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Immigration et cas du Danemark : invité de C CE SOIR sur France 5

 

François-Xavier Bellamy invité de C CE SOIR pour débattre de la politique migratoire et du cas du Danemark

Débat avec Olaf Scholz au Parlement européen

Monsieur le Chancelier, Parlons nous franchement. Les divergences entre nos pays deviennent souvent inquiétantes. Le mien, la France, a sa responsabilité. Mais derrière les mots, votre coalition finit par mettre l’Europe en danger. Vous parlez d’Europe unie. Mais après avoir imposé l’austérité partout, vous lancez le Doppelwumms, sans prévenir personne, un plan de soutien massif pour l’économie allemande – et tant pis pour les autres pays européens qui en sortiront durablement déstabilisés.

Vous dites que nous devons parler d’une seule voix, mais vous allez seul en Chine pour y maintenir vos positions, au prix de nos dépendances. Vous parlez de solidarité, mais quand vous fermez en pleine crise de l’énergie, vos dernières centrales nucléaires, c’est dans tous nos pays que les factures s’alourdissent. Vos élus font ici tout pour asphyxier cette filière au nom de l’écologie, paraît-il. Mais vos ministres agrandissent les mines de charbon en Allemagne, et c’est toute l’Europe qu’ils polluent. Vous dites que l’Europe doit maîtriser les flux migratoires, mais vous faites tout pour les augmenter en Allemagne.

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. 

Vous avez dit, Monsieur le Chancelier, qu’aucun d’entre nous ne veut revenir à l’époque où la loi du plus fort régnait en Europe. Ce ne peut pas être que des mots. Hannah Arendt schrieb : Eine Krise wird erst dann zu einem Unheil, wenn mit schon Geurteiltem, also mit Vorurteilen darauf geantwortet wird. Es ist höchste Zeit, uns selbst in Frage zu stellen*.

 

*Hannah Arendt a écrit : Une crise ne devient une catastrophe que si nous y répondons par des idées toutes faites. Il est grand temps de nous remettre en question.

 

 

 

Mayotte souffre d’abord des faiblesses de la France

Mayotte est française. Et elle souffre d’abord, en première ligne, des faiblesses de la France : le déni de réalité migratoire et ses conséquences – violence endémique, effondrement des services publics essentiels, infrastructures saturées, anémie économique, crise sociale. Mayotte souffre par ces élus qui fermeront les yeux jusqu’à ce qu’il soit trop tard, par ces ONG subventionnées qui ne défendront vos droits et votre vie que si vous n’êtes pas Français, par cette justice qui protège l’illégalité en condamnant l’Etat à l’impuissance publique.

Je suis allé à Mayotte il y a trois ans maintenant, et je n’ai cessé depuis de tenter de soutenir les élus et tous ceux qui font tenir ce territoire français malgré tout – malgré ses écoles débordées, son hôpital saturé, sa route sous thrombose, sa piste d’aéroport trop courte. Sur tout cela, nous avons travaillé depuis Bruxelles, avec le député Mansour Kamardine, le maire de Mamoudzou Ambdil Soumaila, et tant d’amis. Pour faire en sorte que le levier européen serve aux infrastructures vitales, à l’amélioration du lien aérien, au renouvellement de la flotte, au soutien du RSMA…

Moroni ne peut dicter sa loi à Paris.

Malgré tout, aucune des difficultés de Mayotte ne sera surmontable si la crise migratoire n’est pas stoppée. Je l’ai mesuré en partageant le quotidien de la Police aux frontières sur place, en organisant des échanges avec Frontex sur la situation, et en rencontrant ceux qui, comme Estelle Youssouffa, alertent depuis des années… Mais qu’en savent les beaux esprits qui, depuis Paris, font la leçon aux mahorais ? Savent-ils qu’à Mayotte un enfant doit se lever à 3 heures du matin pour aller à l’école, malgré les agressions fréquentes ? Que l’eau est coupée au moins un jour par semaine ? Qu’il faut se barricader pour un peu de sécurité ? Que 77% des gens vivent sous le seuil de pauvreté ? Mayotte est française pourtant ! Elle s’est battue et elle a voté pour cela, quand les îles des Comores choisissaient l’indépendance. Que chacun assume désormais. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’est pas à géométrie variable. Moroni ne peut dicter sa loi à Paris.

Dans ce moment si inquiétant pour Mayotte et pour la France, il est clair que, dans l’océan Indien comme en métropole, c’est toutes les faiblesses du pays qu’il est urgent de réparer. Pour que Mayotte reste la France, et que la France reste capable de décider de son avenir !

Malgré les députés macronistes, protéger nos pays contre l’immigration illégale

Désavoués par le Parlement européen, les députés macronistes voulaient empêcher l’Europe d’agir face à l’immigration illégale.

Moment politique décisif, et tellement révélateur, aujourd’hui à l’occasion de la plénière du Parlement : dans un vote sur le budget européen pour 2024, notre groupe PPE a fait adopter (321 +, 290 -, 20 abstentions) un amendement rendant possible des financements européens pour des moyens de protection physiques aux frontières extérieures, que la Commission refusait jusque là.

Depuis plusieurs mois, la délégation française Renaissance n’a eu de cesse d’attaquer avec virulence notre position, Valérie Hayer dénonçant même hier notre demande « ignoble » de soutenir les États-membres qui voudraient construire des murs à leurs frontières avec des pays tiers. Que dira la délégation macroniste aux 32 députés de son propre groupe qui ont soutenu notre position aujourd’hui ?

