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Dix mesures prioritaires pour relancer le logement

Nous proposons dix mesures prioritaires pour relancer le logement en France et en Europe. Sans un vrai changement de cap sur ce sujet dès maintenant, nous allons au-devant d’une crise sociale inédite.


Propositions logement

 


Proposition 1 : Supprimer l’interdiction des mises en location de logements classés F et G d’ici à 2028 qui aggrave la crise en retirant des logements du marché locatif

Proposition 2 : Revenir sur la révision de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) et mettre en place une pause réglementaire de 5 ans dans le domaine du logement et de la construction au niveau européen et national.

Proposition 3 : Mettre en place un crédit d’impôt carbone pour aider à la rénovation thermique des logements.

Proposition 4 : Créer un statut de bailleur privé pour donner la possibilité aux investisseurs dans le logement locatif d’amortir leurs acquisitions et leurs travaux.

Proposition 5 : Simplifier les baux de location et protéger les propriétaires face aux locataires malhonnêtes et mauvais payeurs.

Proposition 6 : Adapter l’objectif du Zéro artificialisation nette (ZAN) à l’objectif de construction de logements neufs qui doit être une priorité nationale.

Proposition 7 : Instaurer un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt pour l’achat de la résidence principale afin d’aider les Français à devenir propriétaires.

Proposition 8 : Mettre fin au bail à vie dans le logement social.

Proposition 9 : Autoriser 100 000 euros supplémentaires de donation par enfant ou petit-enfant exonérés de droits pour financer un projet immobilier.

Proposition 10 : Attribuer aux communes une part des recettes de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) collectées sur la construction de logements.


 

Fermetures de zones de pêche au Royaume-Uni

Question prioritaire de François-Xavier Bellamy, député (PPE) de la commission PECH, adressée à la Commission européenne le 8 mars 2024, concernant la fermetures discriminatoires et disproportionnées de zones de pêche au Royaume-Uni. 

pêche

Le Royaume-Uni a annoncé fermer 4 000 km2 de ses eaux à la pêche à partir du 22 mars 2024 et encore davantage dans les prochains mois et années, au titre d’aires marines protégées.

Ces mesures vont affecter presque exclusivement les flottes de pêche européennes, ce qui constitue à l’évidence une discrimination de fait vis-à-vis des pêcheurs européens. Outre les conséquences économiques et sociales de ces fermetures, il y a un vrai enjeu environnemental, car il en résultera une pression de pêche accrue sur les eaux européennes, en particulier dans la Manche et la mer du Nord.

L’accord de commerce et de coopération (ACC) prévoit la « mise en œuvre de mesures proportionnées et non discriminatoires pour la conservation des ressources biologiques marines ainsi que la gestion des ressources de pêche » (article 494).

  1. Comment la Commission européenne entend-elle évaluer le caractère disproportionné et discriminatoire de ces mesures, qui sont de facto dirigées contre les pêcheurs européens ?
  2. La Commission envisage-t-elle adopter des mesures compensatoires ou correctives, ainsi que des mesures de sauvegarde, comme le lui permet l’ACC (articles 501, 506 et 773) ?

 

A lire aussi : La pêche, enjeu stratégique de sécurité, de souveraineté, de puissance économique 

Mayotte a soif. Et que deviennent les fonds européens qui devaient permettre d’investir ?

François-Xavier Bellamy est intervenu en session plénière du Parlement européen pour alerter de nouveau sur le manque d’accès à l’eau à Mayotte et dans certaines régions de pays de l’UE, après plusieurs interventions en réunions de commission, et pour appeler les gouvernements des États-membres à agir enfin.

« Mayotte a soif.

Dans un département français, dans un département d’Europe, il y a aujourd’hui des habitants qui ne peuvent pas ouvrir le robinet plusieurs heures par jour, plusieurs jours par semaine. Des habitants qui ne peuvent pas boire l’eau qui coule du robinet sans craindre pour leur santé. Il y a aujourd’hui un département français où les enfants doivent être soignés parce qu’ils sont tombés malades pour avoir bu de l’eau supposée potable. C’est la réalité de la situation que vivent aujourd’hui nos concitoyens.

