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La solidarité européenne nécessite une stratégie, pas une planche à billets.

François-Xavier Bellamy et Manfred Weber

Tribune signée avec Manfred Weber, président du Groupe PPE au Parlement européen, initialement parue dans une version condensée dans Les Échos le lundi 14 septembre 2020.

Si l’Europe semble s’être illustrée par un certain manque de solidarité durant les premiers mois de la crise du coronavirus, c’est d’abord en raison de son impréparation, et de sa dépendance envers des pays tiers dans des secteurs essentiels. Comment en effet apporter à son voisin ce dont on ne dispose pas pour subvenir à ses propres besoins ?

Le plan de relance européen aurait pu redonner du sens au mot solidarité, mais il soulève de nombreuses questions. Devant la crise économique majeure qui nous attend, emprunter peut en effet être un choix rationnel, légitime ; mais que dire d’un emprunt contracté sans aucun accord sur les moyens qui seront mobilisés pour son remboursement, ni feuille de route claire sur le long terme ? La solidarité européenne ne peut se limiter à une distribution de cash : on ne combattra pas les effets d’une crise commune sans réflexion stratégique commune.

Ce n’est pas seulement une approche rationnelle, mais aussi un devoir envers les générations futures

Le plan, dans ses modalités actuelles, ne témoigne pas d’une solidarité européenne ; il aurait d’ailleurs plutôt tendance à la saper à long terme, parce que 90% de ses 750 milliards d’euros sont directement fléchés vers les budgets des États-membres, et qu’à ce jour, personne ne sait précisément comment ils seront alloués. Chaque chef d’Etat rentre donc de Bruxelles avec une belle enveloppe, mais ensuite ? Est-ce que cette période, cruciale pour notre avenir, doit vraiment être celle où l’on rédige un guide pratique de l’inefficacité, en facilitant pour des États en difficulté un endettement dont ils n’auront pas à assumer la responsabilité, pour parvenir à un éparpillement de dépenses sans cohérence ?

Cet éparpillement de projets ne sera d’ailleurs même pas synonyme de subsidiarité. Il signera simplement l’abandon de cette exigence de cohérence pourtant indispensable à l’atteinte d’une autonomie stratégique européenne. La crise amène déjà des réajustements dans l’ordre politico-économique mondial, et l’Europe ne doit pas être en être la victime. Utilisons ce fonds pour des projets structurants, comme nos prédécesseurs l’ont fait avec Airbus ! Au moins un tiers de la somme doit être investi dans ce qui fera notre avenir ; sinon, la bulle bruxelloise se lamentera encore de ce qu’on ne comprenne pas ce qu’elle tente de faire… Ce n’est d’ailleurs pas seulement une approche rationnelle, mais aussi un devoir envers les générations futures. Connectivité sécurisée, batteries, aviation propre, hydrogène… Pourquoi ne pas investir dans des projets structurants auxquels chaque État-membre contribuerait avec une partie de ce qui lui est versé ? Faisons de cet « esprit de solidarité » un moteur pour que l’Europe puisse s’assurer un avenir.

Ne pas laisser de côté les défis déjà identifiés.

En outre, cette crise ne peut être un prétexte pour laisser de côté les défis déjà identifiés. Pour redonner des bases saines à notre économie, protéger les emplois, améliorer nos systèmes de santé, d’immenses efforts seront certes nécessaires, et les ressources politiques devront être au rendez-vous. Mais ces efforts sont d’ores et déjà nécessaires. L’Europe a besoin d’une force de protection aux frontières renforcée : il faut financer le recrutement de 10 000 agents Frontex à court terme. Le cancer touchera à un moment ou à un autre la moitié des Européens : une stratégie offensive pour de meilleurs soins est indispensable. L’Europe s’est fixé pour objectif de consacrer 3% de son PIB à l’innovation, mais prend du retard sur la Chine et l’Asie en la matière : il faut donner un coup d’accélérateur décisif, sans quoi nous hypothéquons notre avenir.

Faire de l’Europe une simple planche à billets ne constitue pas un plan. L’allocation de ces 750 milliards d’euros doit se faire avec discernement, et l’articulation entre fonds de relance et budget européen doit avoir une cohérence : l’Europe doit se placer aux avants-postes de l’innovation, retrouver son autonomie stratégique et réduire sa dépendance vis-à-vis des autres puissances continentales. Ne répétons pas les erreurs des années 70 à 90, qui ont fini par accélérer la crise de la dette actuelle, et respectons le fairplay financier qui s’impose : si l’on emprunte, on doit savoir comment rembourser. Qui envisage sérieusement que nous rembourserons cet emprunt commun sans creuser dans nos propres ressources, et alors que les États-membres s’y refuseront ? Même l’Allemagne n’aura pas les capacités financières pour rembourser les 135 milliards qui doivent lui être alloués. Nous avons besoin d’un plan de remboursement avant 2028 intégrant la barrière carbone aux frontières de l’UE et une fiscalité numérique cohérente – pour mettre fin à cette situation dans laquelle les géants du numérique sont injustement privilégiés. Amazon n’a payé aucun impôt en Europe sur les trois quarts de ses bénéfices ces dernières années. Et au-delà du cas Amazon, les GAFAM – auxquels la crise et la numérisation du continent ont plutôt profité – ne devraient-ils pas contribuer à une juste mesure ?

