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« Il y a une relève à droite qui refuse les débauchages et les reniements. » – Grand entretien dans le Figaro

Photo : François Bouchon / Le Figaro

Grand entretien publié dans Le Figaro, propos recueillis par Emmanuel Galiero et Claire Conruyt.


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LE FIGARO .- A cinq jours du scrutin, qu’avez-vous envie de dire aux électeurs ?

FRANCOIS-XAVIER BELLAMY — Je veux leur dire : malgré toutes les épreuves que traverse le pays, nous avons bien des raisons d’espérer. Les Français que j’ai rencontrés, pendant ces mois de campagne et ces années de ce mandat, ont un courage, une énergie, une volonté qui forcent l’admiration. Et il y a une relève à droite qui a la détermination nécessaire pour relever le pays. Pour le défendre en Europe d’abord : dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise. Le duel Macron / Le Pen a vécu sur la défiance suscitée par les vieux partis de gouvernement. Je comprends les déceptions passées ; mais l’élection du 9 juin est l’occasion de tourner une page. Je ne me suis pas engagé pour refaire l’histoire, mais pour écrire l’avenir d’une droite renouvelée, sérieuse, cohérente. Votre vote peut donner l’élan dont nous avons besoin pour reconstruire.

Dans quelques jours, le parti de la droite européenne auquel j’appartiens deviendra la première force politique en Europe. C’est nous qui aurons enfin les leviers pour agir, pour que l’Europe retrouve un cap clair. Mais l’autre enjeu de cette élection, c’est bien sûr de sortir la France de la crise.

N’est-ce pas une mission impossible de faire campagne pour un parti LR fortement affaibli par la dernière présidentielle (4,78%) dans un contexte où beaucoup d’électeurs de droite semblent toujours méfiant à l’égard de votre famille politique ?

Aucune mission n’est impossible quand l’avenir en dépend. En m’engageant dans cette campagne, je savais parfaitement que je ne faisais pas le choix du confort, du calcul ou de l’opportunisme. Certains changent de camp pour l’intérêt de leur carrière. Pour ma part je n’ai sans doute pas fait le choix de la facilité, mais le choix dont le pays a besoin : celui de la clarté et de la cohérence. Bien sûr, je mesure la difficulté. Mais je mesure surtout l’attente. Le rôle que nous devons assumer, personne d’autre ne le remplira. Si l’on en croit les sondages, je vois qu’un électorat de gauche veut faire de cette élection l’occasion de reconstruire une proposition socialiste, alors qu’elle paraissait définitivement disqualifiée. Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison. C’est le moment de refonder cette famille politique qui peut seule répondre aux aspirations du pays.

Je veux dire aux électeurs de droite qu’ils n’ont aucune raison de taire leurs convictions, de renoncer à défendre leurs idées, de reconstruire leur maison.

Quels événements les plus marquants de cette campagne retiendrez-vous ?

La campagne a commencé avec le mouvement de révolte des agriculteurs. Leur colère, je l’ai exprimée depuis cinq ans au parlement européen. Ils subissent comme tous les Français les conséquences des choix politiques aberrants qui minent notre pays. Cette révolte, je l’ai entendue si souvent : artisans, commerçants, chefs d’entreprises, professionnels de santé, enseignants, policiers et gendarmes… C’est partout le même sentiment d’asphyxie auquel semble condamné tout un peuple qui travaille dur et qui n’arrive plus à s’en sortir. Des Français qui vivent en permanence sous la pression des contraintes, des contrôles, des charges, des normes et qui disent simplement : laissez-nous travailler ! Laissez-nous faire, laissez-nous vivre. Céline Imart, deuxième de notre liste, a fait partie de ces agriculteurs qui ont crié qu’ »on marche sur la tête » ; les Français refusent de se résigner. Nous aurons été les seuls dans cette campagne à dire cette exigence de liberté, que je crois être la première condition pour sortir du déclin.

Quels adversaires jugez-vous les plus redoutables dans cette bataille ?

Mon adversaire le plus redoutable, c’est la mise en scène une nouvelle fois imposée aux Français pour leur voler cette élection, avec l’idée absurde que le débat opposerait populistes et progressistes. Ce théâtre d’ombres n’a pas d’autre but que de cacher le vrai enjeu de ce scrutin. Au parlement européen, le clivage oppose les deux forces politiques majeures que sont les socialistes et la droite, le PPE, auquel nous appartenons. Le vrai sujet est de savoir si nous parviendrons à sortir enfin de la majorité de gauche, à laquelle les élus macronistes et les écologistes ont participé pendant cinq ans. La France ne peut pas être condamnée à vivre ce perpétuel deuxième tour de l’élection présidentielle, dont la seule fonction est d’exonérer le macronisme de son bilan.

Que répondez-vous à Emmanuel Macron quand il soutient que ceux qui lui ont imposé le RN comme adversaire sont les Français ?