Que peut-elle dire aux douze gouvernements européens qui ont appelé à l’aide lorsqu’en 2021 le régime de Loukachenko organisait une crise migratoire pour déstabiliser nos pays ? Que répondra-t-elle à la Grèce, à l’Espagne, à l’Italie, à tous les pays de première entrée qui demandent que l’Union européenne les aide à protéger des frontières qui sont celles de notre continent tout entier ?

Que peut-elle expliquer aux Français surtout ? Avant-hier encore, le président de la République promettait de « renforcer le contrôle de l’immigration illégale ». Le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations martiales. Mais à Strasbourg, leurs élus s’organisent avec la gauche et l’extrême gauche pour faire tomber un texte budgétaire uniquement parce qu’il permet de financer les infrastructures nécessaires pour protéger nos frontières.

Se donner enfin les moyens d’empêcher l’immigration illégale

Le choix à faire est pourtant simple. Soit nous voulons d’une Europe qui se donne enfin les moyens d’empêcher les entrées illégales, pour que nos pays retrouvent la capacité de déterminer leur politique migratoire, et de sortir d’une vulnérabilité qui n’a cessé de nous exposer à toutes les menaces hybrides (celles de la Biélorussie hier, mais aussi de la Turquie d’Erdogan ou des organisations islamistes qui ont frappé nos pays au cours des dernières années).

Et et pour cela, il faut s’en donner les moyens. Cela ne se réduit pas au débat d’aujourd’hui, bien sûr : la stratégie globale que nous préparons aujourd’hui doit reposer sur la clarification du mandat de Frontex et son renforcement, sur un dialogue enfin franc avec les pays de départ, sur une coopération déterminée pour les retours et des aides au développement clairement conditionnées à la coopération en matière de réadmissions, sur une politique de l’asile refondée pour que ce principe essentiel ne soit plus détourné constamment comme il l’est aujourd’hui. Et parmi tous ces éléments, il faudra aussi poursuivre, là où c’est nécessaire, la construction de murs quand la configuration des frontières terrestres l’exige. C’est ce que met en œuvre aujourd’hui la Finlande, sous l’impulsion d’un ministre Vert au sein d’un gouvernement de gauche. Les élus macronistes l’accuseront-ils de « céder à l’extrémisme » ?

Puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable.

Refuser que l’Europe s’engage dans cette protection, c’est refuser toute stratégie pour protéger nos frontières.

S’il est illégitime d’utiliser une infrastructure physique pour empêcher le franchissement illégal d’une frontière, pourquoi financer une agence de gardes frontières dans le même but ? Le vote d’aujourd’hui permet de comprendre pourquoi la majorité présidentielle française n’a pas défendu l’agence Frontex, comme nous l’avons fait sans relâche, face aux attaques de la gauche… Derrière les proclamations de solidarité européenne, ses élus choisissent aujourd’hui de mépriser tous les pays de l’Union placés en première ligne, qui demandent notre soutien pour assumer ce défi commun.

Il est temps qu’ils assument enfin une position cohérente : puisque le parti macroniste considère que protéger une frontière est un acte coupable, il faut qu’il explique aux Français qu’il agit en Europe pour empêcher toute politique migratoire sérieuse et responsable. Le Parlement européen, malgré ces manoeuvres, a désavoué majoritairement cette obsession idéologique : laissant la majorité présidentielle à ce combat minoritaire, nous poursuivrons notre travail pour protéger enfin l’Europe face à l’immigration illégale.

Repenser la politique migratoire européenne

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Propositions de changements majeurs dans la politique migratoire européenne, pour que l’Europe garantisse à nos pays les moyens de maîtriser nos frontières. Texte signé avec le président du PPE Manfred Weber, initialement paru dans Le Figaro.

À lire les chiffres, nul besoin d’être devin pour pressentir l’imminence d’une prochaine crise migratoire d’ampleur en Europe. Rien que l’année dernière, au moins 330.000 migrants illégaux sont arrivés sur le continent – près de 60% de plus qu’en 2021 et un chiffre inédit depuis 2016. Le constat est clair: notre politique migratoire ne fonctionne pas et il est temps de la refonder. Le sommet européen extraordinaire sur le sujet qui s’ouvre ce jeudi sera déterminant et nous attendons des chefs d’État et de gouvernement des décisions fortes qui doivent reposer sur deux piliers.

Premièrement, nous avons besoin de protéger efficacement nos frontières extérieures. Il est urgent de rendre le corps de gardes-frontières et de gardes-côtes (Frontex) pleinement opérationnel et de renforcer ses effectifs. Face à l’immigration illégale, son rôle est de soutenir nos États ; c’est eux, et non la mafia des passeurs, qui doit décider qui vient en Europe et qui n’y vient pas. Si nous voulons maintenir la libre circulation au sein de l’UE, les citoyens doivent savoir que nos frontières sont protégées.

Cela sous-entend également de permettre aux États membres qui le souhaitent de pouvoir ériger avec des fonds européens des barrières gardées en cas de crise. En 2021, 12 pays avaient demandé à Bruxelles de l’aide pour financer la construction de protections à leurs frontières pour répondre au chantage indécent du dictateur biélorusse Loukachenko. À l’époque, ce dernier utilisait des milliers de malheureux comme arme géostratégique dans une guerre hybride pour faire pression sur les Occidentaux. La Commission était restée sourde aux appels des États. Ce refus est intenable.