Parlons enfin d’état de droit, parce que des efforts communs impliquent des règles communes. L’Europe n’est pas une organisation internationale ordinaire. C’est une civilisation dont nous héritons, qui nous a transmis certains principes essentiels. C’est pourquoi l’octroi de fonds sans contrainte relative au respect des principes démocratiques n’est pas envisageable. Partout en Europe, les citoyens attendent de la clarté, et une égalité de traitement : dotons nous d’un organisme indépendant, détaché de la vie politique de nos institutions, qui puisse entreprendre cette mission de contrôle avec des modalités sérieuses et impartiales.

Si l’Europe souhaite donner corps à cette solidarité, le moment est venu de ne plus se contenter de belles paroles, mais de passer à des actes réfléchis et concrets.

Crédits photos : © European Union 2020 – Source : EP / Michel CHRISTEN / Emilie GOMEZ

Réponse à Julie Lechanteux et Thierry Mariani

Je n’ai pas l’habitude de répondre aux attaques sur Twitter, mais je fais une exception car cet épisode me semble révélateur.

Je suis attaqué ce matin par deux élus du Rassemblement National, Julie Lechanteux et Thierry Mariani : ils m’accusent d’avoir voté le plan de relance européen, auquel je me suis pourtant longuement opposé dans de nombreuses interventions, y compris en séance plénière jeudi dernier au Parlement européen.

Petit problème dans leur démonstration : ce plan de relance n’a même pas été l’objet d’un vote du Parlement… Le Parlement ne votera d’ailleurs jamais sur le principe même de cet emprunt européen, car cela ne relève pas de sa compétence – ce qui constitue d’ailleurs l’un des aspects du problème démocratique qu’il pose. Je n’ai pas entendu Mme Lechanteux ni M. Mariani s’exprimer à ce sujet la semaine dernière, je ne les ai d’ailleurs pas croisés dans l’hémicycle ; s’ils étaient à Bruxelles, sans doute sauraient-ils que le Parlement a voté, non sur le plan de relance, mais sur une résolution, dont le contenu critique précisément l’accord intervenu au Conseil européen à propos de ce plan (article 3 : « Le Parlement n’accepte pas cet accord politique »). C’est pour cette raison que j’ai voté en faveur de cette résolution, comme je l’ai expliqué lors de mon intervention en séance plénière. J’ai voté très clairement contre tous les passages susceptibles de constituer une approbation de l’emprunt européen. Chacun pourra s’il le souhaite vérifier cela en se référant aux comptes rendus publiés sur le site du Parlement.

Pour ma part, je poursuis mon engagement dans le même esprit : la démocratie suppose d’être capables de s’opposer vigoureusement quand il le faut, mais cela n’implique pas de raconter n’importe quoi… Il est bien triste que des élus auxquels des Français ont confié leur voix la discréditent si souvent, par incompétence, par sectarisme ou simplement par paresse intellectuelle.

Enfin, un dernier mot plus particulier à l’attention de M. Mariani : je suis régulièrement la cible de vos attaques, et je n’y ai jamais répondu jusque là. Mais puisque l’occasion s’en présente aujourd’hui, un simple rappel : vous avez été député de l’UMP pendant de très longues années, à une époque où elle était bien éloignée de ce que vous dites défendre aujourd’hui. Comme secrétaire national de ce parti, vous défendiez le TCE, le traité de Lisbonne et le fait de passer de l’unanimité à la majorité qualifiée au Conseil européen, après le « non » au référendum de 2005. Vous entendre aujourd’hui m’accuser de « fédéralisme » est donc – relativement – amusant. « C’est une grande chose que de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. »

François-Xavier Bellamy

Et l’urgence serait de surveiller les forces de l’ordre ?

En plus d'une heure, le Président n'a pas trouvé le temps d'évoquer Mélanie Lemée, Philippe Monguillot, la violence qui…

Publiée par François-Xavier Bellamy sur Mercredi 15 juillet 2020

La dénonciation permanente de la police ne peut que libérer la délinquance

 

Mettre fin au processus d’adhésion de la Turquie

Intervention en séance plénière du Parlement européen sur la #Turquie. L’Europe doit sortir du déni ; et cela commence par mettre fin maintenant à ce processus d’adhésion, qui n’est qu’une fiction absurde.