C’est faux. Les enquêtes d’opinion le montrent aujourd’hui : moins de la moitié des Français se reconnaît dans le débat entre le RN et lui. Nous ne sommes pas dupes de ce duo, dont les deux partenaires s’aident l’un l’autre à écraser le débat. Les Français ne sont pas dupes non plus. Je le vois au nombre de ceux, de tous bords, qui me remercient d’avoir exprimé ce qu’ils ressentaient après le débat entre M. Attal et M. Bardella. Si cette réaction a eu autant d’écho, c’est peut-être que j’ai été ce jour-là le porte-voix d’une France qui refuse de se laisser imposer cette fausse alternative.

Quelles sont les principales différences avec votre campagne de 2019 ?

La principale différence, c’est que maintenant tout le monde doit assumer son bilan. En 2019, beaucoup pouvaient croire encore qu’Emmanuel Macron allait réformer le pays, pour éviter le déclin. Mais force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays dans la spirale de la dette, de l’impôt, de l’appauvrissement économique et du dérapage budgétaire. Quant au RN, lui aussi a un bilan : on ne peut pas faire comme si le parti de Marine Le Pen était en apesanteur. Il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ? Avec trois fois plus d’élus que nous, il n’aura pas changé une virgule dans un seul texte européen. Les élus du RN n’ont ni gagné, ni même mené une seule bataille pour la France en Europe.

Dans ce cas, pourquoi le RN bat-il tous les records dans les sondages à la veille du scrutin ?

En mettant en scène ce duel, Emmanuel Macron a offert au RN les détresses du pays. C’est un mensonge : la France qui peine à joindre les deux bouts n’est pas représentée par un parti qui refuse de revaloriser le travail, de réformer le RSA, de rééquilibrer les retraites, et qui refuse lui-même de travailler ! Car en Europe, le RN est l’opposition fantôme qui arrange ce président. Il sait que nous sommes le vrai contre-pouvoir qui pèsera demain, au sein du PPE, pour empêcher de nouvelles étapes de sa fuite en avant – la création de dette et d’impôts européens, qu’il a proposés dans son dernier discours de la Sorbonne.

Force est de constater aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est le déclin ! La dégradation de la note de la France par S&P confirme brutalement que le macronisme a aggravé l’enlisement du pays. Quant au RN, il a gagné l’élection européenne de 2019, comme celle de 2014 : qu’a-t-il fait de la confiance des Français depuis dix ans ?

Certaines de vos interventions, contre les blocages de Sciences Po ou contre le débat Attal/Bardella, ont été perçues comme des réussites. Pourquoi n’ont-elles pas eu d’impact sur les sondages qui n’ont cessé d’estimer votre score entre 7% et 8% ?

Seul le vote du 9 juin comptera. Ce que je sais, c’est que partout en France, le regard des Français a changé avec cette campagne. Beaucoup m’ont dit qu’elle leur avait redonné de l’intérêt, de l’envie, de la fierté. Face à l’extrême-gauche, à la montée de l’antisémitisme, au relativisme qui menace notre débat démocratique, nous avons montré qu’il ne fallait rien céder. Une campagne sert aussi à cela.

Votre parti oscille entre une coalition avec le macronisme et une droite plus radicale incarnée par le RN et Reconquête. L’identité de LR ne s’est-elle pas diluée depuis l’élection d’Emmanuel Macron ?

Non, la droite n’oscille pas. Ces rumeurs ne se fondent sur rien et n’ont pour but que de nous déstabiliser dans ces derniers jours de campagne. Il y a sept ans qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée : tous ceux qui sont engagés chez LR auraient eu cinquante occasions de basculer du côté du pouvoir. Les opportunistes sont partis ; ceux qui restent ont tenu bon, parce qu’ils savent que notre devoir est d’incarner une alternative. Le débat a été tranché : nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes, premiers alliés de la gauche pour fragiliser nos frontières, saborder le nucléaire, organiser la décroissance agricole ou la dérive budgétaire, et même fermer les yeux sur l’entrisme islamiste qui menace nos institutions… Pendant ce temps, le RN était aux abonnés absents. Ceux qui veulent le statu quo peuvent voter pour ce duo. Moi, je veux le changement de cap.

Nicolas Sarkozy ne souhaite pas dévoiler quel sera son choix pour cette élection mais il a exprimé « beaucoup de sympathie » à votre égard. Recevez-vous ces mots comme un soutien ?

Je suis heureux si la campagne que je mène lui inspire de la sympathie. Je respecte le choix d’un ancien président qui ne souhaite pas rentrer sur le terrain électoral. Je comprends aussi nos différences de point de vue, puisque Nicolas Sarkozy continue de défendre la perspective d’une coalition avec le pouvoir, en laquelle je n’ai jamais cru.

Nous ne résoudrons pas les problèmes du pays avec ceux qui les créent. Pendant cinq ans, au parlement européen, je me suis confronté durement aux élus macronistes

Que dites-vous aux LR qui considèrent que vous n’avez pas été suffisamment soutenu par votre famille politique dans ce combat ?

