de la viande de synthèse. Que le macronisme n’ose plus jamais dire qu’il défend les agriculteurs !

Il ne défend pas plus la nature, d’ailleurs. La vérité, c’est que les agriculteurs européens ont déjà fait d’immenses efforts, et ont aujourd’hui les standards environnementaux les plus élevés au monde. Leur imposer des normes intenables, faire baisser leur production, c’est offrir des parts de nos marchés à une alimentation produite dans des pays tiers qui ne s’embarrassent pas d’exigence écologique. C’est donc renforcer les modèles de production qui sont les plus destructeurs du climat et de la biodiversité…

Cette logique détruit, en même temps, nos emplois, notre souveraineté et la planète : contresens absolu.

Les mêmes élus macronistes qui défendent la décroissance agricole de l’Europe au nom de l’environnement, ont voté l’accord commercial avec la Nouvelle-Zélande : après avoir fustigé l’empreinte carbone des éleveurs européens, M. Canfin et ses collègues font donc venir du bout du monde des tonnes de lait en poudre et des conteneurs d’agneaux stockés dans de l’azote liquide… Oui, on marche sur la tête. Il n’est jamais trop tard pour se réveiller. Ce sera l’enjeu crucial de l’élection européenne qui vient.

François-Xavier Bellamy est député au Parlement européen, président de la délégation française du groupe PPE
Anne Sander est députée LR au Parlement européen et négociatrice de la PAC pour le groupe PPE.


Défense de la culture de la banane européenne

Question écrite adressée à la Commission européenne le 23 janvier 2024, concernant la défense de la culture de la banane européenne et des ACP face à la concurrence de la banane « dollar »

François-Xavier Bellamy est membre du groupe PPE au Parlement européen.

banane

Pour les régions ultrapériphériques et nombre de nos pays partenaires, notamment en Afrique, dans les Caraïbes et dans la région du Pacifique (pays ACP), la filière de la banane est vertueuse, structurante pour l’économie et engagée dans la transition écologique.

Elle fait cependant face à une concurrence écrasante et croissante de la banane « dollar » sud-américaine, qui représente 75 % des bananes du marché européen et bénéficie de normes sociales et environnementales moins strictes que les normes européennes.

Pourtant, dans le cadre de l’accord de partenariat avec les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, la Commission européenne avait négocié un mécanisme de stabilisation, désormais parvenu à expiration, pour le secteur de la banane. Ce mécanisme permettait de suspendre temporairement les préférences commerciales lorsqu’un seuil d’importation était dépassé. Malgré des dépassements de seuils récurrents, il n’a jamais été déclenché, au détriment des filières de l’Union et des pays ACP.

  1. La Commission s’engage-t-elle à prendre des mesures de sauvegarde en faveur des producteurs de bananes de l’Union et des pays ACP ?
  2. S’engage-t-elle par ailleurs à sanctuariser le droit de douane visant les producteurs d’Amérique latine, qui s’élève à 75 euros par tonne exportée sur le marché européen ?
  3. Quelles autres mesures entend-elle instaurer en faveur des filières européennes pour remédier à cette asymétrie concurrentielle croissante ?

 

Question déposée par les députés François-Xavier Bellamy, Anne Sander, Arnaud Danjean, Max Orville, Sandro Gozi, Marie-Pierre Vedrenne, , Laurence Farreng, Dominique Riquet, Nora Mebarek, Stéphane Bijoux, Sylvie Brunet, Jérémy Decerle, Gabriel Mato, Fabienne Keller, Catherine Chabaud, Carlos Zorrinho, Valérie Hayer, Cláudia Monteiro de Aguiar, Olivier Chastel, Ilana Cicurel, Nathalie Loiseau, Pierre Karleskind, Bernard Guetta, Helmut Geuking, Irène Tolleret, Isabel Carvalhais, Pierrette Herzberger-Fofana. 