Publiée par François-Xavier Bellamy sur Jeudi 9 juillet 2020

Il est temps d’engager le bras de fer avec Erdogan

« Il est temps d’engager le bras de fer avec Erdogan »

CNEWS, 9 mars

Sud Radio, 4 mars

« Aujourd’hui notre impuissance fait le lit de ce jeu odieux et inhumain par lequel monsieur Erdogan envoie des personnes sur la route de l’Europe ; et non seulement les envoie, mais les y accompagne en affrétant des bus pour pouvoir faire en sorte qu’une menace pèse sur l’Europe de manière à ce qu’elle se rallie à ses propres projets. […] »

« Il n’y a jamais eu autant de demandes d’asile. Or, la plupart de ces demandes d’asile sont déboutées, mais elles le sont au bout de deux ans, trois ans… quand les personnes se sont déjà installées. Mais dans les faits, les personnes qui sont déboutées du droit d’asile ne sont, pour l’immense majorité d’entre elles, jamais reconduites à l’extérieur des frontières. […] Donc ce que nous appelons procédure d’asile est aujourd’hui détournée au profit d’une vaste filière d’immigration illégale qui est financée et qui fait le business des passeurs, mais qui fait aussi évidemment la tactique d’influence de ces acteurs étrangers comme Erdogan, qui utilisent sans scrupule cette menace migratoire du fait de notre impuissance. »
« Nous devons organiser le moyen par lequel des personnes qui sont à l’extérieur de l’Europe pourront demander l’asile si elles y sont éligibles afin de rentrer en Europe dans des conditions sûres, et faire en sorte que tous ceux qui n’y sont pas éligibles soient instantanément refoulés. […] »
Ce que nous appelons procédure d’asile est aujourd’hui détournée au profit d’une vaste filière d’immigration illégale qui est financée et qui fait le business des passeurs, mais qui fait aussi évidemment la tactique d’influence de ces acteurs étrangers comme Erdogan, qui utilisent sans scrupule cette menace migratoire du fait de notre impuissance.

Actualité européenne : entretien au Point pour la rentrée 2020

Entretien avec Emmanuel Berretta pour Le Point paru le 16 janvier 2020.
Consultez aussi le texte à ce lien.


Le Point : Le Brexit va poser des problèmes aux pêcheurs européens. En tant que membre de la commission Pêche du Parlement européen, comment envisagez-vous de traiter ce dossier ?

François-Xavier Bellamy : Nous allons au-devant d’un problème critique. Au total, plus de 30 % de la pêche française s’effectue dans les eaux britanniques – et jusqu’à 80 % pour certains ports des Hauts-de-France. Si ces eaux sont fermées aux pêcheurs européens, nous verrons aussi des bateaux d’autres pays (les pêcheurs des Pays-Bas en particulier, NDLR) se reporter sur les eaux françaises, accroissant encore la tension. Des milliers d’emplois, en mer et à terre, sont potentiellement menacés. Pour faire face à cette situation, il faudra d’abord une réponse d’urgence : les fonds européens dédiés à la pêche doivent pouvoir être mobilisés pour remédier à l’impact immédiat de la crise. Mais cette réponse provisoire ne doit surtout pas durer : les pêcheurs veulent vivre de leur travail, pas de subventions. Pour cela, il faudra obtenir des Britanniques qu’ils rouvrent leur zone de pêche, en faisant de ce principe une condition préalable à toute autre négociation, avant un accord commercial, par exemple. Si nous ne tenons pas fermement sur cette ligne, toute une filière déjà en tension risque d’être durement touchée. J’ajoute qu’il y a un enjeu écologique majeur sur ce sujet : la politique européenne, en lien avec les pêcheurs qui sont bien sûr les premiers concernés, a mis en œuvre des quotas qui permettent d’éviter la surpêche et de préserver les espèces. En échappant à ces contraintes, les Britanniques pourraient être tentés de relancer une pêche intensive qui serait catastrophique à terme pour la biodiversité dans les fonds marins.

Mais cette réponse provisoire ne doit surtout pas durer : les pêcheurs veulent vivre de leur travail, pas de subventions. Pour cela, il faudra obtenir des Britanniques qu’ils rouvrent leur zone de pêche, en faisant de ce principe une condition préalable à toute autre négociation

L’Union européenne peut-elle imposer des taxes sur le poisson britannique en cas de position très hostile des Britanniques sur leur zone de pêche ?

C’est une chimère de croire, comme semble le penser le ministre de l’Agriculture (Didier Guillaume, NDLR), que les taxes à l’entrée du marché européen suffiront à dissuader les Britanniques. Nous ne pourrons faire peser sur le poisson britannique une taxation dissuasive ; il ne s’agit pas en effet ici d’une position hostile des Britanniques susceptible de déclencher une mesure de rétorsion, mais simplement de la situation normale d’un pays tiers contrôlant sa zone économique exclusive. On ne mesure pas assez, en France, l’importance de ce sujet pour nos voisins de Grande-Bretagne, qui ont une très longue histoire maritime : retrouver la maîtrise de leurs eaux territoriales a été un argument important en faveur du Brexit. Boris Johnson avait brandi un hareng en meeting ! Si on traite la question de la pêche parmi les autres sujets de notre relation future avec la Grande-Bretagne, nous ne les ferons pas changer d’avis. Le seul moyen d’obtenir que leurs eaux restent ouvertes, c’est de faire de ce principe, comme je le disais, la condition de tout accord ultérieur. C’est un point dont nous parlons avec Michel Barnier, qui mènera ces négociations, et qui est très attentif à cet enjeu essentiel.