Au contraire, cette campagne a été un moment d’unité pour la droite. En 2019, mon arrivée avait suscité quelques expressions de dissension ou d’incertitude. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, après cinq années de travail partout en France. Dans ce combat, j’ai eu la chance de compter sur la confiance et le soutien d’Eric Ciotti, de nos parlementaires, mais aussi de milliers de maires, d’élus qui pour certains ont choisi de revenir à cette occasion vers notre famille politique.

Dans quelle mesure le niveau de votre résultat dimanche sera-t-il déterminant pour l’avenir de LR ? Que ferez-vous après, si le score est décevant ?

On ne mène pas la bataille en se demandant ce qui arrive si on la perd. Si nous parvenons à retrouver les voix qui nous manquent pour reprendre notre élan, nous changerons l’histoire des années qui viennent. Pas celle d’un parti, mais celle du pays.

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre.

Les Républicains devront-ils opérer un acte de rupture avec tout ce que la droite a été, une fois le 9 juin prochain passé ? Une sorte de « nouveau départ »…

Oui, il faut un nouveau départ. Il y une relève à droite, qui a refusé le cynisme des débauchages et des reniements, qui veut la clarté dont la France a besoin, et qui sait gagner des batailles. Nous ne pouvons plus vivre à l’ombre d’un bilan qui n’est pas le nôtre. Après avoir changé de pied en trois jours sur la Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen m’a reproché la position de la droite sur les accords de Nouméa : quand ils ont été signés, j’avais douze ans… Je ne me sens ni juge, ni comptable du bilan. Le passé est fait de succès comme de déceptions. Avec quelques années d’engagement, je ne crois pas que mon devoir soit de distribuer les bons ou les mauvais points, mais de regarder lucidement cet héritage pour pouvoir reconstruire. Ce nouveau départ, je veux m’y consacrer. Il est la condition pour le relèvement du pays. Et pour le mener à bien, nous n’avons besoin que du soutien de tous les Français qui aspirent à voir se relever un mouvement politique clair sur ses valeurs et exigeant dans son action. Je veux leur dire : vous me connaissez, vous savez que je n’ai jamais varié. Si vous voulez reconstruire, c’est maintenant que cela se joue.

Lors de votre dernière scène à l’Olympia, vous citiez Platon : « les philosophes perdent toujours les élections… »

Platon croit qu’il faut mentir pour arriver au pouvoir car la foule est trop folle pour entendre la sagesse. Je pense le contraire. Aristote affirme que « tout homme, par nature, désire savoir ». Et puisque l’esprit humain est tourné vers la quête du vrai et du juste, que l’on peut parier qu’à la fin, la vérité finit par l’emporter. C’est le pari que je veux faire.

Et à ceux qui vous diront que c’est un pari fou ?

Je réponds qu’il n’y en a pas d’autre. La mission essentielle de l’Europe, c’est de montrer que la liberté est le seul choix qui soit à la fois fidèle à la dignité humaine et en même temps, efficace sur le long terme. Nous sommes face à des modèles autoritaires, voire totalitaires, comme la Chine, ou l’islamisme international. Comme dans les années 30, certains sont tentés de croire que l’efficacité est du côté de la centralisation autoritaire, de la suppression des droits de la personne, de la conscience. Notre défi est de montrer, une nouvelle fois dans notre histoire, que seule la liberté peut faire vivre une société.


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Peut-on se passer du libre-échange ?

Tribune parue dans Les Echos le 22 mai 2024

L’Europe ne peut et ne doit pas se couper du commerce mondial. Mais il a connu un tournant critique, et nous paierons cher le fait d’être le dernier continent à l’avoir compris…

Avec les Etats-Unis, l’Europe a longtemps été à l’avant-garde du libre-échange, dans un contexte de supériorité économique, industrielle et technologique indiscutable. La chute du mur de Berlin a marqué le début d’une grande phase de mondialisation, perçue comme le triomphe de l’Occident, de ses valeurs et de son modèle économique.

La montée en puissance des pays émergents, mais aussi le décrochage depuis une quinzaine d’année de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, ont changé la donne. Dans le contexte du retour de rivalités géopolitiques affirmées, le commerce international est redevenu un outil stratégique. En accueillant la Chine, l’OMC n’a pas vécu son triomphe, mais sa fin : ses membres les plus importants ont fait voler en éclat ses principes. Subventions publiques massives à la production, barrières tarifaires et réglementaires de pure opportunité, exclusivité nationale sur les marchés publics… : les Etats-Unis comme la Chine se sont affranchis sans complexe des règles du jeu, tout en neutralisant l’arbitre.

Dans ce contexte, l’Europe doit éviter deux impasses.

