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Message à la veille de l’élection du président des Républicains

Nous voilà arrivés à la veille de cette élection pour la présidence des Républicains. Ces semaines de campagne auront été intenses : au milieu d’une activité parlementaire toujours soutenue à Strasbourg et à Bruxelles, nous avons parcouru la France, pour rencontrer les électeurs de droite, ceux qui croient encore à ce parti et ceux, nombreux, qui n’y croient plus. Partout, je vous ai entendu partager les mêmes déceptions, les mêmes doutes. Comment ne pas vous comprendre ? Et pourtant, nous avons encore des raisons d’y croire.

La raison d’être de notre parti, c’est de réunir tous les Français de droite, ceux qui croient à la transmission, à la liberté, à l’autorité de l’Etat, à la dignité de la personne. Ils n’ont jamais été aussi nombreux à partager nos convictions, nos aspirations, nos inquiétudes ; ils n’ont jamais été aussi peu nombreux à voter pour le parti qui devrait les représenter. Ce discrédit profond est au cœur de la crise démocratique que traverse notre pays. Nous n’en sortirons pas sans que ce parti ne se remette en question, et ne soit enfin solidement refondé. Pour cela il faudra d’abord revenir aux idées, et retrouver l’essentiel – l’exigence dans la vision, la clarté dans les convictions, la fidélité dans les combats. Il faudra reconstruire un parti travailleur, inventif, méthodique, uni. Et pour commencer, il faudra vous redonner la parole, parce que tout cela n’existe que pour relayer votre voix ; et parce que, pour le dire simplement, vous aurez toujours le courage et la lucidité qui ont souvent fait défaut à ceux qui parlent en votre nom.

C’est ce renouvellement profond que propose Bruno Retailleau – non pas depuis quelques mois, mais depuis des années. En faisant campagne avec lui, avec Julien, Othman, Laurence, Antoine, Pierre, et tant d’autres, j’ai pu mesurer chaque jour encore plus la force de conviction qui l’anime, la liberté et la ténacité avec lesquelles il s’est engagé dans cette bataille. Et sa certitude profonde que ce qui compte d’abord, ce n’est pas de maintenir notre parti, mais de relever notre pays, qui a tant besoin d’une alternative politique crédible, cohérente, enthousiasmante, pour rompre enfin avec la spirale du déclin.

Les statistiques, écrivait Vaclav Havel dans son premier discours présidentiel, sont souvent utiles pour mesurer la gravité d’une crise. Mais, ajoutait-il, nos résultats inquiétants ne sont pas le plus grave : « Le principal, c’est que nous traversons une crise intérieure, car nous nous sommes habitués à dire une chose tout en pensant autrement. » Avec Bruno et toute son équipe, mais aussi avec vous tous, quel qu’ait été votre choix au premier tour, nous avons devant nous la tâche immense de redonner tout son sens à la parole et à l’action de notre parti, pour réunir demain une majorité de Français et reconstruire notre pays. « Il est permis d’espérer », écrivait encore Havel. C’est pour ce renouvellement et cette espérance que je voterai pour Bruno Retailleau demain.

François-Xavier Bellamy

Questions à la Commission déposées en octobre et novembre 2022

Intégration du pernambouc à l’annexe 1 de la CITES, mettant en péril l’archèterie européenne

10.11.2022

L’intégration du pernambouc (Paubrasilia echinata) à l’annexe 1 de la CITES sera soumise au vote lors de la prochaine conférence des parties de la CITES.

Cette intégration, jugée inopportune par le secrétariat général de la CITES lui-même, empêchera le renouvellement des stocks des artisans archetiers, alors même que leur impact est minime (la consommation européenne annuelle représente 14 arbres) et qu’ils participent à la gestion responsable de l’espèce en replantant des centaines de milliers d’arbres[1], dans le respect de normes strictes.

Les modalités de transposition européenne conduiront à considérer le pernambouc exclusivement comme sauvage (selon l’annexe A du règlement 338/97), même s’il est issu de plantations durables, ce qui rend quasiment impossible son importation.

Cette menace inédite pour un artisanat séculaire compromet l’activité des luthiers et des musiciens ainsi que la transmission d’un savoir-faire unique.

  1. Puisque le secrétariat général de la CITES recommande le rejet de cette proposition et étant donné les mesures prises pour la préservation de l’espèce, la Commission s’engage-t-elle à s’y opposer et à inviter les États membres à faire de même?
  2. En cas d’adoption, la Commission demandera-t-elle une nouvelle modification à la COP20?
  3. Envisage-t-elle de différencier pernambouc sauvage et pernambouc issu d’agroforesterie dans sa transposition?

Dépôt: 10.11.2022

[1] International Pernambuco Conservation Initiative


Politique de l’Union européenne sur le port du voile islamique dans ses campagnes

17.10.2022

La semaine dernière, le Parlement a adopté en séance plénière une résolution condamnant la répression à l’encontre des femmes en Iran. La question du voile islamique (ou hijab) a été longuement débattue.

Après avoir subi de vives critiques, notamment de la part de la France, le Conseil de l’Europe a décidé de retirer sa campagne «WE CAN for human rights speech», cofinancée par la Commission et accompagnée du message: «la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab». De telles campagnes banalisent le port du voile, en particulier chez les jeunes filles. Il s’agit d’un problème très sérieux, car dans beaucoup de pays, y compris en Iran, les femmes luttent chaque jour pour leur liberté et le droit de ne pas porter le hijab. Cette campagne risque également d’accroître la pression qui pèse sur les femmes et les jeunes filles pour qu’elles portent le hijab en Europe.

À cet égard, la Commission pourrait-elle répondre aux questions suivantes:

  1. Pourquoi la Commission a-t-elle retiré la campagne susmentionnée?
  2. À l’avenir, comment compte-t-elle éviter de banaliser le port du voile?
  3. Envisage-t-elle de mettre en œuvre des mécanismes de diligence raisonnée afin de garantir que la communication de l’Union ne fasse pas la promotion de politiques discriminatoires, comme le «port obligatoire du voile»?

