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Un peu de sobriété et d’efficacité

Présidence française du l'Union européenne 2022

Entretien paru dans Le Figaro le 24 mars 2021.

LE FIGARO – Comment les eurodéputés LR du PPE appréhendent-ils l’installation d’Emmanuel Macron à la présidence de l’Union européenne le 1er janvier ?

François-Xavier BELLAMY – Nous l’abordons sans esprit partisan, en espérant qu’elle puisse être utile au rayonnement de la France. J’ai eu l’occasion de participer à une première réunion de concertation organisée par Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes). Avant chaque présidence tournante, le pays concerné produit une feuille de route pour six mois. Ce n’est pas Emmanuel Macron, ni LREM mais la France qui doit assumer cette présidence européenne, au-delà des clivages politiciens. Représentant la France au sein du plus grand groupe du Parlement, notre délégation est prête à travailler pour que ce moment important aboutisse à des résultats utiles pour l’avenir de notre pays.

Ce n’est pas Emmanuel Macron, ni LREM mais la France qui doit assumer cette présidence européenne, au-delà des clivages politiciens.

Au-delà de la droite, comment le Parlement européen attend-il cette présidence ?

Il ne faut pas que le calendrier électoral conduise l’exécutif à instrumentaliser cette présidence en la réduisant à un exercice de communication. Le grand danger est une présidence aussi bavarde et ambitieuse dans les mots qu’elle sera isolée et inefficace dans les résultats. Fragilisée dans le débat européen, la France est confrontée à des sujets cruciaux et sa voix risque d’être marginalisée car nous sommes en plein décrochage économique. Notre situation actuelle nous classe désormais parmi les pays du sud, lourdement déficitaires sur le plan budgétaire et commercial. Nous ne sommes pas en mesure de donner des leçons. C’est pourquoi il est d’autant plus important que cette présidence française se concentre sur quelques priorités concrètes et essentielles, avec un souci de pédagogie et de résultats.

Pour certains macronistes, Emmanuel Macron devrait en profiter en récoltant les fruits de son interventionnisme européen sur plusieurs sujets, de l’environnement au numérique. Qu’en pensez-vous ?

Objectivement, le bilan européen d’Emmanuel Macron reste très éloigné de ses promesses. Sa facilité pour les discours est inversement proportionnelle à son efficacité dans l’action. Dans le paysage européen, l’essentiel est de convaincre, de se faire comprendre en faisant la pédagogie des positions que l’on défend. Le président français procède plutôt par déclarations fracassantes mais contre-productives. Par exemple, ses mots sur l’Otan « en état de mort cérébrale » ont profondément crispé. Cela a fait reculer la possibilité concrète d’une ambition commune en matière d’autonomie stratégique, et de résultats concrets pour l’industrie de défense. Pour la présidence française, la clef de la réussite serait d’identifier deux ou trois priorités précises et d’en faire la pédagogie : on semble malheureusement se diriger vers une énumération de déclarations et de souhaits qui ressemble à une liste de cadeaux de Noël, et ne peut permettre de vrai progrès. Il serait tragique que cette présidence, qui ne revient que tous les treize ans, soit une occasion manquée.

Pour la présidence française, la clef de la réussite serait d’identifier deux ou trois priorités précises et d’en faire la pédagogie : on semble malheureusement se diriger vers une énumération de déclarations et de souhaits qui ressemble à une liste de cadeaux de Noël, et ne peut permettre de vrai progrès.

Les Marcheurs veulent croire que cette position européenne permettra à leur candidat d’en tirer profit en 2022, notamment en s’affichant comme rempart aux populismes. Quel est votre avis ?