Le premier danger serait de se replier dans un protectionnisme frileux, sans vision et sans ambition. C’est un risque majeur pour la France en particulier ; dans une zone euro excédentaire commercialement, notre pays paie cher son retard de compétitivité : 100 milliards de déficit commercial l’an dernier, record atteint par l’État champion du monde des impôts, des charges et de la complexité. Si nous voulons retrouver notre prospérité, la pire erreur serait de tenter de s’enfermer dans quatre murs pour se protéger de la compétition mondiale ; ce serait le plus sûr moyen de mourir à petit feu. Il n’y a pas d’autre option que la liberté : libérer nos entrepreneurs, nos industriels, nos agriculteurs, des sables mouvants administratifs, sociaux et fiscaux qui découragent tous les jours le travail et la production en France.

En allégeant drastiquement les codes et les charges, en sortant de la prime à l’inactivité, en recréant un principe de confiance envers le risque et l’investissement, en interdisant les surtranspositions – avec un objectif : remettre le pays à niveau au moins des concurrents européens.

Deuxième impasse tout aussi dangereuse : la naïveté.

Cet indispensable travail ne suffira pas en effet à nous rendre compétitifs face à n’importe quels modèles, sauf à entrer dans une course délétère aux subventions publiques ou au moins-disant systématique. C’est l’une des raisons pour laquelle nous n’avons pas soutenu le CETA : ce serait condamner politiquement le libre-échange que d’organiser en son nom une concurrence déloyale contre nos propres producteurs. La trajectoire de cet accord est d’ailleurs, à moyen terme, irrémédiablement déficitaire pour la France. Le débat qu’il a suscité est légitime ; mais il ne doit pas faire oublier que l’essentiel est de toute façon ailleurs.

Face à la stratégie agressive de surproduction chinoise, l’Europe ne doit pas laisser les États-Unis réagir seuls, sauf à se condamner à devenir l’unique marché de débouché pour le projet de Pékin. L’urgence est de compléter le MACF pour y inclure les produits manufacturés, en rétablissant les quotas gratuits pour nos industriels jusqu’à sa pleine effectivité.

L’Union devra également apprendre à appliquer des quotas, et mener plus rapidement ses enquêtes anti-dumping, en mobilisant tous les outils juridiques que nous avons créés au cours du dernier mandat. L’été dernier, le chef économiste de la Commission déclarait encore qu’il faudrait remercier la Chine de subventionner les voitures qu’elle nous vendra : c’est à cette naïveté dangereuse qu’il est urgent de mettre fin. Sinon, les prochaines crises nous réveilleront trop tard à une vulnérabilité devenue irréversible.

Il y a un an : débat face à Olaf Scholz

Entretien paru dans le magazine Causeur

Entretien paru dans le magazine Causeur le 2 avril 2024

Ukraine européenne

La France doit-elle essayer d’empêcher la Russie de gagner la guerre contre l’Ukraine ?

Oui. Laisser la Russie agir serait courir le risque que demain, aux portes de l’Europe, la preuve soit faite de nouveau que la violence peut effacer des frontières, et renverser les principes du droit international. Il est de notre devoir de soutenir l’Ukraine pour mettre fin à cette guerre terrible, qui est une tragédie absolue.

Ce soutien doit passer par une triple action : stratégique – nous devons relancer notre industrie de défense, et fournir aux forces ukrainiennes le matériel et les munitions dont elles ont un besoin vital, en même temps que nous réarmer ; diplomatique – il nous faut contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler sur la scène internationale ; enfin, nous ne pourrons rien faire sans agir au niveau économique – nous devons mettre fin au contournement des sanctions, saisir les milliards de biens russes mal acquis en Europe, et encourager l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Le but est de mettre l’Ukraine autant que possible en position de force pour qu’elle puisse se déterminer face à l’attaque qu’elle subit.

L’éventualité d’une entrée en conflit de notre pays doit-elle être exclue ?

Oui, et elle l’est déjà en réalité. Nous n’avons pas la possibilité de mener un conflit de haute intensité face à la Russie. L’hypothèse d’un envoi de troupes de combat est exclue par l’OTAN même, et par la quasi-totalité des pays membres de l’Alliance atlantique. Pendant toute la guerre froide, avec une tension autrement plus directe et explicite, il n’y a jamais eu d’affrontements directs entre des forces soviétiques et occidentales ; ce n’était pas par « lâcheté », mais parce que la grammaire de la dissuasion nucléaire en particulier rend un tel scénario infiniment dangereux.

En faisant croire l’inverse, à des fins de pure communication, le président de la République a fragilisé l’unité du camp occidental en offrant le spectacle de la division à Vladimir Poutine. “L’ambiguïté stratégique” consiste à faire, pas à parler ; l’hyper-communication adoptée par Emmanuel Macron n’a conduit qu’à faire douter son propre camp de la crédibilité du chef des Armées françaises, prompt à faire des promesses intenables. 

Vladimir Poutine représente-t-il une menace existentielle pour notre nation ?