Disponibilité des matières premières et aspects géopolitiques du pacte vert pour l’Europe

17.10.2022 (co-signature)

La transition énergétique, en général, et la fabrication de véhicules électriques et de leurs batteries, en particulier, requièrent une quantité bien plus élevée de matières premières que les options traditionnelles. Selon une étude réalisée par la KU Leuven en avril 2022, si l’Union n’investit pas dans des mines et des raffineries situées sur son territoire et respectueuses de normes européennes strictes, et tant qu’une filière de recyclage n’aura pas vu le jour, elle restera entièrement dépendante des importations. Cela concerne des matières premières pour lesquelles les besoins sont urgents, telles que le lithium, le nickel, le cobalt et les terres rares comme le dysprosium, le néodyme et le praséodyme.

Dans sa conclusion, l’étude indique qu’à défaut d’augmentation des investissements miniers au niveau mondial, les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement de ces matières premières et du cuivre sont susceptibles de s’intensifier. À l’échelle internationale, ces goulets d’étranglement pourraient perdurer jusqu’en 2030, voire 2040 dans le cas de certaines matières premières.

  1. Quelle incidence l’interdiction des moteurs à combustion interne et la transition vers l’électromobilité auront-elles sur la dépendance géostratégique de l’Union?
  2. Comment les prix des véhicules électriques devraient-ils évoluer en fonction de la disponibilité des matières premières ou de l’existence de goulets d’étranglement?
  3. Dans le cadre du paquet «Ajustement à l’objectif 55» et du plan REPowerEU, une étude détaillée a-t-elle été menée sur la disponibilité des matières premières et la dépendance géostratégique qui en découle pour les 27 États membres? Comment la Commission compte-t-elle diversifier son approvisionnement et limiter sa dépendance?

Sanctions de l’Union européenne contre l’Azerbaïdjan après l’agression contre l’Arménie

04.10.2022 (co-signature)

Le 13 septembre 2022, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, a relancé les hostilités dans l’enclave du Haut-Karabagh. À ce jour, 135 soldats arméniens ont été tués, contre 75 du côté azerbaïdjanais.

De plus, et dans un silence complice des médias et des politiques, l’Azerbaïdjan fait preuve d’une barbarie sans nom envers la population arménienne. Anush Apetyan, soldate arménienne, a été torturée à mort par des soldats azerbaïdjanais. Elle a été violée, ses doigts et ses jambes ont été coupés, ses yeux ont été arrachés et la scène a été filmée.

Le mois dernier, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a signé un protocole d’accord avec Ilham Aliyev, président de l’Azerbaïdjan, qui vise à accéder aux réserves de gaz naturel du pays et à combler la diminution des approvisionnements de gaz russe en Europe.

Puisque nous sanctionnons la Russie pour avoir envahi l’Ukraine, il serait inconcevable d’appliquer deux poids deux mesures face à l’invasion azerbaïdjanaise.

1. Le Conseil condamne-t-il l’invasion du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan ainsi que ses actes de barbarie?
2. Comme pour la Russie, décidera-t-il d’appliquer des sanctions contre l’Azerbaïdjan et cessera-t-il d’accepter du gaz azéri? Dans le cas contraire, juge-t-il cette agression moins importante que celle reprochée à la Russie, et si oui, sur quel fondement?

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir.

Chers amis,

Il reste quelques heures pour saisir une occasion unique d’agir, et de préparer l’avenir.

Depuis plusieurs semaines, je parcours la France pour venir vous rencontrer et parler avec vous de la campagne que nous menons, avec Bruno Retailleau et toute son équipe, pour la présidence des Républicains.

Vous êtes nombreux à me partager votre espoir, et à vous engager. Mais parmi vous, nombreux sont aussi ceux qui doutent, ceux qui n’y croient plus. C’est à vous que je voudrais parler une fois encore.

Vous avez voté pour la droite dans le passé ; mais ces derniers mois, ces dernières années, vous avez été de déception en déception. Et nous héritons ensemble, vous comme moi, de cette situation de défiance accumulée depuis des années. Les électeurs de droite se sont divisés, d’autres partis se sont crées, la confusion s’est installée ; et le bilan de tout cela, c’est que nous n’avons cessé de perdre des batailles pourtant essentielles.

J’en suis profondément convaincu, et je crois que nous pouvons tous partager ce constat, quel que soit notre regard sur la situation actuelle : la France irait mieux si tous les électeurs de droite pouvaient enfin se sentir représentés par le parti politique qui devait les rassembler, et qui a manqué à sa responsabilité. Aujourd’hui, nous ne redonnerons pas une majorité à nos convictions si ce parti ne retrouve pas le sens de sa mission. Vous pouvez lui faire beaucoup de reproches, et vous aurez raison ; mais maintenant nous avons besoin de reconstruire ce parti politique, en nous appuyant sur les forces uniques qu’il garde – des milliers d’élus, le plus important ancrage local, la majorité au Sénat, des dizaines de parlementaires, un groupe central au Parlement européen… Quoiqu’il arrive, ce socle sera indispensable pour pouvoir, demain, construire la majorité qui relèvera notre pays.

C’est pour cela que je me suis engagé derrière Bruno Retailleau. Il appelle depuis toujours à cette nécessaire refondation. Il a gardé, dans bien des batailles difficiles, la fidélité à nos convictions. Et aujourd’hui, il veut vous rendre ce parti, qui n’a pas d’autre sens que de vous appartenir et de vous ressembler.

Il ne suffira pas pour cela de slogans et de belles promesses ; il faut s’en donner concrètement les moyens. Nous voulons réformer les statuts du parti pour que demain vous décidiez des grandes orientations politiques qu’il suivra – pour qu’il cesse de dériver parce que quelques dirigeants préfèrent suivre leurs propres calculs que de représenter leurs électeurs. Nous voulons que vous puissiez arbitrer sur les candidats que le parti désignera pour les prochaines élections, pour qu’obtenir votre confiance soit une condition absolue pour défendre nos couleurs. Nous voulons refaire un parti de droite qui respecte ses électeurs ; et nous avons présenté depuis plusieurs semaines les changements concrets que nous proposons pour le garantir.

Nous voulons vous redonner ce parti. Mais pour cela, il faut que vous veniez nous aider. Il vous reste quelques heures pour adhérer aux Républicains. Ne le faites pas parce que vous approuvez tout ce que ce parti a fait ; adhérez pour venir dire ce que vous attendez de lui, de nos institutions, pour l’avenir de notre pays.