Par ailleurs, nous devons enfin réussir à renvoyer les personnes qui n’ont pas le droit de rester sur le sol européen. La grande majorité des migrants qui traversent la Méditerranée ne sont pas des réfugiés fuyant la guerre, mais des immigrants illégaux qui cherchent du travail. Une fois leur demande d’asile ou de titre de séjour rejetée, très peu d’entre eux sont expulsés, notamment du fait d’une jurisprudence européenne qui paralyse l’application normale du droit. Est-ce une situation acceptable? Malheureusement, la Commission européenne n’a proposé aucun progrès en la matière au cours des dernières années…

Il en va de même concernant les opérations de recherche et de sauvetage. Il n’est pas viable de laisser aux ONG le soin de patrouiller, sans encadrement aucun, à la frontière maritime méridionale. Il est bien entendu hors de question de transiger avec le principe du sauvetage en mer, mais nous avons besoin d’un règlement clair, défini au plan européen. Nous demandons en particulier la création de règles communes pour les ONG effectuant des missions de recherche et de sauvetage, qui leur imposent enfin de respecter le droit de la mer et de reconduire effectivement les personnes rescapées dans le port sûr le plus proche, et non de les accompagner jusque sur les côtes européennes.

Le deuxième pilier sur lequel les chefs d’État et de gouvernement doivent s’appuyer, repose sur la solidarité européenne et l’aide apportée à ceux qui ont besoin de protection. Avec les réfugiés d’Ukraine, l’Europe a prouvé qu’elle était capable et désireuse de faire preuve d’une solidarité massive dans une situation d’urgence effective. Des millions de personnes ont généreusement offert leur aide aux Ukrainiens. Si nos concitoyens savent que la frontière extérieure est gardée, ils sont prêts à soutenir ceux qui en ont besoin.

La crise migratoire est un défi européen que nous devons relever ensemble. Nous avons besoin d’une stratégie de résolution des problèmes à long terme et à 27 plutôt que de vaines polémiques qui n’apportent que déshonneur et divisions, comme celle de l’Ocean Viking.

Nous rappelons au passage que l’Allemagne et la France avaient promis à l’Italie d’accueillir plus de 7000 migrants dans le cadre du mécanisme de solidarité volontaire. Ont-elles tenu parole? Pas du tout! Seules 202 personnes originaires d’Italie ont été relocalisées en Allemagne et en France. C’est une preuve supplémentaire que la promesse contre-productive de relocaliser des migrants illégaux n’est rien d’autre qu’une solidarité de papier envers les pays les plus exposés.

Enfin, nous devons reconsidérer la manière dont l’Europe peut prévenir les drames en mer en dissuadant les migrants d’entreprendre leur traversée. La politique de développement économique et le commerce international ont en ce sens un rôle déterminant à jouer. Nous devrions également reconsidérer la possibilité de centres européens de préfiltrage hors de nos frontières, afin de traiter des demandes d’asile avant que des personnes qui n’y sont pas éligibles ne se mettent en danger. Cette procédure exclusive mettrait fin aux tragédies qui endeuillent la Méditerranée, tout en changeant de manière décisive la lutte contre l’immigration illégale. C’est le seul moyen pour aider ceux qui ont vraiment besoin de protection, pour faire preuve de fermeté et d’humanité.

Le sommet européen de ces 9 et 10 février sera une étape cruciale.

Nomination au poste de vice-président exécutif des Républicains

François-Xavier Bellamy

Cette semaine, Eric Ciotti a annoncé sa volonté de me nommer vice-président exécutif des Républicains, ainsi qu’Aurélien Pradié. Je le remercie de sa confiance, et de la responsabilité importante qu’il me donne ; il sait pouvoir compter sur mon engagement total pour l’épauler dans sa mission à la tête de notre parti. Ma volonté est toujours la même, celle de tout donner pour que la droite offre à la France l’espérance dont elle a tant besoin ; et je serai heureux d’y travailler à ses côtés.

Je voudrais bien sûr redire ma reconnaissance fidèle à Bruno Retailleau : après sa très belle campagne, il n’a rien voulu obtenir pour lui-même, cherchant seulement à assurer que son équipe, et les adhérents qui l’ont soutenu, soient pleinement représentés dans la direction du parti. Demain, avec tant d’amis qui l’ont suivi, nous travaillerons pour faire vivre au sein de notre famille politique la volonté de renouvellement profond qu’il a incarnée dans cette campagne, au service de la refondation dont la droite française a tant besoin.

Il ne s’agit pas de faire vivre des divisions, dont notre camp a déjà tellement souffert, mais au contraire d’agir tous ensemble pour reconstruire une alternative sérieuse et crédible, dans un moment critique pour la vie démocratique de notre pays. La France a besoin d’une droite claire, solide, intelligente, enracinée et inventive, qui puisse lui redonner confiance en l’avenir. Le défi est immense – non pas pour notre parti, mais pour notre pays. C’est avec chacun d’entre vous, chers amis, que nous le relèverons.

Ocean Viking : au bout des bons sentiments, la mort.

Texte initialement paru dans Le Figaro.