Au sein du PPE, les positions allemandes ont toujours été très orientées en faveur des accords de libre-échange. Les LR sont devenus plus hostiles à ce type d’accords. Quels arguments avancez-vous à l’encontre du Ceta ?

Le déficit commercial de la France, dû en particulier aux contraintes dont nous ne cessons de surcharger tous ceux qui produisent dans notre pays, nous rend plus frileux que les Allemands, qui exportent au contraire massivement. Mais au-delà de cette divergence économique, il me semble que nous sommes face à un tournant politique : il est urgent de rééquilibrer la mondialisation. J’avais déjà écrit sur ce sujet dans Demeure : nous ne pouvons pas à la fois déclarer l’urgence écologique et continuer à favoriser l’emballement des flux qui a contribué au déséquilibre climatique. Il est absurde de punir fiscalement le salarié français qui a besoin de sa voiture pour faire quelques kilomètres jusqu’à son lieu de travail, tout en facilitant l’importation depuis le bout du monde de biens que nous pourrions parfaitement produire ici.

Nous ne pouvons pas à la fois déclarer l’urgence écologique et continuer à favoriser l’emballement des flux qui a contribué au déséquilibre climatique.

Si l’on veut prendre la mesure du défi écologique, il faut commencer par ne pas rendre la viande canadienne plus compétitive sur nos marchés que la viande française – alors même que nous imposons des normes environnementales bien plus exigeantes à nos producteurs. Certains accords peuvent être utiles quand ils tirent tous les partenaires vers le haut. Mais tout accord n’est pas bon ; nous restons, par exemple, fermement opposés à l’accord UE-Mercosur. D’une manière générale, il nous faut réapprendre à produire ce que nous consommons. L’Europe peut jouer un rôle décisif dans ce rééquilibrage de la mondialisation, qui est attendu partout ; c’est une nécessité écologique, mais aussi bien sûr économique et sociale. C’est l’un des grands défis politiques de notre avenir.

De tous les thèmes que votre liste a défendus durant la campagne européenne, lesquels avez-vous pu inscrire dans les lignes directrices adoptées par le PPE ?

Dans ces premiers mois du mandat, notre groupe parlementaire a écrit, de façon concertée, plusieurs documents de programmation, qui définissent les lignes directrices du PPE pour les années à venir. Ces textes sont importants, car ils orienteront désormais la position de notre groupe, majoritaire au Parlement, dans les négociations et les votes. Nous avons travaillé dur pour transcrire nos engagements de campagne dans ces documents, et nous y sommes parvenus : la barrière écologique que nous avions proposée, par exemple, a été adoptée par le groupe, ce qui est inédit au PPE.

La négociation sur le budget européen pour la période 2021-2027 débute. Pensez-vous qu’il faille absolument augmenter ce budget pour se donner les moyens de nos ambitions ?

La vraie question n’est pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux. Nous avons de nouvelles priorités, qu’il faut financer ; je pense, par exemple, au Fonds européen de défense, ou à la protection des frontières extérieures de l’Europe pour ne plus subir des flux migratoires incontrôlés. Il faut également faire face au départ de la Grande-Bretagne, qui retire un contributeur important au budget européen. Mais nous avons aussi beaucoup d’économies à faire, en rationalisant les programmes, en contrôlant mieux les engagements et les agences européennes, en conditionnant les aides aux pays que nous soutenons au respect de leurs engagements, par exemple sur le plan migratoire… D’une manière générale, il faut retrouver le principe de subsidiarité : les budgets européens doivent être engagés là où ils ont une efficacité supérieure à celle que chaque État obtiendrait isolément.

D’une manière générale, il faut retrouver le principe de subsidiarité.

Le Pacte vert sera la grande affaire de ce quinquennat. L’Europe se donne pour objectif d’être le premier continent neutre en émission de carbone d’ici à 2050. Cet objectif vous semble-t-il réaliste compte tenu des annonces d’Ursula von der Leyen lors de la session spéciale du Parlement à Bruxelles ?

Il faut bien sûr se donner des objectifs exigeants pour répondre au défi écologique. Avec le regard d’un nouvel élu, je suis frappé cependant que nous ayons des discussions interminables sur les objectifs, plutôt que sur les moyens. La question n’est pas : voulons-nous réduire nos émissions de carbone ? Mais : comment y parvenir ? Et c’est là que les débats sérieux devraient commencer. Certains élus par exemple, LREM ou écologistes, votent au Parlement européen pour appeler à la fermeture rapide des centrales nucléaires, alors que nous n’avons pas de solution alternative pour une énergie décarbonée. Voulons-nous vraiment imiter nos voisins allemands, qui ont dépensé des dizaines de milliards d’euros pour finir par rouvrir des centrales à charbon ? Certains élus sont prêts par idéologie à sacrifier les objectifs écologiques qu’ils disent défendre. Avec mes collègues en commission de l’environnement, Agnès Evren et Nathalie Colin-Oesterlé, nous voulons fixer, non seulement des buts exigeants, mais les moyens rationnels pour les atteindre.