Je sais : certains d’entre vous se sont promis de ne plus jamais prendre leur carte chez LR. D’autres parmi vous n’y ont jamais adhéré, et peut-être n’imaginaient pas le faire un jour. C’était mon cas aussi : en 2019, j’ai rejoint les Républicains, non parce que tout m’y convainquait, mais parce qu’il me semblait nécessaire de faire de mes déceptions une raison de s’engager plutôt que de commenter les reculs successifs de nos convictions, et de notre pays. Vous êtes nombreux à m’écrire, à me dire votre soutien, et je ne vous dirai jamais assez ma reconnaissance pour votre confiance, qui me touche profondément, dans ce temps de défiance généralisée. Si vous avez partagé parfois les batailles que j’ai pu mener, alors venez relever avec nous le grand défi qui nous attend, celui de la refondation qui, avec Bruno Retailleau, redonnera enfin à ce parti sa mission, et qui nous permettra d’y croire à nouveau.

N’hésitez pas à partager largement ce message à tous vos amis. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances de retrouver un cap clair. Nous avons une occasion unique, dans l’histoire de la droite française, de reprendre ensemble la main, pour préparer l’espérance dont la France a tant besoin. Aidez-nous. Adhérez.

Je compte vraiment sur vous.

Fx Bellamy

 

Pour pouvoir voter pour Bruno Retailleau en décembre, il vous faut adhérer aux Républicains d’ici jeudi 3 novembre.

Adhérer pour pouvoir voter Consulter le programme Partager sur WhatsApp

Un travail de vérité sur notre héritage, et de clarté sur notre ligne

Tribune co-signée avec Bruno Retailleau et Julien Aubert (texte initialement paru dans L’Express).

Si la droite est en passe de disparaître de l’échiquier politique, c’est parce qu’elle a perdu depuis longtemps la confiance des Français. Nous ne nous résignons pas à la fatalité ; mais un changement de nom ou de slogans ne suffira pas à enrayer notre déclin. Aux électeurs de droite, qui vont devoir désigner le prochain président des Républicains, nous disons ceci : il est temps de mener enfin, en vous rendant la parole, un travail de vérité sur notre héritage, et de clarté sur notre ligne.

Cela exige d’abord de considérer enfin lucidement le passé. Reconnaissons clairement l’évidence : la crise que traverse notre pays n’a pas commencé en 2017, ni en 2012. Ni même en 2007… Certes, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont chacun apporté à la France. Dans les crises, ils ont su maintenir son rang : le Président Chirac en refusant la guerre en Irak, le Président Sarkozy en agissant face à la crise financière de 2008. L’humanité du premier et l’énergie du second ont incontestablement marqué les Français. Et pourtant, comment ne pas le reconnaître : si la droite avait été, au pouvoir, vraiment à la hauteur de ses promesses, et de sa responsabilité, la France irait mieux aujourd’hui. Et la droite aussi…

Si la droite avait été, au pouvoir, vraiment à la hauteur de ses promesses, et de sa responsabilité, la France irait mieux aujourd’hui. Et la droite aussi…

Faire un travail d’inventaire sérieux et paisible, ce n’est ni sombrer dans une repentance stérile, ni manquer de respect à ceux qui nous ont précédés ; c’est garder toutes les leçons qui s’imposent, pour retrouver la confiance des Français.

Pendant les douze années de Jacques Chirac à l’Elysée, la droite aura manqué du courage qu’il fallait pour affronter des risques devenus depuis, à force de lâchetés accumulées, des dangers existentiels – le défi migratoire, le déclin éducatif, la déconstruction culturelle… Trop de dénis, trop d’abandons l’ont éloignée des classes populaires, comme le redoutait déjà Philippe Seguin. La fracture de Maastricht n’a pas été refermée, ni même considérée, au point que la famille gaulliste a donné l’impression d’abandonner la cause de la souveraineté nationale. Pour répondre à la montée des inquiétudes, il ne pouvait suffire de théoriser le front républicain : la vraie réponse à la défiance ne consiste pas à construire des barrages, mais à se remettre en question.

L’espoir qui s’est levé après la campagne exaltante de Nicolas Sarkozy, en 2007, a été lui aussi déçu. Beaucoup a été fait durant ces cinq années, mais rien n’a vraiment été assumé jusqu’au bout : la droite a défiscalisé les heures supplémentaires, mais elle n’a pas mis fin aux 35 heures. Elle a instauré des peines planchers, mais supprimé la double peine. Elle a diminué le nombre de fonctionnaires, tout en augmentant la bureaucratie, en créant par exemple les ARS qui ont embolisé le système de soins. La droite avait promis la rupture, elle a fait la demi-mesure. Au renoncement s’est ajouté le reniement quand avec le Traité de Lisbonne, le « non » souverain de 2005 a été contourné. La crise démocratique qui, nous en sommes convaincus, s’est cristallisée à ce moment-là ne sera pas résolue par des « conventions citoyennes » ou des « conseils de la refondation« , mais en redonnant la parole au peuple par référendum, sur l’immigration notamment, et en retrouvant le respect absolu qui est dû à cette parole.

Ces faiblesses, l’UMP devenue LR les a masquées par une communication répétitive, par des éléments de langage épuisés d’avoir été répétés depuis quinze ans. Nous refusons ce marketing médiocre qui consiste à aligner de supposés « marqueurs« . Il ne suffit plus de se payer de mots. Inventons de vraies solutions, plutôt que de répéter de vieux slogans. Puisque nous parlons sans cesse de la valeur travail, remettons-nous à travailler, sur nos idées, notre vision du monde, nos ambitions pour la France de demain, mais aussi notre manière de les proposer aux Français, nos méthodes et nos modes d’action, notre place dans un débat public qui a tellement changé, la formation des jeunes qui nous rejoindront, et surtout la démocratie dans notre formation politique.

Pour point de départ de ce travail, nous proposons une ligne reposant sur trois piliers.

Pour point de départ de ce travail, nous proposons une ligne reposant sur trois piliers. La dignité humaine d’abord. Vivre dignement, c’est vivre de son travail, et non de l’assistanat. C’est vivre du mérite et de l’effort, qui doivent redevenir les valeurs cardinales de notre école. C’est vivre en sécurité, avec la certitude que l’ordre sera assuré, que les peines seront exécutées, qu’aucune impunité ne peut être tolérée. Vivre dignement, c’est enfin vivre librement, sans la tutelle infantilisante d’un Etat qui réglemente tout et surtranspose les normes européennes ; sans l’ingérence grandissante de l’idéologie dans la vie et la conscience de nos enfants. Que l’Etat s’occupe des affaires de la France, les Français s’occuperont très bien des leurs !