Et chers collègues, ce ne sont pas seulement les Mahorais, mais ce sont aussi les habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de nos outre-mer. Et c’est dans beaucoup de territoires de nos pays aujourd’hui, un véritable défi que celui qui consiste à faire en sorte que tous les citoyens aient accès à ce qui n’est pas un bien parmi d’autres, mais le bien le plus essentiel, l’eau – le plus nécessaire à la vie.

L’Union européenne verse des aides au développement massives, y compris dans cette région du monde. Mais où sont passés les fonds européens qui étaient supposés faire en sorte d’offrir à Mayotte les moyens de désaliniser l’eau ?

L’Union européenne verse des aides au développement massives, y compris dans cette région du monde. Mais où sont passés les fonds européens qui étaient supposés faire en sorte d’offrir à Mayotte les moyens de désaliniser l’eau ? Aujourd’hui, à la fin du mois d’octobre, les réserves en eau de Mayotte pourraient être complètement vides et les habitants doivent payer une eau hors de prix, et en payant simultanément leurs factures plutôt que de pouvoir compter sur l’eau qu’ils pourraient produire.

Chers collègues, nous n’avons pas attendu pour nous saisir de cette question. Depuis plusieurs semaines, le Parlement alerte sur ce sujet, mais nous attendons maintenant des actes de nos gouvernements de l’Union européenne pour sortir de cette situation intenable. »

Mayotte a soif

« Nous vivons évidemment une catastrophe humanitaire absolue à Mayotte. Monsieur le Président, je voudrais vous remercier d’avoir mis ce sujet sur la table de la commission REGI, parce qu’il est fondamental que nous puissions nous saisir de cette crise.

D’abord pour comprendre ce que nous vivons. Ce n’est pas une catastrophe naturelle. Bien sûr la sécheresse frappe Mayotte, mais ce que nous vivons, c’est le résultat d’une succession de décisions qui n’ont pas été prises, d’investissements qui n’ont pas été faits, de prévoyance qui n’a pas été garantie à la population de Mayotte. Depuis des années maintenant, nous alertons sur le sujet.

Les résultats désastreux de l’usine de dessalement

Je voudrais remercier les députés Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa qui eux aussi font ce travail d’alerter sur la situation depuis longtemps. La première fois que j’ai travaillé avec Mansour Kamardine sur un sujet mahorais, c’était sur les résultats désastreux de l’usine de dessalement qui ne produit pas le service qu’elle devrait rendre aux Mahorais. Depuis des mois, depuis des années même, on pouvait savoir que cette situation conduirait à la crise que nous connaissons aujourd’hui.

Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation, il n’y a pas d’eau dans le robinet aujourd’hui. Ces tours d’eau sont simplement devenus de plus en plus longs, et l’eau devenue de plus en plus rare, ce qui fait que nous en arrivons à une situation telle qu’il y a des enfants à l’hôpital pour manque d’eau, parce qu’ils n’ont pas de quoi s’hydrater.

La piste d’un déblocage du FEDER

Cette situation désastreuse, nous devons comprendre comment elle a pu se produire. Où sont les 77 millions d’euros que le FEDER devait consacrer à la gestion de l’eau à Mayotte ? Comment ont-ils été mobilisés ? Quels résultats ont-ils donné ? Il y a un vrai travail à faire de diagnostic. Mais pour l’instant, il faut réagir en urgence, nous sommes en train de parler d’un bien de première nécessité. Il ne s’agit pas d’infrastructures de long terme, il ne s’agit pas ici de penser à des réformes en profondeur, il faut apporter de l’eau potable. Et l’eau potable est un bien absolument nécessaire à la vie, dans un département français, sur un territoire européen. Nous savons que beaucoup des dispositifs dont nous avons parlé – je pense par exemple au FSE – mettent du temps avant de se débloquer. Je crois à la piste que vous évoquiez d’un déblocage du FEDER pour pouvoir faire en sorte qu’il serve à acheter de l’eau potable à des pays tiers en urgence. Bien sûr, ça n’est pas ce dont nous aurions rêvé. Bien sûr, nous préférerions que Mayotte soit autonome en eau. Mais aujourd’hui, il faut répondre à l’urgence : il faut que les Mahorais qui sont obligés d’acheter à prix exorbitant de l’eau potable en bouteille, alors qu’ils vivent pour beaucoup d’entre eux sous le seuil de pauvreté, puissent se voir apporter de la manière la plus rapide qui soit cette eau dont ils manquent. Et si notre débat d’aujourd’hui peut servir à obtenir une décision en urgence, il aura été très utile. »

Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation.