Certains élus sont prêts par idéologie à sacrifier les objectifs écologiques qu’ils disent défendre. Certains élus par exemple, LREM ou écologistes, votent au Parlement européen pour appeler à la fermeture rapide des centrales nucléaires, alors que nous n’avons pas de solution alternative pour une énergie décarbonée.

Les tensions au Moyen-Orient peuvent déboucher sur une nouvelle crise migratoire. Où en est le PPE sur la réforme de l’asile et des migrations ? Entre la position de Merkel et celle d’Orban, la clarification est-elle en cours ?

C’est un sujet clé. L’Europe doit absolument se donner les moyens de maîtriser ses frontières extérieures. Le PPE a clarifié sa ligne, en adoptant la position que nous avions défendue pendant toute notre campagne : il faut mettre fin à l’impuissance européenne en matière migratoire. Un vote important a eu lieu sur ce sujet en octobre : les groupes de gauche, dont LREM, défendaient dans un texte sur la Méditerranée des positions totalement irréalistes, comme l’ouverture imposée des ports européens à tous les bateaux. Le PPE a voté contre ce texte, qui a été rejeté à quelques voix près. La solidarité et le droit d’asile sont massivement détournés aujourd’hui au profit de filières d’immigration illégales entretenues par des passeurs. Nous devons mettre fin à cette impuissance, et le PPE est uni sur ce sujet.

La solidarité et le droit d’asile sont massivement détournés aujourd’hui au profit de filières d’immigration illégales entretenues par des passeurs. Nous devons mettre fin à cette impuissance, et le PPE est uni sur ce sujet.

Les déclarations d’Emmanuel Macron sur « l’état de mort cérébrale de l’Otan » ont-elles laissé des traces au sein du PPE ?

Cette expression a fait beaucoup de tort. Il faut bien sûr s’inquiéter des errements stratégiques de l’Otan ; les récents événements, avec la Turquie ou l’Iran, le montrent assez. Mais avec une expression aussi virulente, le chef de l’État ne lance pas le débat, il l’empêche. Dans cette déclaration, comme l’a dit Arnaud Danjean (eurodéputé LR-PPE, NDLR), la forme a tué le fond. Il y a en Europe beaucoup de pays qui, pour des raisons historiques évidentes, sont aujourd’hui entièrement dépendants de l’Otan pour leur sécurité ; ils ne peuvent que très mal réagir si nous leur donnons le sentiment que nous voulons en finir avec ce qui constitue aujourd’hui leur principale protection. Quand on veut défendre un point de vue, mieux vaut l’exprimer avec sérieux, sans arrogance, en cherchant à rejoindre ses interlocuteurs. Il ne suffit pas de déclarer, il faut convaincre.

Justement, vous êtes le corapporteur du Fonds européen de défense. Avez-vous le sentiment que les Américains sont décidés à laisser l’Europe s’émanciper pour assurer sa propre défense ?

Les États-Unis sont nos amis et nos alliés ; mais ils ne sont pas nos suzerains, et nous ne sommes pas leurs vassaux. L’Otan restera, bien sûr, un partenaire essentiel ; mais en complément de son action, les pays d’Europe doit impérativement se donner les moyens d’une vraie autonomie stratégique : le Fonds européen de défense est une initiative essentielle pour y parvenir. Il s’agit d’investir dans l’industrie de défense en Europe pour développer des moyens qui nous permettent de nous engager sans dépendre d’autres grandes puissances.

Les États-Unis sont nos amis et nos alliés ; mais ils ne sont pas nos suzerains

C’est une nécessité pour notre liberté et notre souveraineté, mais aussi pour préserver la paix : nous le voyons mieux que jamais, le monde qui se dessine a besoin d’un pôle indépendant pour permettre un équilibre dans les tensions entre les blocs qui se font face aujourd’hui.

Voir l’article en ligne

Retour sur la session plénière d’octobre 2019 au Parlement européen

 

Ajout (2 décembre 2019) :

Une barrière écologique pour contribuer à rééquilibrer la mondialisation

Entretien paru dans Les Échos, propos recueillis par Pierre-Alain Furbury et Etienne Lefebvre (extrait).

Entretien avec Les Échos

[…]

Le but, c’est construire une Europe qui fasse la preuve de son efficacité. Notre projet correspond, je crois, à l’aspiration d’une grande majorité de Français qui savent que l’Europe est nécessaire mais qu’il faut la changer.

Sur le plan économique, concrètement, comment réorienter l’Europe ?

Je rêve d’une Europe qui contribue à rééquilibrer la mondialisation, qui en soit un acteur offensif. L’Europe doit défendre son industrie, elle ne peut pas être qu’une terre de services. Nous proposons la création d’une « barrière écologique » pour défendre notre marché commun, en imposant des quotas carbone sur les importations, au même titre que ceux que paient nos entreprises, et le respect des mêmes normes que celles fixées à nos industriels et nos agriculteurs.