Deuxième pilier : la souveraineté de la Nation. Réindustrialiser, refaire une grande filière nucléaire, protéger notre agriculture contre les accords de libre-échange, réaffirmer notre souveraineté juridique face aux juges européens : c’est tout cela qu’exige le combat pour la souveraineté. Celle-ci ne sera pas complète sans la maîtrise de nos finances publiques, car une nation qui ne tient pas ses comptes ne tient pas son rang.

Enfin, les valeurs de notre civilisation judéo-chrétienne doivent redevenir l’âme de notre combat politique, pour faire échec à l’islamisme ou au wokisme, et leur opposer la générosité exigeante de l’assimilation et de la transmission. Seule une politique de civilisation peut refaire la France ; seule la reconnaissance de ses racines peut redonner sens à l’Europe : ses héritages ont fait sa grandeur, son amnésie ferait son malheur. C’est sur les singularités et les démocraties nationales que les Européens pourront trouver l’unité authentique dont nous avons besoin pour faire valoir, dans un monde instable, nos principes et nos intérêts.

Faire enfin l’inventaire, parler enfin clair : telle est notre ligne, la refondation que nous proposons. Non, rien n’est perdu pour la droite. Mais tout est à reconstruire. À nous de prouver aux Français que demain, nous pourrons être dignes de leur confiance.

Il n’y a rien de moins européen que l’illusion fédéraliste.

Propos recueillis par Emmanuel Berretta pour Le Point.

Le Point : Beaucoup, comme Mario Draghi, estiment que seule la dimension européenne est à la mesure de nombreux défis dans les domaines de l’économie, de la sécurité, de l’écologie, de la défense… Partagez-vous ce point de vue ?

Fx Bellamy : Mario Draghi a évoqué le cap d’un fédéralisme « pragmatique et idéal » : je suis en désaccord absolu avec une telle idée. Le projet d’un fédéralisme européen ne me semble ni idéal, ni pragmatique, ni même européen, en réalité.

Que l’Europe doive nous permettre de relever ensemble bien des défis pour notre avenir, c’est indéniable. Ce n’est pas d’ailleurs une question d’échelle, de taille critique, comme on le dit souvent – comme si nos pays étaient « trop petits » pour exister par eux-mêmes ; on ne justifiera pas l’Europe en niant le poids que les pays européens peuvent avoir. S’il ne s’agissait que d’atteindre une masse critique, on pourrait envisager une alliance de la France avec n’importe quels États dans le monde ou bien construire des ensembles géographiques tout autres.

Ce qui rend l’action européenne pertinente, c’est une continuité historique et l’esprit qui en découle, un modèle de civilisation né il y a plus de vingt-cinq siècles, qui fonde des principes communs, une vision de l’homme et de la cité. Tout cela n’a rien d’abstrait : c’est exactement ce qui est en jeu, aujourd’hui par exemple dans la guerre en Ukraine ; demain, face au modèle chinois, comme au défi politique que représentent le pouvoir inédit des plateformes ou les révolutions technologiques à venir. Mais si c’est ce substrat de civilisation qui donne sa pertinence à notre action commune, il est manifeste qu’il n’y a rien de moins européen, en un sens, que l’illusion fédéraliste.

Qu’est-ce qu’il faudrait faire ? Comme l’a dit Emmanuel Macron à Strasbourg, il y a un problème d’efficacité, parce que la souveraineté des États freine la décision…

Comment peut-on en arriver à penser que la souveraineté des pays européens est un problème pour l’Europe ?

Mais comment renforcer l’Europe tout en respectant la souveraineté des États ?

Notre modèle singulier, c’est celui d’une même civilisation qui donne naissance à une pluralité de peuples – une pluralité de langues, de cultures, de pays, dont les institutions et la pratique de la démocratie sont à chaque fois différentes. C’est un rêve bien peu européen que de vouloir uniformiser l’Europe… Ceux qui comptent faire de nos pays les provinces d’une Union européenne devenue un super-État transnational n’obtiendront pour résultat que la défiance définitive des citoyens : un tel projet ne peut pas être démocratique, puisqu’il n’y a pas de Demos européen – il y a des peuples, dont la souveraineté s’exprime dans la diversité des démocraties qui constituent l’Union européenne. Les institutions européennes se renforceront si elles démontrent qu’elles rendent nos démocraties plus souveraines, et pas l’inverse.

À l’inverse, le président de la République propose d’abandonner l’unanimité au Conseil. Sur la fiscalité, sur la politique extérieure commune, cette règle respecte la souveraineté, mais elle permet aussi à un seul État de bloquer tous les autres…

Au-delà du problème de principe majeur que nous venons d’évoquer, ce saut fédéral répond à un diagnostic erroné. Dire que l’unanimité bloque l’action européenne, c’est faux. Le président l’a d’ailleurs rappelé : face au Covid ou à la guerre en Ukraine, l’Europe a pris très rapidement des décisions majeures, qui sortent complètement de sa logique habituelle ; et elle l’a fait à l’unanimité. C’est même un gage d’efficacité : cette règle contraint l’Union européenne, bien sûr, mais elle garantit son unité. Sans l’unanimité, ce serait la pagaille dans le Conseil aujourd’hui sur la réponse à la guerre en Ukraine : vous auriez des États membres qui prendraient continuellement leurs distances avec telle ou telle décision… Et naturellement, Vladimir Poutine exploiterait le spectacle des divisions.

Il est normal qu’aucun État ne se voie imposer des choix majeurs pour son avenir. En réalité, ce débat me fait penser au complexe d’infériorité qu’éprouvent les démocraties en face des régimes autoritaires. À côté du pouvoir de Xi Jinping ou de Vladimir Poutine, les démocraties sont contraintes par des processus longs, lents, compliqués, difficiles, instables, incertains : et certains ont parfois tendance à considérer avec une étrange jalousie le modèle autoritaire, qui serait, lui, efficace, rapide, capable de prendre en compte le long terme, sans avoir à s’embarrasser de la complexité des contre-pouvoirs. Mais en réalité, l’absence de contrainte dont ils semblent bénéficier constitue la plus grande fragilité de ces régimes : c’est très manifeste dans les impasses stratégiques où s’enferme la Russie en ce moment. Et on le voit tout autant, par exemple, dans la folie destructrice de la politique du « zéro covid » en Chine… Des options politiques aussi manifestement suicidaires ne pourraient durer longtemps dans un pays libre.