Le phénomène lié à cette crise d’intégration, c’est la faillite de l’école

Entretien dans Marianne

Débat initialement paru dans le magazine Marianne. Propos recueillis par Soazig Quemener et Louis Nadau.

Marianne : Il y a un mois, la France était secouée par une vague de violences et de pillages… Comment qualifieriez-vous ce qui nous est arrivé ?

François-Xavier Bellamy : On ne peut pas ne pas voir que la population qui s’est soulevée est une population très majoritairement liée au phénomène migratoire à une, deux ou trois générations. Trois générations dont, dans le contexte de faillite massive de l’intégration que notre pays connaît, beaucoup restent à distance d’une identité française qu’ils n’ont pas rejointe. Le deuxième phénomène qui est lié à cette crise d’intégration, c’est l’échec profond, la faillite de l’école.

Emmanuel Maurel : Dire qu’il y a un problème d’intégration dans ce pays, c’est évident, mais c’est aussi pour des raisons très claires. Si les politiques publiques et de logement consistent à parquer tous les mêmes gens précaires dans le même endroit, forcément… En revanche, je ne suis pas d’accord avec le lien entre émeutes et immigration. Pourquoi ? Parce que qu’on parle de gosses de quatorze ou treize ans qui sont Français, dont les parents sont Français et dont les grands parents parfois sont Français. Les enfants de treize ou quatorze ans qui ont foutu le bordel et qui se sont livrés à des actes de violence, ce sont les enfants des travailleurs qui étaient en première ligne pendant le Covid.

Un gigantesque acte d’accusation contre les faillites de l’école

François-Xavier Bellamy : Je ne dis pas que les gamins qui ont fait ça ne sont pas Français, mais le fait est que la plupart d’entre eux ne se définissent pas comme tels. C’est là qu’il y a une faillite que je ne leur impute pas, – ce qui sans doute, me rendrait suspect aux yeux de gens qui reprocheront immédiatement l’excuse sociale au premier qui essaye de ne pas dessiner un monde en blanc et noir. Ce qui s’est passé est un gigantesque acte d’accusation contre les faillites de l’école, qui ont créé le terreau de la fracturation communautariste. Mais si on continue avec de tels flux migratoires, avec autant de nouveaux arrivants tous les ans, il n’y a aucune chance qu’on arrive à recréer la conscience d’appartenir à une nation commune.

Emmanuel Maurel : Je suis comme vous, je souffre quand je vois des enfants qui ne se sentent pas Français. Mais parfois, on a quand même tendance à oublier l’élément déclencheur de ce qui s’est passé : la mort d’un jeune homme à l’occasion d’un contrôle policier. Ces gosses dont on parle se réinventent une identité parce qu’ils se sentent rejetés, parce qu’ils se sentent discriminés. Quoi qu’il en soit, je pars du principe que la République doit aimer tous ses enfants. Même ceux qui disent « nique la France ». D’ailleurs, face au rapport à la France, si j’étais un peu taquin, je dirais que le riche qui planque son pognon dans les paradis fiscaux, il n’aime pas plus la France que les émeutiers.

François-Xavier Bellamy : Je suis absolument d’accord…

« Je ne dis pas que les gamins qui ont fait ça ne sont pas Français, mais le fait est que la plupart d’entre eux ne se définissent pas comme tels. C’est là qu’il y a une faillite que je ne leur impute pas – ce qui sans doute, me rendrait suspect aux yeux de gens qui reprocheront immédiatement l’excuse sociale au premier qui essaye de ne pas dessiner un monde en blanc et noir. Ce qui s’est passé est un gigantesque acte d’accusation contre les faillites de l’école, qui ont créé le terreau de la fracturation communautariste. Mais si on continue avec de tels flux migratoires, avec autant de nouveaux arrivants tous les ans, il n’y a aucune chance qu’on arrive à recréer la conscience d’appartenir à une nation commune. » François-Xavier Bellamy

Emmanuel Maurel : Donc, ce patriotisme, tout le monde devrait contribuer à le renforcer, pas seulement les pauvres de banlieues d’origine étrangère. La faillite de l’intégration, le communautarisme qui est incontestable, c’est aussi le résultat direct du néolibéralisme et de la mondialisation libérale qui cassent les repères, qui cassent l’État social, qui fragmentent les services publics et qui font que les gens, à un moment, se retrouvent seuls face aux difficultés. Assez naturellement, ces populations se réinventent autour d’identités qui sont parfois fantasmées. Parce que le petit gosse qui dit « je suis Marocain », il n’a pas du tout envie d’aller vivre au Maroc.