La décision d’accueillir l’Ocean Viking et ses 234 passagers à Toulon a été déterminée et défendue au nom de principes humanitaires. Elle constitue pourtant un choix infiniment dangereux, du point de vue de ces mêmes principes. On pourrait parler du risque qui découlerait pour la société française d’une logique d’accueil non contrôlée, dans un pays qui hérite déjà d’une longue irresponsabilité en matière de politique migratoire, et d’une faillite massive de l’intégration. Mais faisons même abstraction de ces questions ; le plus grave, c’est que cette décision est absolument contraire à l’impératif absolu qui la justifie pourtant, celui de sauver des vies.

D’abord, à l’usage de ceux qui font semblant de ne pas comprendre, rappelons un fait évident : personne de sensé n’a jamais demandé qu’on laisse qui que ce soit mourir en mer. Le devoir de porter assistance à une personne humaine en danger est bien sûr inconditionnel ; et en mer, l’obligation de secourir les passagers d’un navire qui fait naufrage est consacrée par plusieurs conventions internationales. Il ne saurait être question de remettre en question cet impératif moral et juridique absolu. Mais qu’une personne ait été secourue à quelques milles des côtes du continent africain, ne saurait la conduire à débarquer sur le sol européen. Comment ne pas voir les conséquences qu’aurait un tel principe ?

À partir du 20 octobre, l’Ocean Viking effectue plusieurs sauvetages en Méditerranée. Il passe alors à 60 milles de Sfax, le deuxième port de Tunisie – il n’arrivera en Sicile qu’après une navigation de plus de 800 milles, et naviguera encore 700 milles jusqu’à Toulon. Ce qui est en cause ici, ce n’est donc pas le principe du sauvetage en mer, ni même le principe de l’asile : Sfax dispose de bureaux du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) des Nations-Unies, avec des équipes habilitées à enregistrer des demandes d’asile… Si l’Ocean Viking ne s’y est pas arrêté, comme les conventions internationales auraient dû l’y conduire, et malgré la situation très difficile que vivaient les passagers à son bord, c’est pour une seule raison : SOS Méditerranée ne veut pas seulement sauver des vies, mais aider des migrants à entrer en Europe. Ce faisant, elle concourt au trafic des passeurs, comme d’autres ONG qui échangent même avec ces réseaux criminels pour pouvoir récupérer des embarcations. De nombreuses enquêtes ont documenté ces pratiques, et Frontex a publié des vidéos montrant les passeurs transbordant des migrants en mer à proximité du navire de « sauvetage » prêt à les embarquer.

Jusque là, jamais la France n’avait cédé à ce chantage. Les élus de la majorité, qui s’indignent aujourd’hui de la moindre critique, se souviennent-ils qu’Emmanuel Macron avait refusé d’accueillir l’Aquarius, alors arrivé devant Marseille – et qu’il avait fustigé « le cynisme absolu » des ONG qui « font le jeu des passeurs » ? Le seul réflexe constant de nos dirigeants semble être d’insulter copieusement l’Italie lorsqu’une telle situation survient. Ce pays, où 90 000 migrants sont arrivés par la mer depuis le début de l’année, tient pourtant la seule position responsable. Oui, le secours en mer est un devoir ; mais l’Ocean Viking ne risquait pas le naufrage lorsqu’il est entré dans nos eaux territoriales : il était possible de faire monter des équipes médicales à bord, d’apporter l’avitaillement nécessaire, d’extraire les malades en situation d’urgence, sans autoriser pour autant le débarquement sur le sol français.

Ce précédent gagné par SOS Méditerranée aura un large écho. M. Darmanin a assuré que cette décision était prise « à titre exceptionnel » ; mais pourquoi le serait-elle, si le porte-parole du gouvernement assure que « la France ne serait pas la France » si elle n’accueillait pas ce bateau ? Cette réaction se répètera donc à chaque arrivée similaire. Dans un monde connecté, nul doute que l’information circulera largement ; et elle constituera une publicité supplémentaire pour la promesse des passeurs – qui, rappelons-le, ne s’adressent pas d’abord à ceux qui sont dans la misère et la détresse absolue, mais à ceux qui peuvent recueillir assez de moyens pour payer le prix élevé qu’ils exigent en échange de leur route d’exil et de mort.

Il n’y a qu’un seul moyen d’assurer que demain, plus un seul être humain ne trouve la mort en Méditerranée pour avoir cherché à atteindre l’Europe : c’est de garantir enfin ce principe simple, qu’il doit être impossible de s’établir en Europe si on a cherché à y entrer illégalement. Dans toute autre situation qu’une crise majeure dans un pays limitrophe, la demande d’entrée en Europe doit pouvoir être instruite hors de nos frontières. Un réfugié afghan ou iranien, menacé dans son pays, n’arrive jamais directement en Europe ; il passe par des États sûrs et stables, d’où il doit pouvoir effectuer une demande d’asile. Par notre incapacité manifeste à faire respecter nos frontières, nous conduisons des étrangers, dont l’immense majorité n’est pas éligible à l’asile, à risquer leur vie dans les mains des passeurs – et, paradoxe terrible, nous refusons trop souvent d’accueillir ceux qui auraient légitimement droit à notre solidarité.

Il n’y a qu’un seul moyen d’assurer que demain, plus un seul être humain ne trouve la mort en Méditerranée pour avoir cherché à atteindre l’Europe : c’est de garantir enfin ce principe simple, qu’il doit être impossible de s’établir en Europe si on a cherché à y entrer illégalement.