Non, nous ne pouvons parler à l’heure actuelle d’une menace existentielle sur la France. Mais il est clair que la Russie est hostile à nos intérêts et à nos principes. Elle nous attaque régulièrement dans la sphère informationnelle et dans le cyberespace. À travers Wagner, elle s’en est déjà pris à l’armée française via diverses manœuvres de désinformation, combattant notre influence en Afrique subsaharienne.

Quant à nos principes démocratiques, ils sont gravement bafoués par un régime qui montre combien il n’est pas sorti des vieux démons soviétiques : les opposants tel Alexeï Navalny sont assassinés en prison, et la fraude électorale est telle qu’on ne peut parler encore d’”élections”. Il est de façon certaine une menace pour la sécurité et la stabilité de l’Europe

L’Ukraine doit-elle rentrer dans l’Union européenne ? 

L’Ukraine veut être européenne. Ne pas répondre à cette aspiration, qui lui vaut aujourd’hui d’être attaquée, serait une faute morale et un suicide géopolitique. Il est cependant certain qu’un nouvel élargissement contribuerait à déstabiliser une Union européenne qui a plus que jamais besoin de se renforcer. L’Union doit se réformer, plutôt que s’élargir. Il nous faut être lucides : accorder le statut d’Etat membre à l’Ukraine signifierait créer une concurrence intenable pour nos agriculteurs, et retirer la PAC ou les fonds structurels à plusieurs Etats membres.

Nous ne pouvons pas dire non à l’Ukraine, mais nous ne pouvons pas lui faire la fausse promesse d’une adhésion. Il nous faut inventer avec elle une manière d’être européen qui n’implique pas d’être un État membre de l’UE : cela peut passer par exemple par une plus grande structuration du statut d’Etat associé, un statut qui existe aujourd’hui mais est presque vide de sens. Ce serait alors à nous d’écrire avec les Ukrainiens les politiques que nous pourrions mettre en commun, afin de développer une action concertée ensemble.

La France doit-elle rester dans le commandement intégré de l’Otan ?

Oui, mais elle doit surtout y peser davantage. Le problème de la France dans l’OTAN – comme dans l’Union européenne – est qu’elle ne se donne pas les moyens politiques de faire valoir ses priorités stratégiques, d’imposer son agenda. Le sujet n’est pas que la Russie : nous devons attirer l’attention des pays de l’OTAN sur le danger que représente pour l’Alliance Atlantique la trajectoire de la Turquie par exemple, qui représente à l’heure actuelle une véritable menace pour les pays européens. 

 

 

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Le peuple ukrainien a besoin de tout, sauf de fausses promesses

ukraine

Tribune de François-Xavier Bellamy et Céline Imart parue dans le Monde le 14 mars 2024

 

Depuis deux ans, le peuple ukrainien résiste à l’attaque de la Russie. Dans ce combat où se joue son avenir et celui de notre continent, il a besoin de tout, sauf de fausses promesses. Les récentes déclarations du président de la République sur l’éventualité d’un envoi de troupes au sol ne sont d’aucune aide aux forces ukrainiennes ; en divisant les occidentaux, elles fragilisent l’Ukraine, et l’Europe, et la France.

Face à un agresseur déterminé, rien n’est plus dangereux que de brandir une menace manifestement inutilisable.

Mieux vaut encore jouer sur l’incertitude ; en faisant en fait le choix de sortir de l’ambiguïté – à nos dépens, Emmanuel Macron a contraint beaucoup d’alliés, l’OTAN même, et son propre gouvernement pour finir, à contredire ses annonces : les soutiens de l’Ukraine ne peuvent envisager d’envoyer leurs forces combattre la Russie. Si aucune puissance occidentale n’est entrée en guerre ouverte avec Moscou même aux heures les plus dures de la guerre froide, ce n’est pas par “esprit de défaite”, mais parce que cela ne pouvait qu’ajouter au danger. Et ce n’est pas une France en plein déclassement stratégique et diplomatique qui renversera cette équation.

Emmanuel Macron a en effet dégainé une arme qu’il aura lui-même largement contribué à décharger sous les yeux du monde entier : le repli de la présence française en Afrique, les revers qu’y ont connu nos armées faute de lucidité politique, les incohérences bruyantes sur l’Ukraine ou sur Israël, mais aussi la trajectoire budgétaire intenable du pays, l’effondrement record de sa balance commerciale, la cession de nombreux actifs essentiels… Tout cela contribue à disqualifier le scénario d’une puissance française déployant des forces conventionnelles importantes en Ukraine. 

En réalité, ce coup de communication ne visait à couvrir qu’Emmanuel Macron

En matière d’aide militaire, la France arriverait au 15ème rang des pays européens, très loin des 17,1 milliards d’euros de matériels donnés par l’Allemagne. Le gouvernement conteste ce chiffrage, mais contrairement à l’Institut Kiel qui l’a publié, il se refuse à indiquer sa méthodologie. Et le principal problème tient surtout au fait qu’il ne s’est pas préparé à agir dans la durée : après avoir cédé des matériels existants, la France ne peut bien sûr désarmer ses propres forces pour soutenir l’Ukraine.