J’espère que le président et son exécutif seront capables de se hisser à la hauteur de l’enjeu. L’Allemagne a remarquablement utilisé cette occasion, en obtenant par exemple la finalisation du traité UE/Chine. Si je suis contre la ratification de cet accord, je constate que les Allemands, sans se mettre en scène, sans poursuivre des intérêts politiciens, ont obtenu un résultat qui constituait une priorité pour eux. Un peu de sobriété et d’efficacité feraient beaucoup de bien à la France. Quant à la mise en scène d’un clivage entre progressistes et populistes, c’est le rêve d’Emmanuel Macron, pas du tout la réalité du débat politique : au parlement européen, les deux plus grands groupes sont ceux de la droite et de la gauche. Emmanuel Macron voudrait exporter à Bruxelles le schéma qui lui a permis d’être élu à Paris, et qu’il décrit depuis le début comme la seule alternative politique possible ; mais il se retrouvera bien seul s’il essaye de raconter cette histoire aux pays européens : au moment où par exemple les Italiens de la Lega cherchent à quitter le RN pour se rapprocher du PPE, le récit d’un affrontement avec un bloc populiste fort n’a pas de sens. Le sujet n’est pas d’être pro ou anti-européen, mais de savoir quelle Europe construire.

Au moment où par exemple les Italiens de la Lega cherchent à quitter le RN pour se rapprocher du PPE, le récit d’un affrontement avec un bloc populiste fort n’a pas de sens. Le sujet n’est pas d’être pro ou anti-européen, mais de savoir quelle Europe construire.

Quel sera l’effet de cette présidence européenne sur la présidentielle en France ?

Si elle parvient à placer l’Europe dans le débat français, ce sera une bonne nouvelle car les décisions discutées en ce moment au sein des institutions européennes sont déterminantes pour l’avenir de notre pays : il est urgent que les Français, informés sur ces enjeux, aient l’occasion de se prononcer.

Photo : Oleg Mityukhin / Pixabay

L’avenir de la droite en Europe : pour une politique de la transmission

Ce texte est le fruit d’un travail de réflexion et d’auditions auquel ont contribué les députés du Groupe du Parti populaire européen (PPE) Isabel Benjumea (délégation espagnole), Christian Doleschal (délégation allemande), György Hölvényi (délégation hongroise), Miriam Lexmann (délégation slovaque), Lukas Mandl (délégation autrichienne), Roberta Metsola (délégation maltaise), et Karlo Ressler (délégation croate), sous la direction de François-Xavier Bellamy (délégation française). Le texte a été adopté par le Groupe PPE à la fin de l’année 2020, suite à sa présentation à l’automne.

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La paix aujourd’hui au Liban, ou le chaos au Proche-Orient

Drapeau du Liban

Texte initialement paru dans La Revue Politique et Parlementaire n°1098 (janvier 2021).

« Beyrouth a pris goût de feu et de fumée » ; les mots de Fayrouz annonçaient douloureusement l’explosion qui, en ce soir d’août, allait rendre visible au monde la blessure profonde dont le Liban était touché. Non, cette explosion n’était pas un accident. Elle était un résultat, une conséquence inéluctable. Dans sa violence se condensait l’aboutissement spectaculaire de décennies d’incurie, de compromissions, de lâchetés et de corruption – autant de maux que nos pays occidentaux ne sauraient dénoncer au Liban s’ils ne voient pas combien ils en sont eux aussi atteints…