Il est facile de combattre le mal quand il apparaît pour lui-même : comment ne pas haïr la violence et le crime quand ils s’assument explicitement ? Mais autrement plus difficile est de refuser le mal quand il se présente sous les apparences du bien. Peu d’esprits sont assez fous pour vouloir l’enfer ; mais beaucoup sont assez inconséquents pour proclamer ces bonnes intentions qui en pavent souvent le chemin. On peut semer la détresse et la mort tout en se disant généreux – et même, sans doute, en se croyant généreux. L’histoire demandera des comptes à ceux qui s’enivrent aujourd’hui de leur propre supériorité morale en proclamant les fausses évidences qui causent de vrais drames. À ceux qui font la leçon tout en se dégageant eux-mêmes de l’inquiétude des conséquences. À ceux, en particulier, qui prétendent exercer une responsabilité politique, mais restent confortablement à la surface des questions les plus difficiles, même quand elles engagent la vie ou la mort d’innocents. Si nous nous contentons longtemps encore d’habiller notre impuissance de beaux sentiments, nous aurons à répondre des tragédies qu’elle continuera d’entraîner. La crise migratoire est largement devant nous ; il est temps que la France et l’Europe se donnent enfin les moyens de leur responsabilité.

L’histoire demandera des comptes à ceux qui s’enivrent aujourd’hui de leur propre supériorité morale en proclamant les fausses évidences qui causent de vrais drames. À ceux qui font la leçon tout en se dégageant eux-mêmes de l’inquiétude des conséquences. À ceux, en particulier, qui prétendent exercer une responsabilité politique, mais restent confortablement à la surface des questions les plus difficiles, même quand elles engagent la vie ou la mort d’innocents.

Un symptôme de la crise que traverse notre vie politique

Depuis hier, la totalité de notre débat public se concentre sur une réplique lancée à l’Assemblée nationale. Je ne comptais pas participer au déluge des commentaires, mais cette situation est un symptôme tellement marquant de la crise que traverse notre vie politique, qu’il est difficile de rester silencieux. Trois remarques simplement.

Sur le contenu d’abord : la lecture de la question posée par le député Carlos Martens Bilongo ne laisse aucun doute quant à la signification de l’interpellation de son collègue Grégoire de Fournas. Il est question du bateau Ocean Viking armé par l’ONG SOS Méditerranée, et des migrants qui sont actuellement à son bord. Lorsque Carlos Bilongo exprime ses inquiétudes sur le fait que les pays européens n’accueillent pas ce bateau, alors que la situation de ces personnes est critique et que les prévisions météo se dégradent, Grégoire de Fournas l’interrompt en disant : « Qu’il retourne en Afrique ». Quelle que soit la conjugaison retenue, il est évident qu’il parle bien de ce bateau et des migrants.

Beaucoup ont réagi à chaud en ayant entendu de bonne foi l’injonction « Retourne en Afrique ». Mais en revoyant toute la scène, il n’y a pas de doute possible. Personnellement, je n’ai pas l’habitude d’interrompre des collègues en hémicycle, et je n’aurais pas employé cette expression ; je crois à l’importance de la civilité, et à la nécessité du raisonnement, surtout sur des sujets aussi difficiles. Mais il est absurde de faire semblant de croire que Carlos Bilongo a été visé par une insulte raciste. La France Insoumise peut s’opposer à l’idée que l’Ocean Viking soit renvoyé vers un port africain ; mais elle ne peut pas raisonnablement essayer de faire croire que Grégoire de Fournas voulait envoyer en Afrique un député de la nation.

Comment notre vie politique a-t-elle pu devenir à ce point artificielle, pour que nous mettions tant d’énergie dans des polémiques absurdes ? La démocratie implique bien sûr des oppositions, des clivages parfois forts, des moments de confrontation ; mais rien de tout cela n’impose de renoncer à l’honnêteté intellectuelle, à la loyauté élémentaire qui sont la condition pour que la parole publique ait un sens. J’ai un jour eu l’occasion de prendre la défense de Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, à qui tout le monde s’en prenait sur le fondement d’un propos tronqué et sorti de son contexte ; et le plus inquiétant pour moi avait été la surprise que cette défense avait suscité. Il devrait être naturel de chercher à comprendre avant de condamner. « Nul ne ment autant qu’un homme indigné », écrivait Nietzsche ; notre débat public lui donne si souvent raison.

Dernier point, le plus important : pendant que le bureau de l’Assemblée, la salle des Quatre colonnes, les tribunes de presse et les réseaux sociaux commentent fiévreusement des points de conjugaison et s’étudient à la subtilité des règles de liaison (doit-on prononcer le “t” muet après un éventuel « qu’ils retournent en Afrique » ?), les Français, eux, se préoccupent des conséquences de l’impuissance de leur gouvernement à lutter contre l’immigration illégale. Au milieu des crises majeures que nous traversons, ce décalage est effarant. Comme l’a si bien dit Julien Aubert hier soir, cet épisode montre surtout combien le théâtre politique semble terriblement coupé du quotidien des Français, et préoccupé de son propre spectacle au lieu de s’inquiéter de la réalité des défis existentiels auxquels nous sommes confrontés. 