Marianne : Le gouvernement a réclamé le retour de l’autorité parentale…

Emmanuel Maurel : Il y a une crise éducative globale qui ne se limite pas à l’autorité parentale. La réponse du gouvernement est très insuffisante : le problème, ce n’est pas juste que les parents ne savent pas tenir leurs gosses. C’est que l’école n’est plus un sanctuaire, mais un lieu où les contradictions de la société, la violence de la société, s’invitent. Quand on rajoute à ça le fait que le métier d’enseignant est dévalorisé, mal payé, de plus en plus difficile… Je ne ferai jamais le procès aux instits, aux enseignants, au personnel de l’Éducation nationale, des gens qui sont payés 1 500 balles, qui ont en face d’eux tous les problèmes de la société, et à qui on ose dire : « Réglez le problème. »

Je reviens sur quelque chose qui est beaucoup plus grave : la sécession des riches à l’école. C’est symptomatique d’un dysfonctionnement total dans les élites dirigeantes. Les mêmes qui vont disserter sur les problèmes d’autorité parentale et la crise de l’école sont ceux qui, de toute façon, ont mis leurs enfants à l’abri. Donc, évidemment qu’il y a des impératifs de mixité, qu’il faut revoir complètement, et une politique éducative à refonder. Tout ça mériterait des états généraux de l’éducation nationale où on met tout à plat, où on n’occulte rien.

Ce qui a cassé l’école, c’est une idéologie qui condamnait l’héritage et l’idée même de l’appartenance à la nation.

François-Xavier Bellamy : Oui, l’école ne resterait pas une minute dans l’état où elle est, si les enfants de ministres, de parlementaires, de chefs d’entreprise et de journalistes n’avaient pas d’échappatoires pour scolariser leurs enfants. Je ne leur reproche pas de vouloir que leurs enfants puissent bénéficier de la meilleure éducation possible ; mais le problème, c’est d’accepter que les enfants des autres en soient privés… En revanche, si la mondialisation a en effet eu des effets dévastateurs, ce n’est pas elle qui a cassé l’école. C’est une idéologie qui condamnait l’héritage et l’idée même de l’appartenance à la nation, au motif qu’elle empêchait l’émancipation de l’individu. Qui condamnait la transmission parce qu’elle engendrait de la ségrégation. Je ne blâme pas les professeurs, à qui on a volé leur métier : on leur a expliqué que l’élève doit produire ses propres représentations du monde, qu’il faut qu’il écrive son histoire, sa vie, qu’il n’y a aucune raison d’imposer à quelqu’un un carcan culturel. C’est cette dérive qui est en cause.

Marianne : Pourquoi vos familles politiques respectives ont-elles du mal à produire un discours qui prenne en compte l’ensemble des causalités de ces émeutes ?

Emmanuel Maurel : C’est normal qu’en tant qu’homme de gauche, je n’aie pas forcément la même lecture de la société qu’un homme de droite, même si on a en commun l’idée de sortir le pays du marasme dans lequel il est. Après, en tant qu’homme de gauche, je vois les tenants économiques, sociaux, géographiques et territoriaux de la crise. Je vois aussi la nécessité de mettre de l’ordre, et les problèmes rencontrés par l’intégration.

Marianne : La nécessité de mettre de l’ordre, ce n’est pas exactement le discours qui a été celui de la force majoritaire à gauche, la France Insoumise.

Emmanuel Maurel : D’accord, mais les électeurs de gauche et de nombreux partis de gauche étaient pour qu’on appelle au calme. Les principales personnes qui sont pénalisées par le désordre, ce sont les gens qui vivent dans des quartiers en question. Il est totalement possible de faire une analyse plurifactorielle. Ce qui compte, c’est de tracer une perspective progressiste, c’est à dire comment on fait pour remettre du service public ? Comment on fait pour réformer la police ? Comment on fait pour répondre à la crise éducative globale ? Comment on fait pour casser des ghettos ? C’est ça qui est intéressant. Et pour l’instant, le gouvernement n’a rien dit du tout là-dessus.