Nous serions bien mal placés, Français, pour donner des leçons à nos frères du Liban, plus lucides et révoltés que nous ; et leur épreuve douloureuse doit être pour chacun d’entre nous l’occasion de sentir l’urgence du réveil de nos consciences. Cette colonne de fumée dans le ciel bleu aura agi comme un sinistre révélateur. Elle aura montré, avant tout, jusqu’où peut aller la déliquescence de la politique, quand elle perd le sens du bien commun qui seul devrait l’orienter. Avec quelques mois de recul, comment ne pas être frappé de l’ampleur de cet échec collectif… Une capitale ravagée, un port dévasté, des dizaines de milliers de personnes blessées ou privées de leur toit, et 204 morts : quand une tragédie d’une telle ampleur frappe un pays, on ne peut qu’espérer au moins que toutes les forces vives soient à la hauteur des enjeux, que les dirigeants s’unissent pour relever leur pays, que les grandes puissances du monde s’efforcent de les soutenir, que l’exigence de responsabilité redevienne le cœur de la politique. Mais le Liban n’a pas eu cette chance. En cette fin d’année, les Libanais n’ont toujours pas vu leurs élites renoncer aux mauvaises habitudes qui avaient conduit à ce drame. La meilleure preuve en est l’opacité qui entoure l’événement : quatre mois se sont écoulés, et l’enquête sur les causes de l’explosion piétine. Voilà six ans que les autorités recevaient des notes alertant sur le danger majeur que constituaient ces tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans le port de Beyrouth. Mais qui sera conduit à répondre de ces années d’inaction, à expliquer cette passivité, à assumer ses responsabilités ? La stratégie d’investigation a longtemps semblé n’avoir pour but que d’éviter toute confrontation précisément avec ceux qui auraient à rendre des comptes. Seuls quelques acteurs mineurs semblent à ce jour avoir été inquiétés. Comment pourtant reconstruire un pays sur les ruines laissées par un crime qui resterait impuni ? Espérons que les toutes dernières évolutions de l’enquête sont la promesse d’avancées significatives dans cette nécessaire recherche de la vérité et de la justice.

Tant que l’opacité perdure, la situation semble partout dans l’impasse. Le « gouvernement de mission » à qui serait revenue la tâche urgente d’engager les réformes qui s’imposent n’a toujours pas vu le jour. De très nombreuses familles libanaises sont ruinées, les dépôts bancaires sont gelés, la pauvreté gagne du terrain, les services publics s’effondrent, mais la priorité pour les responsables politiques semble être de ne pas s’aventurer à déranger des pratiques établies ; est-ce pour éviter que des questions soient enfin posées, de petits arrangements enfin dénoncés, ou des comptes bancaires enfin inspectés ? La Banque centrale du Liban vient de faire échouer la mission d’audit qui la visait. Cet audit aurait permis une évaluation réelle de l’état financier du pays ; il aurait aussi fait toute la lumière sur le blanchiment d’argent, les détournements de fonds publics ou de subventions internationales… Le Hezbollah fermerait-il les yeux sur la corruption d’autres membres de l’oligarchie, qui tolérerait en retour la présence de ses milices armées ? À un tel jeu de donnant-donnant, le grand perdant ne peut être que le peuple libanais… Depuis plus d’un an, d’immenses cortèges de manifestants expriment pacifiquement leur aspiration au changement. Il est temps qu’ils soient entendus.

À l’heure où ceux-ci aspirent plus que jamais à reconquérir leur souveraineté et à relever leur pays mis à genoux par les crises successives, notre devoir en tant que Français et Européens n’est pas d’ajouter une ingérence supplémentaire à celles qui compromettent déjà l’équilibre interne du pays, mais de leur prêter main forte, de leur porter secours s’ils nous le demandent, de mener avec eux, et par les moyens qui sont modestement mais spécifiquement nôtres, l’indispensable lutte contre la corruption.

L’Europe dispose en la matière de leviers qu’elle n’a pas le droit de laisser inexploités. Elle avait déjà mobilisé plus de 70 millions d’euros en août dernier, et s’apprête à débloquer 100 nouveaux millions. Le versement de ces aides à la reconstruction est enfin soumis à conditions, au rang desquelles figurent l’audit de la Banque centrale et l’avancée de l’enquête sur l’explosion du port. Il est impératif maintenant de les appliquer strictement. De leur côté, les États-Unis se montrent assez offensifs : ayant à disposition l’arme redoutable du dollar et de son extraterritorialité, ils n’ont pas hésité à imposer des sanctions à certains responsables qui se sont rendus complices de corruption. Ensemble, la France et les États-Unis ont préparé la voie à un prêt exceptionnel de 11 milliards de dollars que le FMI accorderait au Liban, mais, là encore, ce versement ne se fera que si certains prérequis sont réunis. On peut se réjouir de constater que l’Europe et la France affichent une intention assez claire de peser dans la partie, et de ne pas laisser la diplomatie ou le Trésor américains jouer seuls de leur influence dans ce pays ami qui a lié son histoire à la nôtre. Jusqu’à une période récente, la France semblait avoir appris à détourner le regard de ses engagements passés et à se désintéresser du sort de son allié de longue date ; il est temps qu’elle remette un point d’honneur à se tenir aux côtés des Libanais. À l’heure où ceux-ci aspirent plus que jamais à reconquérir leur souveraineté et à relever leur pays mis à genoux par les crises successives, notre devoir en tant que Français et Européens n’est pas d’ajouter une ingérence supplémentaire à celles qui compromettent déjà l’équilibre interne du pays, mais de leur prêter main forte, de leur porter secours s’ils nous le demandent, de mener avec eux, et par les moyens qui sont modestement mais spécifiquement nôtres, l’indispensable lutte contre la corruption.