L’avalanche de complexité qui touche les pêcheurs comme les agriculteurs

Intervention de François-Xavier Bellamy à l’occasion du débat au Parlement européen sur la mise en œuvre du plan d’action pour la pêche de la Commission européenne


Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire,

C’est peut-être l’un des derniers débats que nous aurons sur la pêche au cours de ce mandat. Triste moment. Partout en Europe, les pêcheurs, comme les agriculteurs d’ailleurs, disent qu’ils ne peuvent plus travailler du fait des contraintes qui s’imposent aujourd’hui, de l’avalanche de complexité qui leur a été imposée. Mais la Commission, qui refuse d’écouter, continue toujours dans la même direction.

Alors que dans trois jours, le golfe de Gascogne sera intégralement fermé à la pêche, vous présentez un plan d’action qui interdirait des techniques de pêche pourtant courantes et nécessaires dans un très grand nombre de zones maritimes. En France, un tiers, par exemple, un tiers de la zone maritime, serait concerné. Tout cela s’ajoute à la politique commune de la pêche. Tout cela s’ajoute au règlement sur le contrôle des pêches que nous aurons travaillé au cours de ce mandat. Où est la cohérence réglementaire ? Où est la base scientifique ? Et où est l’étude d’impact ?

Tout ce que nous ferons contre les pêcheurs européens, nous le ferons contre la cause de l’environnement, et contre la cause de la protection des océans.

La vérité, Monsieur le Commissaire, c’est que nous importons déjà les trois quarts des produits de la mer que nous consommons. Tout ce que nous ferons contre les pêcheurs européens, nous le ferons contre la cause de l’environnement, et contre la cause de la protection des océans. Et nous le disons dans ce rapport, grâce à notre collègue Niclas Herbst : Il est absolument fondamental que le mandat qui vient change radicalement de direction.

Nous ne sauverons les océans qu’avec les pêcheurs européens et jamais, jamais contre eux.

Discours sur l’état de l’Union : réponse à Ursula von der Leyen

Oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.

Madame la Présidente,

En évoquant le bilan de la Commission, vous parlez de la force de l’Europe, de son efficacité… Mais où est passée la réalité ?

Au moment où nous nous parlons, le Secours populaire annonce que 20% des Français vit à découvert. Dans toute l’Europe, une personne sur trois se prive d’un repas pour tenir. Des millions de foyers, d’artisans, d’entreprises, n’arrivent plus à payer leur énergie.

Vous parlez de prospérité, mais malgré ce retour de la pauvreté, la Commission n’aura cessé de multiplier les contraintes sur ceux qui travaillent et produisent en Europe. La directive énergétique sur les bâtiments aggravera la crise du logement. La stratégie Farm to Fork fait baisser la production alimentaire. La taxonomie accélère le décrochage industriel. Vous avez longuement parlé d’électricité pour accélérer encore l’implantation d’éoliennes, mais toujours pas un mot sur le nucléaire, première source d’énergie décarbonée et accessible en Europe.

Vous promettez de réduire les normes : elles n’auront pourtant cessé de s’empiler ces dernières années, jusqu’à ce projet dit “Restauration de la nature” que nous avons combattu. La multiplication des contraintes ne protège pas l’environnement, elle nous rend seulement dépendants des autres pays du monde qui n’assument pas les mêmes coûts. Nous ne sauverons pas la planète en achetant des voitures électriques en Chine ; de même que nous ne sauverons pas la démocratie avec les Ukrainiens en achetant du gaz à la dictature azérie qui veut écraser les Arméniens.

De même, nous ne relancerons pas notre économie en augmentant une “immigration qualifiée”, comme vous le dites, mais en qualifiant ces millions de jeunes qui sont encore aujourd’hui loin de l’emploi. La seule réponse à l’hiver démographique en Europe, c’est de soutenir les familles, non de déstabiliser plus encore nos pays.

En nous appuyant sur elles, sur les talents de nos pays, sur le savoir, la culture des citoyens en Europe : oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.