Il fallait donc mobiliser massivement notre industrie de défense pour prendre le relais. Sur ce plan, elle est encore plus loin du compte… Lassé d’apparaître comme l’un des soutiens les plus inefficaces, notre président a donc riposté avec ce qu’il sait faire de mieux : une nouvelle polémique. De ce point de vue, l’opération est réussie ; mais on peut comprendre l’irritation de nos alliés européens à qui Paris fait soudain des procès en “lâcheté”, quand ils alertent depuis plus longtemps, et agissent avec plus d’efforts.

Il est temps de revenir au sérieux : la situation en Ukraine n’est pas le prétexte d’un clivage politicien utile pour les élections, c’est la tragédie d’un peuple dont l’issue engage l’avenir de l’Europe

Il est temps de revenir au sérieux : la situation en Ukraine n’est pas le prétexte d’un clivage politicien utile pour les élections, c’est la tragédie d’un peuple dont l’issue engage l’avenir de l’Europe. L’accord bilatéral signé par Paris ne suffira pas à assumer le défi : il faut relancer massivement notre industrie de défense et l’orienter vers la production des matériels et surtout des munitions dont les forces ukrainiennes ont un besoin vital. Reconstruire un travail diplomatique patient et déterminé pour contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler des pays qu’il a ciblés. Soutenir l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Mettre fin au contournement des sanctions, et saisir enfin, pour financer cet effort, les milliards de biens mal acquis russes en Europe. 

Ce sont des actions concrètes qui renforceront l’Ukraine. Les promesses sans lendemain ne peuvent que la fragiliser.

C’est aussi pour cette raison qu’il faut regarder lucidement le processus d’adhésion de Kiev à l’Union européenne. Nous ne pouvons fermer la porte à ce peuple voisin, attaqué précisément parce qu’il veut être européen ; ce serait une faute morale, et un suicide géopolitique. Mais la différence entre nos économies, nos modèles sociaux, nos standards de production, est si massive, qu’une entrée de l’Ukraine dans l’UE déstabiliserait toute les politiques européennes. Nous ne renforcerons pas l’Europe en retirant la PAC ou les fonds structurels à l’essentiel des États-membres, en créant une nouvelle concurrence intenable pour tous ceux qui produisent dans nos pays, et en ajoutant encore à la complexité de la décision collective. Les mêmes raisons ont conduit au gel des élargissements qui depuis des années contribue à discréditer l’Europe partout à ses frontières.

puisqu’il ne serait pas raisonnable d’élargir une Union fragilisée par ses propres crises intérieures, choisissons l’exigence de la vérité et de l’inventivité, et construisons ensemble cette nouvelle étape de l’histoire européenne au lieu de vendre des chimères

La situation que traverse l’Ukraine nous oblige à sortir de cette impasse en retrouvant l’imagination : inventons avec le peuple ukrainien une manière d’être européen qui ne passe pas nécessairement par le fait d’être un État-membre de l’Union européenne. Structurons le statut d’État-associé, qui permettrait une action partagée dans de nombreux domaines d’intérêts communs, sans déstabiliser tout le projet européen. Nous pouvons organiser bien des outils de convergence sur le plan agricole, industriel, commercial, dans l’intérêt même de nos producteurs, qui n’impliquent pas pour autant un accès au marché intérieur ou au budget de la PAC ; nous pouvons développer des moyens de solidarité qui n’exigeront pas de retirer les fonds structurels à nos régions.

Le modèle que nous inventerons ainsi doit pouvoir servir à arrimer à l’Europe bien d’autres pays qui l’attendent. 

Leur opposer un refus, ou pire encore, comme aujourd’hui, une candidature sans fin, ce serait laisser les marches du continent devenir une zone d’influence russe, chinoise, ou turque… Mais puisqu’il ne serait pas raisonnable d’élargir une Union fragilisée par ses propres crises intérieures, choisissons l’exigence de la vérité et de l’inventivité, et construisons ensemble cette nouvelle étape de l’histoire européenne au lieu de vendre des chimères.

Le moment que nous vivons est en effet historique : il impose le sens des responsabilités, la lucidité dans la réflexion, le courage dans l’effort, l’imagination pour échapper aux faux dilemmes que voudraient imposer de vieilles habitudes. À cette condition seulement seront possibles le relèvement de l’Ukraine, de l’Europe, et de la France.