Il nous faut donc bien saisir cette occasion de recourir à une forme de diplomatie financière, pour qu’une manne illégale ne vienne plus financer les milices du Hezbollah et des factions qui ont retiré au Liban sa pleine souveraineté, et pour que s’effectue enfin le renouvellement politique tant attendu par les Libanais. Des groupes dirigés depuis l’étranger, armés et obéissant à un agenda bien distinct des priorités du Liban, ont infiltré la police et de nombreux services publics, en particulier ceux de l’énergie, et ont su étendre suffisamment leur contrôle sur l’État pour détourner à leur profit l’argent de faux contrats. Ces extorsions signifient un pouvoir supplémentaire donné aux puissances locales qui cherchent à faire du Liban leur zone d’influence propre ; et un levier d’influence au sein même de l’Europe – l’implantation, par exemple, de cellules du Hezbollah dans nos pays étant déjà documentée. S’il est un combat qu’il est urgent de mener aux côtés du Liban, c’est celui de la neutralité de ce pays, qui a désespérément besoin de retrouver sa pleine souveraineté, et pour cela de fermer ses frontières aux ingérences extérieures.

Cet enjeu n’est pas secondaire ou symbolique : un Liban qui ne retrouve pas sa souveraineté et reste piégé dans le rôle d’État-tampon ouvert à tous les vents, terrain d’affrontements par procuration de tous les conflits locaux, est un Liban qui ne pourra demeurer debout très longtemps.

Ce serait la perte d’un trésor inestimable, et d’une rare promesse d’avenir : le Liban est un miracle né dans l’Orient compliqué, la terre ancestrale de milliers de chrétiens qui l’ont irriguée de leur présence depuis deux mille ans. S’il s’effondre, livré aux violences fratricides, ciblé par les attaques d’un islamisme déjà conquérant chez ses voisins directs, disparaîtra l’un des derniers espoirs pour une stabilité régionale déjà bien compromise. Le monde doit en avoir conscience : c’est la paix aujourd’hui au Liban, ou le chaos au Proche-Orient.

Photo : C.Hayek/Unsplash

Déplacement en Grèce

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En métropole ou au milieu du Pacifique

Dimanche aura lieu un événement dont l’importance est trop souvent passée sous silence : la Nouvelle-Calédonie votera pour décider de son avenir. Notre passé, lui, nous relie de manière indissoluble : nous avons vécu ensemble bien des jours heureux et bien des épreuves, et je ne doute pas que nous ayons encore plus de pages à écrire de cette grande histoire commune. Nos aînés ont travaillé côte à côte, ont mené les mêmes combats, ont pour beaucoup donné leur vie au nom d’une seule et même patrie. La Nouvelle-Calédonie n’est pas un territoire lointain que les hasards de l’histoire auraient associé à la France, elle n’est pas dominée par la France, ni même protégée par elle : elle est la France. Et c’est ensemble que nous pourrons faire face à tous les défis qui nous attendent, résister avec le même esprit de liberté aux menaces qui, en métropole ou au milieu du Pacifique, entourent notre pays ; c’est ensemble que nous pourrons retrouver, avec le sens de ce qui nous unit, la confiance et l’espérance dont la France peut partout dans le monde rayonner de nouveau demain.