Faut-il revoir le droit de la concurrence, comme le préconise l’axe franco-allemand ?

Bien sûr ! Qui ne voit pas que ce droit est devenu obsolète face aux géants chinois et américains ? Nous croyons à la concurrence, aux vertus du libre-échange, mais à condition d’avoir les mêmes règles que les autres. Le manque de réciprocité sur les appels d’offres dans les marchés publics est par exemple incompréhensible.

L’Europe est-elle trop libérale ?

Elle est surtout trop naïve. Nous sommes encore par certains aspects les idiots du village mondial, même si les choses commencent à bouger, comme le montre le dispositif de contrôle des investissements directs étrangers que les Républicains au Parlement européen ont contribué à mettre en oeuvre. Il faudrait étendre ces garde-fous par exemple aux rachats de terres agricoles par les investisseurs chinois. Il y a une prise de conscience collective, surtout depuis les menaces de guerre commerciale de Trump et l’échec de la fusion Alstom-Siemens. C’est le moment d’agir.

Faut-il une harmonisation fiscale au niveau européen ? Peut-on continuer la course au moins-disant entre les Etats ?

On ne peut continuer à tolérer le dumping fiscal de certains Etats. L’action de la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, va dans le bon sens quand elle sanctionne les aides d’Etat déguisées et lutte contre la concurrence déloyale. Il faut aller plus loin et tendre vers une harmonisation fiscale, notamment sur l’impôt sur les sociétés. Comme pour la TVA aujourd’hui, il serait souhaitable d’avoir un taux minimum et un plafond, avec une liberté pour les Etats au sein de ce corridor.

Nous proposons la création d’une « barrière écologique » pour défendre notre marché commun, en imposant des quotas carbone sur les importations, au même titre que ceux que paient nos entreprises, et le respect des mêmes normes que celles fixées à nos industriels et nos agriculteurs.

Mais attention, pour être crédible, la France doit se réformer. On ne peut pas parler de convergence fiscale quand on est champion du monde de la pression fiscale. Emmanuel Macron est un peu le cancre au fond de la classe qui dirait à ses voisins ce qu’ils doivent faire.

En matière sociale, a-t-il raison de plaider pour un bouclier social avec un SMIC européen ?

Mais là encore, la France n’est pas audible parce qu’elle n’a pas fait les réformes nécessaires, et cela conduit, malheureusement, à la réponse sèche de la nouvelle présidente de la CDU allemande . Pourtant, sur le fond, l’Allemagne aurait tort de refuser toute convergence sociale. Il faut aller vers une harmonisation des règles, et nous défendons une révision plus forte de la directive sur le travail détaché, une pratique qui, dans les conditions actuelles, nourrit la défiance des Français. Il faut non seulement garantir un salaire égal pour un travail égal, mais aussi que l’entreprise acquitte les mêmes charges sociales. Il faut également renforcer les contrôles qui sont dans ce domaine beaucoup trop faibles, et intégrer le transport routier dans la négociation, à venir, car Emmanuel Macron avait clairement abandonné ce secteur.

Faut-il taxer les Gafa ?

Oui, car rien ne justifie que des multinationales paient moins d’impôts que nos entreprises. Mais je ne crois pas à une réponse purement nationale qui risque de fragiliser nos propres acteurs : il faut une taxation au niveau européen. Par ailleurs, la position structurellement dominante des Gafa doit conduire à une riposte plus globale. Il s’agit de défendre nos valeurs, préserver nos démocraties et le droit à la vie privée. L’agence de protection de la démocratie prônée par Emmanuel Macron passe totalement à côté de ces sujets et n’est pas à la hauteur de l’enjeu.

L’économie suffit-elle pour réduire le désamour entre les citoyens et l’Europe ?

Cela ne suffit pas, même si ce serait déjà beaucoup. L’Europe n’est pas une organisation comme les autres : c’est une histoire, des racines – gréco-latines, judéo-chrétiennes, l’héritage des Lumières -, une civilisation qui a encore quelque chose à dire au monde. Le grand dessein, il est là. Commençons par retirer de nos billets d’euros ces ponts qui n’existent pas et ne mènent nulle part, pour y mettre le patrimoine européen qui fait notre lien commun. Il faut aussi impérativement donner à chaque jeune, y compris les plus défavorisés, l’occasion d’un échange en Europe dans son parcours scolaire.

L’Europe doit-elle se mêler des sujets de société ?

Non. L’Europe n’a pas par exemple à définir la politique familiale ou la manière dont l’Etat français doit assurer le maintien de l’ordre. Mais parce qu’elle est une civilisation, elle porte en elle-même une exigence quant à ce qu’est la dignité humaine. Il faut porter à travers l’Europe une initiative concertée sur le refus de la marchandisation du corps, de l’eugénisme, de la tentation de l’homme augmenté, de la technicisation de l’humain.