Marianne : Il faut réformer à la police ?

François-Xavier Bellamy : Il faut améliorer tout ce qui doit l’être dans la police. Il y a certainement des choses qui dysfonctionnent, mais je suis révolté de voir que des élus sont capables de reprendre à leur compte des slogans aussi lamentables que « Tout le monde déteste la police » ou bien « La police tue, la police assassine. » Il n’y a pas un policier de France qui se lève le matin en disant : « Je vais aller tuer un jeune aujourd’hui pour le plaisir. » Et s’il y avait du racisme structurel dans la police, honnêtement, le pays ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui.
Le sujet, c’est aussi la justice. On est l’un des pays d’Europe qui sous-financent le plus sa justice. L’état de la justice contribue à ce que des policiers, et je ne les excuse pas pour autant, soient amenés à considérer qu’ils sont les agents d’une sorte de justice immanente, parce que les gens qu’ils arrêtent, finalement, ne seront pas réellement sanctionnés. Je regrette par ailleurs que certains à droite pensent qu’on s’en sortira en mettant de la police partout, des caméras vidéo de surveillance, en rentrant dans une vraie société policière. On ne mettra pas un policier derrière l’épaule de chaque Français. À la fin, la clé est donc toujours éducative.

Ces gamins-là subissent une discrimination majeure qui est qu’ils sont ceux qui payent le prix fort de l’échec de l’école. Aujourd’hui, la France est un pays rempli d’opportunités, si on ne veut pas vivre dans la misère, on n’y est pas condamné à condition d’avoir reçu, et c’est là où je reviens à la question scolaire, des connaissances fondamentales et une culture en héritage. Cela a été la grande folie de nos dirigeants de considérer que l’école devait d’abord donner des compétences professionnelles aux enfants.

« L’état de la justice contribue à ce que des policiers, et je ne les excuse pas pour autant, soient amenés à considérer qu’ils sont les agents d’une sorte de justice immanente, parce que les gens qu’ils arrêtent, finalement, ne seront pas réellement sanctionnés. » François-Xavier Bellamy

Emmanuel Maurel : Ce que vous dites est à rebours de tout le discours de la droite depuis 30 ans.

François-Xavier Bellamy : De la gauche aussi. Mais je suis d’accord, la droite n’a pas été à la hauteur sur le sujet. La clé, c’est de donner aux enfants une culture générale essentielle qui leur permette ensuite de trouver leur place dans la vie de la société, y compris, mais pas seulement, dans la vie économique. C’est le seul sujet qui devrait compter aujourd’hui.

La conséquence destructrice du « En même temps »

François-Xavier Bellamy était l’invité de Public Sénat le mardi 21 mars.

 

L’aberration d’une politique de rénovation indifférenciée des bâtiments

Explications à l’issue du vote sur le rapport EPBD : un amendement sur deux adopté


Intervention à la veille du vote sur le rapport EPBD

 

« Chers Collègues,

Demain, nous allons voter une directive sur l’efficacité énergétique des bâtiments. C’est très simple de voter, et ce qui compte, c’est de réfléchir aux conséquences. Ce texte impose des travaux majeurs de rénovation thermique sur 40 millions de bâtiments en Europe d’ici 2033 – 40% de tout le parc immobilier en Europe, en moins de 10 ans. Pour cela, la Commission promet 150 milliards de budget européen. Mais d’après ses propres calculs, le coût sera de 275 milliards par an. Par an, chers collègues. Et ce coût, que ce soit avec l’argent public ou privé, à la fin, nous avons bien qui le paiera : les gens ordinaires, ceux qui travaillent, qui contribuent, qui épargnent toute une vie pour acheter le lieu où ils vivent et qui vont se voir imposer les travaux dont les prix exploseront du fait de la demande brutale que ces nouvelles normes vont provoquer.