Cette unité n’exige pas que soient méprisées l’histoire et la singularité des territoires qui font la France, bien au contraire : la Nouvelle-Calédonie doit être assurée du respect de la nation pour cette terre unique au monde et pour tous ceux qui l’habitent, pour ceux qui nous ont précédés, pour les coutumes qu’ils ont léguées et qui sont l’âme de l’archipel. Dans une région où la Chine montre chaque jour plus clairement qu’elle rêve d’écraser toute singularité qui oserait lui résister, la France doit retrouver son unité, non par l’oppression et l’uniformisation, mais par l’adhésion et la liberté.

Ce dimanche 4 octobre, amis Calédoniens, allez voter pour témoigner de notre immense espoir commun !


Voir aussi (edit décembre 2021) :
Réunion publique en simultané depuis Nouméa et le Parlement européen


Explication de vote (état de droit en Pologne)

Depuis quelques heures circule sur les réseaux sociaux une analyse absurde du vote de notre délégation française sur un rapport concernant l’état de droit en Pologne. Des captures d’écran faussées ont même été diffusées, pour faire croire que j’aurais voté en faveur de certains amendements pourtant totalement opposés aux idées que j’ai toujours défendues… Pour dissiper tout malentendu, je publie ci-dessous mon explication de vote sur ce rapport.

Au-delà de ce document formel accompagnant le scrutin, je voudrais seulement ajouter deux réflexions plus personnelles.

  1. Qu’on soit ou non d’accord avec moi, chacun peut reconnaître que je n’ai jamais varié dans les convictions que je défends, et qu’il a fallu parfois bien du courage pour tenir sur le terrain politique ou médiatique une ligne souvent durement combattue. Il me semble bien léger de me reprocher de manquer de courage à la première occasion venue (surtout quand on publie sous pseudonyme…). Poser des questions est bien normal, et nous avons le devoir de rendre compte ; mais une incompréhension, ou même un désaccord, ne devrait autoriser personne à passer tout de suite à l’accusation et à l’insulte.
  2. La session plénière qui vient de s’achever a donné lieu à plus de trois cents votes. Il est possible aussi à ceux qui twittent de ne pas s’exprimer que sur le seul vote qu’ils ne comprennent pas, et de dire de temps en temps s’ils ont un peu de temps pour cela leur accord avec les lignes de vote solides et courageuses que notre délégation prépare avec soin et tient avec rigueur. Nous continuerons de travailler avec autant d’exigence et d’énergie, même si je sais par avance, et je souris en l’écrivant, qu’il ne faut décidément s’attendre qu’à peu de confiance et de reconnaissance pour certains commentateurs qui se contenteront toujours de critiquer… Il faudra bien faire sans eux, et réussir j’espère à faire avancer malgré eux les idées qu’ils disent défendre.

Voici donc mon explication de vote sur le rapport concerné.

 

« Ce rapport concerne la proposition de décision du Conseil relative à la constatation d’un risque de violation de l’état de droit par la Pologne. Il s’agit d’un rapport intermédiaire qui n’a aucune incidence législative et n’implique aucune sanction.

Ce long texte soulève certains points de préoccupation très légitimes : le dernier scrutin présidentiel a été en particulier l’objet de tensions très vives, le gouvernement polonais ayant initialement décidé de le maintenir alors que la crise du coronavirus avait empêché la campagne de se dérouler normalement. Il a fallu l’intervention de tous les anciens présidents polonais, parmi lesquels Lech Walesa, figure de la lutte anti-communiste, pour qu’un report soit obtenu. L’OSCE, dont la Pologne est membre, a relevé de nombreux biais dans le déroulement du processus électoral.

A titre personnel, j’ai vivement dénoncé le gouvernement maltais (socialiste) ou le Président tchèque (libéral) pour des manquements graves aux principes démocratiques : ces principes sont au coeur de l’héritage de la civilisation européenne, et doivent être garantis de manière inconditionnelle. L’honnêteté intellectuelle impose de montrer la même exigence en toute situation quand ils sont en jeu.