La NUPES manifeste, la majorité refuse de siéger ; pendant ce temps, l’Ocean Viking, lui, est toujours en mer. Ce dont il faudrait parler, c’est de l’irresponsabilité des pays européens, qui acceptent depuis longtemps que des ONG recueillent près des côtes africaines des embarcations de fortune, pour emmener ensuite leurs passagers vers l’Europe. Le gouvernement a d’ailleurs indiqué ce matin qu’il était prêt à accueillir ce navire. Mais agir ainsi, c’est rendre possible la promesse de l’immigration illégale dans nos pays, cette promesse qui a conduit tant de personnes à risquer et à perdre la vie dans l’enfer libyen et en Méditerranée. Rappelons que des enquêtes ont documenté les contacts que plusieurs de ces ONG entretiennent, pour récupérer ces migrants en mer, avec des passeurs, et montré ainsi qu’elles concourent au sinistre business de ces réseaux qui constituent aujourd’hui la mafia la plus meurtrière du monde.

Si nous voulons empêcher que cette situation ne dure indéfiniment, si nous voulons éviter aux Français de subir plus longtemps une immigration incontrôlée dont l’actualité des dernières semaines n’a cessé de rappeler les conséquences terribles, si nous voulons que demain plus une seule personne ne se noie en mer Méditerranée, alors il faut établir ce principe simple, que nul ne pourra s’établir en France s’il n’a pas été préalablement autorisé à y entrer. Nous travaillons sans relâche au Parlement européen pour garantir ce principe. Bien sûr, cela suppose de convaincre plutôt que de provoquer, de comprendre plutôt que de s’indigner. Au-delà de la complexité et de l’importance de la question migratoire, c’est d’abord le sens même de la politique qui est en jeu. Espérons que notre débat public reviendra vite à la raison.

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir.

Chers amis,

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir, et de préparer l’avenir.

Depuis plusieurs semaines, je parcours la France pour venir vous rencontrer et parler avec vous de la campagne que nous menons, avec Bruno Retailleau et toute son équipe, pour la présidence des Républicains.

Vous êtes nombreux à me partager votre espoir, et à vous engager. Mais parmi vous, nombreux sont aussi ceux qui doutent, ceux qui n’y croient plus. C’est à vous que je voudrais parler une fois encore.

Vous avez voté pour la droite dans le passé ; mais ces derniers mois, ces dernières années, vous avez été de déception en déception. Et nous héritons ensemble, vous comme moi, de cette situation de défiance accumulée depuis des années. Les électeurs de droite se sont divisés, d’autres partis se sont crées, la confusion s’est installée ; et le bilan de tout cela, c’est que nous n’avons cessé de perdre des batailles pourtant essentielles.

J’en suis profondément convaincu, et je crois que nous pouvons tous partager ce constat, quel que soit notre regard sur la situation actuelle : la France irait mieux si tous les électeurs de droite pouvaient enfin se sentir représentés par le parti politique qui devait les rassembler, et qui a manqué à sa responsabilité. Aujourd’hui, nous ne redonnerons pas une majorité à nos convictions si ce parti ne retrouve pas le sens de sa mission. Vous pouvez lui faire beaucoup de reproches, et vous aurez raison ; mais maintenant nous avons besoin de reconstruire ce parti politique, en nous appuyant sur les forces uniques qu’il garde – des milliers d’élus, le plus important ancrage local, la majorité au Sénat, des dizaines de parlementaires, un groupe central au Parlement européen… Quoiqu’il arrive, ce socle sera indispensable pour pouvoir, demain, construire la majorité qui relèvera notre pays.

C’est pour cela que je me suis engagé derrière Bruno Retailleau. Il appelle depuis toujours à cette nécessaire refondation. Il a gardé, dans bien des batailles difficiles, la fidélité à nos convictions. Et aujourd’hui, il veut vous rendre ce parti, qui n’a pas d’autre sens que de vous appartenir et de vous ressembler.

Il ne suffira pas pour cela de slogans et de belles promesses ; il faut s’en donner concrètement les moyens. Nous voulons réformer les statuts du parti pour que demain vous décidiez des grandes orientations politiques qu’il suivra – pour qu’il cesse de dériver parce que quelques dirigeants préfèrent suivre leurs propres calculs que de représenter leurs électeurs. Nous voulons que vous puissiez arbitrer sur les candidats que le parti désignera pour les prochaines élections, pour qu’obtenir votre confiance soit une condition absolue pour défendre nos couleurs. Nous voulons refaire un parti de droite qui respecte ses électeurs ; et nous avons présenté depuis plusieurs semaines les changements concrets que nous proposons pour le garantir.

Nous voulons vous redonner ce parti. Mais pour cela, il faut que vous veniez nous aider. Il vous reste quelques heures pour adhérer aux Républicains. Ne le faites pas parce que vous approuvez tout ce que ce parti a fait ; adhérez pour venir dire ce que vous attendez de lui, de nos institutions, pour l’avenir de notre pays.

Je sais : certains d’entre vous se sont promis de ne plus jamais prendre leur carte chez LR. D’autres parmi vous n’y ont jamais adhéré, et peut-être n’imaginaient pas le faire un jour. C’était mon cas aussi : en 2019, j’ai rejoint les Républicains, non parce que tout m’y convainquait, mais parce qu’il me semblait nécessaire de faire de mes déceptions une raison de s’engager plutôt que de commenter les reculs successifs de nos convictions, et de notre pays. Vous êtes nombreux à m’écrire, à me dire votre soutien, et je ne vous dirai jamais assez ma reconnaissance pour votre confiance, qui me touche profondément, dans ce temps de défiance généralisée. Si vous avez partagé parfois les batailles que j’ai pu mener, alors venez relever avec nous le grand défi qui nous attend, celui de la refondation qui, avec Bruno Retailleau, redonnera enfin à ce parti sa mission, et qui nous permettra d’y croire à nouveau.