Et tout cela pour quoi ? Oui, Chers Collègues, nous voulons tous baisser les émissions de carbone. Mais toutes les données disponibles montrent l’aberration d’une politique de rénovation indifférenciée des bâtiments. Aux États-Unis, le retour d’expérience de campagnes massives montre que les économies d’énergie sont trois fois moindres qu’espérées, pour des coûts deux fois plus importants que prévus. L’Université de Cambridge a montré il y a quelques semaines que la consommation d’énergie, cinq ans après les travaux, ne baissait même pas. En Allemagne, après 340 milliards d’euros d’investissement dans la rénovation thermique, une étude montre que l’impact n’est même pas mesurable…

La seule conséquence incontestable pour l’environnement, c’est l’explosion de l’usage des matériaux nécessaires. Quel paradoxe absolu que des politiques qui se veulent écologistes veuillent mettre la moitié de tous les bâtiments européens en chantier dans les dix ans ! Derrière cela, il y a la persistance d’une obsession dépassée : tout changer, tout refaire, disqualifier l’ancien, le patrimoine, l’héritage, pour tout recommencer à neuf. C’est cette logique qui a généré la crise écologique, et nous comprenons malheureusement pourquoi de grands intérêts industriels soutiennent ce projet. Mais derrière cette situation, il y a en réalité une crise majeure, une crise sociale et politique aussi, que ce texte pourrait entraîner.

La seule vraie solution pour décarboner, c’est de passer du fioul et du gaz qui chauffent nos logements à l’électricité, et d’utiliser toutes les sources décarbonées pour en produire beaucoup plus. Mais comme par hasard, ceux qui veulent réglementer la vie des Européens dans leur espace privé sont aussi, généralement, ceux qui combattent l’énergie nucléaire. Nous avons déposé un amendement pour faire en sorte qu’un bâtiment « zéro émission » soit aussi un bâtiment qui profite de cette source d’énergie, parmi d’autres.

Demain en votant, Chers Collègues, réfléchissons aux conséquences. »

Nomination au poste de vice-président exécutif des Républicains

François-Xavier Bellamy

Cette semaine, Eric Ciotti a annoncé sa volonté de me nommer vice-président exécutif des Républicains, ainsi qu’Aurélien Pradié. Je le remercie de sa confiance, et de la responsabilité importante qu’il me donne ; il sait pouvoir compter sur mon engagement total pour l’épauler dans sa mission à la tête de notre parti. Ma volonté est toujours la même, celle de tout donner pour que la droite offre à la France l’espérance dont elle a tant besoin ; et je serai heureux d’y travailler à ses côtés.

Je voudrais bien sûr redire ma reconnaissance fidèle à Bruno Retailleau : après sa très belle campagne, il n’a rien voulu obtenir pour lui-même, cherchant seulement à assurer que son équipe, et les adhérents qui l’ont soutenu, soient pleinement représentés dans la direction du parti. Demain, avec tant d’amis qui l’ont suivi, nous travaillerons pour faire vivre au sein de notre famille politique la volonté de renouvellement profond qu’il a incarnée dans cette campagne, au service de la refondation dont la droite française a tant besoin.

Il ne s’agit pas de faire vivre des divisions, dont notre camp a déjà tellement souffert, mais au contraire d’agir tous ensemble pour reconstruire une alternative sérieuse et crédible, dans un moment critique pour la vie démocratique de notre pays. La France a besoin d’une droite claire, solide, intelligente, enracinée et inventive, qui puisse lui redonner confiance en l’avenir. Le défi est immense – non pas pour notre parti, mais pour notre pays. C’est avec chacun d’entre vous, chers amis, que nous le relèverons.

« Si nous sommes le Noël du monde… »

En ce soir de Noël, quelques mots pour souhaiter à chacun d’entre vous la joie et la paix. La joie malgré toutes les épreuves, en particulier pour ceux qui vivent la solitude, la maladie, l’absence, et que la lumière qu’annonce cette nuit viendra j’espère consoler. Et la paix, dont nous avons tant besoin au milieu des tensions et des divisions profondes qui traversent en ce moment notre société, parfois même nos familles et nos amitiés ; ce soir, n’oublions pas que Noël a été, tout au long de l’histoire, la trêve qu’aucune guerre, aucune querelle n’empêchent de refaire notre unité. Il sera bien temps plus tard de reprendre nos débats…