Quand il n’y a aucun contre-pouvoir, quand la décision n’est contrainte par rien, le risque est bien plus grand que des choix aberrants soient engagés, malgré des conséquences manifestement dramatiques. La règle de l’unanimité dans les débats européens, qui permet que des gouvernements représentant des millions de citoyens ne soient pas réduits au silence dans un emballement majoritaire, peut nous éviter des erreurs stratégiques majeures.

Si on ne modifie pas la règle de l’unanimité, qu’est-ce que nous réformons dans ce cas ?

Il y a, à mon sens, un problème dans la conception de la Commission et de son rôleLe fait que chaque gouvernement nomme un commissaire conduit à un collège hétéroclite, avec des niveaux de responsabilités très différents, et des orientations politiques carrément contradictoires. Prenez par exemple le cas de l’agence Frontex, qui est chargée de la protection des frontières extérieures de l’Europe : les deux commissaires en charge de ce sujet ont des visions opposées de la mission de l’agence… Ça ne peut pas marcher ! Les équipes de Frontex subissent manifestement une situation d’injonction contradictoire, et cela explique beaucoup des difficultés graves qu’elle traverse. Un autre sujet majeur est la lisibilité et la transparence du processus décisionnel européen par les citoyens. Qui est responsable ? Honnêtement, c’est indéchiffrable…

Avec cette chambre noire des trilogues où la décision finale sur les textes se fait portes closes…

Oui, le trilogue, pas un seul citoyen n’en connaît même le nom ni ne sait comment ça fonctionne… Et de ce fait, nos processus de décision font que personne n’assume réellement la responsabilité des choix qui sont finalement retenus.

L’élargissement souhaité par le Conseil européen à l’égard de la Moldavie, de la Géorgie et de l’Ukraine peut-il se faire à moyenne échéance dans le cadre des institutions actuelles ?

Nous n’avons pas changé d’avis sur la question. Le premier devoir de l’Union européenne, c’est de se réformer. Nous arrivons à la fin de la conférence sur l’avenir de l’Europe : ce processus a été bien peu démocratique, mais il constitue au moins un symptôme, celui de l’ampleur du travail à faire pour améliorer les processus de décision européens aujourd’hui. L’Union ne peut pas poursuivre la politique qui consiste à s’élargir au lieu de se corriger.

Passons à la situation politique nationale : la droite française a été pulvérisée par la présidentielle. Comment la reconstruire ?

La violence de l’impact oblige à une remise en question totale, et c’est clairement ce dont la droite avait besoin. Je suis convaincu que nous avons vraiment les moyens de reconstruire, que nous pourrons compter sur les talents nécessaires pour cela, et que ce travail de refondation est une nécessité politique.

Vous misez donc sur le fait qu’Emmanuel Macron vous libère de l’espace à droite…

Ce n’est pas une question tactique. J’ai la conviction profonde que, malheureusement, les années qui viennent seront très difficiles. Dans les prochains mois, les problèmes posés par la vulnérabilité européenne sur l’énergie, par exemple, vont devenir très lourds. Le sujet arrive plus vite que prévu à cause de la guerre lancée par la Russie, mais c’est d’abord une faillite structurelle. J’en parle depuis le début de mon mandat : si rien ne se passe, la baisse de la production d’électricité pilotable mise en oeuvre, y compris en France, depuis plusieurs années, va conduire à une augmentation bien plus forte encore des prix de l’énergie, et à des situations de rationnement ou de coupures. Cela fragilisera encore notre industrie, notre économie, et pèsera d’abord sur les plus précaires. Les tensions très fortes qui se dessinent seront, en grande partie, le résultat des politiques qui ont été menées dans les dix dernières années.

Sur le nucléaire notamment ?

Par exemple ! Et face aux crises et à l’inflation, nous aurons beaucoup moins de leviers budgétaires pour agir : c’est aussi le résultat de la politique des dix dernières années… Si la droite n’apporte pas des réponses, ne propose pas une alternative, notre pays sera condamné à une forme de désespoir démocratique. Quel est le jeu qui s’installe en effet ? Vous avez au milieu une sorte de parti opportuniste, un conglomérat sans cohérence d’élus dont le seul lien est le culte d’un chef, et la seule doctrine une espèce de pragmatisme sans âme – qui définit d’ailleurs autant leur « ligne » politique que leurs calculs individuels.

Si nous ne parvenons pas à refonder la droite, ce conglomérat restera le seul à pouvoir décider du destin de la France, puisque ses deux principales forces d’opposition actuelles, l’extrême droite et l’extrême gauche, sont politiquement incapables de gagner une élection – c’était le scénario des dernières présidentielles, que nous verrons se répéter aux législatives. Or la définition même de la démocratie, c’est la possibilité d’une alternance… Que devient un pays où cette possibilité disparaît ? Le courant politique dont nous héritons est à terre, c’est vrai ; mais nous n’avons pas seulement l’occasion de le relever aujourd’hui, nous en avons le devoir.

Débat avec Emmanuel Macron au Parlement européen

 

Monsieur le Président de la République,

Vous venez d’ouvrir cette présidence avec de grandes promesses, mais il faut vous dire la vérité : personne ici n’y croit vraiment. Non seulement parce que le calendrier que vous avez cautionné servira plus votre campagne présidentielle que l’action européenne, mais surtout parce que vous vous êtes tellement contredit, vous avez tellement joué, en détournant jusqu’au sens des mots les plus importants… Vous avez – pardon de le dire – souvent menti. Comment vous croire ?

Vous dites vouloir maîtriser les frontières de l’Europe, mais hier vous dénonciez comme une « lèpre nationaliste » les pays qui appelaient à l’aide pour protéger leurs frontières face à la crise migratoire. Vous parlez d’environnement et d’autonomie stratégique, mais la France importe aujourd’hui du gaz et du charbon parce que vous avez fermé Fessenheim et miné notre industrie. Vous parlez aujourd’hui d’appartenance européenne tout en déclarant que les racines de l’Europe n’importent pas. Mais où puiser alors la sève pour irriguer notre avenir ? Vous promettiez la fin des clivages, et vous laisserez la France comme l’Europe fracturées comme jamais.