N’hésitez pas à partager largement ce message à tous vos amis. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances de retrouver un cap clair. Nous avons une occasion unique, dans l’histoire de la droite française, de reprendre ensemble la main, pour préparer l’espérance dont la France a tant besoin. Aidez-nous. Adhérez.

Je compte vraiment sur vous.

Fx Bellamy

 

Pour pouvoir voter pour Bruno Retailleau en décembre, il vous faut adhérer aux Républicains d’ici jeudi 3 novembre.

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Lola devient le prénom de toutes les victimes de la faillite de l’État

Entretien initialement paru dans Valeurs actuelles. Propos recueillis par Pauline Darrieus.

Le meurtre de Lola, 12 ans, fait réagir une partie de la société et du monde politique. Quelle est votre réaction face à ce drame ?

J’éprouve une infinie tristesse, mais aussi une infinie révolte : Lola devient le prénom de toutes les victimes de la faillite de l’État, de la faillite de toute une nation qui ne sait plus protéger ses propres enfants. Bien sûr, on ne sait pas encore tout de cet événement si récent, et il est hors de question d’en tirer un prétexte pour des slogans superficiels. Mais il y a bien une réalité, qu’il faut regarder en face : des milliers de personnes en France sont victimes tous les jours de la montée d’une violence que plus rien n’endigue. Rappelons que les tentatives d’homicide ont triplé au cours des dix dernières années dans notre pays : ce chiffre, publié par Alain Bauer, spécialiste de la criminalité, dit la montée de la barbarie qui a tué Lola, et dont tant d’autres sont victimes dans le silence et l’indifférence. Car pendant ce temps, le gouvernement sombre dans le déni. Eric Dupond-Moretti, qui dénonce un « sentiment d’insécurité », avait tranquillement affirmé que « la France n’est pas un coupe-gorge ». Qu’il ose redire cette phrase maintenant à la famille de Lola… Dans ce déni de réalité, il y a une faute immense.

Il est hors de question d’en tirer un prétexte pour des slogans superficiels. Mais il y a bien une réalité, qu’il faut regarder en face.

Comment nommer ce fait de moins en moins divers ?

Ce n’est pas un fait divers. Dans le premier livre que j’ai publié, pour décrire les conséquences de la rupture culturelle qui marquait notre pays, je parlais d’ensauvagement ; c’était en 2014. Le gouvernement s’est déchiré sur cette expression, quand tout est pourtant venu la confirmer depuis. Bien sûr, la gauche s’indigne qu’on emploie ce mot ; mais c’est la réalité qu’il décrit qui devrait tous nous révolter. Le problème n’est pas seulement l’augmentation rapide des tentatives d’homicide, c’est la violence globale que ce phénomène cristallise. Tout près de chez moi, un jeune fleuriste de 28 ans, Tony, a été attaqué à coups de couteau devant un restaurant, parce qu’il avait osé s’indigner que deux voyous insultent les amies avec lesquelles il était. Il en a réchappé par miracle. Cette situation est devenue quotidienne…

Doit-on dire que la principale suspecte est une algérienne en situation irrégulière ?

En démocratie, les citoyens ont droit à la vérité. Je suis toujours sidéré du silence qu’on voudrait imposer, du déni qui consiste à taire ou à maquiller des prénoms, pour faire comme si il n’y avait pas de lien entre l’incapacité de l’Etat à contrôler nos frontières et la violence que subissent les Français. Ce déni est très grave, parce qu’il ne peut qu’empêcher de remonter aux causes. On sait désormais que la suspecte est algérienne, et qu’elle était en situation irrégulière sur notre sol depuis trois ans. On ne peut pas protéger un peuple quand on ne sait pas protéger ses frontières. Cette faillite absolue de l’Etat est la conséquence du désarmement de nos institutions ; et plus profondément encore, elle résulte de cette même idéologie qui conduit trop de dirigeants et de médias à ne pas vouloir nommer la réalité.  Même le ministre de l’Intérieur a admis cet été qu’il y avait un lien entre délinquance et immigration. Mais que fait-il de ce constat ? Son gouvernement a augmenté comme jamais le nombre de titres de séjours délivrés à des étrangers non européens – 270 000 pour la seule année 2021… Il n’a rien fait non plus pour lutter contre l’immigration illégale : comme l’a rappelé Bruno Retailleau, au premier semestre 2021, sur 7731 OQTF prononcées vers l’Algérie, seules… 22 expulsions ont eu lieu. 0.2% d’exécution… Et M. Darmanin nous explique que tout va bien ! Mais s’il reconnaît le lien entre immigration et insécurité, alors comment faut-il considérer la responsabilité de son gouvernement ?

Je suis toujours sidéré du silence qu’on voudrait imposer, du déni qui consiste à taire ou à maquiller des prénoms, pour faire comme si il n’y avait pas de lien entre l’incapacité de l’Etat à contrôler nos frontières et la violence que subissent les Français.

Dans le même temps, Emmanuel Macron a rappelé les 61 ans de la répression d’une manifestation d’indépendantistes algériens. Il parle de “crimes inexcusables pour la République”. Le président a-t-il eu raison de s’exprimer ainsi ?