[…]

 

Renouer avec une Europe pragmatique et efficace

Entretien paru dans Nice Matin, février 2019. Propos reccueillis par Thierry Prudhon.

Vous avez dénoncé dans votre livre Demeure le bougisme, la dictature du mouvement à tout prix. C’est un grand écart de vous retrouver désormais dans la lessiveuse d’une campagne…

Justement, ce que j’ai voulu dire tout au long de mes écrits, c’est que nous avons besoin de retrouver un cap, un sens. Dans cette campagne, le plus important est de pouvoir parler ensemble de l’Europe que nous voulons. Notre but, c’est de transformer l’Europe en profondeur pour pouvoir la sauver, en déterminant ce qui en elle est nécessaire à notre avenir collectif.

[…]

Ce qui compte pour nous, c’est de renouer avec une Europe pragmatique et efficace, dans un moment de l’histoire où nous avons plus que jamais besoin que le projet européen soit au service des citoyens, en les protégeant contre les flux migratoires, une mondialisation débridée, ou encore une guerre commerciale dont nous serons les victimes si nous ne savons pas nous unir.

On a un peu l’impression que toutes les listes disent la même chose : l’Europe oui, mais une Europe qui redonne aux nations plus de souveraineté. Qu’est-ce qui vous distingue de vos concurrents ?

Ce qui est important, c’est de bien comprendre la cohérence des visions proposées lors de cette élection. Le Rassemblement national, comme Nicolas Dupont-Aignan, a toujours prôné la déconstruction de l’alliance européenne. Avec l’idée de retrouver la souveraineté monétaire, le Rassemblement national veut sortir de l’euro et on sait ce qu’il adviendrait si cela se faisait, il suffit de considérer les difficultés générées par le Brexit…

Sauf que le RN ne parle plus du tout d’abandonner l’euro…

Mais il continue à défendre l’idée d’une souveraineté monétaire, qui suppose nécessairement une sortie de l’euro. Ou alors c’est que son projet relève d’un « en même temps » qui ne pourra que décevoir. Nous, nous croyons à l’Europe. Mais, contrairement à ceux qui aspirent à une forme de fédéralisme renforcé, nous croyons à une Europe qui permette concrètement de mutualiser ce que nous devons faire en commun pour nous renforcer. Aujourd’hui, l’Europe nous fragilise trop souvent. Je pense notamment à la question fiscale, avec les Gafa qui utilisent la fiscalité européenne pour éviter de payer des impôts en France. L’Europe nous fragilise aussi lorsqu’elle ne sait pas défendre ses frontières contre les flux migratoires. Nous voulons au contraire une Europe qui renforce chacun des Etats, en mettant en commun des coopérations efficaces pour peser vraiment dans la mondialisation.

Concrètement, sur quels sujets ?

Par exemple sur la défense. Le président de la République a réaffirmé qu’il souhaitait se diriger vers une armée européenne. Nous considérons que c’est une aberration, car une telle idée ne peut pas fonctionner. C’est un rêve inefficace, qui ne peut être en outre véritablement démocratique. Nous croyons, au contraire, qu’il faut renforcer nos coopérations militaires. Notamment pour protéger les frontières européennes, avec une véritable flotte en Méditerranée pour lutter contre les trafics d’êtres humains qui prospèrent sur notre faiblesse.

Que proposez-vous concernant les travailleurs détachés ?

Nous avancerons au fur et à mesure de la campagne dans nos propositions. Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons plus laisser nos emplois être fragilisés par le dumping social organisé en Europe. Cela dit, il faut aussi que la France prenne sa part de responsabilité. Les gouvernants ont trop longtemps désigné l’Europe comme étant coupable de tous nos échecs, alors qu’en réalité d’autres pays européens sont plus efficaces dans la lutte contre le chômage, avec pourtant les mêmes règles. C’est aussi parce que nous n’avons pas su nous réformer, que les charges sur le travail sont très lourdes, que nos entreprises sont fragilisées. Il y a donc un travail à effectuer en Europe contre la concurrence déloyale, mais aussi en France pour réformer notre Etat et améliorer l’efficacité de la dépense publique.

L’Europe telle que vous la concevez est-elle celle à vingt-sept une fois la Grande-Bretagne sortie, ou plutôt une Europe étagée, à plusieurs niveaux ?

Nous voulons refonder l’Europe telle qu’elle est. Mais on peut imaginer des coopérations renforcées avec certains Etats sur des questions très concrètes, par exemple la question migratoire autour de la Méditerranée. Il ne peut y avoir de nouvel élargissement, contrairement au souhait d’Emmanuel Macron. Nous, nous nous engageons sur ce point, si nous sommes élus, il n’y aura aucun élargissement dans les cinq ans qui viennent, car ce serait fragiliser encore une Europe qui a besoin de se réformer, qui ne sait plus aujourd’hui décider efficacement et qui n’a pas su gérer les conséquences des derniers élargissements. Il faut prendre ce temps de refondation et cela suppose de clore la dynamique de l’élargissement, sans quoi nous risquons d’être définitivement paralysés. Notre but principal est, je le redis, celui d’une Europe plus efficace au service des citoyens.