Pour l’instant, laissons simplement la bonne nouvelle de cette nuit accomplir le miracle qu’elle renouvelle depuis des siècles, et rappeler ce qui nous lie. Vous avez été très nombreux à m’écrire depuis cette réflexion sur Noël il y a quelques jours, et j’ai été marqué par vos mots. Chrétiens ou non, vous m’avez dit de bien des manières ce que cette nuit nous révèle : nous ne sommes pas une addition d’individus isolés. Nous sommes reliés par une aspiration essentielle, suscitée par cette bonne nouvelle qui a irrigué toute l’histoire de notre civilisation. Par elle, nous avons appris à voir le verbe dans la chair, l’absolu dans le familier, le ciel sur la terre, le plus grand dans le plus petit, et la lumière dans la nuit. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour savoir que cet enseignement transmis depuis deux millénaires continue de nous habiter. Et que, malgré le bruit matérialiste qui entoure souvent les « fêtes de fin d’année », Noël révèle toujours combien ce qui nous réunit est d’abord cette signification spirituelle.

Voilà où nous pouvons retrouver pour l’avenir, non pas l’optimisme facile qui nie les difficultés, mais l’espérance qui nous engage à ne pas nous décourager. Dans Pilote de Guerre, Saint-Exupéry revenait à ce qui unit notre civilisation comme source de cette espérance, et de cet engagement : « Si nous sommes le Noël du monde… »

« Mon escadron s’est offert successivement comme volontaire pour la guerre de Norvège, puis de Finlande. Que représentaient la Norvège et la Finlande pour les soldats et les sous-officiers de chez moi ? Il m’a toujours semblé qu’ils acceptaient, confusément, de mourir pour un certain goût des fêtes de Noël. Le sauvetage de cette saveur-là, dans le monde, leur semblait justifier le sacrifice de leur vie. Si nous sommes le Noël du monde, le monde se sauvera à travers nous… »

Joyeux Noël !

On n’encadre pas l’injustice, on la combat.

Tribune signée avec Othman Nasrou, vice-président du Conseil régional d’Ile-de-France et élu d’opposition à Trappes, initialement parue dans Marianne.

Pendant que des milliers de policiers et gendarmes tentent de faire respecter la loi contre la puissance mortifère des trafics – le brigadier Eric Masson l’a payé de sa vie le 5 mai face aux dealers à Avignon – des élus irresponsables jouent la transgression adolescente jusque dans l’hémicycle. Il y a quelques jours, un député a sorti un joint en séance à l’Assemblée nationale.

Cette provocation médiocre a de quoi désespérer tous ceux qui, professeurs, éducateurs, médecins et personnels de médecine scolaire, agents des forces de l’ordre et de la justice, font des efforts immenses pour dissuader les jeunes de laisser partir leur avenir en fumée. L’apologie du shit revendiquée par un élu, voilà qui éclaire l’irresponsabilité de certains arguments évoqués parfois en faveur de la légalisation du cannabis. Et la première de ces thèses, entendue mille fois : puisque l’interdiction n’a jamais mis fin à l’usage, autant y renoncer pour pouvoir mieux encadrer les filières d’approvisionnement et les modes de consommation.

Cette analyse est absurde, à plusieurs titres. D’abord parce qu’elle fait l’impasse sur la nocivité intrinsèque du cannabis. Il ne suffira pas de légaliser une substance dangereuse pour qu’elle devienne sûre… Qui pense que mettre un poison en vente libre diminue sa létalité ? En l’occurrence, le cannabis est un poison, en particulier pour les jeunes. Nos expériences d’élu et d’enseignant confirment malheureusement ce que montrent les études médicales : le cannabis a des effets toxiques immédiats sur le cerveau, en particulier dans la phase de son développement ; il provoque des troubles de l’attention et de la mémoire, des phases d’anxiété, une fatigue chronique – il figure d’ailleurs parmi les premières causes d’échec scolaire. Malgré son image festive et sociale, l’addiction qu’il suscite conduit souvent ses victimes à s’isoler, à se refermer sur elles-mêmes, à développer des symptômes dépressifs. Le lien est désormais établi par des nombreuses études entre la consommation de cannabis et des troubles psychotiques, le développement de schizophrénies ou de délires paranoïaques. On accordera que ces conséquences sont d’une particulière gravité – et il y a quelque chose d’étonnant à voir, dans cette période où nous aurons tant sacrifié au risque zéro sanitaire, que certains sont prêts à nier l’évidence du problème majeur de santé publique que représente le cannabis.