Ici aussi, nous savons que votre « en même temps » n’est qu’un artifice rhétorique pour dissimuler des incohérences calculées. Comme l’écrit Pierre Manent, la contradiction « entre les ambitions – ou les prétentions – de l’Europe, et sa réalité, est devenue un fait politique majeur ». Cette contradiction, vous l’incarnez aujourd’hui. Et nous, nous devons la résoudre.

Bien sûr, avec notre groupe, notre délégation, nous ferons tout pour rendre ces six mois aussi utiles que possible pour nos pays. Mais en vérité, Monsieur le président, l’essentiel n’est déjà plus là. L’essentiel est de dire à vous tous, Français, Européens, qui nous regardez : une autre politique est possible.

Ici aussi, nous savons que votre « en même temps » n’est qu’un artifice rhétorique pour dissimuler des incohérences calculées. 

Une politique qui vous prenne au sérieux, qui préfère la sobriété de l’action à l’obsession de la communication. Une politique qui ne prétende pas renforcer l’Europe en affaiblissant les États qui la constituent ; qui ne croit pas que la solidarité européenne consiste à vous surendetter ; qui ne prétende pas défendre l’état de droit en marchandant votre liberté et votre souveraineté ; qui ne vous méprise pas au premier désaccord venu ; qui vous respecte et se donne les moyens de vous faire respecter par les grandes puissances du monde. Vous ne demandez pas trop si vous espérez tout cela. Et nous avons le devoir de préparer ensemble le relèvement de nos pays, de l’Europe, de préparer la relève à laquelle vous avez droit. Merci beaucoup.

L’essentiel est de dire à vous tous, Français, Européens, qui nous regardez : une autre politique est possible. Une politique qui vous prenne au sérieux, qui préfère la sobriété de l’action à l’obsession de la communication. Nous avons le devoir de préparer ensemble la relève à laquelle vous avez le droit. 

Taxonomie verte : la fausse victoire du nucléaire

Texte initialement paru dans Les Echos.

La France aura commencé sa présidence européenne par une polémique sur l’Arc de Triomphe ; au même moment, à Bruxelles, se décide notre avenir énergétique pour plusieurs décennies. La Commission européenne vient de dévoiler la nouvelle version de sa « taxonomie pour la finance durable », qui orientera pour plusieurs décennies l’essentiel des investissements dans ce secteur vers les activités d’approvisionnement énergétique qui auront été considérées comme nécessaires pour la décarbonation. Soupir de soulagement à Paris : l’énergie nucléaire n’est finalement pas exclue du texte.

La France aura commencé sa présidence européenne par une polémique sur l’Arc de Triomphe ; au même moment, à Bruxelles, se décide notre avenir énergétique pour plusieurs décennies.

Depuis deux ans, nous n’avons cessé de batailler au Parlement, et d’alerter le gouvernement, silencieux pendant des mois devant un processus qui écartait pourtant a priori, de manière totalement arbitraire, cette filière vitale pour notre pays. Il est vrai que le bilan d’Emmanuel Macron en la matière n’incitait guère à l’optimisme : seul président à avoir confié l’énergie à des ministres hostiles au nucléaire, il ne laissera en cinq ans que la fermeture aberrante de Fessenheim, et une loi de programmation condamnant quatorze centrales supplémentaires à la fermeture anticipée. Le réveil tardif de Bercy aura permis d’éviter le pire ; mais derrière l’apparence d’une victoire, le texte de la taxonomie reste très inquiétant pour l’avenir.

Le nucléaire y est considéré en effet comme une « énergie de transition », et non comme une « énergie durable ». Conséquence : ce label sera remis en question tous les trois ans, une incertitude intenable pour une filière dont les investissements doivent être planifiés sur plusieurs décennies, et qui a besoin pour cela d’un cap politique constant et d’un environnement réglementaire enfin stable. Le règlement exclut la construction de nouvelles centrales à partir de 2045, et le prolongement de centrales existantes après 2040 – moment où les besoins électriques seront précisément en forte augmentation du fait de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Enfin, problème tout aussi crucial, la taxonomie exclut d’office l’investissement dans des étapes indispensables à la production d’électricité, en amont (approvisionnement et transformation du combustible) comme en aval – au prix d’ailleurs d’un absurde paradoxe : la Commission exclut le traitement des déchets de la taxonomie, tout en en faisant une condition pour financer de nouvelles centrales… Le même règlement permet de financer des centrales à gaz, et privilégie surtout l’éolien et le solaire, dont l’intermittence impose aussi de recourir à cette énergie fossile et émettrice de carbone.

Derrière l’apparence d’une victoire, le texte de la taxonomie reste très inquiétant pour l’avenir. Le nucléaire y est considéré en effet comme une « énergie de transition », et non comme une « énergie durable »

En parallèle ont été publiées les nouvelles « lignes directrices » encadrant les aides d’État. Sans aucune justification, elles excluent le nucléaire, ce qui interdit a priori tout financement public pour construire une centrale : impossible d’y voir autre chose qu’un parti pris purement idéologique. Au nom du « pragmatisme » en revanche, la Commission réserve un statut d’exception au gaz naturel, qui pourra bénéficier d’aides d’État sans examen préalable…

Malgré les apparences, c’est donc l’Allemagne qui impose ses options à l’Europe, au moment où elle poursuit, en pleine crise de l’énergie, la fermeture programmée de ses centrales nucléaires en parfait état de fonctionnement. Rappelons le bilan de ce choix : au dernier trimestre 2021, l’Allemagne a produit un tiers de son électricité avec du charbon, dont la nouvelle coalition socialiste-écologiste espère sortir d’ici 2030 « dans l’idéal ». Au nom du risque nucléaire, qui n’a pas fait un mort dans l’UE, on inaugure des mines dont la pollution tue chaque année des milliers de personnes. Et pendant ce temps, les ménages allemands paient l’électricité la plus chère du continent, plus de 40% plus coûteuse en moyenne qu’en France…

Malgré les apparences, c’est donc l’Allemagne qui impose ses options à l’Europe, au moment où elle poursuit, en pleine crise de l’énergie, la fermeture programmée de ses centrales nucléaires en parfait état de fonctionnement.