L’Europe n’est pas à Bakou, elle est à Yerablur

Yerablur

Intervention de François-Xavier Bellamy lors de la séance plénière de février, à Strasbourg

Monsieur le Président, hier, le 26 février, l’ambassadeur d’Azerbaïdjan auprès de l’Union européenne, Vaqif Sadiqov, a écrit : « depuis 1992, l’Arménie est gouvernée par des fascistes assoiffés de sang. Ils resteront fascistes jusqu’à finir à Yerablur ». Yerablur, c’est le cimetière militaire arménien auquel la violence azérie a condamné des milliers de jeunes de 20 ans ces dernières années. Ils ne demandaient rien d’autre que de vivre en paix sur la terre de leur peuple.

Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan menace, après le Haut-Karabakh, le territoire de la République d’Arménie.

Yerablur nous regarde aussi. Si Aliev se sent tout permis, c’est qu’après avoir assiégé une population civile, après un déplacement et un nettoyage ethnique, après l’agression, les bombes à sous munitions, la Commission européenne l’a déclaré un partenaire fiable et lui a acheté plus de gaz. Pourquoi ne se sentirait-il pas tout permis ?

Chers collègues, il est temps d’agir enfin et de comprendre que l’Europe n’a plus le droit au silence. Il est temps de dire à M. Sadiqov que l’Europe n’est pas à Bakou, qu’elle est du côté de la démocratie et de la liberté, du côté de la civilisation que nous partageons avec l’Arménie, qu’elle est dans ce lieu où je suis allé et dont je ne suis pas revenu le même. L’Europe est à Yerablur.


Revoir l’intervention

« Ouvrez des livres d’histoire, et non Tik Tok. »


En Europe, les amis du Hamas arrachent les affiches qui portent leurs noms…

En Europe, les amis du Hamas arrachent les affiches qui portent leurs noms : Liran Berman est le grand frère des jumeaux Gali et Ziv Berman, Yonatan et Ido Lulu-Shamriz sont les frères d’Alon Lulu-Shamriz, Yamit Ashkenazi est la sœur de Doron Ashkenazi.

Gali et Ziv Berman, Alon Lulu-Shamriz et Doron Ashkenazi, parmi les 137 Israéliens otages de la terreur islamiste depuis le 7 octobre, ont été kidnappés le 7 octobre 2023 à Kfar Aza par le Hamas. Ils ont parcouru plusieurs pays début décembre 2023 pour maintenir le niveau d’alerte le plus haut afin que tout soit fait pour la libération de leurs frères et sœurs.

François-Xavier Bellamy les a reçus au Parlement européen, avec David Lega, député du PPE membre de la commission des affaires étrangères, afin de contribuer à cette sensibilisation. Écoutez leur récit.


(extrait-phare, en anglais avec sous-titres français)

(en anglais)


Des sanctions contre l’Azerbaïdjan, maintenant.

Intervention de François-Xavier Bellamy en réunion spéciale de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, ce matin, après l’envoi, la veille avec Bruno Retailleau, d’une lettre au Président de la République.

« Chers collègues,

Nous sommes à l’heure terrible des conséquences.

Et ces conséquences, elles sont payées par le peuple arménien aujourd’hui, qui, dans le Haut-Karabakh, est victime d’une opération militaire, parce que le silence de l’Europe et du monde occidental au cours des derniers mois, malgré toutes les transgressions de l’Azerbaïdjan, n’a fait qu’inciter Aliyev à aller encore plus loin. Personne ne peut nier qu’aujourd’hui, ce qui est violé, c’est le droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire. Personne ne peut faire comme si l’essentiel n’était pas en jeu.

Et maintenant, il est temps de sortir de cette passivité, quand l’Azerbaïdjan prétend mener une opération antiterroriste et est en réalité en train de tuer des enfants, des femmes, des civils innocents. Il est absolument nécessaire que nous passions des condamnations – unanimes ici, et c’est tant mieux – à l’action.

Il faut des sanctions contre le régime d’Aliyev. Pas dans une semaine, pas dans quelques jours. Maintenant. Dans les heures qui viennent.

Il faut dénoncer le contrat gazier honteux qui nous lie à l’Azerbaïdjan. Pas dans quelques jours. Maintenant.

Et cela seul peut empêcher que le pire se présente à nous. Car le pire, c’est l’épuration ethnique qu’Aliyev veut organiser, qu’il a dit vouloir organiser. Chers collègues, l’Union européenne est née sur l’expérience d’un génocide. Le peuple arménien a déjà subi un génocide. C’était en 1915 et aujourd’hui, ceux qui sont en train de s’attaquer au Haut-Karabakh ne mènent pas seulement une guerre territoriale : ils attaquent un peuple qu’ils veulent faire disparaître, qu’ils veulent rayer de l’histoire. Et pourquoi ? Parce que ce peuple est lié à la civilisation européenne, par son héritage, par sa culture.

Il faut des sanctions contre le régime d’Aliyev. Pas dans une semaine, pas dans quelques jours. Maintenant. Dans les heures qui viennent. Il faut dénoncer le contrat gazier honteux qui nous lie à l’Azerbaïdjan. Pas dans quelques jours. Maintenant.