J’ai en revanche voté contre de très nombreux passages de ce rapport, qui portent des accusations politiques totalement infondées ou illégitimes concernant des choix qui relèvent pleinement de la souveraineté de la Pologne. Comme je l’ai déjà exprimé au cours des derniers mois, à propos de la Pologne comme de la Hongrie, le Parlement européen viole lui-même l’état de droit lorsqu’il prétend imposer à certains pays une politique migratoire, sociale, ou familiale, qui ne relèvent que des compétences des Etats. J’ai voté contre toutes les résolutions passées qui allaient en ce sens, et contre tous les passages de ce rapport qui commettaient la même faute. Cela ne disqualifie pas pour autant les questions légitimes qui constituaient l’objet de ce texte. »

 

Réponse à Julie Lechanteux et Thierry Mariani

Je n’ai pas l’habitude de répondre aux attaques sur Twitter, mais je fais une exception car cet épisode me semble révélateur.

Je suis attaqué ce matin par deux élus du Rassemblement National, Julie Lechanteux et Thierry Mariani : ils m’accusent d’avoir voté le plan de relance européen, auquel je me suis pourtant longuement opposé dans de nombreuses interventions, y compris en séance plénière jeudi dernier au Parlement européen.

Petit problème dans leur démonstration : ce plan de relance n’a même pas été l’objet d’un vote du Parlement… Le Parlement ne votera d’ailleurs jamais sur le principe même de cet emprunt européen, car cela ne relève pas de sa compétence – ce qui constitue d’ailleurs l’un des aspects du problème démocratique qu’il pose. Je n’ai pas entendu Mme Lechanteux ni M. Mariani s’exprimer à ce sujet la semaine dernière, je ne les ai d’ailleurs pas croisés dans l’hémicycle ; s’ils étaient à Bruxelles, sans doute sauraient-ils que le Parlement a voté, non sur le plan de relance, mais sur une résolution, dont le contenu critique précisément l’accord intervenu au Conseil européen à propos de ce plan (article 3 : « Le Parlement n’accepte pas cet accord politique »). C’est pour cette raison que j’ai voté en faveur de cette résolution, comme je l’ai expliqué lors de mon intervention en séance plénière. J’ai voté très clairement contre tous les passages susceptibles de constituer une approbation de l’emprunt européen. Chacun pourra s’il le souhaite vérifier cela en se référant aux comptes rendus publiés sur le site du Parlement.

Pour ma part, je poursuis mon engagement dans le même esprit : la démocratie suppose d’être capables de s’opposer vigoureusement quand il le faut, mais cela n’implique pas de raconter n’importe quoi… Il est bien triste que des élus auxquels des Français ont confié leur voix la discréditent si souvent, par incompétence, par sectarisme ou simplement par paresse intellectuelle.

Enfin, un dernier mot plus particulier à l’attention de M. Mariani : je suis régulièrement la cible de vos attaques, et je n’y ai jamais répondu jusque là. Mais puisque l’occasion s’en présente aujourd’hui, un simple rappel : vous avez été député de l’UMP pendant de très longues années, à une époque où elle était bien éloignée de ce que vous dites défendre aujourd’hui. Comme secrétaire national de ce parti, vous défendiez le TCE, le traité de Lisbonne et le fait de passer de l’unanimité à la majorité qualifiée au Conseil européen, après le « non » au référendum de 2005. Vous entendre aujourd’hui m’accuser de « fédéralisme » est donc – relativement – amusant. « C’est une grande chose que de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. »

François-Xavier Bellamy

LCP a suivi François-Xavier Bellamy au Parlement européen

Logo LCP

LCP a suivi François-Xavier Bellamy pour l’émission, Ça vous regarde, le temps de quelques heures de travail au Parlement européen. Reportage d’Ahmed Tazir diffusé le 6 décembre 2019.

Retour sur la session plénière de novembre 2019 au Parlement européen

 

Voir aussi :