La réunification européenne a commencé par la mise en commun du charbon. L’avenir de notre continent impose aujourd’hui de s’affranchir des énergies fossiles par une stratégie claire, cohérente, stable, fondée sur les faits et sur la raison. Les experts mandatés par la Commission européenne avaient logiquement conclu que le nucléaire était durable. En multipliant les réserves et les contraintes, la taxonomie pourrait, derrière un soutien de façade, fragiliser durablement cette filière, aggraver les risques majeurs de ruptures sur le réseau électrique, fragiliser notre industrie et notre modèle social, nous rendre dépendants de puissances tierces, et nous conduire à l’échec environnemental. S’il veut éviter cela, le gouvernement français ne peut se satisfaire des annonces récentes. Pour notre part, nous ne céderons rien dans ce débat essentiel.

La réunification européenne a commencé par la mise en commun du charbon. L’avenir de notre continent impose aujourd’hui de s’affranchir des énergies fossiles par une stratégie claire, cohérente, stable, fondée sur les faits et sur la raison.

Crédit photo : Raimond Spekking / Wikipedia (Centrale nucléaire de Chooz)

Le droit européen n’est en aucun cas supérieur à nos constitutions.

Photo de François-Xavier Bellamy au Parlement européen

Photo : Philippe BUISSIN © European Union 2021 – Source : EP

Entretien avec Mathieu Solal initialement paru dans L’Opinion.

Assiste-t-on à une « radicalisation anti-européenne des Républicains », comme l’explique Pascal Canfin dans une tribune parue dans l’Opinion ? 

Bien sûr que non. Ces propos sont d’une incompétence désolante, ou d’une grande malhonnêteté. Notre famille politique ne fait que rappeler l’esprit du projet européen tel qu’il devrait être préservé, et la réalité juridique qui s’impose aux institutions. Dans les domaines où nous avons confié des compétences à l’UE, les mêmes règles s’appliquent bien sûr à tous. Mais si le droit européen prévaut dans ce cadre sur les lois et la jurisprudence nationales, il n’est en aucun cas supérieur à nos constitutions. C’est ce que disent les cours constitutionnelles de nombreux Etats membres, dont les juges allemands de Karlsruhe, qui ont contesté par exemple la politique de la BCE l’année dernière. Je sais que le programme de LREM consistait à « transférer la souveraineté nationale à l’échelle européenne », mais ce rêve d’Emmanuel Macron n’a aucun rapport avec la réalité.

Il y a tout de même rarement des tensions en pratique entre des décisions européennes et des cours constitutionnelles, et elles se règlent habituellement par un dialogue entre les juges. Soutenez-vous la décision du tribunal constitutionnel polonais, qui manifeste une opposition frontale inédite ?

Dans ce cas précis, la décision de la cour polonaise ne conteste pas une décision européenne parmi d’autres, elle déclare que les traités européens eux-mêmes sont contraires à la Constitution. Cette décision pose bien sûr un problème singulier. La Pologne a adhéré à l’UE par référendum, et le gouvernement actuel ne remet pas en cause cette adhésion : il est incohérent de la juger en même temps inconstitutionnelle.

Trouvez-vous, comme Valérie Pécresse, qu’il soit « très choquant » que la CJUE exige la dissolution de la chambre disciplinaire de la Cour suprême polonaise, sur demande de la Commission ?

L’UE n’est pas une organisation internationale comme une autre. Elle est fondée sur une civilisation, dont sont issus les principes démocratiques que nous ne devons jamais négocier, comme la séparation des pouvoirs. C’est pour cette raison que nous souhaitons une observation impartiale et non politisée de la démocratie dans tous les États membres. Sinon, nous cédons à un procès politique qui vise toujours les mêmes pays. La Pologne est ciblée chaque mois par les résolutions du Parlement européen ; pourquoi n’est-on pas aussi ferme avec le gouvernement tchèque, allié de LREM, qui détourne des millions d’euros de fonds européens, ou avec le gouvernement maltais, socialiste, complice de l’assassinat d’une journaliste enquêtant sur la corruption endémique du pouvoir ? En réalité, la Pologne est explicitement ciblée pour des questions de sociétés et pour sa politique migratoire.

Michel Barnier ne fait-il vraiment que « rappeler la réalité juridique » en proposant un « bouclier constitutionnel » en matière migratoire ?

Il fait une proposition concrète, que je soutiens, et qui vise à revenir à l’esprit et à la lettre des traités européens par la voie d’un référendum. La CJUE fait en effet une interprétation extensive des traités, notamment sur la question du droit à la vie familiale, qui enraye la capacité des Etats membres à déterminer leurs politiques migratoires, qui devrait pourtant relever de leur seule décision. La CJUE s’émancipe ainsi des domaines de compétence européens. C’est aussi vrai du Parlement, qui se prononcé fréquemment sur des sujets qui ne relèvent pas de sa responsabilité. Respecter l’Etat de droit devrait obliger les institutions européennes à ne pas sortir des compétences qui leur sont confiées par les traités.

Le sens de l’UE, c’est d’agir dans les domaines où nous sommes plus efficaces ensemble que séparément comme le marché intérieur, la stratégie industrielle… Où est la valeur ajoutée européenne quand les institutions promeuvent des réformes sociétales qui relèvent de chaque démocratie ? Ceux qui voudraient que Bruxelles s’occupe de tout construisent l’Europe qui inquiète les Français.

En se soustrayant à la jurisprudence de la CJUE en matière migratoire par voie référendaire, la France ne risquerait-elle pas de donner l’idée à d’autres Etats membres de ne plus appliquer les lois et décisions de justice européennes, et ainsi de participer à désintégrer l’ordre juridique européen ?

Il faut être précis : il ne s’agit pas de revenir sur les compétences que nous choisissons d’exercer en commun. Evidemment, la France continuera d’appliquer les décisions prises ensemble dans ce cadre. Mais les traités n’imposent pas aux Etats d’avoir la même politique migratoire ! Le respect, y compris par la CJUE, de la souveraineté des États, est un impératif qui ne peut être éludé ; et il est important que ce sujet fasse partie du débat présidentiel.

Si la France et l’Europe veulent pouvoir compter dans le monde de demain…

Nouvelle terrible pour notre industrie, pour Naval Group et ses sous-traitants, pour notre balance commerciale dont le déficit s’aggrave encore, pour les emplois et le savoir-faire français. Mais s’indigner ne suffit pas… Il faut en tirer les leçons.