Est-ce que nous allons rester silencieux ? Est-ce que nous nous contenterons de grandes déclarations ? Est-ce que nous allons voir, à nouveau, le Conseil et la Commission poursuivre une forme d’aveuglement volontaire, mettre les deux parties sur le même plan ? Si nous continuons ainsi, chers collègues, nous serons responsables devant l’histoire de ce que nous aurons laissé commettre.

Et ce sera la trahison la plus grave que l’Europe puisse faire contre elle-même. »


 

Artsakh : à nos gouvernements d’agir, maintenant.

François-Xavier Bellamy avec Paruyr Hovhanissyan en Arménie

Retour de deux jours de déplacement en Arménie, pour de nombreux échanges, en particulier avec le vice-ministre des Affaires étrangères Paruyr Hovhannisyan et le vice-président du Parlement Ruben Rubinyan, afin d’évoquer l’appui urgent que nous devons à l’Arménie dans ce moment crucial.

Après plus de huit mois de siège par l’Azerbaïdjan, la situation dans le Haut-Karabakh s’aggrave chaque jour pour les 120 000 civils qui y vivent. Tout manque. Cette stratégie de la terreur a déjà fait plusieurs morts, faute de soins en particulier. Désormais la famine menace. Malgré la condamnation de la Cour Internationale de Justice, Aliev poursuit ce blocus inhumain. Les alertes se multiplient : il y a deux jours, Juan Mendez, ancien envoyé spécial de l’ONU pour la prévention des génocides a alerté sur le projet de nettoyage ethnique revendiqué par Bakou.

À nos gouvernements d’agir, maintenant.

L’Europe ne peut pas laisser faire. Le Parlement européen a voté l’amendement que j’avais déposé pour sanctionner le régime d’Aliev jusqu’au respect de l’arrêt de la CIJ. Ce levier peut sauver les civils menacés, dont trente mille enfants… La responsabilité de mettre en œuvre cette décision incombe à nos gouvernements : c’est à eux d’agir maintenant.

Pour mieux comprendre la situation en Artsakh

Pour mieux comprendre la situation en Artsakh, et pourquoi ce que défend aujourd’hui le peuple arménien concerne aussi notre propre sécurité et l’avenir de l’Europe, un lien vers ce colloque il y a deux mois à Bruxelles :

 

Au sujet de la résolution du Parlement européen sur le Liban

En complément de la vidéo explicative, au sujet de la résolution du Parlement européen sur le Liban :

« Pour revenir sur la résolution du Parlement européen sur le Liban, et répondre à M. Thierry Mariani, quelques mots par écrit pour être précis sur le détail : j’apparais dans la liste des signataires du texte, car j’ai en effet contribué à sa rédaction, en rédigeant des paragraphes sur la corruption, l’urgence d’une enquête internationale sur l’explosion du port de Beyrouth, la nécessité de sanctions ciblées sur les responsables du blocage de l’élection présidentielle et des entraves à la justice, et l’impératif du retour des réfugiés syriens. Le rapport de forces entre les groupes politiques a fait tomber ce passage que le PPE n’a cessé de défendre.

Le groupe ID, lui, ne s’est jamais impliqué dans la préparation de la résolution, et n’est pas intervenu une seule fois pour soutenir cette position, pourtant décisive. C’est aussi par leur silence que les autres groupes, de l’extrême gauche à Renew, ont pu imposer le paragraphe 13. Lors du vote en plénière, nous avons exigé un vote séparé sur ce paragraphe, pour pouvoir supprimer le problème majeur, l’injonction faite au Liban de se soumettre aux conventions internationales l’obligeant à garder ces réfugiés sur son sol. Le groupe ID ne l’a pas demandé…

Parce nous n’avons pas gagné sur ce vote séparé et que le texte restait donc en l’état, notre groupe a décidé de ne pas voter pour cette résolution, malgré les avancées essentielles que nous avions obtenues. M. Mariani ment donc sur toute la ligne quand il nous reproche ce texte.

De tous les groupes du Parlement, le groupe ID est le seul à ne pas avoir proposé de résolution alternative, et à ne pas avoir participé aux négociations, qui lui étaient bien sûr ouvertes. Si malgré nos efforts le paragraphe 13 est passé en l’état, c’est aussi par son inaction.

Nous travaillons de toutes nos forces pour soutenir nos amis libanais dans l’épreuve qu’ils vivent, et qui concerne tant l’Europe. Il est révoltant qu’une crise si grave soit exploitée par ceux qui ne font rien pour des calculs politiques mensongers. Parce que j’assume avec fierté notre travail et notre engagement, et que je tiens à la vérité, M. Mariani, je vous propose un débat quand vous le voudrez, pour évoquer ce sujet essentiel, et bien d’autres questions encore que je serais heureux de vous poser publiquement… »

François-Xavier Bellamy

 

Voir aussi : quelques questions de François-Xavier Bellamy à la Commission au sujet de la relation UE-Liban et de la crise traversée par le pays