On aimerait que le président de la République consacre moins de temps à se repentir du passé, et qu’il se concentre maintenant sur les tragédies dont l’Etat par son incurie se rend complice au présent.

Quel est l’avenir d’un pays où les petites filles de 12 ans sont massacrées en bas de chez elles ?

Lorsque j’ai fait ma première rentrée comme professeur, un jeune a été tué à la porte de mon lycée, dans une violence sidérante ; là où on ne défend plus la culture, il est logique que la barbarie resurgisse. Et les victimes de cette barbarie, ce sont les plus vulnérables. Ce sont les enfants – les violences contre les enfants n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Ce sont aussi les femmes, et les jeunes filles : parmi tous les chiffres de la délinquance, l’un des plus terribles, dans une époque qui se rêve féministe et se croit à la pointe du progrès, c’est le nombre de viols, qui est monté l’an dernier jusqu’à 25 000 : 70 viols chaque jour. Chaque jour… Ce qui est arrivé à Lola est terrible ; et il est terrible que ce qui lui est arrivé, tant de jeunes filles et de femmes le subissent chaque année. Si ce chiffre n’est pas plus élevé, c’est parce que beaucoup de victimes n’osent pas porter plainte, mais aussi parce que beaucoup de femmes s’imposent des contraintes pour se protéger de cette violence. Des applications proposent maintenant aux femmes des itinéraires spécifiques, sur leurs trajets à pied, pour contourner des rues trop isolées : il est dramatique qu’on en arrive à s’accomoder du fait qu’une femme seule n’est plus en sécurité. Et que certaines soient ainsi de fait, dans bien des quartiers, à Nantes, à Grenoble, à Marseille, forcées de rester chez elles… Où sont les féministes ? Que disent les progressistes à ce sujet ? Où est la gauche qui dit défendre la cause des femmes ? Quand on leur parle de Lola, ils crient à l’instrumentalisation, pour pouvoir rester silencieux…

Là où on ne défend plus la culture, il est logique que la barbarie resurgisse. Et les victimes de cette barbarie, ce sont les plus vulnérables.

Quelle réponse adopter face à cette violence ?

Les réponses sont multiples ; mais la plus importante, c’est qu’il faudra enfin du courage. D’abord pour reconstruire notre justice… La meilleure prévention, c’est la certitude de la sanction. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on vit plutôt l’inverse… Je vous parlais de ce jeune fleuriste, qui a failli mourir poignardé, pour rien. Les coupables étaient deux multirécidivistes, dont l’un connu pour plus de trente délits. Ils ont été condamnés à moins de deux ans de prison, dont il est probable qu’ils n’exécuteront qu’une partie… Il faut redonner à nos forces de l’ordre les moyens de leur mission – et quand on voit que ce gouvernement démantèle la PJ, il y a de quoi s’inquiéter. Il faut refonder toute notre politique migratoire avec une exigence absolue, celle de maîtriser nos frontières, et de garantir enfin ce principe simple : tout individu qui entre illégalement sur le sol français n’a aucune chance d’y rester. Cela suppose de changer la politique européenne en la matière, c’était notre engagement il y a trois ans et nous menons ce combat sans relâche, avec de vrais résultats. Cela supposera aussi de nous affranchir de la CEDH si elle prétend nous empêcher d’y parvenir. Reste un dernier point, qui me paraît essentiel : si nous ne voulons pas que cet ensauvagement se poursuivre, nous devons reconstruire notre école. C’est aussi notre faillite éducative qui laisse se propager cette violence gratuite, anomique, qui est la marque du vide de la pensée, de l’effondrement intérieur, de l’abandon de tout repère moral. Partout où nous avons accepté de négocier notre civilisation, la violence a trouvé son avantage. La réponse décisive est donc éducative, par l’enseignement retrouvée de la parole, de la raison, par le réveil des intelligences et des cœurs, par la transmission de notre civilisation.

Il faut redonner à nos forces de l’ordre les moyens de leur mission. […] Il faut refonder toute notre politique migratoire avec une exigence absolue. […] Cela supposera aussi de nous affranchir de la CEDH si elle prétend nous empêcher d’y parvenir. Reste un dernier point, qui me paraît essentiel : si nous ne voulons pas que cet ensauvagement se poursuivre, nous devons reconstruire notre école.

Cette augmentation de la fréquence et du caractère de la violence marque-t-elle un tournant anthropologique ?

Oui, pour la raison que j’évoquais à l’instant. Celui qui a entendu parler, même sans vouloir connaître aucun détail, des actes de barbarie que Lola a subis, ne peut que comprendre que ce qui est menacé aujourd’hui en l’homme, c’est l’humanité même. Le premier défi, la première responsabilité politique, c’est toujours de garantir que l’homme reste humain ; et cela n’a rien d’une évidence acquise pour toujours… L’homme se police et s’humanise par le travail de la civilisation en lui, par ce travail qui le discipline et lui apprend la maîtrise de ses propres instincts, la domination sur les pulsions destructrices qui éprouvent toujours la nature humaine. Partout où la force du droit abdiquera, nous verrons s’imposer la même brutalité. Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas seulement de rétablir la sécurité, ou de protéger le « vivre-ensemble », comme le disent les mièvres incantations du temps ; ce qui est en jeu, c’est la survie de l’humain en l’homme.