Si le problème n’était pas réglé d’ici là, quelle serait votre position sur le processus de sortie de la Grande-Bretagne ?

Nous n’avons rien à gagner à ce que la Grande-Bretagne s’enfonce dans la crise. Le processus de négociation mené par Michel Barnier a fait l’unanimité dans les pays européens et les Anglais eux-mêmes en ont reconnu la qualité. Il faut maintenant qu’il aboutisse au plus vite. Nous avons besoin que les Anglais donnent une réponse claire afin que nous puissions avancer. C’est la vie de millions de citoyens britanniques mais aussi français qui est en jeu.

Ceux qui espèrent voir se construire une Europe plus lucide, plus réaliste, plus efficace.

Entretien paru dans Le Parisien, janvier 2019. Propos reccueillis par Alexandre Sulzer et Quentin Laurent.

Extraits :

Pourquoi voter pour vous plus que pour Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ?

Il y a d’un côté une tentation de déni, la volonté de poursuivre dans la voie d’une Europe déconnectée de la réalité des peuples : c’est ce que je vois dans le projet d’Emmanuel Macron. Et il y a, par ailleurs, une tentation de la déconstruction, qui traverse aujourd’hui le Rassemblement national ou Debout la France, la volonté de faire croire aux Français qu’on pourrait s’en sortir seuls, une promesse que je crois dangereuse dans le monde qui se dessine.

Vous avez dit que la nation est le seul cadre dans lequel s’exprime la souveraineté des peuples. Êtes-vous souverainiste ?

Le terme de souverainisme est réducteur. Je crois à une chose fondamentale : la démocratie suppose un peuple, et elle s’effectue donc à l’échelle nationale. Je ne crois pas que l’Europe puisse être le lieu d’un exercice démocratique unifié, parce qu’il n’y a pas de peuple européen. La belle singularité de l’Europe, c’est la construction d’une alliance de démocraties.

Quelles propositions concrètes allez vous porter dans la campagne ?

Prenons la question migratoire. Il serait irréaliste de croire que nous allons pouvoir défendre nos frontières si, entre Européens, nous nous isolons les uns des autres. Nous avons besoin de protections. Nous pourrions augmenter les moyens consacrés à Frontex (NDLR : agence européenne de contrôle des frontières) pour répondre concrètement à ce défi migratoire.

Vous avez un autre exemple ?

Nous pourrions, par souci écologique, mettre en œuvre une taxe carbone à l’extérieur de nos frontières européennes sur les importations. Nous ferions payer ceux qui font des bénéfices chez nous et qui ne respectent pas les normes environnementales que nous imposons à nos propres entreprises. Une autre piste qui me tient à cœur est la question de la transmission de la culture. Pourquoi ne pas construire une Europe du patrimoine, en consacrant une partie du budget de l’UE à la protection et valorisation du patrimoine européen ? Il faut en tous les cas renouer avec une Europe des projets et de l’efficacité concrète, qui nous permette de rayonner de nouveau.

A Strasbourg, auriez-vous voté en faveur des traités de libre-échange avec les Etats-Unis ou le Canada (Ceta, Tafta) ?

Dans leur état actuel, non, parce qu’ils sont le signe d’une forme de naïveté de la part de nos gouvernants. Ces accords ne permettent pas d’obtenir une réciprocité qui serait l’équilibre élémentaire pour pouvoir défendre l’intérêt de nos entreprises.

La droite n’a pas toujours porté ce discours. Vous vous définissez comme le candidat de la droite, de LR, du conservatisme ?

Le mot de conservatisme n’exprime pas les défis devant lesquels nous nous trouvons. Je suis le candidat de tous ceux qui espèrent voir se construire une Europe plus lucide, plus réaliste, plus efficace. Face au fédéralisme défendu par Emmanuel Macron, beaucoup d’électeurs qui ont voté à gauche pendant très longtemps se reconnaîtront peut-être dans ce qu’on a à proposer : une Europe qui permet de nouveau de ne plus subir la mondialisation.

La droite européenne (PPE) est partagée entre plusieurs sensibilités : vous sentez-vous plus proche d’Angela Merkel ou de Viktor Orban ?

Si on y regarde bien, la distance n’est pas si grande. Il y a des choses qui peuvent me heurter dans la façon dont Viktor Orban mène sa politique en Hongrie aujourd’hui. Mais il est membre du PPE depuis toujours, son opposition n’est pas la gauche mais l’extrême droite. Dans la volonté de créer un affrontement inutile, il me semble qu’il y a plus à perdre qu’à gagner pour la construction européenne.

Vous êtes prof de philo… une phrase d’un philosophe pour résumer votre campagne ?

Cette très belle citation de Max Weber : « Il est parfaitement exact de dire, et toute l’expérience historique le confirme, que l’on n’aurait jamais pu atteindre le possible si dans le monde on ne s’était pas toujours et sans cesse attaqué à l’impossible ».