Certains répondront que l’alcool et le tabac posent aussi des problèmes de santé, sans être pourtant interdits. Mais la comparaison est absurde : ces produits ne s’accompagnent pas des mêmes pratiques, et n’engendrent pas les mêmes conséquences. L’alcoolisme est un drame absolu ; mais on peut boire de l’alcool sans être du tout alcoolique. En France tout particulièrement, le vin est un élément de la gastronomie : il se goûte, et on le savoure pour lui-même – non pas essentiellement pour ses effets secondaires, que seul un usage excessif peut réellement entraîner. On ne fume un joint en revanche que pour ses effets psychotropes – rien à voir, là aussi, avec le tabac : le cannabis est bien une drogue. A l’évidence, beaucoup d’autres choses que des drogues peuvent être mauvaises pour la santé, parmi lesquelles bien des aliments ordinaires ou des pratiques sportives en elles-mêmes parfaitement saines ; mais il faudrait beaucoup de mauvaise foi pour tout confondre dans un relativisme abscons. La consommation de cannabis ne peut qu’être nocive, comme toute consommation de drogue – et il n’est pas étonnant que les études épidémiologiques démontrent ce lien : pour les consommateurs d’héroïne ou de cocaïne, le cannabis a souvent été un premier pas.

On n’encadre pas l’injustice, on la combat. On ne légalise pas un poison, on combat ceux qui empoisonnent. Légaliser le cannabis serait pour le législateur une abdication démagogique de sa responsabilité première.

Quel bénéfice pourrait-on dès lors espérer de sa légalisation ? Renoncer à l’interdire permettrait de mener des campagnes de prévention, nous dit-on ; mais rien n’interdit de le faire aujourd’hui, et il est temps en effet d’investir massivement dans la pédagogie indispensable pour susciter une prise de conscience. A l’inverse, il serait parfaitement incohérent de prétendre qu’on dissuadera mieux en autorisant… Les expériences connues sont éloquentes sur ce point : l’État du Colorado, après avoir légalisé le cannabis en 2012, a connu une augmentation de 45% de la consommation chez les adultes de plus de 25 ans, un record parmi les États américains. Alors que l’usage du cannabis a tendance à décroître depuis quelques années chez les jeunes français – contrairement à ce que certains de leurs aînés rêveraient de nous faire croire, la légalisation serait un contresens historique. Ceux qui la revendiquent affirment également que cela permettrait d’assécher les trafics. Mais qui peut croire cette fable ? On ne devient pas dealer par passion pour le cannabis – ceux qui le vendent sont souvent les premiers à en connaître assez les méfaits pour ne pas y toucher eux-mêmes. S’ils ont choisi cette activité, c’est parce qu’un business illicite est plus lucratif, et leur permet de financer bien des activités parallèles, qui peuvent aller parfois jusqu’au financement de filières terroristes… Qui peut sérieusement croire que ces réseaux criminels déclareront leurs revenus et paieront la TVA dès que le cannabis sera légal ? Ils se reconvertiront bien sûr dans d’autres trafics illicites. L’exemple de l’Uruguay, ou du Canada, ont montré que les marchés noirs peuvent même augmenter après la légalisation du cannabis… Ceux qui militent pour cela nous demanderont-ils demain de légaliser l’héroïne, au motif que de toute façon la répression ne marche pas ?

En réalité, derrière cette logique, il y a une démission politique absolue. Le législateur doit-il renoncer à interdire quoi que ce soit, au motif que toute interdiction sera un jour violée ? Il y a des milliers d’excès de vitesse chaque jour : on n’abolit pas pour autant le code de la route. Parce qu’il protège nos déplacements, l’État se donne les moyens de le faire respecter. Baisser les bras devant une industrie illégale qui détruit des vies, ce serait renoncer à la responsabilité politique. Personne ne songe à légaliser l’activité des cambrioleurs au motif que, puisque la propriété privée n’est pas toujours respectée, il vaut mieux que leur activité soit encadrée dans de bonnes conditions… On n’encadre pas l’injustice, on la combat. On ne légalise pas un poison, on combat ceux qui empoisonnent. Légaliser le cannabis serait pour le législateur une abdication démagogique de sa responsabilité première. Et cela n’a rien de théorique : quand des milliers de vies sont en jeu, il ne faut jamais renoncer – quoiqu’il en coûte.