  1. Ceux qui, en Europe, croyaient au retour d’un multilatéralisme rassurant, doivent ouvrir enfin les yeux : les États-Unis défendent leurs intérêts, comme toute puissance. Être leurs alliés ne nous dispense pas de l’effort nécessaire pour nous donner les moyens de nos objectifs. Si nous ne sommes pas capables d’assumer des rapports de force, même la signature d’un État, même l’engagement d’un pays ami, ne constituent pas une garantie. On peut le déplorer, bien sûr ; mais c’est un fait : à nous d’en tirer les conséquences. Dans ce cas, comme pour le Rafale écarté par la Suisse, l’excellence industrielle n’est pas en cause ; l’échec est donc politique. Il faudra analyser ce qui a manqué dans le suivi des contrats. Comme le dit le président, dans le haut niveau, on n’excuse pas un résultat décevant…
  2. Ce choix montre combien l’évolution de la Chine devient le paramètre majeur pour bien des États. Que valent nos garanties face à une puissance qui construit tous les quatre ans l’équivalent de notre marine ? Les pays européens n’ont pas encore conscience de l’ampleur du défi. Dans un moment crucial pour nos pays et le modèle démocratique, cette accélération montre combien les débats européens sont décalés, lents, indécis. Le fonds défense est un pas en avant ; mais il a fallu des années pour investir 8 milliards d’euros, rabotés en dernière minute… Au lieu d’entretenir le vieux rêve fédéraliste d’une « armée européenne », il faut maintenant se donner les moyens sérieux qui seront nécessaires pour que notre industrie de défense garantisse à nos démocraties leur autonomie stratégique. Personne ne nous y aidera ; à nous d’agir…
Aucune alliance ne nous exonère du travail indispensable pour retrouver les moyens de ne pas subir.
Si la France et l’Europe veulent pouvoir compter dans le monde de demain, nous allons devoir faire beaucoup plus, sur le plan militaire, industriel, diplomatique, intellectuel. Aucune alliance ne nous exonère du travail indispensable pour retrouver les moyens de ne pas subir.

Taxonomie européenne sur la finance verte : la Commission européenne commet une faute grave en excluant le nucléaire

`Tribune initialement parue sur le site de L’Opinion.

La Commission européenne vient de rendre public l’acte délégué relatif aux énergies pouvant être intégrées à la Taxonomie européenne sur la finance verte. Cette taxonomie doit sélectionner les activités d’approvisionnement énergétique qui, parce qu’elles concourent à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, pourront faire l’objet d’un soutien public. Elle orientera donc l’essentiel des investissements publics et privés dans toute l’Union européenne pour de nombreuses années.

Or la Commission européenne a décidé de ne pas intégrer l’énergie nucléaire dans ce premier acte délégué. Elle promet de traiter la question dans une étape ultérieure, mais un acte délégué spécifique, outre le temps qu’il prendra, n’a que très peu de chances d’être finalement approuvé.

Une faute contre la science

C’est d’abord une faute contre la science, et contre la transparence de ce processus de décision. Le groupe d’experts (Joint Research Center), constitué par la Commission européenne elle-même pour préparer la taxonomie, a publié fin mars un rapport qui démontre, sur une base scientifique incontestable, que l’énergie nucléaire ne peut être considérée comme nuisible à l’environnement ou à la santé humaine. La décision de l’exclure de la taxonomie ne peut qu’être le résultat de pressions idéologiques et d’intérêts financiers – la filière des énergies dites renouvelables ayant beaucoup à gagner de l’affaiblissement d’une source d’énergie pilotable et décarbonée… Derrière les discours anti-nucléaires, il y a des stratégies prédatrices, qui jouent contre la transparence et la loyauté de cette réglementation cruciale.

Une faute contre l’écologie

Cette aberration idéologique est aussi une faute contre l’écologie. Le GIEC a démontré, dans son rapport d’octobre 2018, la nécessité de multiplier par six les capacités nucléaires mondiales pour parvenir aux objectifs de l’Accord de Paris : sans préjuger de l’avenir à long terme, l’évolution actuelle des besoins énergétiques mondiaux et l’urgence de sortir des énergies fossiles rendent absolument indispensable le recours à cette énergie décarbonée. L’Union européenne annonçait ce matin qu’elle se fixe un objectif de réduction de 55% des émissions carbone pour 2030, et elle se retire le même jour les moyens de l’atteindre : cette hypocrisie sera sévèrement jugée par les générations futures. Au moment où la Chine et les Etats-Unis (sous une administration démocrate) choisissent d’investir massivement dans cette filière, l’Union européenne commet un contresens historique majeur.

Une faute contre la France

Enfin, cette décision est une faute contre la France : la filière nucléaire, depuis le général de Gaulle, représente un atout majeur pour notre pays sur le plan industriel, et un outil stratégique de souveraineté. Le gouvernement a commencé à communiquer à la veille de la parution de cet acte délégué : mais les négociations sur ce sujet décisif durent depuis près de trois ans. Nous n’avons cessé d’alerter, publiquement et dans nos échanges avec l’exécutif, sur la nécessité urgente d’obtenir un changement de méthode de la Commission européenne ; la France aurait pu l’obtenir, si elle n’avait pas attendu la dernière ligne droite pour intervenir. C’est un échec majeur, qui risque d’aggraver encore le décrochage déjà avancé de notre compétitivité et de notre balance commerciale. Cette faillite pèsera lourdement au bilan d’un Président de la République isolé en Europe, otage des ambiguïtés d’une majorité totalement contradictoire, concentré sur de purs effets de communication mais manifestement dépourvu de vision stratégique.

La Commission européenne, en disqualifiant l’énergie nucléaire, a préféré se soumettre au lobbying intense d’intérêts très déterminés. Les parlementaires Les Républicains poursuivront leur engagement pour corriger ce premier acte délégué au Parlement européen, et continueront le combat à l’Assemblée nationale et au Sénat, pour que les décisions engageant l’avenir de notre pays soient prises sur une base rationnelle et non idéologique. C’est la place de la France et de l’Europe qui est en jeu, mais aussi la vitalité économique comme l’équilibre social de nos pays, et la cause de l’environnement : nous ne manquerons pas à notre responsabilité.

Christian Jacob, président du parti Les Républicains
Damien Abad, président du Groupe LR à l’Assemblée nationale
François-Xavier Bellamy, président de la Délégation française du Groupe PPE
Bruno Retailleau, président du Groupe LR au Sénat